Sortir de l'histoire officielle

    


L'alternative kurde

La révolution communalist Abdullah Öcalan

La Commune du Rojava

Abdullah Öcalan - La révolution communaliste
http://editionslibertalia.com/.../abdullah-ocalan-la-revolution-communaliste


Un autre penseur kurde incarcéré par l'État turc Selahattin Demirtaş; De Ernest London pour "L’AURORE" Éditions Emmanuelle Collas ou Éditions Points Seuil «...leader du HPD, le Parti démocratique des peuples, pro-kurde, a écrit cette quinzaine de nouvelles depuis la prison où il est enfermé depuis 2016. Avec beaucoup d’humour et de talent, il évoque la violence d’une société enfermée dans ses traditions mais aussi celle du pouvoir actuel en Turquie.
Certains récits tragiques laissent littéralement sans voix, comme celui de Seher, victime d’une « question d’honneur » pour avoir fait confiance à un collègue de travail, ou bien celui de Nazan, blessée en marge d’une manifestation alors qu’elle se rendait à son travail, et qui se retrouve en prison.
D’autres sont plus légères mais non moins saisissantes. Pour évoquer « le mâle qui est en nous », par exemple, il donne la parole à un couple de moineaux qui niche sous le toit de la prison. Il y a aussi, Nermin et Fırat, ce couple d’architectes, que seul parvient à arracher à leur travail la lecture des romans d’un auteur qu’ils finiront par rencontrer, et qui les pousse à chaque nouvelle parution, à remettre en cause fondamentalement leur existence.

Selahattin Demirtaş dresse le portrait d’une société, par petites touches : « Nous habitons à Mamak, dans le bidonville. ici, tout le monde se connaît. Tout le monde est pauvre, mais la pauvreté ne fait grincer les dents de personne. C’est quand on descend en ville qu’elle nous saute aux yeux. » Il sait déceler des destinées singulières autant qu’ordinaires, les raconter en adoptant un ton personnel fort juste, qui esquive le pathos et captive le lecteur. Une découverte !»

«Écrits de prison. « L’État-nation a été l’outil fondamental qui a rendu possible l’hégémonie capitaliste. J’ai donc tâché de prouver que le socialisme et l’anticapitalisme […] ne peuvent s’établir sur la base du modèle étatique. »»
4ème de couverture :
«Depuis 2013, le Rojava mobilise l’attention d’une partie de la gauche de transformation sociale. Piégé entre les dictatures régionales et les puissances impérialistes internationales, ce modeste territoire à majorité kurde, situé au nord de la Syrie, tente de proposer un nouveau modèle révolutionnaire : confédéral, communal, pluriculturel, séculier, écologique et soucieux de l’égalité entre les sexes. Si la bataille de Kobané contre Daech a fait connaître les combattant·es kurdes, on néglige trop souvent la doctrine politique qui les anime.
Abdullah Öcalan, cofondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en est, depuis sa prison turque, le principal artisan. Cet ouvrage, le premier en langue française, donne à découvrir – et donc à discuter – la théorie du mouvement révolutionnaire kurde tel qu’il s’avance en Turquie, en Syrie, en Irak et en Iran. Et entend proposer une résolution de l’historique « question kurde ».
Né en 1949 au sud-est de la Turquie, Abdullah Öcalan est l’un des plus anciens prisonniers politiques au monde. Arrêté en 1999, il purge une condamnation à perpétuité. Acteur-clé du conflit, il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages

Un article https://bibliothequefahrenheit.blogspot.com/2020/05/la-revolution-communaliste..
En pdf sur unprolospecule LA RÉVOLUTION COMMUNALISTE

Avant-propos :

page 8 «Le cessez-le-feu a échoué peu de temps après la mort, suspecte, du président de la Turquie, Turgut Özal, au moment même où celui-ci envoyait des signaux positifs quant à la résolution de la question kurde.»
10 «Avec la collaboration des autorités kenyanes Öcalan a été kidnappé et remis à l'armée turque : c'était là un acte de piratage international, qui impliquait la CIA, le MIT (les services secrets turcs) et le Moassad- sans parler du soutien des gouvernements russe, grec, ainsi que d'autres pays européens.» Création de la Fondation Abdullah Öcalan pour la démocratie le 21.02.2019
13 «Le commité des ministres du Conseil de l'Europe, son assemblée parlementaire, et même sa propre Cour, ferment les yeux sur les violations des droits humains que subit Öcalan, devenant ainsi complices de la Turquie.»
A-P d'Olivier Besancenot :
28 «A l'état-nation, Öcalan oppose désormais le projet d'une «nation démocratique qui n'est pas définie par des drapeaux et des frontières » et qui «se fonde sur la démocratie et non des structures étatiques». Car « l'état-nation », selon lui, «opprime et homogénéise la société en l'éloignant de la démocratie ». Il n'est donc pas la solution pour se libérer de la tyrannie car il fait aussi partie du problème.
... Öcalan provoque le débat au-delà de ces rangs dès lors qu'il prolonge son raisonnement et évoque la portée intrinsèquement bureaucratique de l'État.»
29 Pour Öcalan «La Commune [de Paris de 1871] fut la «négation nette du Second empire», une révolution contre l'État lui-même, cet avorton surnaturel de la société», «ce boa constrictor qui enserre le corps vivant de la société civile».»
30 «Nous pouvons et devons exiger que le PKK soit retiré ... de la liste des organisations considérées comme terroristes.»
Tiré des textes d'Abdullah Öcalan :
35 «Dans les sociétés agricoles néolithiques comme dans les structures sociales kurdes, les femmes occupaient en revanche une place plus importante cette force, tirée de la révolution agricole, perdura durant plusieurs millénaires.
Le zoroastrisme changea en profondeur la pensée kurde, entre 700 et 550 avant J.-C. Il promouvait un mode de vie fondé sur le travail aux champs, où l'homme et la femme étaient égaux. On accordait de l'importance à l'amour des animaux, et la liberté avait une grande valeur morale. La culture zoroastrienne influença aussi bien les civilisations occidentales qu'orientales, puisque les Perses comme les Hellènes en adoptèrent de nombreux éléments culturels.»
37 «Le XIXe siècle a vu l'histoire et la société kurdes entrer dans une nouvelle ère. La détérioration des relations avec l'Empire ottoman a conduit les Kurdes à se soulever ; aussi, les missionnaires français et anglais introduisirent l'idée de séparation entre les églises arménienne et araméenne, contribuant en partie à l'émergence d'une situation chaotique. Les relations entre les Arméniens (Assyriens) et les Kurdes ne feraient qu'empirer, jusqu'à aboutir, au lendemain de la Première Guerre mondiale, à l'élimination physique et culturelle presque totale des arméniens et des Assyriens, peuples porteurs d'une culture ancestrale millénaire.
Quoique les relations entre Kurdes et Turcs se soient alors sérieusement distendues, cela n'a pas abouti à une rupture complète, comme cela avait été le cas avec les Arméniens et les Araméens ce qui a permis aux Kurdes de continuer à exister physiquement.»
38 «L'histoire du Kurdistan a toujours été marquée par une géographie exposée aux attaques et aux invasions des puissances extérieures. Les régimes de terreur des Empires assyrien et scythe, entre 1 000 et 1 300 avant J.-C., ainsi que les campagnes de conquête menées par Alexandre le Grand, en sont ]es exemples les plus connus. La conquête arabe fut suivie de l'islamisation du Kurdistan. .... L'islam s'est installé dans les contreforts des montagnes du Taurus et du Zagros, et les tribus entrées en résistance se virent anéanties. L'islam a atteint son apogée en l'an 1000 puis, aux XIII et XIVe siècles, les Mongols ont envahi le Kurdistan et provoqué un exode massif. Après la bataille de Çaldiran, remportée par les Ottomans en 1514, la frontière orientale naturelle de l'empire se déplaça plus à l'est. Le traité de Qasr-i-Chirin' établit officiellement les frontières entre ]'Iran et la Turquin, et conclut la division du Kurdistan que nous connaissons encore.»
39 «...jusqu'en 1 800, les relations entre les principautés kurdes et l'Empire ottoman ont été relativement cordiales : une entente fondée sur leur appartenance commune à l'islam sunnite. Les Kurdes alévis et zoroastriens choisirent, quant à eux, la résistance dans les montagnes.»
«La rébellion du leader clanique kurde Simko Shikak d'Urmiye et la lutte pour l'émancipation de la République kurde de Mahabad furent réprimées dans le sang. Au début du XXe siècle, le chah mit en place un régime de terreur, non sans écho à l'esprit nationaliste-fasciste de l'époque. Dans les parties irakienne et syrienne du Kurdistan, la Grande-Bretagne et la France mirent fin aux efforts d'émancipation kurde avec l'appui de leurs mandataires arabes, établissant, par leur entremise, un violent régime colonialiste.»
41 «Pour perpétuer son pouvoir, l'impérialisme se concentra également sur les groupes ethniques de confession chrétienne. D'une part, le colonialisme occidental prétendait protéger les Grecs d'Anatomie, les Arméniens et les Assyriens; de l'autre, il incitait ces derniers à se rebelles contre le pouvoir central, qui répondit par la mise en place de mesures répressives. Les puissances occidentales restèrent impassibles face à la campagne d'extermination qui en résulta.»
56 «Une autre contradiction importante a porté sur la place de la guerre dans les valeurs idéologiques et politiques du PKK. La guerre, ..., a été idéalisée en tant qu'outil stratégique. Une contradiction évidente avec l'image que nous nous taisions de nous-mêmes, à savoir un mouvement combattant pour la libération de la société en vertu de quoi le recours à la force armée ne saurait être justifié que par la légitime défense. ... Le PKK a cru que la lutte armée suffirait à faire respecter les droits dont les Kurdes avaient été privés. Et bien qu'il se soit considéré comme un parti démocratique, une vision à ce point déterministe de la guerre n'était ni socialiste ni démocratique : un authentique parti socialiste ne peut être dirigé par des structures hiérarchiques semblables à celles des États, pas plus qu'il ne peut aspirer au pouvoir politique institutionnel, lequel, fondamentalement, protège ses intérêts en ayant recours à la guerre.
La supposée défaite du PKK clamée par les autorités turques, qui ont cru l'avoir vaincu grâce à mon enlèvement, aura été une raison suffisante pour reconsidérer ouvertement, et d'un œil critique, les raisons qui ont empêché notre mouvement de libération d'avancer. Cette réorientation politique et idéologique du PKK a transformé une défaite apparente en un chemin vers de nouveaux horizons.»
57 «...Les approches philosophiques, politiques et morales du PKK nouvellement réorganisé trouvent une expression appropriée dans ce que l'on appelle «le socialisme démocratique» ;
- Pour le PKK, le droit des peuples à l'autodétermination ne passe pas par la création d'un État-nation kurde. Ce droit est le socle qui rendra possible restauration d'une démocratie par le bas; il ne donne pas lieu à de nouvelles frontières politiques.»
57 à 59 «Il est ... irréaliste de songer à une abolition immédiate de l'État - sans que cela signifie qu'il nous faille l'accepter tel quel. La structure classique de l'État, despotique en matière d'exercice du pouvoir, est inacceptable : les États institutionnels doivent être sujets à des changements démocratiques. A la fin de ce processus, L’État deviendrait une institution politique plus modeste : son rôle se limiterait au fonctionnement de la sécurité intérieure et extérieure et garantirait les services sociaux. Une telle conception de l'état n'a rien en commun avec le caractère autoritaire de L’État classique; l'État devrait plutôt être considéré comme une autorité publique générale ;
- Le mouvement de libération kurde œuvre à un système d'auto-organisation démocratique au Kurdistan, qui aurait les caractéristiques d'une confédération. Le confédéralisme démocratique doit être compris comme le modèle de coordination d'une nation démocratique non étatique; il fournit un cadre dans lequel les minorités, les communautés religieuses, les groupes culturels, les groupes spécifiques de genre ou encore les autres groupes sociaux peuvent s'organiser de manière autonome. Ce modèle peut également servir pour chaque nation et chaque culture démocratiques. Le processus de démocratisation au Kurdistan ne se limite pas à des questions de forme; il propose un projet de société dont le but est d'atteindre la souveraineté économique, sociale et politique de toutes les composantes de la société.... instruments à même de garantir l'autogouvernement et le contrôle démocratique. Les élections ne sont pas les seuls procédés envisagés dans ce contexte. Il s'agit d'un processus continu à long terme - un processus politique dynamique qui a besoin de l'intervention directe du peuple souverain. Le peuple doit être directement impliqué dans l'institutionnalisation, la gouvernante et la gestion de ses propres formations économiques, politiques et sociales. Ce projet se construit sur la base de l'autogouvernement des communautés locales et s'organise sous la forme de conseils ouverts, de conseils municipaux, de parlements locaux et de congrès plus larges. Ce ne sont pas les autorités étatiques mais les citoyens eux-mêmes qui sont les acteurs de ce type d'autogouvernance. Le principe d'autogouvernance fédérale ne contient pas de restrictions ; il peut même s'étendre au-delà des frontières pour créer des structures démocratiques multinationales. Le confédéralisme démocratique préfère les hiérarchies horizontales pour mieux contribuer au processus de recherche et de prise de décision à l'échelle des communautés ;»
60 «Ce genre de modèle «du Kurdistan. Il est en effet adapté à l'établissement simultané de structures administratives fédérales dans toutes les zones de peuplement kurde, en Syrie, en Turquie, en Irak et en Irai. Il est donc possible de mettre sur pied des structures confédérées à travers toutes les parties du Kurdistan sans avoir besoin de remettre en cause les frontières existantes ;
- Le déclin du socialisme «réel» procède d'un double échec : d'une part, la manière dont les pays socialistes ont utilisé leur pouvoir à l'intérieur comme à l'extérieur de leurs frontières; de l'autre, leur sous-estimation de l'importance de la question du genre. Le femme et le pouvoir semble deux choses contradictoires. ...C'est pourquoi la libération de la femme doit jouer un rôle stratégique important dans la lutte pour la liberté au Kurdistan ;»
61 «En Turquie, les partis ne sont que des outils de propagande de l’État rentier, dont ils ne font, une fois au pouvoir, que redistribuer la rente. ...
Il y a un esprit de soumission individuel et institutionnel très répandu : il constitue l'un des plus grands obstacles sur le chemin de la démocratisation. Il ne peut être vaincu qu'en créant une prise de conscience démocratique dans toute la société - les citoyens doivent être invités à s'engager activement pour la démocratie. Aux yeux des Kurdes, cela signifie établir des structures démocratiques dans l'ensemble du Kurdistan et partout où se trouvent des communautés kurdes afin de faire avancer leur participation active à la vie politique de la communauté. Les minorités qui vivent au Kurdistan doivent être invitées à y participer elles aussi. Le développement de structures démocratiques au niveau le plus bas de la société et la pratique correspondante doivent être une priorité absolue
62 «Les institutions féodales - les tribus, les chefferies, les aghas [titre des maîtres des domaines fonciers] et les sectes - sont pour l'essentiel des reliques du Moyen Age; elles constituent, au même titre que les institutions des états-nations classiques, des obstacles sur la voie de la démocratisation. Il convient de les inciter à se joindre au mouvement démocratique : ces institutions parasitaires doivent être surmontées au plus vite;»
63 «Un modèle de société écologique est par essence socialiste. La mise en place d'un équilibre écologique pourra s'accomplir que par le remplacement de société de classes, aliénée et fondée sur le despotisme, en une société socialiste. Il serait illusoire de croire en la préservation de la nature dans un système capitaliste, puisqu'il participe largement à la dévastation écologique. Il importe de réserver une place conséquente à la protection de la nature dans le processus de changement sociétal ;»
64 «Une économie proche du peuple devrait être fondée sur le principe redistributif ; elle devrait être axée sur la valeur d'usage et non être régie , aussi exclusivement, par l'augmentation de la plus-value et du volume d'affaires.»
64-65 «Bien que les Kurdes attribuent une grande valeur à la famille, celle-ci ne concède que peu de libertés. Le manque de ressources financières, d'éducation et de soins médicaux ne contribue pas à leur développement. La situation dans laquelle se trouvent les femmes et les enfants est désastreuse. Les prétendus crimes d'«honneur» à l'encontre des femmes de la famille symbolisent ce désastre : elles sont en proie à celle notion archaïque, reflet de la dégénération de la société tout entière. La frustration des hommes, liée aux conditions dans lesquelles ils vivent, est reportée sur les membres considérés comme les plus faibles de la société, les femmes. La famille, en tant qu'institution sociale, fait face à une crise. C'est encore une fois travers une démocratisation générale qu'une solution pourra être apportée en la matière.»
65-66 «Une montée du nationalisme kurde pourrait même radicaliser davantage les nationalistes persans, arabes et turcs, rendant plus difficile la résolution du conflit.
Cette perspective doit être contrebalancée par une solution sans velléités nationalistes, qui reconnaisse les frontières existantes. En contrepartie, le statut des Kurdes sera inscrit de manière officielle dans la constitution des états respectifs, de façon à garantir leurs droits culturels, linguistiques et politiques. Un tel modèle serait beaucoup plus en phase avec les réalités sociales et historiques de la région.»
66 «Les Kurdes ne demandent que le respect de leur existence ; ils veulent la liberté culturelle ainsi qu'un système entièrement démocratique. On ne peut concevoir de solution plus humaine et modeste. Les exemples de l'Afrique du Sud, du pays de Galles, de l'Irlande du Nord, de l'Écosse et de la Corse montrent comment différents pays ont réussi à résoudre des problèmes similaires au cours de leur histoire ces comparaisons nous permettent également de trouver une approche plus objective à nos  propres problèmes
68 «Pour l'heure, le gouvernement se limite à quelques mesures prises à contrecœur afin d'obtenir des concessions de l'Union européenne. Il essaie de gagner du temps en faisant passer des lois d'harmonisation en vue d'une possible intégration dans l'UE. Ces «réformes» ne sont en réalité que trompe-l'œil.»
69 «Notre conception de la nation démocratique n'est pas définie par des drapeaux et des frontières. Elle est calquée sur un modèle fondé sur la démocratie et non sur des structures étatiques et sur des origines ethniques. La Turquie doit se définir comme un pays qui implique tous les groupes ethniques : entendre un modèle qui repose sur les droits humains et non sur la religion ou l'ethnie. Notre conception de la nation démocratique englobe toutes les cultures et tous les groupes ethniques.»
72 «Au cas où nos efforts pour une résolution pacifique échoueraient ou seraient sacrifiés sur l'autel d'une politique du jour le jour, des luttes pour le pouvoir ou pour le profit, le conflit actuel s'aggravera et nul ne pourra plus en prédire la fin. Personne ne sortira vainqueur du chaos qui s'ensuivra.
Il est grand temps pour la Turquie de trouver la force nécessaire pour reconnaître sa propre réalité, la réalité de l'existence kurde et des dynamiques mondiales à l'œuvre. Un État qui nie la réalité finira inévitablement par se retrouver au bord du précipice.
Il est crucial de prendre les mesures qui mèneront ce pays vers une paix durable.»
176 «l'État s'est obstiné à mener des politiques. auparavant dissimulées, de négation et d'annihilation. à l'encontre du peuple kurde, politiques matérialisées par la terreur ouverte de la junte du 12 septembre. Si nous voulons être réalistes, c'est au sein de ce cadre qu'il nous faut analyser l'offensive du 15 août 1 984 (Date à laquelle le PKK attaqua, pour la première fois, des forces militaires turques). Celle-ci relevait davantage d'une volonté de démonstration de l'existence du peuple kurde, et de protection de celle-ci, que d'un mouvement de libération.»
«Le PKK, tout en apportant la preuve de l'existence kurde, demeura ancré dans le national-étatisme, dont la nature antisocialiste et antidémocratique fut, toutefois, mise au jour par la période d'autocritique qui suivit. La dissolution rapide du «socialisme réel », dans les années 1990, contribua à une compréhension plus profonde des facteurs sous-jacents à cette crise, provoquée par des problématiques issues des concepts socialistes «réels » du pouvoir et de l'État-nation. Plus précisément, la crise du socialisme fut le résultat d'une mauvaise compréhension des questions du pouvoir et de l'État. Lorsque les contradictions inhérentes à ces deux concepts, mises en lumière de manière si édifiante par la question kurde, s'agrégèrent à la crise globale du « socialisme réel », il devint indispensable de se livrer à une analyse exhaustive de la question du pouvoir et de l'État
177 «... j'ai défendu l'idée selon laquelle la transformation du pouvoir en État-nation constituait le fondement même du capitalisme.
...
L'idée selon laquelle le socialisme de Marx et d'Engels ne pouvait être construit qu'au moyen d'État-nation centralisés était une erreur fondamentale du socialisme scientifique ...
une telle entreprise finissait invariablement par provoquer des versions dégénérées du capitalisme ...»
241 «Si de nouveaux partis orientés vers la liberté et l'égalité veulent être crédibles, ils doivent développer des politiques et des formes sociales qui ne soient pas centrées sur l'état. L'alternative à l'État est la démocratie. De nombreux chemins ont été empruntés pour tenter de lutter contre l'État : tous ont échoué. Contrairement à ce que l'on croit, la démocratie n'est pas l'une des formes de l'État capitaliste. Qui plus est, seule la démocratie est à même de réduire les prérogatives de l'état et de les restreindre dans le cadre de la loi.
...
La démocratie est une gouvernante qui ne se confond pas avec l'État; elle est le pouvoir des communautés à se gouverner sans lui. A rebours de la conviction populaire, la société humaine a, depuis sa formation, davantage expérimenté la démocratie que l'État.»
242 «... l'émergence de la société est un processus communal et démocratique : en l'absence de communalité ou de réflexe démocratique, il est impossible qu'une société soit uniquement gouvernée par l'État. Celui-ci ne peut gouverner qu'en se diffusant aux dépens de la communalité et de la démocratie.La çommunalité de la société, issue du besoin de coexistence et associée à un courant démocratique, permet l'émergence de l'État et c'est de celle-ci qu'il se nourrit. Il existe une relation dialectique entre ces deux éléments. Ainsi, lorsque la société et la civilisation se rencontrent, l'état et la démocratie entrent en pleine contradiction, la croissance de l'un amenant à l'effritement de l'autre, et vice-versa. La démocratie pleine est l'absence d'État ; la souveraineté étatique totale est la négation de la démocratie. Seul un état peut en renverser un aune; la démocratie ne renverse pas l'État, tout au plus peut-elle ouvrir la voie à ]a création d'un nouvel État, comme ce fut le cas avec le «socialisme réel ». La fonction fondamentale de la démocratie est, dès lors, d'accroître les opportunités de liberté et d'égalité en réduisant le rôle de l'État et en desserrant son emprise sur la société. Vers la fin de ce processus, il est possible que l'État devienne obsolète et disparaisse. La conclusion à en tirer est que la relation entre état et démocratie n'implique pas qu'une partie renverse l'autre : il faut aller au-delà, transcender.»
247 à 250 Quelques dates parmi d'autres :
1920 : Signature du traité de Sèvres qui marque la fin de l'Empire ottoman et prévoit la création d'un État kurde.
1923 Le traité de Lausanne revient sur celui de Sèvres : les Alliés n'exigent plus de la Turquie qu'elle accorde l'indépendance aux Kurdes.
1925 Soulèvement kurde contre le pouvoir turc : il sera écrasé.
1937-1938 En Turquie, un nouveau soulèvement kurde est écrasé : les civils sont massacrés par milliers. L'article 7 du traité de Saadabad, signé entre la Turquie, l'Irak, l'Iran et l'Afghanistan, engage à la coopération contre la «subversion» kurde.
2002 L'Union européenne inscrit le PKK sur la liste des organisations terroristes. L'AKP, cofondé par Recep Tayyip Erdogan, arrive au pouvoir en Turquie. La condamnation à mort d'Öcalan est commuée en réclusion à perpétuité.
2004 Öcalan entre en contact avec le théoricien étasunien écologiste et libertaire Murray Bookchin : il se représente à lui comme son «disciple».
2009 Un accord est signé entre la Turquie et l'Irak pour lutter confie le PKK. Le gouvernement turc autorise l'usage de la langue kurde à la radio et à la télévision.
2013 En France, la cofondatrice du PKK, ainsi que deux autres militantes kurdes, sont assassinées par un militant nationaliste turc.

La Commune du Rojava. L’alternative kurde à l’État-nation
https://www.syllepse.net/sauver-le-kurdistan-_r_20_a_11.html

Le texte en pdf sur leur site mais l'acheté c'est soutenir l'édition.

Des articles et autres livres :
- Solidarité internationale - kurdistan https://www.syllepse.net/kurdistan-_r_37_i_751.html
- Une autre forme de démocratie s’épanouit au Rojava, le Kurdistan syrien https://reporterre.net/Une-autre-forme-de-democratie-s-epanouit-au-Rojava-le-Kurdistan-syrien
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