LES CANUTS par 2 ouvrages
La révoltes des Canuts
de Fernand Rude 1ère édition 1982 chez Maspéro
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Quatrième de couverture :
Des « Trois Glorieuses
prolétariennes » de novembre 1831 à la « sanglante semaine » d’avril
1834, les deux insurrections des canuts de Lyon sont restées dans
l’histoire comme les premières luttes ouvrières. « 1848 n’inventa rien,
écrivait l’historien Daniel Halévy. 1830, au contraire – et les trois
années qui suivirent – marque la vraie crise, l’invention des idées,
l’initiative des mouvements. Alors le saint-simonisme, le fouriérisme
et le blanquisme se forment à Paris dans les cénacles et les clubs ; et
le syndicalisme plante son drapeau noir sur la colline de la
Croix-Rousse. »
Fernand Rude retrace l’histoire de ces révoltes qui constituèrent un
tournant dans l’histoire de la classe ouvrière : l’organisation, la
lutte des ouvriers lyonnais, leur victoire éphémère et la répression
sanglante qui suivit. Mais ce livre, initialement publié en 1982, est
aussi un tableau de la formation du prolétariat lyonnais, de sa vie, et
surtout des idées sociales qui le portent et traverseront tout le XIXe
siècle.
Un article du Monde https://www.lemonde.fr/livres/article/2007/10/04/fernand-rude-les-insurges-de-la-croix-rousse_962825_3260.html
En pdf : cet article du Monde
Extraits et commentaires du livre :
Page 69 «La plupart des contemporains et des historiens ont reconnu la
portée universelle de la révoltes des canuts «C'est la première fois
dans l'histoire moderne, écrit Tarlé, que le problème social s'est posé
avec une telle clarté et une telle acuité.»»
73 « Quant aux républicains qui se contentent de préférer un président
électif à un roi, ils s'efforcent d'atténuer la gravité du mouvement
pour ne pas effaroucher leur clientèle par le spectre de la «révolution
prolétaire» et pour garder les sympathies de la classe ouvrière.»
74 «Cet ordre dans le désordre étonna beaucoup en effet les
contemporains et leur parut souvent plus effrayant que si las canuts
avaient laissé les quartiers riches en proie au pillage et à
l'incendie. «On pourrait en induire, dira Capefigue, la légitimité d'un
ordre public pris dans le sein des prolétaires.»»
76 Les saints simoniens
109 Une lois contre les
111 Des loges pour ou dans les syndicats ?
113 Le mutualisme pour soutenir et gérer un journal.
115 La société des compagnons ferrandiers qui tient à la fois du compagnonnage et du mutualisme.
116 L'Écho de la Fabrique montre la croissance du mouvement ouvrier.
117 Les théories de Proudhon, le syndicalisme, les futures bourses du travail et les menaces d'une loi contre les associations.
118 Les Frères de la Concordes. La grande pensée de Charles Fourier.
118-119 L'émancipation des femmes pour qu'elles ne soient plus un «ustensile de ménage ou un meuble de salon».
119 Eugénie Niboyet une militante saint-simonienne puis fouriériste fonde à Lyon le journal Le conseiller des femmes afin de changer leur sort.
«Les ouvriers lyonnais en arrivent de plus en plus à penser que seul un
régime nouveau, la république, leur permettra de réaliser leur de
liberté et d'égalité.
146 Le ministre de l'intérieur Thiers le futur bourreau de la Commune.
171 L'assistance de Lamennais qui décide de lancer une collecte en la faveur des détenus lyonnais.
187 Marx en Engels lors des journées parisiennes de 1848 ne voyaient de
mouvements comparables dans le passé que la guerre des esclaves de Rome
(Spartacus) et l'insurrection lyonnaise de 1834.
187-188 En guise de conclusion : pour Daniel Halévy une force sociale
nouvelle, de classe «en soi» s'affirmant en classe «pour soi».
«Transformation de l'association corporative en un syndicalisme
d'esprit moderne. Formulation de plus en plus nette des revendications
des travailleurs, depuis celles qui concernent la fixation des
biliaires jusqu'à la représentation professionnelle ouvrière. Formation
de la terminologie, ébauche de la théorie du mouvement ouvrier
français. Tentatives d’associations coopératives. Élaboration d'une
doctrine républicaine. Projet d'une société plus égalitaire. La
propriété mise en question. Première approche des problèmes que pose la
prise du pouvoir. Coordination de l'action politique et de l'action
syndicale, qui aboutit à l'invention de la grève générale politique et
insurrectionnelle dont la révolte lyonnaise d'avril 1 834 constitue un
premier essai d'application. En un mot, genèse du socialisme, synthèse
des doctrines saint-simonienne, fouriériste et néobabouviste, d'une
mystique sociale et républicaine et de la pratique ouvrière. Dans cet
ardent mouvement des années 1 830-1 834, marqué par les premières
interventions du « socialisme armé », on a pu voir très justement un
<« indice de révolution sociale », de transformation des
institutions, la création d'un droit, d'une philosophie de l'histoire
et d'un idéal nouveaux.»
La postface à l'édition de poche par Ludovic Frobert https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-0025505...
En pdf
Extraits ce cette postface :
Page 199 ««Si les canuts de Lyon furent des initiateurs,c’est qu’ils
portaient en eux-mêmes une immenses richesse, tout un monde de
déceptions amères, de généreuses aspirations, d’espérances en un avenir
meilleur, où des utopies saint-simoniennes se mêlaient aux réflexions
précises suggérées par l’expérience de la réalité, de la vie
quotidienne [Fernand Rude, [1944], 1969, p.738]»»
200 « C’est le potentiel de révolte de l’homme – l’influence de
Bakounine puis probablement de Camus est bien présente - qui intéresse
toujours Rude, historien du mouvement social lyonnais dès les années
1930 et 1940, mais aussi, alors, militant communiste, jeune voyageur en
URSS au temps des premiers procès staliniens, syndicaliste et enfin
résistant dans le Vercors. Cramponné dès lors au socialisme libertaire,
dont il remonte à plusieurs reprises les sources russes et françaises,
sa curiosité lui fait toujours s’attacher aux avancées marginales de
l’émancipation (liberté) plutôt qu’à celles de l’organisation
(autorité). De là, échelonnées entre 1930 et 1980, il va proposer des
études historiques solides, mais construites comme des récits et
focalisées sur des évènements, attentives enfin à reconstituer des
biographies, parfois obscures.
203-204 «Rude présentait plusieurs rappels : cette insurrection, loin
d’être spontanée et a-politique, avait été longuement mûrie. Ce
processus avait révélé des individus à tort qualifiés par la suite «
d’aventuriers sans valeur » attiré par l’opportunité d’un « coup
d’audace fortuit ». Leur politisation était indiscutable et ce sont ces
individualités conscientes, actives,engagées qui produisirent
l’insurrection. En 1944, s’il évoquera aussi longuement le rôle du
Mutuellisme, Rude insiste centralement sur la responsabilité de la
légion des Volontaires du Rhône : « Si les Mutuellistes se bornèrent à
prendre l’initiative du mouvement de revendication pour le tarif et à
constituer une « Association générale et mutuelle des chefs d’ateliers
», les Volontaires du Rhône essayèrent aussi de donner à ce mouvement
une autre orientation », une orientation nettement politique,
consciente de l’opportunité unique de risquer à cet instant un
gouvernement d’un type nouveau, un gouvernement de l’industrie et du
travail.
Dans le récit que propose Rude ce sont des acteurs singuliers,
improbables, tel Pierre Charnier, chef d’atelier, royaliste puis
fondateur irascible et inconstant du premier « Devoir Mutuel » (1827),
mais aussi prud’homme, et encore à l’écoute, critique, des premières
panacées saint-simoniennes, républicaines, fouriéristes qui travaillent
l’histoire. De même, côté républicain, c’est la personnalité du jeune
avocat Michel-Ange Périer qui s’impose lorsque les troubles croissent
et que des décisions doivent être prises, mais dont au final la
blessure lors de l’insurrection va décapiter tout le mouvement
politique, le privant d’un « chef d’envergure, un plan suffisamment
concerté, une doctrine ». Mais c’est bien l’action politique et
républicaine - une république sociale – qui domine la scène.»
205 «Surtout, les canuts ne composaient pas, n’en déplaise à Lamartine,
cette « tribu de parias européens », misérables et débiles, « race de
crétins », avait aussi écrit en 1835 l’économiste libéral Léon Faucher.»
208-209 «1831 constitue selon Rude la vraie révolte des canuts,
l’événement central de cette histoire. Le rôle des politiques purs, les
républicains, ces « puissances » évoquées en 1944, est plus nettement
nuancé, balancé par le mouvement propre des chefs d’atelier qui paraît
désormais constituer la véritable force, la véritable nouveauté.
L’acteur têtu dominant toute la scène, c’est désormais le Mutuelliste.
C’est lui qui, instruit par les régulations antérieures de la Fabrique
et attentifs aux opportunités émancipatrices entre-ouvertes par Juillet
1830 formule les revendications lors de l’automne 1831 ; c’est lui qui
observe l’échec de Novembre, repère ses propres lacunes politiques,
travaille dès lors à découvrir des alliés idéologiques
(saint-simoniens,républicains, fouriéristes) chez qui il saura trier le
bon grain de l’ivraie ; c’est lui encore qui, attentif aux discours
saura aussi ne jamais perdre de vue la réalité quotidienne de la
Fabrique lyonnaise, et sera alors en mesure de bricoler ses propres
marges d’autonomie, lançant un journal, L’Echo de la fabrique , œuvrant
à l’amélioration du fonctionnement des Prud’hommes, risquant une
première grève générale en février 1834, expérimentant aussi les
premières formules coopératives.
Là encore, tout est précisé dans les lignes terminales de l’ouvrage de
1982 qui balance constamment l’influence républicaine et l’influence
mutuelliste, sans dissimuler d’ailleurs l’interpénétration des deux
réseaux : « Transformation de l’association corporative en un
syndicalisme d’esprit moderne. Formulation de plus en plus nette des
revendications des travailleurs, depuis celles qui concernent la
fixation des salaires jusqu’à la représentation professionnelle
ouvrière. Formation de la terminologie, ébauche de la théorie et de la
stratégie du mouvement ouvrier français. Tentatives d’associations
coopératives. Elaboration d’une doctrine républicaine. Projet d’une
société plus égalitaire. La propriété mise en question. Première
approche des problèmes que pose la prise de pouvoir. Coordination de
l’action politique et de l’action syndicale, qui aboutit à l’invention
de la grève générale politique et insurrectionnelle dont la révolte
lyonnaise d’avril 1834 constitue un premier essai d’application. En un
mot, genèse du socialisme, synthèse des doctrines saint-simonienne,
fouriériste et néo-babouviste, d’une mystique sociale et républicaine
et de la pratique ouvrière ».
210 «En 1974, Stephen Marglin publiait What Do Bosses Do. Dans son
article l’économiste Radical Américain sapait l’hypothèse d’un
déterminisme technologique origine et moteur du capitalisme. Il
soulignait que concentration, production de masse, division parcellaire
du travail et standardisation révélaient des options politiques ayant
permis aux nouvelles élites tout au long du 19e siècle de s’assurer, du
putting out system au factory system, un contrôle étroit sur le travail
et la production.»
213-214 «Vers 1830, c’est encore le métier qui prime et ces
travailleurs, artisans plus qu’ouvriers, vont agir pour le protéger
quitte à l’adapter continûment, et par là, conserver leur maîtrise des
savoirs et savoirs-faire, leurs codes moraux et leurs solidarités
singulières.
Dans cette perspective générale, plusieurs série de travaux ont
renouvelé l’analyse des solidarités ouvrières à Lyon avant et après la
période des insurrections et permis de mieux comprendre le rôle qu’y
avaient joué des formes complexes de sociabilité. La formation des
nouveaux quartiers des soyeux lyonnais après 1789, la Croix-Rousse
notamment, les détails architecturaux et les particularités de
l’occupation humaine, furent mieux mis en relation avec la formation de
valeur s et intérêts constamment discutés par les canuts »
Je rajoute : Ce métier, ce savoir-faire, une sorte de commun, non ?
L’Écho de la fabrique : 1831 - 1835
naissance de la presse ouvrière à Lyon
http://echo-fabrique.ens-lyon.fr/index.php
Le livre en ligne : http://books.openedition.org/enseditions/6443
Présentation de l'ouvrage : http://triangle.ens-lyon.fr/spip.php?article1644
Et un compte-rendu de lecture : https://journals.openedition.org/rh19/4118
En pdf : les%20canuts/l%20echo%20de%20la%20fabrique.pdf
Extraits du compte-rendu de François Jarrige :
«... Marie-France Pinguet examine d’abord la place du terme
« canut » dans le journal, elle remarque qu’il y est presque
absent car il est d’abord un instrument de stigmatisation. Le journal
lance d’ailleurs un concours pour trouver « un terme appellatif
qui remplace celui de Canut » et c’est seulement plus tard qu’il
sera reconquis par les acteurs de la fabrique comme un symbole de leur
dignité.»
«Deux contributions s’intéressent plus particulièrement à la question des machines, ...»
«Ludovic Frobert, à travers l’étude de la controverse entre
Bouvery et Pétetin sur le rôle des machines, détecte quant à lui deux
conceptions concurrentes de la démocratie.»
Ludovic Frobert
Introduction
Marie-France Piguet
Désignation
et reconnaissance : le concours pour « chercher un terme
appellatif qui remplace celui de canut » dans L’Écho de la fabrique
Jeremy Popkin
Marius Chastaing et la presse ouvrière à Lyon
Maurice Tournier
Labels ouvriers dans le journal des canuts. Approche lexicométrique
Dominique Varry
Les imprimeurs des journaux canuts
Emmanuel Renault
Mépris et souffrance dans L’Écho de la fabrique
Jonathan Beecher
Le fouriérisme des canuts
Jacques Guilhaumou
1789-1830, la nouvelle aristocratie et le peuple. La permanence de la construction de soi par contraste
Cahier d'illustrations
Sarah Mombert
La muse de la Fabrique. Les rubriques littéraires de L’Écho de la fabrique
Simon Hupfel
Les canuts et l’argent : la caisse de prêts aux chefs d’atelier en soie dans L’Écho de la fabrique
George J. Sheridan
Les échos de L’Écho. L’héritage du journal des canuts (1834-1870)
Anne Verjus
Défendre
les intérêts des femmes dans les années 1830 : conjugalisme et
sexualisme dans Le Conseiller des femmes et dans L’Écho de la fabrique
Betsey Price
« Javelot, miroir, arène et bouclier » Les quatre dimensions de la technologie dans L’Écho de la fabrique
Alain Clément
Le traitement de la pauvreté dans L’Écho de la fabrique
Philippe Régnier
Les saint-simoniens à l’épreuve des « événements de Lyon » : une approche communicationnelle
Ludovic Frobert
Machines et machinations : le débat entre Anselme Pétetin et Joseph Bouvery
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