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Cinquante nuances de liberté Mes textes sont ce qui me reste dans ma mémoire. Depuis l’école où j’y ai usé à contrecœur mes fonds de culotte. En passant par mes premières lectures de Science et Vie dans le vestiaire en attendant la reprise en bleu de travail après le déjeuner, avant d’aller souder à l’arc et taper du marteau. Le contremaître qui passait par là a eu cette sortie « Ha bon tu lis. Il lit ! ». Cette synthèse n’est qu’une suite d’idée et il manque l’antithèse. Heureusement pour mon cheminement, de la trilogie thèse, antithèse et synthèse, je m’en suis fort bien passé. Je vais citer et déformer quelques auteurs sans les nommer pour la légèreté du texte. Auteurs que j’ai lu en partie ou en entendu causer. Platon, Saint Augustin, Spinoza, Schopenhauer, George Orwell, Jean-Paul Sartre, et d’autres que je vais nommer. La notion de liberté va m’entraîner vers ses contraintes, le déterminisme ou causalité, la non dépendance appelée il me semble par erreur autonomie, l’arrachement pour le marché libre. Ce texte pourrait être contredit par des éthologues, ethnologues, sociologues, philosophes etc. Il y a certainement des erreurs vis à vis de nos connaissances à ce jour. Vous allez subir mon ignorance. Voici enfin mon texte. 50 nuances de libertés, titre plagiant 50 nuances de grey (de gris). Parait que c’est un livre de cul. Ça tombe bien pour la liberté je voulais introduire le sujet par celle (la liberté) que doit posséder l’étron, stade finale du bol alimentaire. Par amour ce soir je vous donne ce conseil, quand vous êtes assis sur le trône, pour éviter la constipation et les hémorroïdes vous devez avoir les genoux plus haut que le bassin. Assis ordinairement le muscle pubo-rectal bloque le gros colon. Accroupi à la turc, qui eux doivent dire autrement, le passage est libre. Pour mon manque de souplesse dans nos nouvelles toilettes sèches j’ai gardé une hauteur d’assise habituelle et je pose mes pieds sur un petit banc. Cet automne assis dans cette cabane au fond du jardin je cogite. Tout se bouscule dans ma tête : - mes vacances en montagne ; - par les petits frères des Pauvres mon séjour avec des personnes isolées plus ou moins dépendantes donc moins libres dans leurs gestes quotidiens ; - un ancien soixante-huitard libertaire-libéral éventuellement ministre ; - la liberté, perdue, de dépasser les 80kmh. Pour ne plus chier dans l’eau potable aurais-je le courage tout cet hiver de traverser le jardin ? C’est une autre histoire. Quoique la liberté ne s’exprime que par son atteinte, l’atteinte par la pluie et le froid. La liberté est un concept négatif. Nous ne nous représentons par là que l’absence de tout empêchement et de tout obstacle. La liberté répond donc à une nécessité. Cette nécessité est-ce une volonté fatale ? Nous ne connaissons qu’une face du monde. La réalité nous est inconnue. Nous n’avons pas accès à la chose en Soi, l’âme du monde. Au delà de la connaissance sensible, ce que je pourrais voir si je quittais la caverne des mirages. Parait que vous êtes ma construction. Le monde serait mon illusion. Quoique disent certains penseurs, par nos échanges et notre savoir commun nous en connaissons quand même une partie de cette chose en Soi. Cette partie est ce que l’on voit ensemble et que l’on transmet à nos descendants. Cette partie de savoir commun est-elle une petite partie, une infime partie du monde ? Nous resterons pour toujours sur cette question. Mais cette vision bien que commune est-elle vraiment la réalité. Parait qu’il y a des illusions de groupe. Des illusions qui nous canaliseraient comme ces molécules d’eau coulant librement entre deux rives. Notre perception commune partage un univers en perpétuel mouvement. Une pich’nette a propulsé la matière en un continuel tourbillon. Tout est spirale. Tout tourne. Le seul point fixe connu est celui de l’observateur qui est momentanément au centre d’un équilibre de multiples forces. Ça y est, première atteinte à la liberté. L’atome d’hydrogène ne va pas où il veut. En son sein 4 forces, 4 interactions connues actuellement. Dont la gravitation, celle qui m’intéresse pour le moment, que l’on ressent par la pesanteur. Cette force agit par addition. Elle se cumule. L’atome d’hydrogène qui se croit libre tourne sur lui même et dans une grande spirale. Par les hasards des orbites spiralées le voici proche d’un confrère. Leur échange continu de leur électron les unisse. La gravitation se cumulant ils captent d’autres atomes d’hydrogène, additionnant encore leur gravité. De cumule en cumule la masse écrase les premiers atomes au centre, qui en perdent leur cohésion s’effondrant sur eux même. Les forces internes ne pouvant plus lutter contre cette masse, les protons, neutrons et électrons se trouvent libres pour fusionner ensemble et donner des atomes plus lourds. Ainsi d’étoile en étoile nos astres sont plus denses par les matériaux créés et cumulés, fer, plomb, uranium etc. Ces fusions, sont celles de nouveaux matériaux de base, mais aussi des molécules complexes dont est issu la vie. Et toujours en tournant, tourbillonnant. Cette vie unicellulaire subit des phénomènes d’union et d’absorption. Pour garder leur différence ou pour absorber, ces cellules durent se déplacer ou se blinder. La suite nous la connaissons. Avec à chaque fois des frontières pas si étanches que ça. Où commence et s’arrête le sensible et l’immatériel, entre le minéral et la vie, entre la flore et la faune, entre l’animalité et la conscience ? Fusion, symbiose pour manger ou être manger, dirigée toujours par une volonté qui nous échappe. Une volonté autonome qui nous mène par le bout du nez, par nos instincts d’animal. Cette énergie de nos désirs, entre autre sexuelle, cet effort d’être. C’est ainsi, si vous n’avez pas faim, si vous ne rechercher pas l’accouplement votre lignée disparaît. Voici une suite d’illustrations de cet instinct et des limites de la liberté : Cet été nous étions dans la nature alpine luxuriante qui doit rappeler le paradis ... des fleurs en voici en voilà. Je m’approche d’une ombellifère. Une araignée blanche, une thomise, l’araignée crabe, se confondant avec la fleur était en train de finir son repas d’une mouche pas assez attentive. Vous savez comment elle mange, l’araignée ? Après l’avoir paralysé elle envoie son suc gastrique à l’intérieur de la victime et elle n’a plus qu’à aspirer. Et bien cette nature luxuriante c’est la liberté. Lutte pour la vie ou pour manger celle des autres, donc libre sans code ou autre norme. Dans ces Alpes, descendant des glaciers, l’eau des torrents coule entre deux berges. Si c’est sans obstacle on dit qu’elle coule librement. Nous sommes l’eau et avons l’ambition d’aller librement. Nous, nous avons conscience de nous même et de notre présence en ce monde. Mais, voyons-nous l’existence des berges canalisant notre volonté ? Percevons-nous les obstacles à notre libre pensée ? Percevons-nous les causes qui nous mènent ? Par quoi sommes-nous déterminés ? Si un fumeur ou un obèse n’est pas coupable de son état, est-il responsable ? Si vous voulez être efficace pour un traitement contre un comportement addictif vous ignorerez cette responsabilité. Dans les comportements asociaux, vol, meurtre, l’auteur du délit jusqu’où est-il responsable ? Le fait d’être vivant, jeter dans le monde nous rend-il responsable des rives canalisant notre comportement ? Bien-sur nous devons nous protéger et même peut-être protéger l’individu contre lui même. Jean-Claude Romand celui qui après une vie de mensonge tua femme, enfants et parents vient de demander sa mise en liberté après la période de sûreté de 22 ans. Emmanuel Carrère par son dialogue avec Romand, avec son écriture distante, détachée, ce qui ne veut pas dire indifférence, en a fait un livre « L’adversaire » puissant, éprouvant, pessimiste. Romand s’est senti libre de tuer ses proches pour ne pas être découvert. Pour lui l’autre n’est rien. Quand l’autre n’est rien la liberté est toute, est toute prête à tout écraser. Pour connaître les rives de notre flot existentiel que l’on ne fait qu’apercevoir ... observons-nous de haut. Sur une planète d’aspect bleuté une population de primates réussit à réduire significativement tout prédateur. Leur population ne se limite plus allant jusqu’à scier la branche sur laquelle ils sont assis. Mais avant de disparaître regardons leurs derniers combats. Comme dans toutes les populations d’animaux sociaux ils sont organisés en dominants dominés. Les dominants veulent la liberté de pouvoir consommer à volonté, consommation énergétique et sexuelle. Pour garder son statut le dominant doit montrer les crocs, partager son trésor de bananes ou créer une zizanie parmi les ambitieux. Par surenchère, comme il est impossible d’avoir des crocs ou un zizi plus grand que grand, le primate s’invente des allongements du bras par des appendices, ou il s’allie pour accroître la force de dissuasion. Parfois une femelle veut jouer aussi au cacou et joue au dominant. Cet instinct de domination dépasse le groupe et entraîne des guerres entre les macaques à fesses rouges contre macaques à fesses bleues alliés aux macaques à fesses roses pour simplement piquer les plantations et les femelles de l’ennemi. Le primate invente la roue pour le transport de bananes lointaines et surprendre ses ennemis. Dans ces bravades la couleur des fesses ne suffisant plus l’on se vante d’avoir les plus grosses roues que son voisin. Et du sexe en veux tu, en voilà. Tout est libre et moralement leur fille, votre fille peut se prostituer. On a proposé dans le territoire voisin à des demandeuses d’emploi un poste d’hôtesse pour une maison de passe. Pour l’énergie les fesses violettes imposent des plantations de palme sur le territoire des fesses mauves. La plantation des palmeraies, où il n’y fait pas bon vivre, détruisent les arbres protecteurs, racines d’une population locale arrachée, arrachée de ses racines. Ces racines sont un problème gênant la liberté de mouvement. Ces racines, nos racines qui permettent d’avoir la tête en l’air mais les pieds au sol, respectant ce dernier. Pour le déplacement des primates vers les lieux de production de roues il est nécessaire de leur imposer ou leur faire croire à l’arrachement à toute racine, toute situation constituée, en un mot, de « s’arracher » à tout ce qui est. Un déracinement continuel serait la liberté. Nous avons tendance, à nous représenter la liberté comme ce pouvoir suprême qu’aurait l’homme de « nier » toute situation constituée, de « s’arracher » à tout ce qui est. Le combat pour la liberté aurait donc pour socle l’aptitude du primate à se déraciner perpétuellement. Je traduits : la constitution d’un marché mondial unifié, où les individus s’épuiseraient à circuler sans repos sur le modèle des marchandises et des capitaux. La dictature du changement perpétuel est aussi un instrument de soumission. Pour Jean-Claude Michéa « par cet arrachement chaque individu ou chaque communauté, abandonne une somme de fidélités et d’habitudes composant un univers personnel qu’il s’agit à la fois de protéger et de partager, la capacité d’affirmer et d’aimer, c’est-à-dire de s’attacher à des êtres, à des lieux, à des objets, à des manières de vivre. Ce jeu d’échanges subtil et compliqué qui fonde à la fois nos relations bienveillantes à autrui, notre respect de la nature et, d’une manière générale, notre sens intuitif de ce qui est dû à chacun. » Nos primates au pouvoir ont besoin de cerveaux pour faire avaler la pilule et pour créer de nouvelles roues. Parmi ces cerveaux des opposants prennent conscience de ces turpitudes. C’est comme pour la béchamel il se crée des grumeaux. Tant que vous arrivez à les dissoudre dans la masse et qu’ils ne sont pas trop nombreux vous continuez à tourner la spatule. Mais quand ces grumeaux sont trop nombreux il n’y a plus qu’à jeter le tout. Vous mettez une petite moustache ou une casquette avec plein d’étoiles, et avec la bénédiction des fabricants de roues vous écrasez toute opposition. Donc toutes cette singerie de liberté de déplacement, de fabrication et vente libre n’est que de l’instinct de primate, d’une volonté inconnue à déterminer. Je reprends, on ne parle de liberté que quand elle nous manque. La liberté est une illusion ne connaissant pas les causes qui nous mènent. Malgré une liberté de choix multiples mais limités, le libre arbitre est donc une illusion. Pour finir sur cette liberté, l’éducation pour y accéder et les devoirs une contrainte libre. Paradoxalement notre prise de conscience de notre absence de liberté est un pas vers cette liberté espérée. Ce chemin se prend aussi par l’éducation. Pour prendre conscience de notre absence de liberté, pour sortir des illusions, pour se soustraire du déterminisme, pour être indépendant des manipulations, l’éducation est nécessaire. La première connaissance est sensible et permet de nous situer, la deuxième nous permet de voir au-delà. D’abord je vois le soleil plus petit que notre planète, soleil qui apparemment tourne autour de moi. Puis par partage de connaissances et abstraction je construis dans mon imagination ce soleil immense autour duquel nous tournons. Du géocentrisme à l’héliocentrisme. L’éducation c’est ne plus faire croire à des petits miséreux, comme en Birmanie, que leur condition est due au comportement de leur karma, la pseudo lignée des porteurs de leur âme. Leur faire croire que les riches ont des ancêtres karmiques exemplaires et qu’ils doivent se résigner eux à faire l’aumône pour le moine qui les a sortis de la rue. En prenant ce sujet, la liberté, je m’ouvrais des voies pour moi inexplorées. Fin décembre par un petit bouquin La liberté de Joël Wilfert citant Kant j’ai découvert que la liberté est aussi contrainte par le devoir. Bien sur, comme au début de ce texte, ce que je dois faire pour arriver à me satisfaire mais surtout le devoir que je dois assumer pour résoudre les problèmes collectifs. Ce que Kant ne cite pas clairement. Ces devoirs, mis en avant par Simone Weil dans L’Enracinement, qui permettent de vivre ensemble et de construire une société. Peu connus aujourd’hui ces devoirs sont donc une atteinte à notre liberté (atteinte choisie) qui peut nous remplir de satisfactions et aussi, je me permets, remplir de joie. Une dernière citation : Schopenhauer a écrit dans le Monde comme volonté et représentation : « Le talent est pareil à un archer qui touche une cible que les autres ne peuvent atteindre, le génie est pareil à celui qui en touche une que les autres ne sont pas même capables de voir ». Soyons géniaux ! Janvier 2019 |