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Le problème Spinoza par Irvin Yalom



Dont un dialogue avec Alfred Rosenberg, futur théoricien du nazisme

Page 116-118 «... [choc et incrédulité] qu'a suscité la révélation de Kant selon laquelle la réalité du dehors n'est pas ce que nous en percevons d'ordinaire ... nous élaborons la réalité extérieure à travers nos constructions mentales intérieures.» «... votre monde intérieur, qui est constitué pour une large part de ce que vous avez vécu dans le passé, n'est plus ce que vous pensiez qu'il était. ... un terme propre à Husserl ... votre "noème" a explosé
«...noème se rapporte à la chose telle que nous la vivons, la chose telle que nous la structurons. Par exemple ... l'idée d'un mur. ... vous vous appuyez sur ce mur ...ce mur n'est pas solide et votre corps passe au travers. A ce moment-là votre noème du mur explose - votre Lebenswelt" - le monde vécu n'est plus ce vous pensiez qu'il était.» «... le concept d'une structure que nous imposons au monde...» Tout à coup par une révélation «votre passé a changé, pas de beaucoup mais ...»
126-127 Eudémonisme de eu = bon, normal et daimon = lutin, esprit, déité mineure (le démon d'aujourd'hui ?) : donne bonne fortune, bien-être, épanouissement
Peut-être élevant l'état de sentiments heureux vers une vie morale, vertueuse. L'arete pour Platon, ce qui fonctionne bien pour un grec ancien, pour lui une harmonie de l'âme.
129 Le bien vivre pour Épicure est l'ataraxie. Une quiétude par l'élimination des soucis et de l'inquiétude.
134 «Épicure a-t-il nié le divin ? - Non, il était audacieux mais pas téméraire ... né 60 ans après Socrate ... exécuté pour hérésie ... Il a adopté une position plus prudente, admettant que les dieux existaient et vivaient heureux sur le mont Olympe, totalement indifférent à l'existence des hommes.»
442 Spinoza (début de la préface de la partie 4 de l'Éthique) «L'homme soumis aux sentiments ne dépend pas de lui même, mais de la fortune.» De la fortune veut dire ici de la bonne fortune, de la chance.
443 «C’est pourquoi, dans la vie, il est avant tout utile de parfaire l’entendement, autrement dit la Raison, ... en cela seul consiste la souveraine félicité ou béatitude de l’homme. Car la béatitude n’est rien d’autre que la satisfaction même de l’âme, qui naît de la connaissance intuitive de Dieu.» Tiré du chapitre IV de l'appendice de la proposition 73 de la 4ème partie de l'Éthique de Spinoza.
496 à 499 « ... je ne conçois pas l'homme comme un être de solitude ... Je recherche le vécu joyeux qui naît non pas tant du lien que de l'abolition de la séparation. ... Il y a une différence subtile mais essentielle. ... Nous pouvons en partie comprendre l'essence de la Nature, ou de Dieu. ... en partie car l'existence réelle de Dieu est un mystère qui dépasse l'entendement. Dieu est infini, et comme nous sommes finis, notre vision est limitée. ... Donc ... il nous faut essayer d'envisager le monde sub specie aeternatis - sous l'aspect de l'éternité. ... surmonter les obstacles de la connaissance liés à l'attachement qui est le nôtre à notre propre moi.»
« ... pour envisager le monde sub specie aeternatis je dois faire abstraction de mon identité, de mon attachement à moi même, afin de regarder d'un point de vue absolument pertinent et juste. Lorsque j'y parviens, je mets fin aux limites qui existent entre moi-même et les autres ... un grand calme m'envahit. ... Et quand les autres parviennent à ce même état, nous nous rapprochons ... ce vécu heureux et plein de joie est une conséquence de la séparation plutôt que du lien. Voilà la différence ... entre les hommes qui se rapprochent pour avoir chaud et se sentir protégés et les hommes qui ensemble partagent une vision joyeuse de la Nature ou de Dieu. »
«Solitaire et cependant ... être simultanément à part en prenant part.»
«Un égoïsme éclairé mène à l'entraide
«... le vrai paradis sur terre adviendra le jour où notre engagement à comprendre la Nature, ou Dieu, remplacera toutes les autres attaches, quelles soient religieuses, culturelles ou nationales.»