Sortir de l'histoire officielle

    


Pierre Desproges : "Quand un philosophe me répond, je ne comprends plus ma question."

L’Être ou le néant
(Montaigne, ce vieux pote âgé dans sa cabane de jardin)

Plagia d’un titre de J-Paul Sartre que vous avez tous reconnu.
En ce qui concerne Montaigne en 2030 pendant sa retraite, dès 55 ans, il s’essaie à penser le Monde.
Il n’a plus ni sa bonne, ni son 4X4 mais il mange à sa faim, envoie des mails et peut s’offrir quelques livres.

Laissez vous porter, ne cherchez pas le chemin, je pédale.

                               Dring dring ...

Par cette prose, malgré une grave introduction, soyons légers.
Pour les comprendre mythes, croyances et concepts, je les reprends en les tordant dans tous les sens par l’humour et la dérision. Enfin j’essaie.
Vous allez partager ma compréhension du Moi, du Ça, de l’Être.
Vous allez enfin comprendre la seconde topique de Freud (de topo – la carte de nos lieux psychiques) que Google Maps n’a pas réussi à cartographier.
Vous allez aussi vous poser une question que vous ne vous êtes jamais posée et on s’en passerait : les prédateurs et autres nazis-fascistes écrasent-ils leur Être par leur SurMoi ?
Le fil conducteur de cette prose est peut être aussi l’Être et son Moi.
Ou encore, peut-on être philosophe et coupé du monde, ne pas parler simplement et baragouiner bac plus 5 ?
Mais avant de continuer cette trituration je vais vous citer quelques lignes qui m’ont donné une première approche philosophique de l’Être.
Un article du Monde du 21 novembre 2013 sur une thèse de Muriel Montagut L'être et la torture m’a incité à réfléchir sur la notion d’Être en philosophie. En « emprunte », en pendant, car le titre est « Les possibilités d’être après la torture ».
Je cite : « Les personnes ayant été torturées, réduites au statut de victimes, sont alors dépossédées de la dimension sociopolitique pourtant fondamentale à la compréhension de leur problématique. »
« Le système torturant loin d’être un système fou, illogique est appliqué selon des paramètres construits collectivement sur le savoir dégagé des expériences de tortures antérieures. »
Suivent les mots : Logiques d’emprise, désaffiliation, désappartenance à la communauté humaine, trajectoire de la désolation, ne plus pouvoir inter-réagir avec autrui, son être au monde s’en trouve renversé, empreinte durable de l’intranquillité.
Pour finir par : « L’impact du système torturant est indélébile sur l’humain qui l’a subi : la désemprise partielle du lien totalitaire n’est souvent possible qu’au prix d’une fracture de l’être.»

J’ai continué mon approche de l’Être en parcourant la carte freudienne de notre esprit, confondant l’Être et le Soi. Pour redevenir léger, la seconde topique est peuplée de l’espiègle « le Moi », accompagné par ses copains : le sournois « le Ça », le super-héros « le Surmoi » et l’angélique « le Soi ».
Je vais illustrer, la topographie de nos lieux psychiques, par un exemple courant : l’automobiliste.
Le rapport poids du cerveau et poids du corps d’un rhinocéros est semblable avec ce même rapport entre les poids du cerveau du conducteur et de la voiture qu’il conduit. En réflexes et champ visuel nous sommes réduits au comportement d’un périssodactyle.
(Moi grand voyageur, je peux vous indiquer si vous me le demandez, comment l’on chasse le rhinocéros avec un chou ... Mon médecin généraliste pas homéopathe, donc de base, m’avait prescrit du chou, contenant du soufre … manger du chou pour mes poumons.

Dommage maintenant il est en retraite. Je l’ai croisé la dernière fois filant sur son vélo pont Anne de Bretagne.
Pas de rapport me direz vous, sinon le chou qu’aime manger le rhino - céros)
Le 4 janvier 1960 Albert Camus, bien que passager, son être en a été réduit au néant à bord d’une voiture de grand tourisme,

une Facel-Véga FV3B véhicule français de prestige équipé d’un V8 Chrysler 4,9 litres pour 253 ch. Boîte de vitesses mécanique Pont-à-Mousson à 4 rapports ou automatique Chrysler à 3 rapports, vitesse maxi 203 kmh. La face avant dispose de gros projecteurs superposés sans enjoliveur et d’une calandre avec grille centrale.
Je n’ai pas trouvé la couleur de la carrosserie du véhicule embouti. Il y en avait d’un très beau bleu métallique.
Voiture conduite par son ami le neveu de l’éditeur Gallimard dont le cerveau aurait été déstabilisé par la rangée d’arbres.
Dommage. Le panneau gersois, pays de l’Armagnac, « Attention aux arbres ! » n’a pas été adopté sur tout l’hexagone.


Soupire On est peu de chose …


Déclamez jusqu’au soupire :

Notre Ça !, par ses flux énergétiques, nous donne l’ordre de foncer, de dépasser et si nécessaire de tuer cet objet, ce minable qui obstrue notre chemin.
Notre Moi lui obéit et appuie sur l’accélérateur et dirige le volant. Mais notre Surmoi ! lui rappelle l’existence de radars et autres panneaux de limitation.
Notre Soi essaie de faire avec tout ça et la tonne d’acier. Sera-t-il assez puissant ! pour ne pas briser l’Être sur l’étant du platane, phénomène sensible ?
Soi frustré de ne pas rencontrer les Êtres assis dans les boîtes d’acier précédentes et suivantes.

Soupire On est peu de chose …

Avant le néant, le Moi de Camus l’avait encore attiré vers les plaisirs de la vie, l’incitant à ne pas franchir le pas pour quitter l’absurdité du monde.
Les Sois d’Albert avaient l’air bien rassemblés en cet Être amoureux de l’humanité. Le Soi du petit garçon élevé par sa maman sourde et sa grand-mère autoritaire. Le Soi de l’ado au corps souple et chauffé par le soleil d’Afrique. Le Soi luttant encore avec le Moi séducteur du jeune homme. Les Sois poussés vers les autres dans la Résistance à l’occupant, dans ses articles de journaliste et sa littérature philosophique.
Avec les limitations de vitesse, l’obligation de la ceinture de sécurité et les airbags que nous aurait-il encore révélé ?
Ses poumons bouffés par la tuberculose lui auraient-ils permis de voir la fin des blocs ?
Son ego l’aurait-il entraîné vers les courbettes du pouvoir ?
Revenons à cette journée fatidique et à l’un de ses acteurs : l’arbre (un hêtre aurait été un jeu de mot trop facile, en tout cas d’après les photos, ce n’était pas un platane). Cet arbre se voit doté de trois entités, l’arbre qui plie la tôle, l’arbre phénoménologique appréhendé par la conscience sensible du passager et une dernière image de cet arbre, le noumène refoulé au fond de son inconscient.
La phénoménologie de l’arbre appréhendé consciemment donc faisant parti du monde sensible de Camus, de ses émotions, et éventuellement de ses actions, s’il avait été au volant, il aurait peut être pu éviter cet étant feuillu.
Sa rencontre avec l’arbre n’a pas été avec le noumène de ce dernier. Image que la plume d’Albert aurait pu extraire de son inconscient en beaux dessins ou poèmes. Cet arbre n’aurait été qu’un tigre de papier.

On s’est beaucoup posé de questions autour de l’Être, qui n’est pas l’étant mais peut être l’étant le là, le deizen de Heidegger! Pour moi c’est du verbiage et ceci le restera peut-être ! Mais est-ce raisonnable de suivre Heidegger dont l’excroissance du cerveau provoqua un gonflement de l’égo, du Moi prédateur où l’autre n’est qu’un objet. Pensée s’appuyant sur une pseudo spiritualité païenne agricole, pure car première. Pensée éliminant toute humanité qui ne rentrerait pas dans ces critères néolithiquo-celto-germano-européenne … ne rentrerait pas dans ces critères par sa culture et ses coutumes disons « exotiques », comme par exemple les gitans ou les juifs.
Le bon terrien européen syncrétique contre le sémite ou le nomade.
Jean-Pierre Marchand dans son blog du Monde, intitulé « Le phiblogZophe », nous cite Heidegger qui s’exprimait ainsi à 27 ans le 18 octobre 1916 dans une lettre à sa fiancée Elfride :"L’enjuivement de notre culture et des universités est en effet effrayant et je pense que la race allemande devrait trouver suffisamment de force intérieure pour parvenir au sommet".
Il est vrai qu’il a couché plus tard avec son élève Hannah Arendt, mais soit il ne savait pas que les 4 grands-parents de cette dernière étaient juifs, soit il s'est flagellé nu dans la neige.


Mais revenons à notre Être, rassemblement de Sois, qui a peut être des relations avec l’âme appelée aussi psyché, en finissant avec Thierry Tournebise, reprenant quelques-unes unes de ses explications issues du contenu riche et limpide de son site Internet http://www.maieusthesie.com/. En les réécrivant, peut-être en les trahissant, mais en faisant mienne.
Psyché princesse humaine par sa beauté « comaque » rend jalouse la déesse Vénus. Cette dernière envoie son fiston Cupidon, pour que Psyché tombe amoureuse du plus méprisant des humains, Cahusac ou autre Patrick Buisson.

Mais manque de pot il se pique avec sa flèche. L’Eros, céleste tombe en amour pour Psyché.
Cette idylle fait alors qu’Eros a une Âme, a un cœur, et ce cœur lui vient du terrestre.
Le céleste aurait-il besoin du terrestre pour avoir un « centre » qui donne à sa musique toute la résonance voulue ?
L’instrument sans le souffle ou le souffle sans l’instrument, ne peuvent pas donner de musique.
L’Être - ce quelqu’un, distinct de l’objet - ce quelque chose, a un esprit - ce souffle, avec une conscience équipée de sa perception.
Une âme, la psyché, la terrestre qui permet à cet Être, le céleste, de « vibrer » à sa musique.
Finalement s’occuper de la « psyché », est-ce s’occuper de « l’Être », afin de restaurer son « souffle » et d’ouvrir sa « conscience » à la « musique » que l’Être et la psyché jouent ?
J’aime bien. Avec une psyché terrestre les grecs anciens nous donnaient déjà une raison spirituelle de respecter la terre.

Sur tout ça je me demande pourquoi des philosophes des 19ème et 20ème siècles ont pris ce chemin de l’ontologie, l’étude de l’Être ?
Est-ce pour remplir l’absence de dieu enfin possible ou tout au moins le renommer sans être brûlé vif ?
Et si c’est la bonne réponse pourquoi ces têtes pensantes n’ont pas cherché à rendre simple leur discours ouvrant ainsi l’esprit commun pour les mettre sur la voie de l’autonomie vis à vis des religieux et autres gourous ?
Malgré tout, en ce qui concerne l’Être, des questions nous viennent encore à l’esprit : l'être est-il un reflet d'une essence primordiale, ou au contraire, l'existence précède-t-elle l'essence ? Et quelle relation entre l'être et l'existence ?
Ce sera l’objet d’une autre étude « La phénoménologie » mais il me faut un meurtre ou au moins un accident. Je cherche.

                                Dring dring ...
La bicyclette met le matérialiste en lévitation, pratique réservée aux médiums et autres moines bouddhistes.
Vélos mis à part, vous avez ainsi deux noumènes, deux réalités impalpables car hors du monde sensible, l’Être du cycliste et son flottement évanescent.
Cet Être, bien que refusant toute philosophie idéaliste, se trouve momentanément, par un mouvement de pédalage, hors du monde.

Mai 2015

Ouvrage cité : Muriel Montagut, L'être et la torture, Paris, puf, 2014