Le rouge est mis !
Lu au 1er degré
Résumé
  :
Se sentant peu doué en métaphysique, par le rouge notre frère nous fait partager ses souvenirs et préoccupations.
Après quelques banalités sur cette couleur signe de bonne santé et de violence il se demande s’il mérite son cordon rouge. Est-il frère ? Peut-il aimer, lui l’athée?
Un mot en entraînant un autre il continue son périple :
- de rouge à garance du film Les enfants du paradis et des pioupious de 14-18 ;
- de son papi gazé dans les tranchées à son père dragon en 39 ;
- des dragonnades de l’ancien régime au dragon rouge de l’Apocalypse à Angers.
Il nous fait aussi partager son doute pour l’amour chrétien dont les prêtes et pasteurs ont sanctifié les tribus françaises et allemandes avant leur massacre en 14.
Deux vierges rouges s’invitent : Louise Michèle et Simone Weil la philosophe. Il rejoint la première dans sa sympathie pour le socialisme libertaire aux multiples martyrs et la deuxième dans son reniement de l’état insensible aux injustices sociales et écologiques.
Notre frère termine par la lecture du premier couplet de La butte rouge.


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Écoute d’une chansonnette
Suivant un dicton oublié, le petit chaperon rouge a connu le loup, elle en a donc perdu sa virginité.

Silence on tourne !
Comme au tournage d’un film le témoin rouge est allumé, silence dans les couloirs.
Je ne peux plus reculer, il faut y aller.

Le fil rouge de cette planche est le rouge évidemment. Ce fil rouge était peut-être un des brins inséré au moment de la fabrication des drisses et autres bouts permettant de le repérer dans la multitude de l’accastillage du voilier.

J’ai piqué quelques idées à Michel Pastoureaux historien auteur d’ouvrages sur les couleurs.

Bon voici le résultat de mes vagabondages, toujours aussi décousus et introspectifs.

Première couleur maîtrisée par l’homme, le rouge est la couleur primaire la plus présente dans nos représentations.
Couleur du sang qui rosit une peau saine, qui en s’échappant entraîne avec lui la vie.
Couleur du brasier, de la lave en fusion.
Elle est donc évidemment une couleur qui porte des multiples sentiments et ferveurs.

Toutes sortes de sentiments et par réaction leur contraires.
Déjà avant nous (nous homo sapiens) notre cousin l’homme de Neandertal recouvrait ses morts d’oxyde de fer, donc rouge, dans le but de leur redonner un aspect vivant, comme le maquillage actuel de nos défunts.
Pour Hergé cette couleur devait trop porter le sentiment de révolte à l’ordre établi et est donc la couleur du pirate Rackham Le Rouge, le méchant.
J’eu ma période Bande-Dessinée. Enky Bilal faisait parti de mes auteurs préférés. Dans l’un de ses premiers ouvrages « Mémoire d’outre espace » il y a une copie des guerres de tranchées sur une planète où les habitants sont d’incorrigibles pacifistes. Par une subtile propagande on leur a inculqué une horreur du rouge, couleur des ennemis. Après des batailles sanguinaires fut arrivé le temps des décorations pour les supplétifs les plus méritants. Le généralissime se retournant pour prendre la décoration périt par les balles de ces autochtones. Il portait une grande cape rouge.
Rouge couleur de la planète Mars représentant la guerre.
Couleur du pouvoir, des empereurs romains puis des cardinaux
Cardinaux super évêques, ces derniers à la chute de l’empire romain géraient les villes et leurs alentours. Pouvoir que Clovis voulait amadouer en ce faisant baptiser.

Jusqu’à Newton, dans les esprits le rouge était en opposition autant du noir que du blanc. Avant la décomposition de la lumière par le prisme, le rouge avait une place centrale parmi les couleurs.
Dans ce temple, noir et rouge se partagent l’espace.
Le rouge ne devrait pas apporter la sérénité attendue dans nos échanges, trop excitant on le déconseille pour les pièces de vie. Mais certainement étant élus nous sommes détachés de nos pulsions, nous nous dominons.
En ce chapitre nous sommes en deuil mais nous sommes rouges de colère, nous voulons faire couler le sang rouge des 3 mauvais compagnons.
La chaire si elle se détache, putride elle est noire et rouge.

Je rentre en zone de turbulence. Je marche sur du sable mouvant.
Nous avons tous les éléments pour être fous, mais quoique l’on divague nous restons présents de ce côté du miroir.
Tiens il y a une planche à faire sur le fou et sa diagonale
La réflexion sur la folie remet beaucoup en question notre équilibre, notre vision de la société.
La vision sur le fou à travers les âges à beaucoup évoluée, je vous laisse ce thème.

Mon cordon est rouge.
Méritais-je cette couleur ?
Suis-je frère ? Dans la fraternité il y a de l’amour.
L’amour que je porte à l’autre, moi l’athée, est-il attaché à une quelconque tradition chrétienne ?
Mon voyage au Québec m’a donné en parti une réponse négative.
Suite à une visite guidée d’un musée des peuples animistes des premières nations, ceux que l’on appelait les peaux-rouges, j’ai compris que les relations entre eux étaient plutôt pacifiques et peut-être largement plus que les relations entre les peuplades chrétiennes allemandes et françaises au 20ème siècle.

Je suis élu, je suis grand. Je devrais rompre le cordon ombilical tressé par mon initiation … tressé par l’accueil chaleureux, bienveillant, et l’ouverture d’un monde peu visité dans le monde profane, le symbolisme et tous ses dangers, comme le sous-entend Claude Darche dans son « Vademecum du maître ».

Mais si ici je coupe ce cordon je m’éloigne par le corps (je vous quitte) ou par l’esprit (je ne fais plus que de la présence ou de l’épate).
Non je ne vais pas changer grand chose pour garder ma sensibilité, inconfortable mais sensuelle, car par tous les sens.

Éloignons-nous du Temple.
En cherchant des synonymes au mot rouge je suis tombé sur garance.

Petite virgule audio avec le film Les enfants du paradis
A 11000 mètres d’altitude en Août j’ai revu Les enfants du paradis de Carné et Prévert sorti en 1944 avec Arletty dans le rôle de Garance.
  « Extrait de la bande son du film où se présente Garance . Vous avez reconnu Arletty et Pierre Brasseur »

Garance couleur aussi du pantalon de nos pioupious de 1914.
Les élus les trouvaient plus beaux ainsi dans les défilés.
Parait que c’est un mythe l’idée que cette couleur a entraîné les milliers de morts devant les mitrailleuses allemandes. Le nombre de victimes a été proportionnellement aussi important parmi les chasseurs alpins ou autre en bleu. Et l’hécatombe a été aussi importante parmi les troupes adverses déjà en tenues moins voyantes.
5 ans pour fêter le centième anniversaire de la grande boucherie.
Il y a 100 ans il fallait écouler des armes et de l’équipement.
Il fallait se répartir les colonies d’Afrique et d’Asie.
Certain y voit dans cette guerre une haine de la jeunesse.
Le général Nivelle malgré ou grâce aux nombreuses victimes du chemin des dames a suivi tout le cursus de la légion d’honneur, décoration bien connue par son ruban ROUGE, pour en avoir la plus haute distinction Grand Croix en 1920.
Et par hasard Marlène prend en septembre à la médiathèque « Le collier rouge » de Jean-Christophe Rufin. Avec un titre pareil et préparant cette planche je me sentis obligé de le lire. C’est l’histoire d’un héros de 14-18 en prison pour avoir décoré en public son chien pendant la cérémonie du souvenir en 1919 et les conséquences locales et privées qui vont infléchir l’officier en charge de l’enquête.

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Les parvis




Texte lu au 1er grade

L'oeuvre au noir ou L'Oeuvre en noir ?
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Ce grand carnage, la guerre 14-18, a laissé dans nos inconscients des peurs, des haines.
Mon grand-père gazé dans les tranchées s’est suicidé en 1928, mon père avait 10 ans.
Cet acte violent, qui l’a précipité très jeune dans le monde du travail, et avec ses 7 ans sous les drapeaux de 1938 à 1945, n’a-t-il pas forgé ce caractère limite pour sa femme et nous ses 5 enfants ?
Cet autoritarisme m’écrasant et me bloquant devant un public silencieux, me perdant, debout sur les colonnes.
Mon père a été appelé sous les drapeaux le 15 novembre 1938 au régiment de cavalerie du huitième Dragon à Lunéville en Meurthe et Moselle.
Ces dragons ne devaient pas revendiquer leur utilisation dans les répressions sous l’ancien régime. Ces dragonnades, employées pour obtenir par la force les conversions des protestants, furent aussi utilisées pour mater les révoltes contre les nouveaux impôts. Révoltes à la fin du 17ème siècle qui sont restées dans les mémoires en Bretagne sous le nom de la révolte des bonnets rouges. Elles furent les derniers soubresauts des assemblées communales autonomes.

On en arrive au dragon aux 7 têtes, rouge sur la tapisserie de l’apocalypse de la fin du 14éme siècle que l’on peut voir à Angers, exposant ainsi le dernier texte de la bible.
Par la guide j’en ai appris la petite histoire.
Pour le seigneur il fallait montrer sa richesse, donc son pouvoir et transmettre la bonne religion aux vilains analphabètes.
Notre guide nous a aussi entre autre révélé que les tenues des soldats de Satan étaient l’uniforme des anglais, ennemis de l’époque.
C’est la fin du moyen âge avec la peste, la répression religieuse, des mauvaises saisons pour les récoltes provoquant des famines et les multiples guerres.
L’apocalypse quoi !
Image qui nous reste du moyen âge. Dernière période après 2 autres plus positives pour Régine Pernoud, dans « Pour en finir avec le moyen-âge ».

Le rouge dans le code des neuvaines, bougie coulée dans un étui de plastique coloré, est la couleur de la sensualité, de la santé physique
Là on tombe dans les superstitions, dans le syncrétisme.
Il y a tout un code des neuvaines que j’ai découvert quand nous avons remplacé, Marlène et moi, des amis libraires à Lorient.
Ils ont repris une librairie catho qu’ils veulent transformer en librairie ésotérique à la façon de « L’autre rive » à Nantes.
Pendant une semaine j’ai vendu des médailles, des pendules, des bouquins de prières mais aussi de magie et quelques romans ou bouquins de philo.
Mais je ne peux plus. Ça me donne le bourdon, c’est mortifère.

Le rouge me rappelle aussi une affiche publicitaire, il y a … ho … Les boiseries du magasin irlandais rue de Strasbourg accueillaient à cette époque les boîtes alimentaires de deux frères épiciers. Vous vous rappelez ?
Sur la vitrine il y avait une affiche avec en fond une famille de roux, type irlandais qui mangeaient dehors, un peu comme au début dans « Pour quelques dollars de plus ». Sur cette affiche une pub pour une marque de ketchup qui se ventait d’être la seule tradition rouge venue d’Amérique.

Dans le monde profane, comme je n’ai plus rien à faire avec le clergé et ses cardinaux, et n’appréciant pas la corridas, pour moi le rouge est la couleur du drapeau longtemps porteur d’espoir et malheureusement porteur de répression des libertés.
Comme Simone Weil, la philosophe, je me laisse facilement entraîner par la dévotion enthousiaste de la foule.
Mais maintenant ayant mis de l’eau dans mon vin rouge et n’acceptant pas des moyens sanglants pour une fin illusoire je changerais bien la moitié du drapeau en noir.

Rouge puis noir comme notre sœur aînée Louise Michel. Certains à l’époque l’ont surnommée « la nonne rouge ». Elle est passée de la révolution à l’anarchie. Je la cite : « Si un pouvoir quelconque pouvait faire quelque chose c’eût été la Commune, composée d’hommes d’intelligence, de courage, d’une incroyable honnêteté, qui tous, de la veille ou de longtemps, avait donné d’incontestables preuves de dévouement et d’énergie. »  « J’ai aimé et servi la Commune de tout mon cœur depuis le premier jour jusqu’au dernier parce qu’elle voulait le bonheur du peuple » De son engagement aux cotés des humbles, elle l’institutrice, devant la répression sanglante et le côtoiement des renégats dans ses emprisonnement et déportation elle choisit de plus penser que par l’anarchie.

Je finis en vous proposant de lire, si ce n’est déjà fait, L’enracinement écrit en 1943, par la philosophe Simone Weil, la vierge rouge, appelée ainsi par certains de ses contemporains.
Lecture qui bouleverse notre vision des relations au sein de notre société.
Cette année j’ai lu en loge bleue mes réflexions philosophiques et sociétales suite à la lecture de ce livre.
J’y ai déjà lu précédemment aussi une planche où je fais des rapprochements entre Simone Weil, Albert Camus et George Orwell mes 3 altruistes engagés.
Deux planches que je pourrais éventuellement un jour vous lire ici.

L’enracinement sans m’étendre est un texte, comme le souligne Ivo Malan dans L'enracinement De Simone Weil - Essai D'interprétation paru en 1956 … un texte « surchargé de matière, aux innombrables digressions et aux jugements abrupts … un matériel de recherche dont il est malaisé de donner une synthèse ... Œuvre de génie d’un abord difficile … si éloigné de nos communes mesures ».
Je rajoute, texte de la christique qui a refusé le baptême et qu’on limite à « Intuition pré-chrétienne », à « Attente de Dieu » et à son best of façon Gustave Thibon  « La pesanteur et la grâce ».
Peu de solutions pratiques  ou pas eu le temps … et peut être pas dans sa pratique … bien qu’elle ait participé aux réunions pour la réunification de la CGTU et de la CGT.
Je laisse son coté mystique à d’autres FF qui pourraient ainsi m’expliquer plein de choses
En lisant en partie « Attente de dieu » j’ai cru comprendre qu’elle souhaitait obéir mais ne pas être embrigadée. Elle aurait accepté le baptême si c’était dicté par sa voix intérieure.
Je ne comprends sa démarche car je ne partage pas sa foi.

Une folle, pour De Gaule, aux éclatantes révélations comme celles-ci tirées de L’enracinement
« Il y obligation envers tout être humain, du seul fait qu'il est un être humain, sans qu'aucune autre condition ait à intervenir, et quand même lui n'en reconnaîtrait aucune. » Tout a fait d’actualité.
C’est un paradoxe après la Pucelle qui a bouté les anglois hors de France voici la pucelle qui de Londres la capitale de ces anglois analyse la fin de nos républiques.
C’est une révoltée si ce n’est pas une révolutionnaire avec une sortie comme celle-ci :
« L'État n'est pas particulièrement qualifié pour prendre la défense des malheureux. Il en est même à peu près incapable, s'il n'y est pas contraint par une nécessité de salut public urgente, évidente, et par une poussée de l'opinion. » C’est le cas de l’Europe avec l’accord TAFTA qui ne pourra être refusé que par la poussée de l’opinion.

Pour chapeauter ce patchwork j’aurais pu demander à mon frère maître de la colonne d’harmonie « Le chiffon rouge » de Michel Fugain.
Ou « la butte rouge » de Gaston Montéhus

Sur cette butte là y'avait pas d'gigolettes
Pas de marlous ni de beaux muscadins.
Ah c'était loin du Moulin d'la Galette,
Et de Paname qu'est le roi des patelins.
C'qu'elle en a bu du bon sang cette terre,
Sang d'ouvriers et sang de paysans,
Car les bandits qui sont cause des guerres
N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents !
La butte rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin.
Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin,
Qui boira d'ce vin là, boira l'sang des copains.

J’ai préféré pour rester sur ce centenaire une chanson plus récente qui nous démontre l’implication de notre jeunesse. Les cerises rouges ont perdu leur chair.
Voici « Le temps des noyaux » en 2007 de et par Marie Cherrier, à peine la trentaine.

Mai 2016