Sortir de l'histoire officielle

    


Marylie Markovitch

La Révolution russe vue par une Française

Édition Pocket et Revue des deux mondes
Préfacée et annotée par Olivier Cariguel

Marylie Markovitch est citée dans le documentaire «Lénine, une autre histoire de la révolution russe» réalisé par Cédric Tourbe produit par Arte.
De la préface d'Olivier Cariguel :
page 45 Censure et autocensure contre la presse pendant la guerre. Il ne fallait assombrir l'image d'un allier, la Russie, sur lequel les français comptaient.
51-52 «La Révolution russe vue par une Française demeure un témoignage atypique par la personnalité de son auteur et le traitement original du phénomène révolutionnaire. ... sa sensibilité de poétesse l'incite à percevoir la réalité avec une sincérité naturelle qu'elle injecte dans les scènes de vie quotidienne. Cela leur confère un caractère plus vrai. plus réel et, tout bien pesé, offre une photographie plus humaine. plus intériorisée du chaos qui prend forme sous ses yeux. A travers les interstices des portraits psychologiques, Marylie Markovitch, experte des profondeurs de l'âme, atteint une vérité capable de toucher les lecteurs. Il n'est pas interdit de penser que ses chroniques d'une haute sensibilité, à gros bouillons d'émotion, à hauteur d'homme, ont réussi à transmettre, avec plus d'efficacité que les articles des journalistes professionnels, l'intensité dramatique qui innervait la Russie et rayonnait par vagues et déflagrations successives, comme un rouleau compresseur, sur les individus désemparés. Observatrice attachante et parfois candide, elle ne joue pas avec les non-dits, les clins d'œil complices au lecteur ou les silences diplomatiques sous tous les sens du terme.
Journaliste et militante féministe Marylie Markovitch est parvenue à sortir d'elle-même, de sa gangue de poétesse-romancière précieuse. A 50 ans, partie en Russie, elle accomplit une surprenante métamorphose en grand reporter dans le quotidien où écrit Albert Londres. Ses albums de vers anciens fanés ne laissaient pas présager qu'elle rejoindrait la famille des femmes écrivains anticonformistes, engagées dans le débat intellectuel et politique de la Belle Époque et du début du XXe siècle.»
Du texte :
87 La police tsariste, Staline a perpétué cette tradition. «Vous ne trouverez qu'une chose parfaitement organisée chez nous, me dit un .journaliste libéral, à mon arrivée en Russie, c'est la police. La police est l'agent indispensable de notre gouvernement. Par elle s'exerce l'espionnage intérieur. Ses dénonciations incessantes, ses provocations odieuses ont rempli les prisons, peuplé les bagnes sibériens, fait exiler des milliers d'hommes, sans compter ceux qu'elle a réussi à supprimer tout à fait. Rappelez-vous ce conspirateur romain qui voulant dicter une ligne de conduite à l'envoyé de ses complices le conduisit dans son jardin et abattit devant lui, sans mot dire, les plus hautes têtes de pavots. La police politique russe a profité de cet enseignement hautain. Elle a émasculé la Russie en la privant de ses plus nobles intelligences. Si nous avons perdu la Galicie, si nous sommes en train de perdre la Pologne, si nos arsenaux sont vides, nos services désorganisés, n'en cherchez pas la raison ailleurs.»
94 Les passeports brûlent. Plus fort que le Tsar Staline a réussi supprimer toute révolte qui aurait renouveler ce ménage. «Accompagnée de mon secrétaire, je me risque jusqu'à la prison. Elle brûle en crépitant. Les passeports. si haïs en temps de paix, les ordres d'écrou, toute la paperasse
criminaliste ou politique s'envole en papillons noirs striés de fils d'or, et retombe en une pincée de cendre. .. Formidable puissance d'un peuple révolté qui peut anéantir en une heure le travail avéré ou secret de plusieurs siècles de recherches et de délations.»
150-151 A Paris et en Suisse se détache une fraction des sociaux-démocrates les bolchéwiki, tendance extrême maximaliste à la limite de l'anarchisme pour l'auteure.
160 Portrait de Lénine. «M. Lénine est un petit homme sans majesté. Même juché sur son balcon, il n'en impose guère. Il a un visage pâle, terminé par une barbe noire, en pointe. Des boutons en brillants ornent ses manchettes. C'est un révolutionnaire élégant.
Élégante, sa femme l'est encore plus que lui. On la voit passer dans les rues de la capitale, dans une confortable automobile, sortie peut-être du garage de la danseuse, portant des toilettes signées, semble-t-il, de quelque grand couturier de Paris... ou de Berlin.»
Note du préfacier : «Selon Hélène Carrare d'Encausse, la description de Nadejda Kroupskaïa (1869-1939), l'épouse de Lénine, correspond plus à celle de sa maîtresse, la Française Inès Armant (1874 1920) qui avait rencontré Lénine à Paris en 1909. Elle vivait en Russie depuis l'âge de cinq ans dans la famille d'un riche fabricant de textiles, les Armand, dont elle épousa le fils. Lénine était très épris d'elle. Leur liaison fut longtemps tenue secrète pour entretenir la légende d'un Lénine fidèle. Sur cette erreur d'identification, voir la préface d'Hélène Carrère d'Encausse « Regards français sur la Russie. Détestation, crainte, passion » au livre anthologique Russie.»
1837-1937 (Maisonneuve et Larose / Éditions des Deux Mondes 1997, P. 7 ).»
213 On était prêt pour une dictature. «Pour combien de temps ? demande un philosophe désabusé. ... La race slave n'est constante que dans l'obéissance. Car elle a derrière elle un trop long passé d'asservissement. Actuellement, et pour ne pas verser dans l'anarchie, elle aurait besoin d'un dictateur. Mais qui saura s'imposer à elle ? Kerenski ? Peut-être, s'il avait une santé plus ferme, car ce qu'il nous faut à cette heure c'est un homme d'action.
Ces boutades, sous lesquelles il y a une grande part de vérité, me rappellent un article récemment paru dans Dienn sous ce titre : Lui ! Or. Lui. c'est le dictateur ; celui dont la Russie a besoin pour le rétablissement de l'ordre. Naturellement, le Russe passif, sans ténacité dans ses élans d'énergie, ne voit plus en Lui un homme de sa race. « Ce sera un homme du Sud, aux traits énergiques, au poil noir. Il aura toutes les audaces et toutes les sublimités. Il surgira de la foule, à l'improviste. Ce sera un inconnu et, soudain, il s'emparera de tous les esprits, il subjuguera toutes les âmes...
Elles sont, en effet, mûres pour son Joug
- J'ai marché ardemment pour la révolution, me disait un soldat ce matin même, mais je me sens si las du désordre et de l'incohérence que je suis prêt à suivre le premier qui se dresserait pour y mettre un frein ! ...» Donc cette pagaille est utile à Lénine.
256 Savinkov distribue 10 000 fusils aux ouvriers «initiative redoutable». Plume de Kornilov a écrit les livres réédités Mémoire d'un terroriste, Ce qui ne fut pas, Le cheval blême et Le cheval noir. Terroriste, révolutionnaire mais opposé aux bolcheviks est victime en 1925 de la Tchéka.

Novembre 2020

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