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La Commune de Cronstadt

«Marquée par le 150e anniversaire de la Commune de Paris, l’année 2021 est aussi le centenaire d’une autre Commune : celle de Cronstadt, le port qui accueille la flotte de la Baltique, dont les marins avaient joué un grand rôle dans les révolutions de 1905 et 1917, au point d’être qualifiés de « gloire et honneur de la Révolution » par Léon Trotski.
...
Le jour même de la défaite des insurgés, les journaux de Petrograd célèbrent le 50e anniversaire de la Commune de Paris. De leur côté, des anarchistes russes y verront la « seconde Commune de Paris », et Trotski y gagnera le surnom de « Galliffet de Cronstadt », en référence au général Gaston de Galliffet, massacreur de la Commune de Paris.»
Tiré de La Commune de Cronstadt par Charles Jacquier 
Qui cite trois ouvrages :
- Cronstadt 1921. Chronique à plusieurs voix de la révolte des marins et de sa répression, textes assemblés et annotés par Étienne Lesourd, Les Nuits rouges, Paris
- Alexandre Skirda, Kronstadt 1921. Soviets libres contre dictature de parti, Spartacus, Paris, 2017. Skirda est aussi le traducteur et le maître d’œuvre du recueil d’Efim Yartchouk, Kronstadt dans la révolution russe, suivi du Dossier de l’insurrection de 1921, Noir et Rouge, Paris, 2018, qui contient une indispensable chronologie des événements entre le 22 février et le 18 mars 1921.
- Paul Avrich, Les Anarchistes russes, Nada, Paris, 2020,

Ida Mett La commune de Cronstadt
https://www.syllepse.net/

Texte en ligne http://www.antimythes.fr/individus/mett_ida/mett_ida.html

Voir aussi tiré de "Les soviets trahis par les bolcheviks" de Rudolf Roker L'INSURRECTION DE KRONSTADT...

Page 7 «L'insurrection des marins de 1921 est, en effet, à la limite de deux époques: d'une part, elle parachève la phase spontanée, populaire, la phase d'espoir de la révolution; d'autre part, elle amorce tout ce qui a été fait depuis, tout ce qui a été imposé.» Et l'oubli de Makhno et de Kronstadt.
9 Début du 1er chapitre : Description d'un commandement corrompu et crétin du régime féodalo-bourgeois contre des marins au bagage technique nécessaire pour ces bateaux sophistiqués. Ces officiers ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis.
15 Au début de la révolution (avant le coup d'état des bolchéviques) : «Cronstadt devint bientôt la Mecque révolutionnaire où se rendaient les différentes délégations du front et de l'arrière. C'était en partie la presse bourgeoise qui avait créé cette réputation révolutionnaire de Cronstadt. C'était elle aussi qui l'appelait ironiquement la République cronstadienne en l'accusant de séparatisme antiétatiste et d'actes anarchistes. Citons comme exemple la décision prise à la séance du Soviet de Cronstadt du 26 mai 1917, qui devait faire hurler la bourgeoisie.
Cette décision attribuait dorénavant tout le pouvoir au Soviet de Cronstadt. Prélude de la lutte pour le pouvoir des soviets dans tout le pays, ...»
16 «Cette décision du soviet cronstadien eut l'effet d'un coup de tonnerre. Le gouvernement provisoire et la grande presse commencèrent à calomnier la République cronstadienne en l'accusant d'excès de toutes sortes et surtout d'indiscipline criminelle menaçant de rompre le front du Nord, .... Ces bruits gagnèrent tous les coins du front et les provinces les plus éloignées. Mais la calomnie eut une action contraire à celle que ces auteurs escomptaient... Les délégations arrivant à Cronstadt étaient conquises par son esprit, son enthousiasme et sa fidélité à la démocratie ouvrière.»
17 Trotsky applaudissant l'esprit révolutionnaire de Kronstadt et qu'il va plus tard détruire. «Le 3 juillet une descente de plus de 2.000 marins armés défila dans les rues de Pétrograd semant la terreur dans la bourgeoisie de la capitale. En octobre, Cronstadt ainsi que d'autres centres de la flotte baltique, comme Helsingfors, envoyèrent à l'embouchure de la Néva des bâtiments de guerre, élément décisif dans la marche de l'insurrection. Dans l'élaboration des plans insurrectionnels, Smolny (centre du parti bolchévique avant octobre) plaçait de grands espoirs dans les matelots de la Baltique, voyant en eux des détachements de combat qui combinaient la résolution prolétarienne avec une forte instruction militaire, dit Trotski dans son Histoire de la Révolution Russe ... Ce sont encore des matelots qui occupèrent au cours des journées d'Octobre l'agence télégraphique gouvernementale, les locaux de la Banque d’État et d'autres points stratégiques de la plus haute importance pour l'issue de l'insurrection.»
19 Menaces Kerensky le 7 juillet 1917 repoussées par les marins de Kronstadt «... j'ordonne aux équipages des bâtiments de ligne Petropavlovsk, Respoublika et SIava, suspects d'activité contres évolutionnaire et du vote des résolutions, d'arrêter dans le délai de 24 heures les meneurs et de les amener à Pétrograd pour instruction et jugement ainsi que de donner l'assurance de leur soumission au Gouvernement provisoire. ... J'annonce aux équipages de Cronstadt et des bâtiments précités que, dans le cas de non accomplissement de mon ordre, ils seront déclarés traîtres à la patrie et à la révolution; contre eux les mesures les plus sévères seront prises.» ...«Lors de la discussion de cette dépêche au Soviet de Cronstadt, le bolchévik Raskolnikov disait: Depuis qu'en Russie un mouvement ouvrier existe, en réponse à pareilles exigences de dénonciation des meneurs, les ouvriers grévistes ont toujours courageusement répondu: «Il n'y a pas de meneurs parmi nous; nous sommes tous les meneurs des grèves».
20 «Trois ans et demi plus tard, le gouvernement bolchévik posa aux marins de Cronstadt la même condition: dénoncer les meneurs! Les matelots cronstadiens, suivant l'exemple de leurs aînés dans Ce mouvement révolutionnaire, répondirent par un refus catégorique au gouvernement bolchéviste. Ils ne faisaient que suivre les vieilles traditions révolutionnaires de la flotte et du prolétariat.»
Menaces répétées entre 1917 et 1921 par les bolchéviques cette fois sur des mensonges par Trotski, repris malheureusement par Victor Serge dans son "Trotski" et reniés par lui même plus tard.
23-24 «L'insurrection de Cronstadt eut lieu trois mois après la liquidation du dernier front de guerre civile en Russie européenne.
A l'issue victorieuse de cette guerre, la population laborieuse du pays, dans un état de famine permanente, était à la merci du régime dictatorial d'un État totalitaire, dirigé par un seul parti. Cependant la génération d'Octobre avait encore présents à la mémoire les mots d'ordre de la révolution sociale les poussant à l'édification d'un monde nouveau. Cette génération d'Octobre, qui comptait dans son sein des prolétaires remarquables avait consenti, le cœur serré, à abandonner momentanément ses mots d'ordre d'égalité et de liberté, les croyant sinon incompatibles, du moins difficilement applicables en temps de guerre. Mais, une fois la guerre victorieusement terminée, les prolétaires des villes, les matelots, les soldats rouges et les paysans laborieux, tous ceux qui versèrent leur sang durant la guerre civile, ne voyaient plus de raison à l'existence de la famine, et à la nécessité d'une soumission aveugle à une discipline aussi féroce. Celle-ci, si elle avait eu des excuses en temps de guerre, les perdait à présent.
Et pendant que les uns se battaient sur les fronts, les autres, les organisateurs de l'État  renforçaient leurs positions, se détachant de plus en plus des travailleurs. La bureaucratie prenait des formes redoutables. L'État était dirigé par un seul parti qui incorporait de plus en plus d'éléments arrivistes. Par suite, un prolétaire, non-membre du parti dirigeant, valait, sur la balance de la vie quotidienne, infiniment moins qu'un ancien noble ou bourgeois, membre du parti. La critique libre n'existait déjà plus, et n'importe quel communiste pouvait déclarer contre-révolutionnaire un prolétaire défendant ses droits et sa dignité de classe.»
26 Refus de Lénine de discuter : «les marins protestèrent contre la situation générale en abandonnant en masse le Parti communiste. Ainsi, d'après les renseignements de Sorine, Commissaire de Petrograd, 5.000 marins abandonnèrent le parti au cours du mois de janvier 1921.
Il est hors de doute que la discussion à l'intérieur du Parti joua un grand rôle psychologique: vu l'importance de la question, la discussion déborda les limites strictes du Parti et s'étendit aux masses ouvrières, à l'armée et à la flotte. La critique passionnée avait joué le rôle d'un catalyseur; le prolétariat avait raisonné logiquement: si la discussion et les critiques étaient permises aux membres du Parti, pourquoi ne seraient-elles pas permises aux grandes masses qui venaient de supporter toutes les épreuves de la guerre civile?
Lors de son discours au Xème Congrès du Parti, Lénine exprima le regret d'avoir autorisé cette discussion: «Ayant autorisé cette discussion, nous avons certainement commis une erreur» dit-il, «un tel débat fut nocif à la veille d'un printemps plein de difficultés».
28-29 Grèves économiques et politiques à Petrograd suivi de répressions de la part de l'appareil bolchévique. «... Les grévistes mettaient en avant des mots d'ordre économiques  ... Mais à côté de ces mots d'ordre économiques, plusieurs usines formulèrent des revendications purement politiques, comme la liberté de parole et de la presse et la libération des prisonniers politiques.»
Envoi de délégués de Kronstadt pour comprendre la situation et vote par les marins pour retrouver les idéaux du début de la révolution. Dont le point 9 contredit Trostski «Le point 9, demandant la ration égale pour tous les travailleurs, réduit à néant l'accusation formulée en 1938 par Trotski (dans sa réponse à Wendeline Thomas) et qui disait que «tandis que le pays avait faim, les Cronstadiens exigeaient des privilèges».
33 «Le paragraphe 14 pose de nouveau la question du contrôle ouvrier qui fut avant Octobre un des mots d'ordre les plus populaires du prolétariat. Les Cronstadiens comprenaient que le véritable contrôle avait échappé à la base et ils se proposaient de le remettre réellement en vigueur, alors que l’État bolcheviste tendait à le réaliser par un commissariat spécial, créé sous le nom d'Inspection ouvrière et paysanne.
A qui l'histoire a-t-elle donné raison?
Peu de temps avant la seconde rechute de la maladie, Lénine devait écrire dans la Pravda (du 28 janvier 1923): «Parlons net, l'inspection n'a actuellement aucune autorité. Tous le monde sait qu'il n'y a pas de pire institution que notre inspection». Ceci était dit un an et demi après l'écrasement de Cronstadt, Staline étant Commissaire du Peuple à l'inspection.»
38 Lénine au courant «L'appel de la Radio-Stanzia Moskva provenait évidemment du sommet du Politbureau du Parti. Il était lancé avec l'autorisation de Lénine, qui devait être au courant de la situation de Cronstadt. En admettant même qu'il ait puisé ses renseignements auprès de Zinoviev, qu'il savait froussard et paniquard, on croira difficilement qu'il n'ait pas compris le véritable état de choses; car Cronstadt lui avait envoyé le 2 mars une délégation, et il eût suffi d'interroger celle-ci pour être au courant des véritables motifs de l'insurrection. Sans aucun doute Lénine et Trotski, comme d'ailleurs toute la direction du Parti, savaient parfaitement qu'il ne s'agissait pas là d'une révolte de généraux.»
39 utilisation des compétences d'officiers des 2 côtés «Il faut toutefois reconnaître que les Cronstadiens utilisèrent dans une certaine mesure la compétence militaire des officiers qui se trouvaient à la forteresse au moment de l'insurrection. Il est possible que ces officiers aient donné des conseils aux insurgés par hostilité à l'égard des bolchéviks; mais les gouvernementaux eux aussi se servaient des compétences militaires d'anciens officiers dans leurs attaques contre Cronstadt.»
88 «Les Cronstadiens étaient sincères et naïfs. Croyant à la justesse de leur cause ils ne prévoyaient pas la tactique de l'adversaire. Ils attendirent l'aide du pays entier dont ils savaient exprimer les doléances. Ils perdirent de vue que ce pays se trouvait déjà enfermé dans le cercle de fer d'une dictature qui ne permettait plus au peuple la libre expression de ses désirs, le libre choix de son régime.»


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