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Javier Cercas
Mots, idées, concepts, personnalités repérés : comprendre n'est pas justifier, kistch historique, Mémoire et histoire, Montaigne, Voltaire et Platon Les soldats de Salamine Le monarque des ombres L'imposteur Les soldats de Salamine https://www.actes-sud.fr/ 4ème de couverture : «A la fin de la guerre civile espagnole, l’écrivain Rafael Sánchez Mazas, un des fondateurs de la Phalange, réchappe du peloton d’exécution des troupes républicaines défaites qui fuient vers la frontière française. Un soldat le découvre terré derrière des buissons et pointe son fusil sur lui. Il le regarde longuement dans les yeux et crie à ses supérieurs : "Par ici, il n’y a personne !" La valeur qu’il entrevoit au-delà de l’apparente anecdote historique pousse un journaliste, soixante ans plus tard, à s’attacher au destin des deux adversaires qui ont joué leur vie dans ce seul regard. Il trace le portrait du gentilhomme suranné rêvant d’instaurer un régime de poètes et de condottieres renaissants, quand surgit la figure providentielle d’un vieux soldat républicain. L’apprenti tourneur catalan, vétéran de toutes les guerres, raconte : les camps d’Argelès, la légion étrangère, huit années de combats sans relâche contre la barbarie fasciste. Serait-il le soldat héroïque ? L’homme laisse entendre que les véritables héros sont tous morts, tombés au champ d’honneur, tombés surtout dans l’oubli ; que les guerres ne seraient romanesques que pour ceux qui ne les ont pas vécues. Ce livre, qui a bouleversé l’Espagne, entreprend une carrière internationale sans précédent.» J'ai rapproché ces 2 photos en hommage à ces 2 cheminements parallèles, celui du vieux soldat républicain décrit à la fin du texte de Cercas et celui du gars nonchalant sur la gauche de la photo. Tous les deux se sont peut-être côtoyés dans la 2èmeDB du général Leclerc et tous les deux ont fini leurs jours dans une maison de retraite en Bourgogne. Le gars nonchalant à la pipe c'est mon père né en 1918. Qui ne l'était plus après cette guerre, nonchalant, plutôt autoritaire. Il portait certainement la dureté subie d'un enfant d'ouvrier agricole avec un père marqué par les tranchées le laissant par son suicide jeune chef de famille, étant l'ainé de sept frères et sœurs, puis ces 5 ans de guerre avec la mort de nombreux camarades de combat, de la défaite devant l'Allemagne en 1940 à la campagne de France en 1944. S'il a levé le poing c'était dans sa prime jeunesse dans le village de son enfance avant 1937. De ce livre juste une citation, pages 31 et 32 de l'édition du Livre de poche : «- Je croyais que tu étais nationaliste. - je ne suis pas nationaliste ... je suis indépendantiste. - Et quelle est la différence ? - Le nationalisme est une idéologie ... Néfaste à mon avis. L'indépendantisme n'est qu'une possibilité. Comme le nationalisme est une croyance et que l'on ne discute pas les croyances, on ne peut le discuter ; l'indépendantisme, si.» Le monarque des ombres Du site de Acte-sud : «Un jeune homme pur et courageux, mort au combat pour une cause mauvaise (la lutte du franquisme contre la République espagnole), peut-il devenir, quoique s’en défende l’auteur, le héros du livre qu’il doit écrire ? Manuel Mena a dix-neuf ans quand il est mortellement atteint, en 1938, en pleine bataille, sur les rives de l’Èbre. Le vaillant sous-lieutenant, par son sacrifice, fera désormais figure de martyr au sein de la famille maternelle de Cercas et dans le village d’Estrémadure où il a grandi. La mémoire familiale honore et transmet son souvenir alors que surviennent des temps plus démocratiques, où la gloire et la honte changent de camp. Demeure cette parenté profondément encombrante, dans la conscience de l’écrivain : ce tout jeune aïeul phalangiste dont la fin est digne de celle d’Achille, chantée par Homère – mais Achille dans l’Odyssée se lamentera de n’être plus que le “monarque des ombres” et enviera Ulysse d’avoir sagement regagné ses pénates. Que fut vraiment la vie de Manuel Mena, quelles furent ses convictions, ses illusions, comment en rendre compte, retrouver des témoins, interroger ce destin et cette époque en toute probité, les raconter sans franchir la frontière qui sépare la vérité de la fiction ? L’immense écrivain qu’est Javier Cercas affronte ici ses propres résistances pour mettre au jour l’existence du héros fourvoyé, cet ange maudit et souverain dont il n’a cessé, dans toute son œuvre, de défier la présence.» Pages 54-55 Être responsable et non coupable avec Anna Arendt «- Écoute, Javier, il y a quelque chose que j'aimerais savoir, dit David en me sortant de mes pensées. - C'est quoi ? - Tu te sens coupable d'avoir eu un oncle facho ? ... - Un oncle non, précisai-je. La famille au grand complet. Tu parles, comme plus ou moins la moitié de ce pays. Je t'ai dit que mon père aussi avait fait la guerre du côté de Franco ? En plus, le mec était super convaincu... Pire, ceux qui n'ont pas Exit la guerre avec Franco ont dû supporter tout ça pendant quarante ans. Quoi qu'on dise, ici, sauf quatre ou cinq téméraires, pendant la plus grande partie - du franquisme presque tout le monde a été franquiste, par action ou par omission. On n'y peut rien, c'est comme ça. Mais tu ne veux pas répondre à ma question ? - Hannah Arendt dirait que je ne devrais pas me sentir coupable, mais responsable. - Et toi, tu dis quoi ? - Que probablement Hannah Arendt a raison, tu ne crois pas ? ... - Moi, je dis que tu ne devrais te sentir coupable de rien, parce que le sentiment de culpabilité est la forme suprême de la vanité, et toi et moi, on est déjà assez vaniteux comme ça. Je ris - Ça, c'est vrai.» 72 à 76 Historique des évènements de 1936 : République, coup d'état fasciste, révolution, guerre ... 83 à 85 État d'esprit et verbiage des phalangistes d'un parti anti-système démagogue ne remettant pas de fait le pouvoir de l'église et du capitalisme. Où est cité José Antonio marquis d'Estella (José Antonio Primo de Rivera) le créateur de cette phalange; l'erreur a été de le fusiller ce qui l'a transformé en héros, ils auraient dû l'envoyer travailler dans les champs pour comprendre ce qu'était réellement le monde laborieux dont il se revendiquait. 205 La désertification des villages par le franquisme, tout compte fait comme par les lois du Marché «...après la guerre notre famille n'allait pas mieux qu'avant ; au contraire, c'était pire. Et à la longue, bien pire. De même qu'lbahernando. Écoute -- d'un geste, il sembla vouloir embrasser le silence des rues désertes, des maisons désertes, le village peuplé de fantômes où les seuls êtres vivants paraissaient être les hirondelles qui zigzaguaient dans le ciel du crépuscule en lâchant des gémissements d'enfant terrifié ou malade. Avant ]a guerre, i] y avait plein de gens ici, il y avait de la vie, le village avait un avenir ou pouvait en avoir un. Maintenant, il n'y a plus rien. Le franquisme a transformé lbahernando en un désert, il a fait fuir les pauvres comme les riches ...» Été 2021 L'imposteur Du site de Acte-sud : «Icône nationale antifranquiste, symbole de l’anarcho-syndicalisme, emblème de la puissante association des parents d’élèves de Catalogne, président charismatique de l’Amicale de Mauthausen, qui pendant des décennies a porté la parole des survivants espagnols de l’Holocauste, Enric Marco s’est forgé l’image du valeureux combattant de toutes les guerres justes. En juin 2005, un jeune historien met au jour l’incroyable imposture : tel un nouvel Alonso Quijano, qui à cinquante ans réinvente sa vie pour devenir Don Quichotte, Enric Marco a bâti le plus stupéfiant des châteaux de cartes ; l’homme n’a jamais, en vérité, quitté la cohorte des résignés, prêts à tous les accommodements pour seulement survivre. L’Espagne d’affronter sa plus grande imposture, et Javier Cercas sa plus audacieuse création littéraire. «L’Imposteur» est en effet une remarquable réflexion sur le héros, sur l’histoire récente de l’Espagne et son amnésie collective, sur le business de la “mémoire historique”, sur le mensonge (forcément répréhensible, parfois nécessaire, voire salutaire ?), sur la fonction de la littérature et son inhérent narcissisme, sur la fiction qui sauve et la réalité qui tue. Si, à l’instar de Flaubert, Javier Cercas clame “Enric Marco, c’est moi !”, le tour de force de ce roman sans fiction saturé de fiction est de confondre un lecteur enferré dans ses propres paradoxes. Qui n’est pas Enric Marco, oscillant entre vérités et mensonges pour accepter les affres de la vie réelle ? À un degré certes moins flamboyant que celui de ce grand imposteur, chacun ne s’efforce-t-il pas de façonner sa légende personnelle?» Page 56-57 Comprendre est-ce justifier ? «Je me souvenais des mots menaçants de Teresa sala : "Je ne crois pas que nous devions chercher à comprendre les raisons de l'imposture de M. Marco" ; je me souvenais aussi des mots équivalents de Primo Levi : "Peut-être que ce qui s'est passé ne peut être compris, et même ne doit pas être compris, dans la mesure où comprendre, c'est presque justifier." Pendant les quatre ans qui ont précédé, ..., j'avais à plusieurs reprises pensé à ces deux phrases, surtout à celle de Primo Levi et à l'incohérence manifeste entre le fait qu'il l'avait écrit et celui d'avoir passé toute sa vie à essayer de comprendre l'Holocauste dans ses livres (sans parler du fait qu'il ait aussi écrit des choses comme celle-ci : "Pour un homme laïc comme moi, le plus important, c'est de comprendre et de faire comprendre"). Comprendre, est-œ justifier ? me demandais-je chaque fois que cette phrase me revenait à l'esprit. Devons-nous nous interdire de comprendre ou sommes-nous plutôt obligés à le faire ? Jusqu'au jour où, à peine quelques semaines ou quelques mois avant ma conversation avec Raül, je suis par hasard retombé sur la phrase de Primo Levi et où j'ai trouvé la solution. Je l'ai trouvé dans un livre de Tzvetan Todorov. Todorov y argumentait que ce que disait Levi dans sa phrase (et, ai-je ajouté, ce que disait Teresa Sala dans la sienne) ne valait que pour Levi lui-même et les autres survivants des camps nazis (y compris, ai-je ajouté, Teresa Sala, qui n'était pas une survivante mais la fille d'un survivant et, donc, une victime des camps nazis) : ils n'ont pas à essayer de comprendre leurs bourreaux, disait Todorov, parce que la compréhension implique une identification avec eux, si partielle et provisoire qu'elle soit, et cela peut entraîner l'anéantissement de soi-même. Mais nous, les autres, nous ne pouvons pas faire l'économie de l'effort consistant à comprendre le mal, surtout le mal extrême, parce que, et c'était la conclusion de Todorov- "comprendre le mal ne signifie pas le justifier mais se doter des moyens pour empêcher son retour".» 129-130 L'UJA (Unión de Juventudes Antifascistas) à Barcelone en 1939 «L'existenœ de l'UJA a été brève : elle s'est terminée le 30 mai 1939, à peine trois mois après sa création. Ce jour-là ont débuté les arrestations (pendant lesquelles, d'après l'instruction qui a ensuite été ouverte à l'encontre de ses membres, "ont été saisis une machine à écrire, cinq fusils, trois carabines, une bombe de fabrication artisanale et plusieurs types de munitions"), et le 2 janvier de l'année suivante, un conseil de guerre a émis une sentence contre les vingt et un militants de l'organisation et sept autres personnes ; hormis trois d'entre eux qui, n'ayant pas encore dix-sept ans, ont été mis à la disposition du Tribunal tutélaire des mineurs, tous les autres ont été condamnés : il y a eu cinq peines de mort prononcées (dont une a été exécutée), huit peines de réclusion à perpétuité, deux peines de vingt ans, quatre de quinze et deux de six. Ainsi, quand tout le monde a dit Oui de bon ou de mauvais gré, il y a eu des gens qui ont dit Non, des gens qui ne se sont pas résignés, qui ne se sont pas laissé assujettir et qui n'ont pas accepté l'opprobre, l'indécence et l'humiliation communs de la défaite. C'était une minorité infime mais réelle. Au fil de presque six décennies, leurs noms ont été oubliés, aussi, il n'est pas superflu de les rappeler aujourd'hui. Honneur aux courageux : Pedro Gómez Segado, Miquel Colás Tamborero, Julia Ramera Yáñez, Joaquín Miguel Montes, Juan Ballesteros Román, Julio Meroño Martinez, Joaquim Campeny Puedo, Manuel Campeny Pueyo, Fernando Villanueva, Manuel Abad Lara,Vicente Abad Lara, José González Catalán, Bernabé García Valero, Jesús Cárceles Tomás, Antonio Beltrán Gómez, Ende Vilella Trepat, Ernesto Sánchez Montes, Andreu Prats Mallarín, Antonio Asensio Forza, Miquel Planas Mateo et Antonio Fernández Vállet.» Cités ici https://rebelion.org/mientras-sigamos-adorando-dioses-y-mitos-nacional-secesionistas-nada-o-casi-nada-habra-cambiado/ 207-208 Le mensonge pour Montaigne, Voltaire et Platon, ce dernier dans la République parlait d'un mensonge noble (gennaion pseudos). 208 Pour Kant, par l'impératif catégorique où toutes nos actions puissent être érigées en principes universels, il dénoncerait un ami caché chez lui aux assassins qui le recherchent. 211 à 213 Le kitsch historique «...même si toutes les données factuelles que Marco manie étaient vraies, tout son discours est du pur kitsch, c'est-à-dire, du pur mensonge ; ou, plus précisément : il en est ainsi paré que tout Marco est du pur kitsch. Qu'est-ce le kitsch? Pour commencer, c'est une idée de l'art qui suppose une falsification de l'art authentique ou pour le moins sa spectaculaire dévaluation ; mais c'est aussi la négation de tout ce qui dans l'existence humaine s'avère inacceptable, caché derrière une façade de sentimentalisme, de beauté frauduleuse et de vertu postiche. En deux mots, le kitsch est un mensonge narcissique qui cache la vérité de l'horreur et de la mort : de la même manière que le kitsch esthétique est un mensonge esthétique - un art qui en réalité est un art faux -- le kitsch historique est un mensonge historique - une histoire qui en réalité est une histoire fausse. C'est pourquoi on peut qualifier de pur mensonge (c'est-à-dire : de pur kitsch) la version romancée et décorative de l'histoire que Marco diffusait à travers ses récits, aussi bien sur Flossenburg que sur la guerre et l'après-guerre espagnoles -- des narrations remplies d'émotions, d'effets et d'emphase mélodramatiques, riches en mauvais goût mais imperméables aux complexités et aux ambiguïtés de la réalité, au centres desquelles évolue un héros de carton-pâte capable de garder, impassible, sa dignité face à une brute nazie ou à une brute phalangiste, ... De même que la déjà vieille industrie du divertissement a besoin de s'alimenter du kitsch esthétique qui donne à celui qui le consomme l'illusion de profiter de l'art authentique sans lui demander en échange de faire aucun des efforts que cette jouissance exige, ni de s'exposer à aucune des aventures intellectuelles, ni à aucun risque moral qu'elle suppose, la nouvelle industrie de la mémoire a besoin de s'alimenter du kitsch historique qui offre à celui qui le consomme l'illusion de connaître l'histoire réelle tout en lui épargnant le moindre effort, et surtout les ironies et les contradictions et les troubles et les hontes et les horreurs et les nausées et les vertiges et les déceptions que cette connaissance lui apporte : rares ont été en Espagne ceux qui ont fourni la marchandise toxique et gourmande de ce kitsch(le "venimeux fourrage sentimental assaisonné d'une bonne conscience historique" ...) avec autant de pureté et d'abondance que Marco, et c'est ce qui peut expliquer le succès fabuleux ou une partie de ce succès fabuleux que ses récits ont rencontré. Le kitsch est le style naturel du narcissique, l'instrument dont il se sert dans son exercice assidu d'occultation de la réalité, pour ne pas la connaître ni la reconnaître, pour ne pas se connaître ni se reconnaître. Marco a été un Fabricant imparable de kitsch et, en tant que tel, il a sans discontinuer proféré non seulement des mensonges historiques mais aussi des mensonges esthétiques et moraux. Hermann Broch a fait observer que le kitsch présuppose un comportement déterminé dans la vie, puisque le kitsch ne pourrait ni exister ni persister sans l'existence de l'individu kitsch". ...» Et 276 «Véritablement il faut se méfier des
prédicateurs de la vérité. Véritablement, de même que le fait
d'insister sur le courage dénonce le lâche, le fait d'insisté sur la
vérité dénonce le menteur. Véritablement toute forme d'insistance est
une forme d'occultation, ou de tromperie. Une forme de narcissisme. Une
forme de kitsch.»
242 2 juillet 1977 premier grand rassemblement de la CNT Barcelone le phénomène est 2mn50 https://www.youtube.com/watch?v=g8NmDwcsXt0
248 à 256 Les difficultés de la CNT au début de l'après franquisme. Les incompréhensions entre les jeunes loin des combats de la révolution de 1936 et les anciens réfugiés en France loin de l'Espagne de la fin des années 70 - CNT victime des manipulations des nostalgiques du franquisme et de l'économie dite libérale qui ne veut pas revoir en place cette première force syndicale. 250 Javier Cercas n'est pas d'accord avec d'autres sources sur la responsabilité d'anarchistes lors d'un attentat à la fin d'un meeting en 1978. Il note un indicateur de la police Joaquin Gambin et six personnes liées à la CNT. Pour Wikipédia «Les autorités politiques espagnoles tentèrent de rendre responsables de l'incendie les organisations anarcho-syndicalistes, Confédération nationale du travail (CNT) et anarchiste, Fédération anarchiste ibérique (FAI). Il s'agissait en fait d'une manipulation visant à discréditer le mouvement libertaire, alors en pleine expansion après la fin du franquisme et permettant sa répression.» 264-265 Mentir ensemble, les gros mensonges de l'un permet de mettre en arrière le mensonge collectif, 40 ans d'inertie pendant le franquisme. 274 «Maintenant que j'y pense, tu sais quel est le mot qu'il répétait le plus ? ... "Véritablement", a-t-elle dit.»! 276 «Marcs prononce ce mot plusieurs fois en l'espace de quelques minutes, de quelques secondes même, comme s'il s' enlisait. Surtout pendant ses années à l'Amicale de Mauthausen, qui ont été les années où il a endossé le rôle de héros et de champion de ladite mémoire historique, Marcs se présentait comme un prédicateur de la vérité cachée ou oubliée ou ignorée des horreurs du XXe siècle et de leurs victimes. Véritablement, il faux se métier des prédicateurs de la vérité. Véritablement, de même que le fait d'insister sur le courage dénonce le lâche, le fait d'insister sur la vérité dénonce le menteur. Véritablement, toute forme d'insistance est une forme d'occultation, ou de tromperie. Une forme de narcissisme. Une forme de kitsch.» 312 à 315 Mémoire et histoire « ...dans un temps saturé de mémoire, celle dernière risque de se substituer à l'histoire. C'est fâcheux. La mémoire et l'histoire sont, en principe, opposées : la mémoire est individuelle, partielle et subjective ; l'histoire, en revanche, est collective et elle aspire à être totale et objective. La mémoire et l'histoire donne un sens à la mémoire ; la mémoire est un instrument, un ingrédient, une partie de l'histoire. Mais la mémoire n'est pas l'histoire.» «À moins d'être très ingénu (ou très vaniteux), l'historien ne prétend pas accéder ainsi à la vérité absolue, qui est la somme d'une infinité de vérités partielles et en tant que elle inatteignable ; mais, à moins d'être très inconscient(ou très paresseux), l'historien sait qu'il a l'obligation de s'approprier le plus possible de cette vérité parfaite et qu'il a plus que quiconque la possibilité de le faire.» «... le chantage du témoin est plus puissant que jamais, parce qu'on ne vivait pas dans un temps d'histoire, mais dans un temps de mémoire.» 337 « l'expression "mémoire historique" est équivoque et très, très confuse. Dans le bond, elle entraîne une contradiction. Comme je l'ai écrit dans "Le chantage du témoin", l'histoire et la mémoire sont opposées : "La mémoire est individuelle, partielle et subjective ; l'histoire, en revanche, est collective et elle aspire à être totale et objective." Personne mieux que Marco n'a tiré profit de cette antithèse insoluble.» 345 «"Au croisement des chemins entre le monde associatif les initiatives institutionnelles et le travail développé par les chercheurs, écrivait Gâlvez Biesca en 2006, la Récupération de la Mémoire Historique des victimes de la répression franquiste est entrée dans un marché compétitif qui fait de ces éléments un puissant facteur de marketing mais aussi un instrument de contrôle du présent au profit des intérêts politiques." Intérêts, marketing, marché, compétitif : c'était la transformation de la mémoire historique en industrie de la mémoire. Qu'est-ce que l'industrie de la mémoire ? Un commerce. Que produit ce commerce ? Un succédané, une dévalorisation, une prostitution de la mémoire ; et tout autant une prostitution et une dévalorisation et un succédané de l'histoire, parce que, dans les temps de mémoire, celle-ci occupe en grande partie la plan de l'histoire. Autrement dit : l'industrie de la mémoire est à l'histoire authentique ce que l'industrie du divertissement est à l'art authentique et, de la même manière que le kitsch esthétique est le résultat de l'industrie du divertissement, le kitsch historique est le résultat de l'industrie de la mémoire. Le kitsch historique, ce qui veut dire : le mensonge historique.» Septembre 2021 Haut de page Page en amont Des visites régulières de ces pages mais peu de commentaires. Y avez-vous trouvé ou proposez-vous de l'information, des idées de lectures, de recherches ... ? Y avez-vous trouvé des erreurs historiques, des fautes d'orthographes, d'accords ... ? Ce site n'est pas un blog, vous ne pouvez pas laisser de commentaires alors envoyez un mail par cette adresse robertsamuli@orange.fr Au plaisir de vous lire. |