La planche à tracer

Trois temps dans cette planche : le symbolisme en général ; mes rencontres avec des peintures et leurs messages cachés et pour finir des rapprochements et collisions autour des symboles rencontrés lors de l’étude de … la planche à tracer.
Elle se conclura par une cantate profane de J-S Bach, donc en allemand, qui chante Phoebus esprit de la lumière.


Je croyais la pérennité de la FM dépendante des descentes de charges et de l’absence de gourou.
Ce qui en fait un des points de distinction avec les sectes.
Mais ce qui nous lie, entre autre, et donc pérennise notre institution est le rituel partagé et accepté de nos tenues et les symboles présents ou suggérés dans ce temple.

Comme tout langage le symbolisme comme l’écriture ou la musique permet la communication entre deux être ou deux dimensions, l’être et son moi caché. Communication entre des champs de pensées, locaux, ethniques ou simplement humain, dans et entre égrégores.
Comme tout langage ce symbolisme n’est pas plus porteur d’immanence ou de transcendance. D'avoir son principe créateur et moteur en soi-même ou au-dessus.

Si l’on sait ce que le symbolisme n’est pas, au moins il peut être porteur d’introspections ou il risque de l’être.
Pour les Grecs le symbole est l’objet cassé que l’on rassemble pour ce reconnaître. Rassembler le concret de l’abstrait, le visible de l’invisible, le conscient de l’inconscient, le clair du sombre pour une signification commune. Il attache, lie deux inconnus qui se reconnaissent par ce symbole.
Le symbole est une séparation mais aussi une reconnaissance.
Je rejoins Claude Darche dans Vade-mecum du maître chez Dervy. Elle écrit : « C’est dans le dépassement du connu vers l’inconnu, de l’exprimé vers l’ineffable que s’exprime le symbole. Il retentit en nous, il fait vibrer notre imagination, touche notre cœur… Le symbole ne se contente pas de provoquer des résonances, il appelle une profonde transformation de l’être … Faute de pénétration du symbole, faute de compréhension intime, rien de profond, rien d’essentiel n’y est perçu »
Je rajouterai, sans être une thérapie de groupe, l’étude et l’exposé autour de symboles, étant de l’ordre de l’intime, nous mettent en danger. Sinon ce n’est que livresque … pourquoi pas !

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J’ai 14 ans dans un collège d’enseignement technique. Le professeur nous donne une tôle, la tôle d’épure, que l’on va blanchir avec du blanc de Meudon et sécher au chalumeau.
Après avoir placé les contraintes, 2 figures à rejoindre, munis de réglet, compas et pointe à tracer, nous dessinons, projetons sur cette tôle d’épure et reportons les arrêtes du volume sur la tôle à mettre en forme. Tôle que l’on découpe, plie, roule, martèle, soude ou ferme par des rivets pour obtenir cette forme, tronc de cône, coude, ou plus complexe, permettant de rejoindre 2 ou 3 tubes … canalisant des flux imaginaires, nous ne sommes qu’en formation.
Ce traçage que l’on nomme descriptive en mathématique va sauver la partie pratique de mon CAP de chaudronnier en remontant la moyenne, étant donné que ma fabrication à l’atelier ne m’a donné qu’une note faible. Les pièces se rejoignent peu et du laiton de ma brasure trop chauffée le zinc s’est évaporé laissant apparaître le cuivre.
Etais-je plus doué pour le spéculatif que pour l’opératif, mon cursus scolaire suivant immédiat ne l’a pas révélé n’ayant pas existé. Donc à l’usine !
Mais avant en 1967, exposition du trésor de Toutankhamon au Petit Palais. Face à face avec ce masque mortuaire de plus de 3000 ans qui aurait dû être, par son père Akhenaton, celui du protecteur d’une des premières religions monothéistes.

Puis en 1972 visite de l’expo "surréalistes et symbolistes belges" au Grand Palais.
Comme affiche la mémoire de Magritte. Buste de statue de femme au regard serein marqué d’une tâche rouge comme du sang. La mémoire malgré les apparences marque en profondeur.


Un plus tard après ce CAP je laisse de ma chair sur une machine ce qui me donne un coup pied au cul et me propulse vers mises à niveau et formations m’amenant à Nantes et vers le professorat.

20 ans plus tard aux beaux-arts je me trouve en face d’un paysage enneigé attribué à Gisbert Lytens d’Anvers.
Comment un peintre du 17ème siècle décrit l’être comme un freudien moderne ? Je me le demande.
2 mondes semblent s’opposer unis par le manteau neigeux.

A notre droite l’horizon, des jeux sur le lac gelé, des peupliers sagement alignés, des maisons rassurantes où nous irons nous réchauffer.
A gauche un chemin s’enfonçant entre des arbres noueux, le ciel caché par des branchages griffus. Un homme ramasse du bois. Une diseuse de bonne aventure scrute le destin dans la main d’un chaland.
Aucun signe du bien ou du mal, simplement clarté ou inconnu.

Blancheur complexe pendant du noir profond faussement uni des tableaux de Soulage

Encore quelques années et je frappe à la porte de votre Temple et remet mon métier sur l’ouvrage.
Et planche sur la planche à tracer, l’un des trois bijoux immobiles du temple avec la pierre brute et la pierre taillée.
Planche à tracer qui devient tôle d’épure en ce métal proscrit dans le temple de Salomon. J’avoue cette faute, à vous peut-être de me le pardonner.

La tôle d’épure comme symbole doit unir le plan visible de l’encombrante image spéculative, être un pont entre 2 mondes, franchir un obstacle. De l’homme à l’humanité peut être ?

Sur la tôle s’appuyant sur la rectitude de la règle, la pointe à tracer griffe dans le blanc une trace à suivre ou à éviter.
Jeux de jambe du compas d’un pas de côté reporte, projette.
D’une surface blanche surgit le volume. 2 bases se rejoignent. Rigidité de celles-ci mais il faut trouver la liaison la plus courte ne perturbant pas le parcours des flux … de la pensée.

Tôle ! ici planche à tracer, comme toute planche, plus longue que large comme ce temple.
Le maître, trace au sol avec sa corde aux lacs d ‘amour par 3 unités puis 4, puis 5, les 2 verticales et comme par tour de magie se matérialise la base de l’élévation du temple..
Pythagore en a fait un théorème qui s’est échappé de l’ordre qui porte son nom.
Le grand côté peut être aussi la rotation de la diagonale d’un carré. Cette relation, largeur longueur, nous la côtoyons quotidiennement avec les formats des feuilles de papier.
Soulage, retrouve cette proportion dans l’enchâssement des fenêtres de la basilique de Côme
Enchâssement de sa création, des verres opalescents laiteux, transpositions lumineuses des traces peintes de son noir habituel.

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        Planche à tracer, tôle d’épure blanchie.
Tôle ! issue du feu du laminoir
Forge de Vulcain domptant les forces telluriques
Volcans dégueulant les laves
Laves gommant les scarifications
Rasant ces maisons rassurantes
Forces tectoniques, archi … tectures d’un monde idéal présomptueux.
Effaçant les scarifications du coup de charrue de Romulus créant Rome.
Rome ravagée par les hordes, par le temps.

        Tôle blanchie par le lait, trait du sein d’Héra femme et sœur de Zeus
Giclée de voie lactée
Chemin de Compostelle  des quêteurs des dieux
Quête de spiritualité
Enjambement d’obstacles.

Blanc badigeonné redonnant une virginité
Virginité pour de futures spéculations.
Blancheur neigeuse du paysage
Dichotomie du visible et de l’invisible
Dextre pour l’espace, le lisse de la glace où glisse nos vanités
Mal dextre le chemin s’enfonce entre les troncs torturés
Regard fixé sur la chiromancienne lectrice des plis.
Lectrice des lignes cicatrices du passé
Passé encombré des oubliés, vivants du passé
Milliers de générations se rappelant à nous
Dans nos actes-manqués, nos peurs, nos dérives.
Mémoires trans-générationnelles.

        Dans le bruit du travail des apprentis et des compagnons les outils du maître effleurent la planche.
Dessin de figures projetées en volume
Ecriture par l’alphabet maçonnique, projection du pavé à pointe
Alphabet, trace de mots
Mots, projections d’images dans notre conscient
Images déformées par notre inconscient.

Éraflures de la pointe à tracer sur le badigeon
Griffures, ambitieuse déchirure de l’oubli
Enveloppe frontière du vivant et de l'englouti
La gangue s’ouvre

La chaire se détache
L’architecte ordonne de continuer le temple
L’élévation est à notre portée
Les fondations sont là

L’humain va sortir de sa préhistoire
Ecrire une histoire sans prédation

Effaçons la planche à tracer
Blanchissons la tôle d’épure
Allons courage les outils sont prêts
Au travail … traçons

Phoebus eilt mit schnellen Pferden
Phoebus vole sur ses chevaux rapides
A travers ce monde nouveau-né
La terre lui plait tellement
Qu’il aimerait être un homme

    Cantate Phoebus eilt mit schnellen Pferden extrait tirée de :
https://www.youtube.com/watch?v=dG_qFsEpD9k

Les parvis


Entre l'équerre et le compas


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Si nous avons quitté le monde profane
où sommes nous ?

D'où viennent les vérités acquises ?
Athanor @






Lettre de motivation pour les ateliers de perfectionnement


Mes Frères,

Pourquoi je frappe à votre porte ?

Nous vivons des temps réellement nouveaux.
Environnement fragilisé, pénurie d’énergies, d’eau …
L’humanité se trouve face à un obstacle.
Elle ne pourra le franchir qu’en acceptant la frugalité dans le partage.
Le détachement est nécessaire et il doit être collectif, hors de l’intolérance, de tout sectarisme, du rejet de l’Autre.
Nous pénétrons dans un environnement propice au développement de la superstition s’appuyant sur la peur et l’égoïsme.
Tout ça, c’est trop pour chacun. Et c’est donc le repli sur soi, l'amertume pour beaucoup.

Je fais le choix de m’élever et il y a du boulot.
Je ne peux construire ma pensée que dans le partage, libre dans un cadre aux ambitions spirituelles.
La loge bleue devrait être suffisante.

Mais en vous présentant ces ambitions,
que l’on peut résumer en un détachement sans misanthropie (à des frères ayant déjà accepté une évolution de leur engagement dans le cadre de leur propre demande aux grades de perfectionnement) je me grandis en montant sur les épaules d’un géant, l’égrégore de votre Orient.

Fraternellement.

Un compagnon que des FF reconnaissent comme maître.