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Lehning Arthur
Anarchisme et communisme dans la révolution russe

Mots, idées, concepts, personnalités repérés : Les anarchistes, Anarcho-syndicalisme, Les artels (coopératives), Chliapnikov, La commune, Dictature du prolétariat, Koliontaï, Libertés/émancipation, Makhno, Soviet (conseils), Tchernychevski, Tourgueniev,


Éditions Spartacus
Le texte en ligne https://www.partage-noir.fr/-anarchisme-et-marxisme-dans-la-revolution-russe-

Table des matières
Introduction par Arthur Lehning
Page 8 «Avant la Commune, Marx applaudit à une victoire de la Prusse : ce serait, dit-il, la victoire de sa théorie sur les idées de Proudhon, et, en outre, l’Empire allemand que fonderait Bismark entraînerait cette centralisation économique et politique de l’Allemagne, condition essentielle selon Marx pour l’avènement du socialisme.»
9 «... on ne trouve rien dans toute l’œuvre de Marx qui permette de conclure que la dictature du prolétariat — aussi vaguement qu’elle y soit définie ! — puisse être la dictature d’un seul parti minoritaire. C’est là une invention particulière à Lénine, et à ce point de vue il est plus exact de parler d’une reconstruction et d’un développement léniniste de la théorie de Marx que d’une interprétation.» Dictature du prolétariat suite
11 «Le principe des Conseils est la négation absolue de toute dictature politique, la négation aussi de l’État, et ce n’est point par hasard que cette idée a été formulée pour la première fois dans le mouvement ouvrier international par des adeptes de Bakounine, tels le belge Eugène Hins et le français Louis Pindy, lors du quatrième congrès de l’Internationale tenu à Bâle en 1869. Ce sont ces mêmes idées que la plus forte fédération de l’Internationale, la fédération espagnole a conservées, sous le nom de collectivisme, comme base de son organisation et de ses méthodes de lutte. Ces idées bakouninistes, anarcho-syndicalistes ont permis aux syndicats ouvriers de la Confederación Nacional del Trabajo de prendre en mains toute la vie sociale et économique dans une grande partie de l’Espagne, principalement en Catalogne, dès le début de la Révolution qui répondit au pronunciamiento fasciste.» Soviets suite
12 «Durant l’année 1920 un courant se manifesta à l’intérieur du parti bolchévik, voulant accorder un rôle plus important dans le processus de production aux organisations professionnelles et reprenant certaines idées syndicales. Cette Opposition Ouvrière, dont Chliapnikov et Koliontaï étaient les principaux porte-paroles, s’élevait contre la militarisation du travail préconisée par Trotsky, le retour des techniciens bourgeois, la subordination du mouvement syndical à l’État, mais sans condamner le monopole du pouvoir exercé par le parti communiste. Lors du Xe congrès du Parti, en mars 1921, éclata la révolte de Cronstadt. L’Opposition Ouvrière soutint la direction du parti contre les insurgés, mais à ce même congrès sa plateforme fut condamnée comme anarcho-syndicaliste. En même temps on interdisait toute formation de fraction à l’intérieur du parti. On préparait ainsi les règlements qui permettraient par la suite à Staline de réprimer toute opposition qualifiée de « dissidence ».
Les marxistes-léninistes, avec leur dictature du prolétariat, leur appareil d’État centraliste, leur bureaucratie et leur police secrète, ont inauguré un régime de terreur et la pire forme d’absolutisme depuis la naissance de l’État moderne en Europe : de quoi faire pâlir de jalousie l’Inquisition et la fameuse Okhrana tsariste ! Les communistes hors de Russie ont non seulement accepté tout cela, mais ils l’ont défendu par principe ; leur vocabulaire absurde, stigmatisant, aujourd’hui comme hier, quiconque s’oppose à la théorie et à la pratique bolchéviques du moment, a empoisonné toute discussion de principes à l’intérieur du mouvement ouvrier. On connaît le dénouement : toute la « Vieille garde » bolchévique fut liquidée... S’il est exact que tous ces collaborateurs de Lénine aient été des « contre-révolutionnaires », des « espions » et des « fascistes », ceci jette un jour singulier sur la dictature du prolétariat ; et si c’est faux, comment qualifier un gouvernement qui a justifié par de tels arguments les séries de meurtres de l’époque stalinienne ?»
12-13 «... de nombreux anarchistes en vue étaient emprisonnés et faisaient la grève de la faim, un tel scandale éclata que le gouvernement bolchévik fut contraint de les libérer et d’en expulser un certain nombre. (Note 9 - Parmi eux se trouvaient Maximoff, Voline, Mrachny et Yarchouk. Déjà en juin 1922, une publication dénonçant les persécutions de l’État bolchevik, Mise en accusation du communisme d’État devant le tribunal de l’histoire, donna la liste de 182 anarchistes arrêtés, fusillés, morts en prison ou déportés.)»
13 «De janvier 1918 à 1921, la makhnovchtchina, une guérilla de paysans en Ukraine organisée par Nestor Makhno [10], luttait contre les forces d’occupation austro-allemandes et contre les armées russes blanches de Denikine, Skoropadski, Petlioura et Wrangel. Là où le pays était libéré par les armées paysannes naissaient des communes agricoles et des Soviets. Le gouvernement bolchévik s’alliait aux guérilleros pour mieux les attaquer, une fois la contre-révolution vaincue : c’est ainsi qu’au début d’octobre 1920, à la suite d’un accord avec Makhno, il libéra les anarchistes arrêtés en Ukraine et les autorisa à poursuivre leur action publiquement. Mais quand le péril blanc fut définitivement conjuré, Makhno fut mis de nouveau hors-la-loi et Trotsky donna l’ordre d’anéantir l’armée des guérilleros et de détruire le mouvement anarchiste.»
«La révolte était dès le début un mouvement spontané des marins et Lénine lui-même déclara le 15 mars : A Cronstadt on ne veut pas des gardes blancs, mais on ne veut pas non plus de notre pouvoir. La révolte de Cronstadt a été la dernière tentative pour sauver les principes de la Révolution russe. Les lzvestia, organe officiel du Soviet de Cronstadt écrivaient : Ecoute, Trotsky ! les meneurs de la troisième Révolution défendent le vrai pouvoir des Soviets contre les violences des Commissaires... Lénine a dit : le communisme, c’est le pouvoir des Soviets plus l’électrification ! Mais le peuple est persuadé que le communisme du type bolchévik, c’est la commissariocratie plus les pelotons d’exécution ! Le gouvernement bolchévik écarta toute tentative de conciliation. Trotsky, commissaire du peuple à la guerre et président du Conseil révolutionnaire pour la guerre, ainsi que Zinoviev sont les responsables de l’ordre d’attaque contre Cronstadt, attaque menée sous les ordres de Toukhatchevski par les troupes de la police secrète, car l’armée régulière n’était pas assez sûre. Le massacre de Cronstadt marque la fin définitive du mouvement des Conseils en Russie.»
17 «... l’anarcho-syndicalisme apportait un complément à l’anarchisme social, tandis que d’autre part il donnait au syndicalisme une base libertaire et anti-étatique.
On retrouve là des idées de Bakounine, et c’est sur elles que repose la démocratie des Conseils. Les Conseils ont pour caractères particuliers de ne prendre naissance que pendant une révolution, d’être des organes fonctionnels de la vie sociale et économique, d’être incompatibles avec la nature et les buts de tout parti politique, enfin de n’avoir une vie effective qu’après la destruction de toute forme d’appareil d’État centraliste et bureaucratique. Les Conseils réalisent la gestion autonome des usines par des Conseils d’entreprise élus et celle de l’agriculture par des Conseils et coopératives de paysans : le tout dans le cadre d’une construction fédéraliste de la société fondée sur l’autonomie des communes.
On n’a jamais démontré qu’il eût été impossible de donner une telle orientation au développement de la société en Russie après la Révolution, mais il est certain que toute chance d’un pareil développement a été ruinée par la dictature terroriste du communisme d’État bolchévik
I Les antécédents historiques avant 1917
16 «...il n’y avait pas en Russie une bourgeoisie en tant que classe, ensuite que les artels et le mir russes jouaient un rôle important pour le développement du socialisme. Les artels existaient depuis des siècles et on a prouvé leur présence déjà au XIIIe siècle : c’étaient des associations de solidarité très répandues en Russie qui groupaient des travailleurs sur la base d’un accord volontaire et de l’égalité des droits et qui avaient été fondées en vue de travailler en commun.»
17 «...il affirmait possible la socialisation de la Russie sur la base du mir, furent d’une importance capitale. Il fut un des premiers à comprendre que la liberté politique n’était pas suffisante en elle-même. Il voulait non seulement l’abolition du servage, mais encore une totale émancipation. La liberté, telle qu’elle était définie par le libéralisme de l’Europe occidentale, ne garantissait en aucune façon l’indépendance de l’individu ; celui qui dépend des autres pour assurer sa subsistance n’est pas libre, en dépit de toutes les lois, et c’est pourquoi la liberté politique doit être complétée par la libération économique. Tchernychevski [Socialiste utopique, communiste, nihiliste ou encore libertaire,] comprit que la question de l’émancipation était un problème économique,...Tourgueniev, en le baptisant du nom de nihilisme, exposa les caractéristiques dans son célèbre roman Pères et Fils.»
II Léninisme et Bakouninisme
III La Révolution d’Octobre
IV L’État bolchévik et les Soviets

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