Sortir de l'histoire officielle

     


L'histoire officielle
Les pouvoirs politiques, échos des pouvoirs économiques, ont besoin de justifier leur existence par un passé qui leur soit élogieux et issu d'un destin, «ça ne pouvait être autrement».
Les nazis voyaient par des fouilles des squelettes de germains alors qu'ils s'agissaient de celtes.
Le marché libre et son État aiment voir dans les traces anciennes une chronologie qui leur soit favorable.
Comment décrire le passé hors de notre construction mentale issue de notre éducation pleine de croyances et d'ignorance ?
Un exemple est le mythe de la tragédie des communs, où le paysan ne cherche qu'à voler ses collègues utilisateurs de prés communs.
Un autre exemple est la prétention millénaire du peuple juif sur un territoire en s'appuyant sur un texte dont on ne connaît plus les sources et les auteurs. Les prétendants ont autant de liens génétiques avec ces ancêtres mythiques et nous avec les gaulois. Surtout que ce texte est peu glorieux, l'occupation s'étant faite par un massacre des occupants femmes et enfants compris.

Yuval Noah Harari nous fourvoie
De sa page Wikipédia française - novembre 2023 «Ses travaux sont ... critiqués par certains anthropologues, archéologues et spécialistes en neuroscience. Par exemple, Darshana Narayanan, spécialiste en neuroscience comportementale, écrit dans un article intitulé "The Dangerous Populist Science of Yuval Noah Harari" publié dans le journal Current Affairs que
"Harari nous a séduits par ses récits, mais un examen attentif de son travail montre qu'il sacrifie la science au profit du sensationnalisme, commet souvent de graves erreurs factuelles et présente comme certain ce qui n'est que spéculations. Les sources sur lesquelles il fonde ses déclarations sont obscures, car il fournit rarement des notes de bas de page ou des références adéquates et est remarquablement avare de reconnaissance envers les penseurs qui ont formulé les idées qu'il présente comme les siennes."
Christopher Hallpike, spécialiste en anthropologie évolutionniste, déclare quant à lui dans une revue de lecture du livre Sapiens (2015) : "Nous ne devrions pas juger Sapiens comme une contribution sérieuse à la connaissance mais comme de l'"info-divertissement" ... un événement éditorial visant à titiller ses lecteurs par une folle promenade intellectuelle à travers le paysage de l'histoire, parsemée de spéculations sensationnelles et se terminant par des prédictions à glacer le sang sur le destin de l'humanité."
L'anthropologue David Graeber et l'archéologue David Wengrow, par ailleurs, dénoncent dans The Dawn of Everything l'absence d'usage, non seulement chez Yuval Noah Harari, mais aussi chez d'autres auteurs d'ouvrages bestsellers portant sur les origines de la civilisation, à l'instar de Francis Fukuyama, Jared Diamond ou bien de Steven Pinker, des données les plus à la pointe de l'archéologie et de l'anthropologie contemporaine, qui permettent de défendre une thèse évolutionniste plurielle de l'histoire de l'humanité - a contrario des versions unilinéaires inspirées des mythes du Jardin d'Eden, qui tendent à présenter l'avènement des civilisations étatiques complexes comme un phénomène inévitable et irréversible

Au commencement était ... de David Graeber & David Wengrow

Pages 123-124 Il y a encore les "bandes" de chasseurs cueilleurs comparés à des chimpanzés. Pour Yuval Noah Harari les humains étaient guères peu différenciés des grands singes. Pourtant nos ancêtres n'avaient rien à envier aux bandes de motards hargneux ou de lascifs hippies. «Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, ce n’est pas tant en introduisant la notion du bon sauvage que Rousseau nous a induits en erreur qu’en développant la figure du stupide sauvage. Le racisme décomplexé si répandu dans l’Europe du XIXe siècle appartient peut-être au passé – du moins le pensons-nous –, mais il se trouve encore des auteurs, et même de fort distingués, qui jugent plus approprié de comparer les « bandes » de chasseurs-cueilleurs à des chimpanzés ou à des babouins plutôt qu’aux êtres humains qu’eux-mêmes côtoient tous les jours.
La citation qui suit est tirée de Sapiens, de Yuval Noah Harari, paru en anglais en 2014. Les remarques liminaires de l’historien sont tout ce qu’il y a de plus sensé : nous n’avons qu’une connaissance très limitée du mode de vie des premiers hommes, et il est probable que leurs configurations sociales aient beaucoup varié selon les régions. Certes, Harari exagère un peu lorsqu’il affirme que même le Pléistocène nous est totalement insaisissable, mais dans l’idée générale, rien à redire. Puis il écrit ceci :
«L’univers sociopolitique des fourrageurs est encore un domaine dont nous ne savons quasiment rien. […] les spécialistes ne parviennent même pas à s’entendre sur la base : existence de la propriété privée, familles nucléaires et relations monogames. Probablement les bandes avaient-elles des structures différentes. Certaines étaient sans doute aussi hiérarchiques et violentes que le groupe de chimpanzés le plus hargneux, et d’autres aussi décontractées, paisibles et lascives qu’une bande de bonobos.» Harari,  Yuval N., Sapiens.  Une brève histoire  de l’humanité, Paris,  Albin Michel,  2015.
Non seulement, donc, tous les humains auraient vécu en petits clans éparpillés jusqu’à l’invention de l’agriculture, mais ils ne se seraient guère différenciés des grands singes dans leurs comportements. Si notre ton de reproche vous paraît injuste, songez que Harari aurait fort bien pu écrire « aussi hiérarchiques et violentes que le gang de motards le plus hargneux » et « aussi décontractées, paisibles et lascives qu’une communauté hippie ». De fait, quoi de plus évident que de comparer un groupe d’êtres humains à un autre groupe d’êtres humains ? Pourquoi Harari préfère-t-il évoquer les chimpanzés plutôt que les motards ? Il n’aura échappé à personne que les seconds ont sciemment décidé de leur mode de vie, ce qui implique une certaine forme de conscience politique, une capacité à argumenter, à peser le pour et le contre de chaque option – toutes choses que les grands singes ne savent pas faire, comme nous l’a rappelé Christopher Boehm. Et pourtant, Harari, comme beaucoup d’autres, choisit d’illustrer sa démonstration par ce parallèle.
En un sens, c’est le retour du paradoxe de la connaissance, non pas comme une réalité, mais comme une conséquence de la curieuse manière dont nous interprétons les données disponibles. Il y a paradoxe lorsqu’on soutient que les humains, en dépit de leur cerveau moderne, ont préféré pour d’obscurs motifs continuer à vivre comme des singes pendant des millénaires. Et il y a paradoxe lorsqu’on prétend que, pour des raisons tout aussi inexplicables, ils ont opté pour une seule et unique forme de société, alors même qu’ils pouvaient dépasser leurs instincts simiesques et s’organiser de mille et une autres façons.
Tout se résume peut-être à ce que l’on entend par « acteur politique conscient ». »

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