Sortir de l'histoire officielle

    


Rirette Maîtrejean (1887-1968) et la propagande par le fait
Souvenirs d'anarchie - éditions La Digitale
Ceci est l'édition de 2005. Je ne possède que celle de 1985 où il manque deux mises au point faites par Rirette Maïtrejean en 1937 et 1959.

«"Souvenirs d'anarchie" rassemble le premier interview paru dans "Le Matin"... A la mort de Libertad dans un commissariat, Rirette Maïtrejean doit assurer la rédaction, la fabrication et la vente du journal l'anarchie. Arrive comme typographe et rédacteur, Victor Kibaltchiche, dit Le Rétif, le futur Victor Serge. Se regroupent à l'anarchie des anarchistes de diverses tendances. Quelques-uns, impatients, deviendront "les bandits tragiques" (la bande à Bonnot) faisant quelques braquages. L'Etat déclenche une intense campagne d'opinion sécuritaire. Rirette et Le Rétif sont accusés d'ête les théoriciens et les organisateurs du banditisme anarchiste. Arrestations, procès en janvier 1913, 22 accusés, 400 témoins, des guillotinés... C'est la fin du journal, Rirette est acquittée, Le Rétif condamné à 5 ans de prison et 5 ans d'interdiction de séjour.
Dans ces trois textes Rirette revient sur cette période et décrit une partie du mouvement anarchiste avant la guerre de 1914-1918, avec le soutien aux grèves durement réprimées, le réformisme montant, mais aussi la vie quotidienne...»

Regard sur les compagnons de rêves et de misère du Paris libertaire d'avant 14. Quelques pieds-nickelés perdus dans une révolution industrielle sans pitié.
Comme le dit Victor Serge, compagnon de Rirette quelques temps avant son expulsion vers l'Espagne, dans Mémoires d'un révolutionnaire au cours du procès de la bande à Bonnot au chapitre 1 page 61«De véritables sympathies se nouaient entre les accusés et leurs avocats ... J’ai pensé que si les desperados avaient pu rencontrer avant leur combat de tels hommes, compréhensifs, cultivés, généreux par vocation et profession, peut-être plus en apparence qu’en réalité (mais cela peut suffire), ils n’eussent pas suivi leurs noirs chemins. La cause la plus immédiate de leur lutte et de leur chute m’apparut dans leur manque de contacts humains. Ils ne vivaient qu’entre eux. Séparés du monde, dans un monde du reste où l’on est presque toujours captif d’un milieu moyennement médiocre et restreint. Ce qui m’avait préservé de leur pensée linéaire, de leur froide colère, de leur vision impitoyable de la société, ç’avait été, depuis l’enfance, le contact d’un monde pénétré d’une tenace espérance et riche en valeurs humaines, celui des Russes.»
Et les notes de Jean Rière : «- Rirette Maîtrejean s’exprima dès sa sortie: «Impressions», Le Petit Parisien, no 13271, 28 février 1913; «Souvenirs d’anarchie», Le Matin, 18-31 août 1913; «Commissaire Guillaume, ne réveillez pas les morts!», Confessions, nos 15 et 16, 11 et 18 mars 1937 (Henry Poulaille nous en donna les numéros en 1976); «De Paris à Barcelone», Témoins (de Jean-Paul Samson [1894-1964]), no 21, février 1959 (Ces textes sont rassemblés dans Rirette Maîtrejean, Souvenirs d’anarchie, Quimperlé, La Digitale, 1988). Serge n’en fut pas alors informé… et ne «cautionna» donc pas ces initiatives.
- Le 31 janvier 1912, la police découvrit trois revolvers provenant de l’armurerie Foury (70, rue La Fayette) dévalisée dans la nuit du 23 au 24 décembre 1911. Le Rétif et Rirette Maîtrejean déclarèrent en avoir acheté deux sans en savoir la provenance. Il fut donc inculpé de recel.»

Du texte juste passage qui donne le ton.
Page 19 «Un académicien, un vrai, pria un jour le compagnon Constant martin de lui présenter Libertad. Cet immortel désirait se documenter sur l'anarchie.
Libertad pose ses béquilles dans un coin, s’assoit dans un fauteuil avant d'en être prié. Il n'eut pas la peine de retirer son chapeau, car il n'en portait jamais.
«Constant m'a dit que tu voulais t'instruire, dit-il à l'académicien interloqué. Je veux bien me charger de ce soin. Tu es un homme de lettres, c'est bien ennuyeux. Je t'aurais préféré cordonnier ou maçon. Tu es farci de diplômes, c'est grave. Toutes les âneries que tu as apprises t'empêchent de voir clair. Il va falloir que je t'opère de la cataracte.»
L'académicien jugea inutile de pousser l'entretien plus loin.»

Libertad (Joseph Albert) mort piétiné pendant la répression par la police d'une manifestation. Pour J. Tournebroche «les flics en uniforme qui systématiquement, te sautait à pieds joints sur la poitrine et sur le ventre. Ils avaient décidé de te crever.» Il avait le verbe haut, l'ironie percutante espérant que son handicap lui éviterait les coups reçus dans maints passages à tabac.


Cette bande de désespérés on la retrouve dans «La vie est dégueulasse» de Léo malet.


Par cet autre Léo Malet «Brouillard au pont de Tobiac» nous retrouvons l'anarchie par les souvenirs de l'auteur.
Page 24 Clemenceau est cité «L'homme qui n'est pas anarchiste à seize ans est un imbécile, mais c'en est autre d'imbécile s'il est encore à quarante.» Ce que je ne retrouve pas mais des semblables, avec communiste à la place d'anarchiste ou révolutionnaire, et seize ans remplacé par vingt ans ou par jeune, et par de nombreux auteurs.
33-34 Parmi le folklore autour de l'anarchie il y a les tatouages. La pièce de monnaie en serait un, peut-être indiquerait la pratique de la fausse monnaie ?
104 De la part de Léo Malet je prends ça pour de l'ironie et c'est une allusion aux persécutions qu'ont subies les gens du voyage. «Quelle bande de cloches [les gitans], avec leurs histoires de races ! Je me demande ce que l'on a reproché à Hitler.»


Un esprit ironique et revanchard que l'on retrouve dans «Les pieds nickelés» de Louis Forton, contre une société qui se veut bien rangée mais aux nombreux laissés-pour-compte

Magazine qui était interdit dans les bonnes institutions car considéré comme peu moral avec ces individus qui, bien que toujours fauchés, s'en sortent à chaque fois.
Voici une de leur biographie par un spécialiste de Napoléon, Jean Tulard https://www.youtube.com/watch?v=J9cNYmOGOz0 dont j'ai capté cette vérité «Forton meurt en 1934 d'une cirrhose du foie, il ne l'avait pas volée avec tous ce qu'il picolait. Ce serait la seule preuve de l'existence de Dieu que nous ayons.»

La propagande par le fait, par la bombe, on la retrouve dans Germinal et dans Paris d'Émile Zola.

Novembre 2020

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