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Robert Misrahi Être heureux avec Spinoza de Balthasar Thomass L’homme cet animal social Spinoza et le stoïcisme Spinoza et les philosophies de l'âge classique Henri Atlan : « L’esprit et le corps sont unis» D'autres points de vue Une somme de liens : De Robert Misrahi traducteur de l'Éthique un interview. Robert Misrahi étant aussi spinoziste que sartrien n'est-ce pas contradictoire? Dans sa philosophie du bonheur il nie le déterminisme. Je pense que l'on peut trouver une voie intermédiaire entre le déterminisme pessimiste de Schopenhauer et son manque de liberté, et la reconnaissance de la causalité qui permet d'agir pour la liberté en prenant conscience des causes pour en changer les effets, agissant ainsi pour sa liberté. Nous sommes source de signification et de liberté Pour Robert Misrahi il n’y a pas de déterminisme, que je considère équivalent à causalité. La reconnaissance du déterminisme n'empêche pas de lutter contre le déterminisme social. Ceci n'empêche pas de refuser l'idée de déterminisme historique qui nous a entraîné vers des impasses. Interview de Robert Misrahi: "Nous sommes source de signification et de liberté". Propos recueillis par François Busnel. «- … il faut
renverser les affirmations hâtives sur son propre déterminisme. Les
affirmations hâtives sur soi qui consistent à dire : "Je suis le
résultat d'un déterminisme. Déterminisme par mon corps et déterminisme
par mon inconscient." Non, il faut comprendre que nous sommes au
contraire source de liberté. Nous sommes source de signification et de
liberté.
Q - Niez-vous l'existence de facteurs déterminants sociaux ou culturels? R - Le déterminisme social consiste à affirmer qu'il y a des forces extérieures qui s'imposent à nous. Et tout le monde pense désormais que c'est une vérité évidente. On dit que nous sommes soumis à l'extérieur, aux lois de l'économie, par exemple. Mais comment cela ? N'y a-t-il pas une réglementation pour les échanges ? Soit les échanges les plus simples de la vie quotidienne avec une monnaie, soit les échanges un peu plus compliqués, même la spéculation... N'y a-t-il pas une législation ? Or qu'est-ce qu'une législation sinon des décisions qui ont été prises par des pouvoirs humains ou par des assemblées, bien ou mal élues, c'est une autre affaire ? Il y a toujours des législations qui sont des autoréglementations que l'humanité a choisies et qui s'imposent à elle-même. Q - Première révolution qu'il faut que chacun accomplisse sur soi-même : il n'y a pas de déterminisme. Quelle est la deuxième?» Être heureux avec Spinoza de Balthasar Thomass Page 12 «La réalité humaine est d'abord une réalité affective. c'est à partir de nos émotions, de nos joies et de nos craintes, de nos humeurs et de nos passions que s'assemble notre vie, qu'elle évolue, se construit et se défait. En ce sens, nous avons tord de distinguer notre «vie affective» du reste de notre vie.» 14 «Le but n'est ... pas une compréhension abstraite et théorique de notre vie affective, mais de rendre intelligents nos affects, et de rendre affective notre intelligence.» 18 «L'être humain ne peut pas être lui-même l'unique cause de sa joie, parce qu'il n'est pas lui-même la cause de son existence : il existe grâce au réseau des circonstances qui l'ont fait naître, le nourrissent, le soutiennent et l'inspirent. La puissance de la nature est infiniment supérieure à celle de l'homme, toujours redevable et dépendant d'elle.» 19 «... si chaque tempérament se définit par son plaisir préféré, par son objet exclusif d'amour, ce même plaisir est aussi la cause de toutes ses déroutes et souffrances. ... l'amour est donc à la fois la solution et le problème.» 20 La tâche du philosophe consiste à découvrir un objet d'amour capable de nous procurer une pleine et durable satisfaction. Mais ! 21 Ce ne sont pas des qualités «d'une personne qui nous la rend[ent] aimable, mais uniquement le fait que nous associons une augmentation de notre énergie vitale, c'est à dire une joie, à sa présence. En nous remettant à des valeurs supérieures ... nous sommes sur le plus sûr chemin pour nous tromper. Nous nous attacherons ainsi à des objets aliénants ... ... dans un certains sens, l'amour est effectivement toujours égoïste - c'est notre propre joie que nous recherchons dans l'autre - ...» La mortification contradictoire du dévot chercher un amour dont sa consommation apporte une tristesse donc une joie dans la tristesse. 23 C'est notre mémoire des expériences joyeuses qui crée l'idée de l'amour, donc l'illusion d'un souvenir. 26 Sans désirs il n'y a pas d'action, pas d'initiative, pas de vie tout court. 27 Nous croyons vouloir autre chose que nous-même, nous croyons devenir autre mais désirer n'est pas autre chose qu'être soi-même, sans concession. Mais nous avons besoin de nourriture, de chaleur, de sommeil, de reconnaissance ... pour exister. Ceci rejoint les nourriture de l'âme de Simone Weil dans l'Enracinement. 28 Nous ne désirons pas ce qui nous manque mais ce qui nous permet d'être nous-même, que ce qui réalise notre essence, qui n'est elle-même rien d'autre que ce mouvement vers notre épanouissement. La publicité s'appuie la dessus, pas en priorité sur la qualité du produit mais sur ce que nous avons rêver d'être. Nous interroger sur ce que nous voulons être à travers ce que nous désirons avoir et non sur ce dernier désir. Le désir implique bien un manque mais il n'est pas un manque. Il est une puissance d'agir. Le manque nous rend mesquin. 31 Nous omettons la connaissance adéquate de ce que nous sommes et de ce qui nous entoure. Notre conscience de ce nous-même n'est qu'une connaissance partielle et imaginaire. 32 «L'âme pense le corps et le corps vit l'âme.» 33 L'esprit et le corps ne peuvent pas s'opposer l'un à l'autre. L'évolution du corps et de l'esprit est parallèle et synchrone. 34 Nous ne nous voyons pas nous-mêmes, nous ne nous voyons que dans le miroir de nos rencontres et dans les réactions qu'elles provoquent. 35 Enfermés dans un cercle nous ne pouvons nous connaître qu'à travers la rencontre avec le monde extérieur, mais en allant vers l'extérieur nous ne tombons que sur nous-mêmes. Nos propres réactions affectives ne nous renseignent pas sur ce qui les provoque. Nous voyons nos réactions mais pas les causes de celles-ci. 36 «Comment se retrouver soi-même... [et] retrouver le monde par delà le voile qu'y a jeté notre sensibilité.» 70 !!! Le texte propose de changer son environnement pour épanouir notre propre nature, mais cette pensée nous ramène encore à nous même et notre prise de conscience, le fond réelle des désirs, influencera de fait cet environnement. !!! 71 Passer de comment ne plus être dépendant à de quoi être dépendant. Qu'elles sont les contraintes qui me construisent et lesquelles me détruisent ? La liberté réelle est la pleine acceptation de nos contraintes et dépendances. 75 Le renoncement à l'idée du libre arbitre transforme notre rapport à nous-même et aux autres. L'acceptation du déterminisme nous libère des sentiments de culpabilité, de l'humiliation et de la colère. «Nos actes passés ... étaient nécessaires.» C'est une illusion de croire que nous aurions pu mieux faire. 78 Se décider n'est pas s'imposer un choix mais c'est accumuler toutes les informations nécessaires pour ne plus avoir besoin de la volonté. Nous ne choisissons pas dans un intellect plein d'idées mais c'est l'idée qui contient sa propre volonté. 79 Par le scolie de la proposition 49 de l'Éthique 2 la suspension d'un jugement n'est pas issu de la volonté mais une perception que celui-ci n'est pas adéquat. 95 Par IV Prop 27 Le bien nous sort de l'ignorance et le mal nous y maintient. C'est la compréhension qui nous rend libre et non la volonté. 108 Pour Spinoza on ne peut vaincre un plaisir que par un plaisir plus grand, idem pour un désir. Pour moi le désir de comprendre Spinoza peut se substituer à des plaisirs vains. 113 Parallélisme parfait entre l'esprit et le corps : la compréhension est l'action de l'esprit, comme l'action permet de comprendre son corps. 134 S'associer avec des hommes libres, en bon égoïste nous devons souhaiter que les autres soient tout aussi égoïste que nous. En s'aidant soi même on aide les autres. ??? Voir Proposition 35 de l'Éthique 4 L’homme cet animal social Par Spinoza j’ai compris qu’il n’y a ni bien ni mal, c’est juste bon ou mauvais pour soi et pour les autres, nous rapprochant ainsi de la nature et dans notre pensée nous ré-incluant dans celle-ci. Les lectures diverses m’ont donné conscience que nous sommes un animal social, nous vivons en groupe avec des interactions dans le groupe et avec l’extérieur à celui-ci, d’entraide, de chasse et de défense. Par les rapprochements avec la sociologie je retourne vers Spinoza. L’individu est lié aux autres par des causes communes et qu’il doit chercher la forme de gouvernement qui nous permet de bien vivre ensemble. L’individu dans la société vu par Spinoza, avec les connaissances de l’éthologie de son époque et des définitions de démocratie et d’anarchie déjà spoliées par la propagande favorable à l’État. Éthique III Corollaire de Prop1 : L'Esprit soumis ne pourrait être actif ? IV Prop.35 Scolie J'en extrais «...ils ne peuvent mener une vie solitaire ... de la société commune des hommes naissent beaucoup plus d'avantages que d'inconvénients. ... ils peuvent se procurer par une aide mutuelle ce dont ils ont besoin et qu'ils ne peuvent éviter les dangers qui les menacent de partout que par l'union de leurs forces». Un passage qui préconise toute association de défense d'intérêts communs : commune, mutuel, syndicat, groupe politique ... C'est de la démocratie pure. Par contre il se trompe dans le refus d'étudier les mœurs des animaux. Par l’éthologie on apprend beaucoup de nous même. Bien sur il faut se replacer dans son époque. Prop.37 Scol.II «... dans l'état naturel rien n'arrive qu'on puisse dire juste ou injuste. Mais cela se produit par contre dans l'état civil où l'on décide par consentement commun de ce qui appartient à l'un et de ce qui appartient à l'autre.» Pas toujours par consentement grâce à la force répressive de l'État qui officialise des vols. Prop.50 Scol. «Car celui qui n'est poussé ni par le raison ni par la pitié à apporter son aide à autrui ... paraît être dissemblable de l'homme.» Parait que si, car l'entraide existe chez les animaux. Prop.73 «L'homme qui est conduit par la Raison est plus libre dans la Cité où il vit selon le décret commun, que dans la solitude où il n'obéit qu'à lui-même.» Note 91 p554 «... l'homme libre ... choisit la vie sociale et non la solitude anarchique.» Pourtant même si dans une anarchie un être peut être solitaire dans une société anarchiste choisie il ne peut pas être individualiste. Sur ce sujet avez-vous repéré d’autres extraits et peut-être aussi dans ses autres textes, ce qui me permettra de m’y replonger et de lire ses lettres ? Merci Je compléterai ce texte par ma lecture à prévoir de « Spinoza et les passions du social » de chez Amsterdam Spinoza et le stoïcisme Dans le Magazine littéraire de novembre 2020 article de Jean Montenot. «L'auteur de l'Éthique a pu aussi passer pour un penseur aux accents stoïciens. En témoignent l' identification de Dieu et de la nature, la thèse d'un déterminisme strict par les causes nécessaires, derechef la référence aux notions communes, la critique des passions comme aliénation et la figure du sage qui s'en libère par un bon usage de sa raison. Pour autant, les trois allusions explicites au stoïcisme chez Spinoza (1632-1677) en sont des critiques rigoureuses : celle de la théorie sénéquéenne de l'âme dans le Traité de la réforme et de l'entendement (paragraphe 74), celle de la thèse stoïcienne de l'empire absolu de la volonté sur les passions humaines (Éthique V) et l' analyse philosophique du suicide de Sénèque (Éthique IV, 20, scolie). Mais là encore, les similitudes sont plus apparentes que profondes. Spinoza soutient qu'un bon usage de certaines passions est possible, sinon souhaitable. C'est le cas de la joie véritable qui augmente notre puissance d'être et d'agir. Il ne faut donc pas chercher à éteindre en l' homme l'énergie d'être que certaines passions recèlent. Le déterminisme spinoziste, enfin. n'a pas besoin d'avoir recours à un pneuma (« souffle ») divin intelligent qui, selon les stoïciens, animerait (on ne sait trop comment) la matière.» Henri Atlan : « L’esprit et le corps sont unis» «Médecin biologiste, chercheur en biologie cellulaire pionnier des théories de la complexité et de l’auto-organisation du vivant, l’écrivain et philosophe fait dialoguer la biologie, les sciences cognitives et la neurologie contemporaines avec la pensée de Benoît Spinoza. Un dialogue, beau et rare, franchissant trois siècles et demi à la rencontre de la modernité du philosophe hollandais. Publié le Vendredi 20 Février 2015 » En pdf avec le lien vers le site d'origine D'autres points de vue Liberté radicale. Spinoza contre la philosophie par Richard Labévière dont réponse à Luc Ferry Éditions Delga A partir du site de l'éditeur et de la 4e de couveerture «À travers cinq ruptures décisives et sans retour de Spinoza – rupture avec la synagogue
Richard Labévière montre comment la pensée spinozienne
fonctionne comme une machine de guerre contre la menace de l’idéologie
dominante, déguisée en autant de « philosophies » ou de « sagesses »
accommodantes avec les intérêts des classes dominantes.
– rupture avec Descartes – rupture avec Platon – rupture avec Hobbes – rupture avec Kant (par anticipation), Cette pensée s’organise autour de l’identification organique de Dieu avec la Nature et de la mise au centre d’un corps si anti-chrétien qu’il vaudra à Spinoza une détestation posthume. Laquelle n’a pas disparu si l’on en juge par la récente charge anti-spinozienne de l’ancien ministre Luc Ferry, auquel cet essai entend également répondre. Contre une vague « conscience morale » présentée comme seul horizon pour l’humanité, il s’agit de faire le pari du contenu, de l’immanence, de la connaissance, de l’action et, en définitive, d’une liberté radicale. « Richard Labévière fut doctorant de Desanti et, par
ailleurs, montre sa sympathie pour le matérialiste Diderot. Il déchiffre
ce que fut “l’éclair de Spinoza” à
travers une série de ruptures, dans sa vie, dans son oeuvre et dans sa
réception. Son ouvrage vise non pas à présenter les structures de la
pensée spinoziste (…) mais plutôt à armer sa propre réflexion sur la
liberté en suivant les indications livrées par Spinoza sur les illusions
qui empêchent celle-ci de s’exercer. »
Richard Labévière
Journaliste et écrivain, ancien rédacteur en chef à Radio
France Internationale (RFI), il est depuis 2014 rédacteur en chef de
l’hebdomadaire numérique prochetmoyen-orient.ch/Obervatoire
Géostratégique. Les éditions Delga ont récemment republié son livre
Bernard-Henri Lévy ou la règle du Je, écrit avec Bruno Jeanmart.»Pierre-François Moreau Recension https://www.cairn.info/revue-la-pensee-2022-4-page-135.htm
Une autre réponse à Luc Ferry https://www.revue-acropolis.fr/reponse-a-luc-ferry-la-folie-du-spinozisme/ Extraits : Page 24 Le herem est prononcé le 27 juillet 1656. 25 Chaque communauté règle en son sein sa justice. 27 «Entre 1622 et 1683, pas moins de 36 hommes et une femme (anonyme et accompagnée par son époux) ont été frappés de herem et ainsi mis au ban de la communauté juive d'Amsterdam.» qui empèchent «le condamné d'exercer toute activité professionnelle, relationnelle, artistique et culturelle.» 28 Augustin Giovannoni - Spinoza 1/2 20’ Être avec ... l’autre 29’ immanence 3 temps point de départ connaissance vraie, adéquates et ordonnées. 31’40 Nécessitarisme différent et imbriqué dans le déterminisme 49’55 Affecte et affection 50’50 idée 53’ idée et affection Fin 1h14 Avec le public : dialogue avec un chrétien – « Passions tristes » séparées de sa puissance d’agir Augustin Giovannoni - Spinoza 2/2 4’32 Marxisme et spinozisme 6’ Tristesse et impuissance. Les tristes ont besoin du tyran 8’20 Enjeux considérables 9’ 1er geste contre la tristesse – Rompre l’isolement – Solidarité – Plus Contre mais Pour 17’50 Lordon – Analyse de l’évolution du capitalisme 23’ Chantal Jacquet … puissance d’agir … 24’28 Les 3 genres de connaissances (de vies?) 48’30 La rencontre ? 2 courants dans la philosophique : rationnalisme et empirisme 5’35 L’amour/l’amitié 15mn 1h11 politique (pouvoir = violence -même mot dans certaines langues à1h17) Spinoza au XXIe siècle par François Flavault Pourquoi les psychanalystes devraient lire Spinoza Frédéric Lenoir, Spinoza et le miracle Par Nestor Romero le 29 janvier 2018 Frédéric Lenoir personne brillante qui cumule les biographies de penseurs. Son « Spinoza » rend populaire ce philosophe, mais amène-t-il le lecteur vers les textes de celui-ci ? Après lecture réfléchit-il sur sa place parmi l’humanité, sur sa place dans la nature, remet-il en question les notions de transcendance, de dessein, de libre arbitre ? J’ai vu deux fois Frédéric Lenoir à la télé j’y ai vu un « m’as-t-vu ». La première pendant un journal télévisé pour l’élection d’un nouveau Pape, n’arrêtant pas d’intervenir laissant peu de place à un représentant de l’église de France. La deuxième c’était pour la présentation de l’équipe technique de l’émission « En terres inconnues », dans le cadre d’un anniversaire de cette émission. Il était parmi les invités et je ne sais pas pourquoi il l’était, fallait-il qu’il soit là ? En tout cas il a réussi à annoncer la parution de l’un de ses ouvrages sans qu’on lui offre cette occasion, et sans rapport avec le sujet de l'émission. Que va-t-il faire pour être toujours devant la scène ? Regardez les dérives de Michel Onfray. Je ne peux que citer un extrait de l’Éthique de Spinoza Éthique 4 scolie de la proposition 58 : « Ce que l’on appelle la vaine Gloire est une satisfaction de soi favorisé par la seule opinion de la foule ; quand cette opinion disparaît, disparaît aussi la satisfaction, c’est-à-dire le bien suprême, [être] aimé par chacun. C’est pourquoi celui qui se glorifie de l’opinion de la foule est angoissé par un souci quotidien, et il s’efforce, travaille et s’applique à conserver son renom. La foule est en effet diverse et inconstante et si le renom n’est pas entretenu, il disparaît bientôt. Mieux : comme tous désirent capter les applaudissements de la foule, chacun ruine aisément le renom d’autrui. …» https://blogs.mediapart.fr/nestor-romero/blog/290118/frederic-lenoir-spinoza-et-le-miracle « … « Le miracle Spinoza » … Miracle, ... Fait inexplicable par des causes naturelles … le spinozisme est un strict rationalisme qui arrache la métaphysique au domaine du religieux … N’apparait-il pas alors une relation d’incompatibilité dans le rapprochement de ces deux termes à moins qu’il ne s’agisse tout bonnement d’une recherche d’effet « oxymorique ». » « Il n’en demeure pas moins que ce livre « Le miracle Spinoza » constitue me semble-t-il une très bonne introduction aux textes souvent ardus de Spinoza et particulièrement à son « Ethique ». Je dois confesser pour ma part que je sollicite depuis des années, pour m’aider dans cette lecture, les lumineuses « leçons sur Spinoza » de Ferdinand Alquié. » « ...nous assure F. Lenoir la philosophie de Spinoza libère l’homme et le conduit à la Joie. » « La Joie spinozienne avec une majuscule n’est pas une passion, n’est pas cette exubérance radieuse (et sans doute passagère) qui illumine le visage de F. Lenoir [sur la 4e de couverture] (il me revient ici ce mot de Victor Hugo dans « les Misérables » à propos du père Madeleine : voilà un homme heureux qui n’a pas l’air content), elle est acte, acte de connaissance rationnelle, elle est effort constant et conscient de persévérer dans son être (conatus) de sorte que le salut, nous explique Alquié (P.257), ne consistera pas à passer de la tristesse à la joie-passion mais de passer de la passion à l’action c’est-à-dire à la raison en actes. » « … nous assure F. Lenoir la philosophie de Spinoza libère l’homme et le conduit à la Joie. Liberté, donc et Joie, propositions qu’il convient alors d’examiner et de préciser avant peut-être de déceler, chemin faisant, d’autres bonnes raisons à cette lecture. » « La Joie spinozienne avec une majuscule n’est pas une passion, n’est pas cette exubérance radieuse (et sans doute passagère) qui illumine le visage de F. Lenoir (il me revient ici ce mot de Victor Hugo dans « les Misérables » à propos du père Madeleine : voilà un homme heureux qui n’a pas l’air content), elle est acte, acte de connaissance rationnelle, elle est effort constant et conscient de persévérer dans son être (conatus) de sorte que le salut, nous explique Alquié (P.257), ne consistera pas à passer de la tristesse à la joie-passion mais de passer de la passion à l’action c’est-à-dire à la raison en actes. » « Venons-en maintenant, bien conscient de l’insuffisance du traitement de la Joie, à la question de la Liberté ... » « dans la première partie de son Ethique, c’est la proposition XXXII : La volonté ne peut être appelée cause libre mais seulement cause nécessaire. » « … il demeure l’étrange et angoissante impression après cette « exécution » du libre arbitre, cette illusion, que l’on ne sait toujours rien de la liberté et que l’on s’engloutit peu à peu dans cet Absurde camusien dont on ne sait comment on en sortira. » Tentatives par une circonvolution de placer la religion instituée : « ...citations de Lenoir : Il (Bergson) distingue en effet une religion « close » ou « statique » qui correspond bien à celle critiquée par Spinoza, dont la fonction dogmatique et normative vise à assurer la cohésion sociale. Mais il s’intéresse aussi à une autre face de la religion, « ouverte » et « dynamique » cette fois, à travers l’expérience mystique. La question ne se pose-t-elle pas aussitôt de savoir ce que c’est que cette « cohésion sociale » ? Chacun, athée, agnostique ou croyant lucide (pour autant que les termes ne soient pas incompatibles) ne se trouve-t-il pas dans le cas d’avoir à réfléchir à ce que c’est que cette « cohésion sociale » et de conclure qu’il s’agit bien plutôt pour l’immense majorité des humains de soumission sociale ? Et ainsi cette religion « critiquée par Spinoza » n’apparaît-elle pas comme le dispositif de pouvoir assurant la perpétuation d’un ordre social, d’une « cohésion sociale » inique ? » « citations de Lenoir : Il (Bergson) distingue en effet une religion « close » ou « statique » qui correspond bien à celle critiquée par Spinoza, dont la fonction dogmatique et normative vise à assurer la cohésion sociale. Mais il s’intéresse aussi à une autre face de la religion, « ouverte » et « dynamique » cette fois, à travers l’expérience mystique. La question ne se pose-t-elle pas aussitôt de savoir ce que c’est que cette « cohésion sociale » ? Chacun, athée, agnostique ou croyant lucide (pour autant que les termes ne soient pas incompatibles) ne se trouve-t-il pas dans le cas d’avoir à réfléchir à ce que c’est que cette « cohésion sociale » et de conclure qu’il s’agit bien plutôt pour l’immense majorité des humains de soumission sociale ? Et ainsi cette religion « critiquée par Spinoza » n’apparaît-elle pas comme le dispositif de pouvoir assurant la perpétuation d’un ordre social, d’une « cohésion sociale » inique ? En outre, les mêmes athées, agnostiques ou croyants de bonne foi ne sont-ils pas en mesure d’assurer que ce qu’ils perçoivent surtout dans l’histoire des trois religions du Livre n’est autre qu’un éclaboussement de sang qui se poursuit de nos jours encore ? Je doute fort, en outre, que « l’expérience mystique » fondée sur la foi et l’amour de Dieu puisse conduire à « une véritable liberté intérieure, une pratique exemplaire de la justice et de la charité et un formidable élan créateur » (P99). Il conviendrait, me semble-t-il, plutôt que de passer si vite, si superficiellement sur de telles affirmations de s’interroger sur la manière dont la « soumission » à qui ou quoi que ce soit, fût-ce Dieu peut conduire à une quelconque « liberté » fût-elle intérieure. Cette soumission ne conduit-elle pas plutôt qu’à je ne sais quelle liberté, quelle béatitude, pour demeurer avec Spinoza, à une résignation mortifère ? Quant à «l’élan créateur », je ne crois pas du tout qu’il prenne naissance dans « l’expérience mystique » mais bien plutôt dans la contemplation de ce que Hadot désigne comme « émerveillement devant la beauté du monde » ou plutôt de la Nature spinozienne, dans la contemplation active, c’est-à-dire dans la tentative désespérée mais exaltante de connaître, de comprendre et d’exprimer l’émotion produite par cette contemplation. De même conviendrait-il de réfléchir à cette « pratique exemplaire de la justice et de la charité » et se demander s’il n’y a pas là encore incompatibilité radicale entre ces deux vocables. Ainsi en viendrait-on sans doute à mettre en évidence que la charité impliquant nécessairement un donateur et un quémandeur, c’est-à-dire un plus ou moins riche et un plus ou moins pauvre, à mettre en évidence, donc, que le geste charitable fige les protagonistes dans leur être et ainsi justifie et perpétue l’injustice : la main tendue n’est jamais effacée par la piécette qui vient se loger en son creux. Il ne serait pas alors inutile de réfléchir à la notion de partage qui ne nécessite nulle référence à quelque transcendance que ce soit mais prend naissance dans la seule activité de la raison, partage qui tendant à restaurer l’égalité, restaure par là-même la justice. Je ne suis pas sûr du tout que comme l’affirme F. Lenoir « la religion relie les individus dans une ferveur émotionnelle » (P.99). Que la religion relie certains individus, cela ne semble guère faire de doute, mais qu’elle indiffère au moins autant d’autres individus, cela non plus ne fait guère de doute. Les Lumières, l’Égalité, la Fraternité, La Révolution, le Socialisme, le Communisme ont aussi créé une certaine ferveur émotionnelle et comme la religion, certes à un degré moindre, une culture et un art de sorte que l’histoire des religions que l’on veut aujourd’hui réintroduire dans les programmes scolaires (alors qu’elle y figure déjà) doit être aussi l’histoire du faire front aux religions, ces combats incessants menés par les Libres penseurs, les athées et les agnostiques «de toute confession », combats pour la liberté d’expression et la laïcité dont Spinoza est le plus brillant des précurseurs un siècle avant la Révolution française. Quant au rapport de Spinoza à Dieu, je ne peux partager le jugement que Frédéric Lenoir exprime ainsi (P. 135) : Faire de Spinoza le premier grand penseur « athée » (je ne saisis pas le sens de ces guillemets) comme on le lit un peu partout, chez qui l’idée de Dieu serait totalement absente est un énorme contresens. […] Dieu tel qu’il le conçoit traverse toute son œuvre et toute sa philosophie éthique… Si contresens il y a il me semble résider dans l’emploi par Frédéric Lenoir du mot « Dieu » de manière extrêmement vague, à l’exact inverse de Spinoza, de manière pourrait-on dire a-mathématique, a-géométrique et tout simplement a-rationnelle. Car Spinoza pour sa part est par son fameux « Deus sive Natura » (Dieu c’est-à-dire la Nature) d’une extrême précision comme il l’est dans les six définitions qu’il donne dans la première partie de son Éthique (de Dieu). Très logiquement l’auteur met alors en garde contre « une lecture (très courante) matérialiste de Spinoza qui en a très vite conclu qu’il réduisait Dieu à la matière ».Mais cette observation apparaît non seulement confuse mais sans doute erronée. Je ne vois pas, en effet, comment le Deus sive Natura avec son N majuscule puisse ne renvoyer qu’à la matière car ce serait là la négation de son propre monisme (l’âme est idée du corps). Il me semble renvoyer plutôt à cet « émerveillement » cher à Pierre Hadot. Ce que paradoxalement me semblait suggérer Frédéric Lenoir écrivant (P 131) : « Ce que Spinoza entend par Nature (écrit avec une majuscule) ce ne sont pas les fleurs, les plantes et les oiseaux, c’est le cosmos entier dans toutes ses dimensions visibles et invisibles, matérielles et spirituelles ». C’est-à-dire cette Substance et ses deux attributs l’Étendue et la Pensée, cette Substance et son inconnaissable mystère car c’est en cela, en cet inconnaissable, que Dieu est la Nature. Évidemment le foisonnement conceptuel de l’œuvre de Spinoza est tel que chaque lecteur peut sans doute y trouver la confirmation ou l’infirmation de ses propres intuitions. » « Ainsi, certaines formulations de Frédéric Lenoir ont attiré mon attention, celle-ci par exemple (P.144) : La philosophie pessimiste de Schopenhauer est très vraisemblablement liée à sa santé fragile et à son anxiété, comme la pensée optimiste de Montaigne à sa puissance corporelle et à sa joie de vivre. » FL se trompe. Quand Schopenhauer a écrit « Le monde comme et raison et représentation », plein déjà de son pessimisme, il avait la pêche et traversait le fleuve à la nage quelque soit la température de l’eau. Tandis que Spinoza a écrit l’Éthique plein de « Joie » alors que ses poumons étaient déjà atteints par la maladie. « Ne se pourrait-il pas alors que la réponse à ma question quant au « Miracle Spinoza » se trouve dans le verbe « sauver » employé par Ferdinand Alquié. Ne s’agit-il pas pour ces deux philosophes de « sauver » Spinoza en le ramenant à leur Dieu et par là, peut-être, de se sauver eux-mêmes ? » « … n’est-ce pas écarter un peu vite le combat de Spinoza pour libérer l’homme ? N’est-ce pas oublier un peu vite son combat pour la liberté de penser, de publier, de conscience c’est-à-dire la liberté de ne pas croire en un Dieu extérieur à la Nature et de le proclamer. N’est-ce pas oublier un peu vite la terreur sanglante menée tout au long des siècles au nom de ce Dieu transcendant ? N’est-ce pas oublier ou vouloir masquer de toutes les façons que vivre ce n’est pas se soumettre, fût-ce à Dieu, mais se dresser contre toutes les tentatives de soumission. Que vivre, enfin, c’est la révolte camusienne contre l’Absurde que c’est selon Goethe cité par Hadot (N’oublie pas de vivre, p.272) : N’oublie pas de vivre, n’oublie pas ta tâche quotidienne, l’action que tu dois accomplir au service des hommes, en un mot : ton devoir. Préconisation à laquelle j’ajouterais volontiers celle-ci : vivre c’est agir, vivre c’est se révolter, vivre c’est contribuer, autant que faire se peut, à changer un monde insupportablement inique et cela non sous la contrainte ou la crainte de Dieu mais simplement, librement, humainement, guidé par la raison. Enfin je ne peux quitter Spinoza, provisoirement, sans citer une fois de plus Pierre Hadot et sa « Philosophie comme manière de vivre » à laquelle j’adhère absolument : « Le drame du catholicisme, c'est de s'être rapidement éloigné du message évangélique (sans doute depuis Constantin) avec l'installation du pouvoir temporel des papes, avec les fastes de la liturgie, l'Inquisition... Le dernier concile avait apporté quelques corrections à cet état de fait, mais le pape actuel (comme son prédécesseur) paraît bien vouloir liquider cet héritage. En fait, le problème n'est pas celui du catholicisme, mais celui des religions. Elles semblent toutes avoir déformé le message de leurs fondateurs. Elles ont été et demeurent encore pour l'humanité, notamment les religions du Livre, la source de guerres horribles, de persécutions impitoyables, de souffrances pour des millions d'hommes et de femmes. Je ne sais si l'humanité parviendra à se délivrer de ce besoin religieux. Pour ma part, je dirais avec Einstein: «Je suis un non-croyant profondément religieux.» Si l'on entend par religion l'émerveillement devant le mystère du monde et de la nature. » » Un commentaire en ligne : « Mon sentiment plus général sur le propos de Frédéric Lenoir c'est qu'il fonctionne sur une forme d'ambiguïté (volontaire ou involontaire je ne me permettrais pas d'en juger). Tandis qu'il expose le plus souvent avec justesse les éléments fondamentaux de la philosophie de Spinoza, il n'en tire pas les conséquences nécessaires. Ainsi dans la conférence alors qu'il prend d'abord soin de souligner, à juste titre, le monisme anthropologique de Spinoza, quelques minutes plus tard il indique que chez Spinoza "l'homme à un corps et une âme", ce qui est l'expression exacte d'un dualisme anthropologique. Chez Spinoza corps et esprit désignent un même objet pris tantôt dans l'ordre de l'étendue tantôt dans l'ordre de la pensée. Le corps impliquant l'esprit et l'esprit impliquant le corps. Corps et esprit ne s'ajoutent pas pour former l'homme. On pourrait à la rigueur n'y voir qu'une petite imprécision, d'autant plus qu'il s'agit de la conférence et pas du livre. Mais quelques instants plus tard - et l'article indique que c'est une précision également inscrite dans le livre - tandis qu'il rappelle cette fois le monisme de Spinoza sur la plan ontologique, expliquant que pour Spinoza Dieu se confond avec la Nature, il souligne : "la Nature c'est tout ce que nous voyons du monde visible et invisible...je précise visible ET invisible" (1h04min30s). Distinction qui, explique t'il, n'est qu'une autre façon d'exprimer la distinction entre les deux attributs connus de la substance unique qu'est Dieu que sont l'étendue et la pensée. » « ...est-il bien sérieux de s'exclamer : "c'est toute la philosophie orientale !" (1h05min47s) ? L'attribut pensée de Spinoza saisissable par le seul exercice de la Raison correspond-il bien à "l'invisible" brahamnique ? Si j'en crois l'article et les quelques recherches que j'ai faites, il y a lieu d'en douter. … il semble y avoir une duplicité au moins inconsciente dans cette introduction de Frédéric Lenoir à la pensée de Spinoza qui tente de le tirer du côté de la spiritualité. Une telle ambition mériterait sans doute non pas de figurer dans une introduction mais de s'inscrire dans une discussion rigoureuse et d'être étayée bien plus solidement. C'est d'autant plus regrettable que l'important lectorat du sympathique Frédéric Lenoir n'est sans doute pas le mieux armé pour mener cette discussion. » « … cet article qui me paraît bien plus éclairant sur la pensée de Spinoza que l'ouvrage dont il traite. » Haut de page Page en amont Des visites régulières de ces pages mais peu de commentaires. Y avez-vous trouvé ou proposez-vous de l'information, des idées de lectures, de recherches ... ? Y avez-vous trouvé des erreurs historiques, des fautes d'orthographes, d'accords ... ? 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