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Visions rétrogrades et manipulatrices de mythes et légendes Jean-Loïc Le Quellec dans le HS Le Monde/La Vie "L'histoire des mythes fondateurs" du 7 avril 2022 «..., le monde oral est completement passé sous silence en France. C'est un très gros problème aux conséquences politiques graves. Question contes, la majorité des gens s'arrêtent à ceux des frères Grimm et de Charles Perrault, et seront capables de citer seulement quelques types de contes parmi des milliers répertoriés ! Dans l'enseignement supérieur, la mythologie et le folklore, qui s'intéresse aux traditions orales, sont deux composantes de l'anthropologie, qui étudie les humains des origines à nos jours. Or si ces deux disciplines fondamentales sont enseignées dans plusieurs pays, à l'université de l'lndiana (Bloomington, États-Unis) par exemple, en France, les traditions orales sont tellement ignorées que ce n'est pas un sujet de recherche, ni même de discussion. Dites à vos amis que vous étudiez le folklore à l'université, vous allez voir leur réaction ! Cela n'a toutefois pas empêché certains Français de très bien saisir son importance : Philippe de Villiers a utilisé une vision folklorique de l'Histoire pour créer le spectacle du Puy-du-Fou à des fins politiques évidentes, et l'extrême droite est traditionnellement très friande de symboles folkloriques : insignes, tatouages, rituels, drapeaux.. ... Notre culture générale, au sens «ministère de la Culture» (théâtre, romans, créations ...) est entièrement pétrie de contes. Toute la littérature, les bandes dessinées, les films, les mangas se nourrissent et s'inspirent de mythes, contes ou légendes, et débordent de ces références. Or nous ne les reconnaissons pas sous le travestîssement que les folkloristes dénomment «littérarisation». Les gens seraient surpris s'ils savaient que ce qu'ils viennent de voir ou de lire remonte au Moyen Âge ! Lors d'une recherche sur Internet, il n'est pas toujours facile de savoir identifier des graphismes empruntés par exemple aux traditions germaniques, et réutilisés pour promouvoir une vision du monde dite «néopaïenne», mais qui peut aussi porter, de façon moins visible, une vision rétrograde de la société, de la femme... Des personnes peuvent raconter une histoire très ancienne qu'ils rhabillent à leur façon sans que vous vous en rendiez compte. Ce qui fonctionne pour la littérature ou le cinéma fonctionne aussi pour les récits complotistes aux implications politiques lourdes. Le propre des contes, légendes et mythes est d'être des histoires aux interprétations multiples. On nous raconte quelque chose et, en réalité, on nous en transmet discrètement une autre. Et nous savons bien que, pour convaincre mieux vaut raconter une histoire qu'argumenter !» Haut de page Page en amont Des visites régulières de ces pages mais peu de commentaires. Y avez-vous trouvé ou proposez-vous de l'information, des idées de lectures, de recherches ... ? Y avez-vous trouvé des erreurs historiques, des fautes d'orthographes, d'accords ... ? Ce site n'est pas un blog, vous ne pouvez pas laisser de commentaires alors envoyez un mail par cette adresse robertsamuli@orange.fr Au plaisir de vous lire. |