Sortir de l'histoire officielle

    


Interprétations contradictoires de nos anciens et modernes

Je parle à vous tous mais mes propos s’adressent à ceux, comme moi, qui ne comprennent pas grands choses en philosophie.
Le problème pour nous ignares c’est l’accès aux textes.
Il nous faut des exégètes et encore après avoir perçu quelques notions nous sommes amenés à en avoir les nôtres d’interprétation.
Ils ne faut pas se décourager les spécialistes se contredisent entre eux soulignant leurs incompréhensions, même partielles.
Des gens brillants devant les même textes en tirent des conclusions inverses.

Il est vrai que la tâche est rude. Irvin Yalom psy et écrivain américain est responsable de quelques romans dont les personnages sont confrontés aux concepts d’un philosophe. Dans La méthode Schopenhauer par plaisanterie, Hegel étant tellement difficile à lire, pour les profs à la rentrée la question philosophique la plus angoissante n'est pas «La vie a-t-elle un sens ?» mais qui va enseigner Hegel cette année ?

Rien de stable, quand vous avez fixé dans votre tête une notion, un concept et le champ intellectuel d’un philosophe, des lectures et écoutes vous en proposent d’autres versions précisant ou déplaçant ces notions.
Il en est de même pour les spécialistes. Le seul avantage qu’a ce spécialiste sur l’ignare, sur le néophyte, c’est qu’il a réussi à traduire, à comprendre en partie le message du philosophe disparu et sait en discourir.

Citations au contenu détourné :
«Connais-toi toi-même» Inscription sur le portique de Delphes. Du fait de l'époque elle doit avoir une signification religieuse comme chacun doit connaître sa place sur terre et ne pas en revendiquer d'autre.

«L'homme est un loup pour l'homme» citation de Hobbes mais pas du Léviathan. Elle est tirée du De cive (Le citoyen). La citation complète «... il est également vrai, et qu'un homme est un dieu à un autre homme, et qu'un homme est aussi un loup à un autre homme. L'un dans la comparaison des Citoyens les uns avec les autres; et l'autre dans la considération des Républiques ; là, par le moyen de la Justice et de la Charité, qui sont les vertus de la paix, ... ; et ici, les désordres des méchants contraignent ceux mêmes qui sont les meilleurs de recourir, par le droit d'une légitime défense, à la force et à la tromperie, qui sont les vertus de la guerre,...»

Les interprétations contradictoires de nos penseurs :
Platon a écrit ses dialogues sur une période d’environ 60 ans. La vie je ne la regarde pas pareillement à 20 ou à 70 ans. Donc ne cherchez pas en dehors de l'idéalisme, où l'esprit prime sur la matière, une unité dans l’œuvre de Platon. Certains considèrent que Platon a décrit des intentions politiques cachées dans ses textes philosophiques.
Pour Lucien Jerphagnon Platon par l’un de ses dialogues, le Parménide, critique les autres philosophies de son époque mais aussi «met en question la sienne propre, celle du moins qu’on lui impute : il critique ses précédents dialogues, les orientations de sa jeunesse, quand la théories des Idées était formulée sur le mode mythique.
Un jour un professeur à l'Université Permanente de Nantes, faisait remarquer qu’il venait de lire un titre de presse citant la République. Ce titre appuyant les propos du journaliste polémiste il nous précisa que ceci ne tenait pas car Platon disait l’inverse à la fin de cette République.
Repéré par Christian Godin dans "La métaphysique pour les nuls" Platon se contredit (ou ses personnages). «Dans le banquet, le désir érotique que l'on peut avoir pour un beau corps est un point de départ qui permet à l'âme, grâce à une dialectique ascendante, d'accéder à la Beauté en soi, à l'idée de Beauté. Mais, dans la République, ... le prisonnier de la caverne... doit quitter celle-ci pour accéder au monde éclairé par le soleil, symbole du vrai monde.»

Pour les chrétiens Jésus a dit «Je suis la vérité». Il l'est ou la suit-il ? Puisqu'il a dit «Je suis la voie, la vérité, la vie» et qu'il ne dit pas «je dis la vérité», il la suit alors. Donc, il cherche.

Les thomistes, les fans de Saint Thomas d’Aquin, d’après Wikipédia, ont deux écoles qui s'affrontent de manière irréductible au sujet de la théorie dite de l’analogie de l’être.
Car Thomas aborde le sujet, toujours de biais et par occasion, au fil de son œuvre.
Pour faire court Dieu donne-t-il un peu de son être dans chaque chose et corps de façon égale ou suivant un ordre d’importance ?
C’est la scolastique, l’époque où l’on discutait du sexe des anges.

Hobbs vu par Diderot (Encyclopédie tome VIII) «Hobbes avait reçu de la nature cette hardiesse de penser, et ces dons avec lesquels on en impose aux autres hommes. Il eut un esprit juste et vaste, pénétrant et profond. Ses sentiments lui sont propres, et sa philosophie est peu commune. Quoiqu’il eût beaucoup étudié, et qu’il fût, il ne fit pas assez de cas des connaissances acquises. Ce fut la suite de son penchant à la méditation. Elle le conduisait ordinairement à la découverte des grands ressorts qui font mouvoir les hommes. Ses erreurs mêmes ont plus servi au progrès de l’esprit humain, qu’une foule d’ouvrages tissus de vérités communes. Il avait le défaut des systématiques, c’est de généraliser les faits particuliers et de les plier adroitement à ses hypothèses ; la lecture de ses ouvrages demande un homme mûr et circonspect. Personne ne marche plus fermement et n’est plus conséquent. Gardez-vous de lui passer ses premiers principes, si vous ne voulez pas le suivre partout où il lui plaira de vous conduire...»

Nietzsche et les possibles interprétations soulignées par Victorine de Oliveira dans Philosophie magazine de novembre 2001 dans son analyse de deux essais «La philosophe fait donc de Nietzsche le penseur critique d'un certain type d'adaptation ou de flexibilité, ces dispositions que réclame justement le néolibéralisme naissant à la fïn du XIX' siècle.
De son côté, ... emprunte un chemin complètement différent ... Il dresse le portrait d'un Nietzsche défenseur de l'ordre établi et d'une société de classes qui nécessite l'asservissement du peuple et de la classe ouvrière pour que l'élite se dégage de toute contrainte matérielle. Il fait donc ici la peau aux lectures de Foucault, de Deleuze et, plus généralement, au nietzschéisme « de gauche ».
Comment expliquer un tel écart entre ces deux ouvrages ? C 'est que les deux auteurs ne puisent pas aux mêmes sources, la première s'appuyant sur des notes et fragments posthumes non mis en forme, le second sur l'œuvre éditée du vivant de Nietzsche. Mais, au delà d'une querelle d'interprétation, se pose la question de ce qu'est lire aujourd'hui une pensée aussi polymorphe et contradictoire que celle de Nietzsche.
»

Weber 1905  "L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme" «...très lu aux États-Unis comme une source explicative de sa puissance économique. Difficilement traduit, jusqu’à la traduction proposée par Jean-Pierre Grossein, l’œuvre de Max Weber sera tardivement disponible en France. Raymond Aron et Merleau-Ponty ont été de grands lecteurs de Weber. Raymond Aron utilisera Weber comme une ressource contre le marxisme et la lutte des classes, au contraire de Maurice Merleau-Ponty qui invente dans Les aventures de la dialectique l’idée d’un « marxisme wébérien ».»

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