Sortir de l'histoire officielle

    


Stéphane Mosès (1931-2007)

Mots, idées, concepts, personnalités repérés : l'État, liberté et égalité, Les lumières, la Raison, le telos, le temps, triades

5 contributions en 1985 dans https://www.persee.fr/authority/38794
Un échange en 1983 Franceculture/les-chemins-de-la-connaissance-les-penseurs-juifs-allemands

L'ange de l'histoire. Rosenzweig, Benjamin, Scholem

Temps de la Bible


L'ange de l'histoire. Rosenzweig, Benjamin, Scholem

Recensions par :
Par Nicolas Weill https://www.lemonde.fr/.../2007/12/12/stephane-moses-philosophe
Par Maurice-Ruben Hayoun  https://www.jforum.fr/stephane-moses-lange-de-lhistoire-rosenzweig-scholem.html
Michel Löwy https://www.persee.fr/doc/assr_03...000_1
Cité par M Löwy L'Étoile de la Rédemption


4e de couverture et du site de l'éditeur «
Franz Rosenzweig, Walter Benjamin, Gershom Scholem : dans l'Allemagne des années vingt, ces trois auteurs ont imaginé une nouvelle vision de l'histoire qui met en scène l'idée d'une utopie messianique. À la vision optimiste d'une histoire conçue comme une marche permanente vers l'accomplissement final de l'humanité, ils opposent l'idée d'une histoire discontinue, dont les moments ne se laissent pas totaliser, et dont les déchirements sont plus significatifs – mais aussi plus prometteurs – que l'apparente homogénéité.
Cette autre vision de l'histoire naît chez ces trois penseurs juifs de leur expérience directe des grands bouleversements du XXe siècle. Paradoxalement, sur les décombres de la raison historique l'espérance peut reprendre son essor. L'utopie resurgit chez ces trois auteurs – à travers la catégorie de la Rédemption. Dans ce modèle d'un temps ouvert à l'irruption du nouveau, la réalisation imminente de l'idéal redevient pensable.»

Introduction
 En lisant cette introduction et les échanges entre Rosenzweig et Rosenstock dans le premier chapitre soulignant l'incompatibilté entre l'absolu spirituel juif hors de l'histoire et le messianisme historique porteur d'un idéal nationnal j'en déduits qu'Hitler avait raison il y avait bien une internationnale juive. Comme il y aurait dû y avoir une internationnale chrétienne qui aurait dû s'opposer à la guerre, comme une internationnale des philosophes par leur recherche des voix vers une vérité en dehors des nationnalismes donc pacifique.
  Autour de la construction de la tour de Babel et l'impterprétation de Kafka le texte s'exprime sur la lenteur par le temps disponible sans fin ou la rapidité biblique. Si l'idée de cette construction unificatrice des peuples est là elle devrait ne pas disparaître des mémoires. Si lenteur il y a il est incompatible avec le "marché" qui demande d'en finir vite pour baisser les coûts et passer à un autre contrat. Il demande de se déplacer vite vers un rendez-vous en ne perdant pas de temps en transport.
 Le progrès sans fin s'attache peut-être à une Histoire sans fin ? Il y aurait une inconscience héritée ancrée profondément en nous pour désirer la rapidité à la lenteur ?
Première partie Franz Rosenzweig - L'envers de l'occident
Chapitre 1. La dissimilation
D'abord brève introduction sur les trois auteurs étudiés.
Ensuite réflexions autour des échanges épistolaires de Franz Rosensweig et Eugen Rosenstock.
Pages 15-16 « Pour les philosophes du XVIIIe siècle, l'histoire apparaît comme un processus orienté d'un moins vers un plus, de la confusion vers l'ordre, de l'obscurité vers la clarté. L'on reconnaît, bien entendu, l'existence de rythmes historiques qui scandent la grandeur et la décadence des empires. Mais par-delà ces fluctuations ,l'histoire, dans son ensemble, est conçue comme le vecteur d'un progrès continu, destiné à conduire l'humanité jusqu'à son accomplissement final. D'où la notion d'un terme idéal de l'histoire, d'un uns vers lequel elle se dirigerait. Bien plus : ce « telos » jouerait (comme dans l'idée de la finalité naturelle) le rôle d'un principe immanent guidant le déroulement de l'histoire. Il y aurait en quelque sorte une Raison historique réglant de l'intérieur le cours de l'aventure humaine. Cette vision téléologique culmine, chez Hegel, avec l'interprétation de l'histoire comme processus dialectique à travers lequel l'Absolu lui-même se réalise. Dès lors, par rapport à cette progression inéluctable de la Raison dans le monde, la fonction de l'initiative humaine - qui, faut-il le rappeler, reste déterminante - se réduit néanmoins à celle d'un moyen au service d'une fin qui la dépasse infiniment. Toute action humaine est contingente ; son sens (c'est-à-dire son efficacité) dépend de sa conformité ou de sa non-conformité avec la dynamique de la Raison à l'œuvre dans l'histoire. Or, le travail de la Raison est lent, peut-être infini ; comment savoir si les temps sont déjà mûrs pour la réalisation de nos projets? »
17 « ... le « telos » de l'histoire ne saurait être conçu comme une réalité qui, en principe, peut survenir à chaque instant, et peut-être « dès aujourd'hui », mais plutôt comme un postulat, une idée régulatrice, dont l'accomplissement recule indéfiniment à mesure que nous avançons : « L'essentiel de l'entreprise est l'idée de bâtir une tour qui touche aux cieux. Tout le reste, auprès, est secondaire. Une fois saisie dans sa grandeur l'idée ne peut plus disparaître : tant qu'il y aura des hommes, il y aura le désir puissant d'achever la construction de la tour. » »
19 page autour de "Le miracle secret" de Borges, Kafka et Prague qui me rappellent Albert camus
28-29
Chapitre 2. Hegel pris au mot
Chapitre 3. Utopie et rédemption
Deuxième partie Walter Benjamin - Les trois modèles de l'histoire
Chapitre 4. Les métaphores de l'origine : idées, noms, étoiles
Chapitre 5. Le modèle esthétique
Peut-être par les portais du Fayum du Ier au IVe sièclenous pouvons comprendre l'absence d'une histoire de l'art France culture le 26 juin 2023
«" Dès qu’on les voit on est fasciné pas leur intensité, par la façon dont on se sent regardé par quelqu’un qui n’est plus là, qui voyait un monde qui n’est plus là. Il y a une espèce d’intimité sans emploi qui s’installe qui est troublante.
La fascination que nous éprouvons face à ces portraits résulte selon Jean-Christophe Bailly de leur situation d’entre les mondes. Portraits de vivants destinés à les accompagner dans la mort, les yeux contemplant éternellement un passé révolu et le présent, ils sont éternellement dans cette situation de passage.
On se sent apostrophé, mais cette apostrophe est muette parce que les images ne disent rien”.»
Chapitre 6. L'ange de l'histoire
Troisième partie Gershom Scholem - L'histoire secrète
Chapitre 7. Les apories du messianisme
Chapitre 8. Kafka, Freud, et la crise de la tradition
Chapitre 9. Langage et sécuralisation

Mai 2023

Temps de la Bible

http://www.lyber-eclat.net/
4e de couverture et site de l'éditeur «La Bible est au cœur de ce recueil d’essais de Stéphane Mosès, soit qu’elle ponctue notre temps quotidien, qu’elle interroge notre relation à l’autre, ou nous propose des figures par rapport auxquelles nous établissons notre place dans le monde. Texte infini, il suggère des commentaires infinis, qui enrichissent toujours la lecture de notre propre vie. A travers des essais sur le premier homme, la question du sacrifice, les formes de la paix et les césures du temps, Stéphane Mosès poursuit avec ce livre ses « lectures bibliques » initiées ave Eros et la Loi (repris en Points Seuil en 2010).»

Extraits et commentaires :
- Figures de la paternité biblique 15
Adam, ou le père des origines 15
18 Caïn tue Abel, est-ce le meutre du pasteur nomade par l'agriculteur sédentaire ?
Comme le coupable est l'agriculteur est-ce le choix de Dieu malgré tout avec une nostalgie du nomadisme ?
19 « Il n'est pas indifférent non plus que la Bible se prononce ici en faveur de la civilisation de l'élevage et du nomadisme, par opposition à celle du labourage et de l'enracinement dans le sol. En choisissant les valeurs d'Abel
au détriment de celles de Caïd, elle affirme la prééminence spirituelle de l'errance et de la liberté sur le symbolisme de la terre qui boit le sang des hommes. » Est-ce la nostalgie de la fin du nomadisme du peuple juif ?
20
Caïn fils d'Adam mais déjà nombreux sur la terre car Dieu le protège en décidant «... que celui qui tuera Caïn sera puni soixante-dix fois...» !
Noé ou le sexe du père 20
Abraham ou le nom du Père 24
Isaac ou le père aveugle 29
30
Ésaü ou Jacob, le chasseur sédentaire ou le nomade contemplatif ? Ce dilemme poursuit le peuple juif.
Jacob ou les soucis du père de famille 35
- Sacrifices 39
L'histoire d'Abraham 39
Faiblesses humaines d' Abraham 40
Sodome et Gomorrhe 44
Promesses 44
Isaac et le thème du rire 45
Isaac et Ismaël 47
Voix divine et voix démoniaque 51
Abraham et et Job 52
Dieu de la rigueur et Dieu d’amour 55
Le sacrifice qui n’a pas eu lieu 58
Religion et violence sacrée 60
Infanticides 63
L'exorbitant 65
Kierkegaard : la foi au dessus de l’éthique 69
Levinas : l'éthique au dessus de la foi 71
Analyse narrative du récit 73
L’épreuve et et le problème du mal 75
Les deux récits 77
Le sacrifice comme simulacre ? 80
Abraham parle 83
Le troisième jour et la vertu d’espérance 85
- La Bible et les césures du temps 87
89-90 Triades qui rejoignent celles repérées par Deleuze dans sa lecture de Spinoza «… selon le récit biblique de la Genèse, le troisième jour semble marquer une coupure dans le processus de la création, dans la mesure où. seul parmi les six jours de l'activité divine, il voit surgir deux ordres de réalité différents : d'un côté la terre et les mers, de l'autre la végétation.
Cette dualité est marquée dans le Texte par la double répétition de la formule : « Et Dieu vit que c'était bien ». De sorte que le troisième jour semble marquer la séparation de six jours de la Création en deux séquences de trois jours chacune. En outre, on a l'impression que la seconde séquence reprend terme à terme - niais à un niveau plus particulier – les étapes de la première : au premier jour de création de la lumière et de l'obscurité) correspond le quatrième (création du soleil, de la lune et des étoiles) ; au deuxième jour (distinction entre les eaux d'en haut [le ciel] et les eaux d'en bas) répond le cinquième (apparition des oiseaux et des poissons): au troisième jour enfin (distinction entre la terre et les mers, puis apparition de la végétation) correspond le sixième (création des animaux et de l'être humain) . Cette structure de deux fois trois semble rabattre l'un sur l'autre deux variantes - l'une plus générale, l'autre plus particulière - d'un même modèle élémentaire : celui de la triade. Comme si la formule originelle de toute réalité était celle d'une dualité primordiale, d'une tension entre deux pôles opposés (lumière/obscurité, haut/bas, soleil/lune, poissons/oiseaux), tension surmontée dans un troisième temps. Le septième jour ... viendrait alors introduire une pause dans la répétition de ce double schéma ternaire, pour permettre aux hommes de s'arrêter un instant, de faire le point, et de repartit vers des perspectives nouvelles.»
108 Pour la Bible le stade original de la société serait celui d'une liberté et d'une égalité parfaites « Le Jubilé [tous les cinquante ans]... oblige le serviteur ou la servante qui seront restés jusque-là au service de leur maître au-delà des six années légales à consentir à la liberté qui leur est offerte. Cette loi de portée universelle abolit donc la distinction entre maîtres et serviteurs, et institue, pendant toute l'année du Jubilé, une société d'hommes et de femmes libres et égaux entre eux.
Cette utopie révolutionnaire est pourtant présentée par la Bible comme un retour à un état primordial de la société : « Chacun retrouvera ses biens et chacun retrouvera sa famille. » Comme si le stade original de la société avait été celui d'une liberté et d'une égalité parfaites, et que cette perfection originelle avait été corrompue par l'évolution de la civilisation elle-même. Conception quasi rousseauiste de l'ordre social, mais profondément enracinée dans les présupposés métaphysiques de la Bible, puis dans ceux de la tradition mystique juive : ... »
- Trois formes de la paix dans la tradition juive 111
112-113 Compte sur les intellectuels pour construire la paix ! Comment définir l'intellectuel et aurait-il une éthique ?
La paix du fleuve, et la paix de l'oiseau et la paix du vase 113
Incarnation de la présence-absence du divin 118
- Quelques principes de l'herméneutique rabbinique 123
124 Contradictions entre les passages de la Genèse concernant Noë et les animaux qu'il doit choisir : purs et impurs, nombre. Et pas définition de la pureté, ou plus tard et cette pureté à vraisemblablement changée.
128 A côté de la tradition exotérique de nombreuses traditions ésotériques.
136 « Dire que la tradition juive représente un canon signifie que, pour elle, tous les textes qui la constituent s'assemblent, par-delà leur diversité, en un ensemble homogène, dont tous les éléments proviennent de la même source révélée. De son point de vue, l'Ancien Testament avec ses trois parties : Torah, Prophètes et Écritures), le Talmud, le Midrash , la Kabbale, et toutes l'immense littérature exégétique,juridique et théologique qui s'est développée depuis les premiers siècles de notre ère jusqu'à aujourd'hui forment un tout indissociable. Par opposition à la vision historico-philologique moderne, pour qui tout corpus littéraire est nécessairement discontinu, chaque texte devant être ramené à la situation historique spécifique qui l'a vu naître, l'idée que la tradition juive se fait d'elle-même est fondamental a-historique et même a-temporel le. Pour elle, la tradition se situe en quelque sorte dans une éternité immobile, comme s' il s'agissait d'une œuvre unique, dont chaque élément ne prend son sens que par rapport à l'ensemble de toutes les autres. »
139-140 J'y vois des similitudes avec Karl Marx et son État, par la dictature du prolétariat, s'effondrant sur lui même et la "stratégie du choc" façon Chili/Milton Friedman. « Pour la tradition juive, la vérité ne se révèle qu’à la série sans fin des interprétations que l'homme en propose. Que ces interprétations soient toujours risquées, et qu'elles puissent s'opposer dramatiquement entre elles, rien n'en témoigne mieux que l'histoire racontée par Martin Buber dans son roman (ou Plutôt sa chronique) Gog et Magog. Ce récit, fondé sur d’authentiques sources historiques, met en scène les débats qui opposèrent entre eux, en 1812, quatre grands Maîtres Hassidiques polonais. Il s’agissait de savoir comment réagir au projet de Napoléon d'envahir la Russie en passant par la Pologne. L'Empereur, comptant sur l'hostilité traditionnelle de la Pologne à l'égard de la Russie, avait en effet sollicité l’aide du roi de Pologne dans la guerre qu'il avait entreprise contre le Tsar Alexandra ler. Le roi de Pologne, de son côté, avait demandé conseils à deux grands Maîtres spirituels du mouvement hassidique : Rabbi Yaakov Ytzak, dit « le Voyant de Lublin », et son jeune disciple préféré, appelé lui aussi Yaakox Ytzak, et surnommé « le Juif ». Mais il se trouva que le maître et le disciple professaient, à cet égard, des opinions radicalement opposées. Pour le «Voyant», l'Empereur apparaissait comme une réincarnation du tyran légendaire Gog, roi de Magog, dont les victoires devaient précéder, selon le Talmud, la venue du Messie. Au nom d'une dialectique eschatologique paradoxale, le Voyant pensait que, pour accélérer la venue du Messie, l’'empire du Mal devait s'étendre le plus rapidement possible, et qu'il fallait donc aider l'Empereur dans ses entreprises, et même prier pour lui. Son disciple pensait au contraire, au nom d'une conception purement éthique de l'Histoire, qu'il était hors de question de souhaiter la victoire du Mal, fût-ce pour provoquer la venue du Royaume de Dieu. Dans ce débat fondamental sur la nature de la Rédemption et sur l'essence de l'Histoire, ces deux grands maîtres mystiques s'appuyaient, chacun de son côté, sur des interprétations absolument opposées des saintes Écritures. Malgré leur croyance partagée en l'absolu de la Révélation biblique, ils différaient radicalement sur la manière de l'interpréter et de l'appliquer dans la réalité politique. »
- Topologie de la modernité juive 141

Juin 2023

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