Sortir de l'histoire officielle

    


Georges Bernanos
Mots, idées, concepts, personnalités repérés : Optimisme,

Des larmes de crocodile

La liberté, pourquoi faire ?


Des larmes de crocodile
Il pleure et se plaint du comportement de son camp et de l'hypocrisie du clergé catholique en Espagne dans "Les Grands Cimetières sous la lune", pourtant il l'avait déjà écrit dans 'L'imposture" en 1927.
Pourquoi donc ne s'est-il pas éloigné de ces hypocrites ?
https://www.radiofrance.fr/franceculture//l-imposture-de-bernanos-etes-vous-un-imposteur-qui-s-ignore
«"L’imposture", paru en 1927, est le deuxième roman de l'écrivain Georges Bernanos. Il met en scène l'abbé Cénabre, dévot reconnu, qui un jour se rend compte qu'il ne croit plus en Dieu. Mais Cénabre est-il véritablement un imposteur ? Ou est-il victime d'une force plus grande que lui ? ...
"Dans L'imposture, Bernanos dénonce le grand monde catholique parisien. Il y dénonce les vices cachés sous le couvert de la foi religieuse. Il dénonce aussi un langage dénaturé qui n'a plus rien à voir avec la charité ou l'évangélisme. C'est un langage qui a adopté les tics du langage moderne, républicain, laïc, voire athée anticlérical, alors que ce sont des catholiques qui parlent. Monarchiste et catholique convaincu, Bernanos ne peut qu'exécrer ce milieu, ferment d'impostures diverses." Karine Robinot-Serveau»

Et un «poulet» comme l'écrit Michel Ragon dans «La mémoire des vaincus» «Le Juif draine l'or, comme un abcès de fixation draine le pus»

La liberté, pourquoi faire ?

Éditions Payot

Un article structurant la pensée de Bernanos sur la liberté. Certainement plus positif que mon propos que voici :

La liberté pourquoi faire ? Georges Bernanos
Deux conférences de 1947
28 Le titre « La liberté pourquoi faire » .. est une phrase de Lénine … il la choisit par dérision.

Je partage en passant son point du vue sur l’optimisme diffusé pour ne rien changer :
Page 26 Optimisme après «  la crise effroyable qui vient de bouleverser l'humanité je crois aussi ce monde désespéré, mais il regorge d'optimisme. Et le mot de regorger est bien ici celui qu'il faut, car la propagande officieuse et officielle l'en gorge, elle l'en gave comme on gave une oie de Noël »
Ça peut s’appliquer aujourd’hui et ses fausses solutions écologiques.
Je le rejoints encore sur son diagnostique concernant la dite démocratie. « ... le mot de démocratie a déjà tellement servi qu'il a perdu toute signification, c'est probablement le mot le plus prostitué de toutes les langues. Dans presque tous les pays, la démocratie n'est-elle pas d'abord et avant tout une dictature économique ? »
Mon adhésion s’arrête là. Je vois bien l’homme déshumanisé par la technique mais je ne confonds pas spiritualité et religion. Voici quelques passages.
Isolé car se considérant incompris il caractérise souvent ses adversaires d’imbécile.
29 Pour lui la pire menace pour la liberté … c’est qu’on désapprenne de l’aimer.
30 Il veut restaurer les valeurs spirituelles de la France.
Bien avant le péril des dictatures la foi en la liberté s’était progressivement affaiblie dans les consciences. Si l’on lie la foi chrétienne qui est la sienne à la Bible, il se trompe car la liberté y est absente.
32 Il y aurait en démocratie beaucoup moins de liberté que d’égalité. Cette égalité conquise profiterait surtout à l’État.
Il a quand même bien vu que le machinisme s’accompagnait des proclamations de liberté, égalité, fraternité.
35 Inconsciemment la France refuserait de marcher vers ce machinisme, mais vers quoi l’on marche en réalité se demande-t-il ?
Fin 36 Si l’on refuse de foncer tête baissée les contradicteurs ironisent, on veut revenir en arrière, le retour à la bougie.
37 « Le mot de progrès sera le dernier qui s’échappera de leurs lèvres à la minute où la planète volera en éclats dans l’espace. » Soumission au progrès qui n’a d’égal à leur soumission à l’État.
38 « … je crois de plus en plus que ce monde est un monde totalitaire et concentrationnaire en formation. »
L’opposition du capitalisme au communisme un faire valoir au premier. La dictature serait une corruption du capitalisme, « … n’était-il pas appelé fatalement à se corrompre. »
38-39 La civilisation des machines n’est pas un accident qui modifie le milieu, elle modifie aussi l’homme.
39 fin « l’écrasement des dictatures … a été comparable à ce que les chirurgiens appellent une opération faite à chaud. » Donc réaction au coup par coup.
40 Les démocraties sont de véritables dictatures économiques.
43 Pas de problème de régime politique mais de civilisation. Si elle est inhumaine, on ne la rendra pas humaine, mais c’est l’homme que l’on rendra inhumain. Par la technique cette civilisation usurpe la place de Dieu.
48 Asservissement non aux machines mais à la collectivité propriétaire des machines. Là il dédouane le capitaliste, seul propriétaire de ces machines.
Si ces machines rendent la vie plus facile rien ne prouve qu’elles doivent la rendre heureuse.
Une petite note xénophobe en passant. La mécanique ne fait pas l’homme civilisé, le nègre même s’il sait conduire un camion, il faudra plusieurs générations pour en faire un homme civilisé.
49 Historiquement une civilisation est un compromis entre le pouvoir de l’État et la liberté de l’individu. « les imbéciles eux-même devraient comprendre que l’avènement des machines à rompu l’équilibre. »
50 Il a des doutes sur le contrôle de l’État pas ses ministres, mais ironiquement n’insiste pas, ne voulant pas se fermer une éventuelle carrière de ministre.
Les signatures des États ont rarement garanti la paix.
51 « L’État moderne n’a plus que des droits, il ne se reconnaît plus de devoirs, c’est précisément à ce fait que l’on a toujours reconnu les tyrans. »
L’État pour lui disposant de 83 % du revenu des citoyens, il rajoute « Qui dispose des biens finit toujours par disposer des personnes. » jusqu’à en devenir un tueur.
La bureaucratie et la police, décomposition de l’État, décomposition qu’il compare au diabétique dépendant de son sucre.
L’État nazi n’est pas un monstre imprévu, il ne diffère pas des États modernes.
52 Pour conclure il considère que le monde moderne est un monde à l’envers. Si vous proposez de ne plus vivre la tête en bas, certains objectent que vous ne respectez pas les règles. Qu’ils n’envisagent pas autant changer de patrons que de déplacer le buffet même gênant.
54 Il lui reste l’espoir que l’homme, qui a construit cette civilisation qu’il compare à une ruche, la sorte de ce mauvais rêve.
55 Civilisation qui peut devenir dangereuse pour l’humanité.
En passant, rappel de ses différents avec des fervents pratiquants.
56 Mais le fait d’aller à la messe n’est pas une garanti d’humanisme, il remarque que les bons chrétiens ne sont pas moins déspiritualisés.
58 « l’option cléricale qui a justifié la farce sanglante du franquisme n’était nullement exaltée. Elle est lâche et servile. Engagés dans une aventure abominable, ces évêques, ces prêtres, ces millions d’imbécile n’aurait eu, pour s’en sortir qu’à rendre hommage à la vérité. »
Dans cette société déspiritualisée le spéculateur qui ne voit qu’un client à satisfaire en est un des membres actifs.
60 La biologie agira sur les cerveaux détruisant tout réflexe pour la liberté.
62 Les derniers massacres n’ont pas épuisé les réserves de cruauté du monde.
64 En passant un croche-pattes à Mauriac qui propage dans ses articles du Figaro une inquiétude complaisante.
65 Il revient sur l’État simple exécuteur impitoyable du déterminisme économique.
67-68 Le peuple qui s’abstient ou vote pour des programmes assez médiocres pour ne pas faire courir des périls immédiats. La France trahit par son élite intellectuelle.
68 « L’erreur du libéralisme était de croire que la mécanique marcherait toute seule. Le communisme ne change pas de mécanique, il la fait tourner de force. Dut-il y broyer des millions d’hommes. »
69 repris par les marxistes le mythe du progrès n’en est pas moins carnassier avide de chair humaine.
70 Le marxisme nie le divin en l’homme. L’enjeu de la pauvreté support de propagande des marxistes dépasse l’homme divinisé, si j’ai compris l’esprit de ce passage.
72 « ...pas de place pour la liberté dans la gigantesque usine mécanique qui devrait être réglée comme une horloge. »
Une collectivité libre dans un monde moderne est en état d’infériorité, il faut choisir.
74 « la déchristianisation de l’Europe s’est faite peu à peu. … comme un organisme qui se dévitaminise. »
76 Il considère que l’abandon de la liberté en Russie a été volontaire. En dite démocratie c’est le parti qui pense pour nous.
77 Toujours par la propagande en Europe centrale, au nom du droit divin du prolétariat anéantissement par la faim des petits bourgeois, des petits fonctionnaires retraités et petits rentiers.
78 Les démocraties par des règlements contradictoires créent doucement un type d’homme tout à fait adapté aux dictatures.
La solution pour guérir l’humanité est de respiritualisé l’homme.
La deuxième conférence reprend les thèmes de la perte de l’humanité dans le machinisme. En commençant par souhaiter une révolution totale, puis confondant libertés, libéralisme et libéralisme économique.
Mon commentaire global.
Tout le long du texte une nostalgie réactionnaire d’un temps idyllique où la chrétienté portait fusionnellement un monde rural aux valeurs qui paraissaient de bon sens car semblant primitives dénouées de malignité.
Des penseurs, philosophes, mystiques, donc cultivant le mystère maquillé de spiritualité, ont partagé cette réaction devant les cataclysmes provoqués par le scientisme sans éthique et l’industrialisation sauvage. Ils sont nostalgiques d’une pseudo spiritualité païenne agricole, pure car pour eux première, l’homo sapiens n’aurait jamais vécu autrement.
Le plus connu de ses penseurs est Heidegger, un autre Mircea Eliade, lui surtout connu dans un monde mystique restreint.
Georges Bernanos se différencie de ceux-ci par son rejet de la violence.
Des larmes de crocodiles, il en pleure, il se plaint du comportement de son camp et de l'hypocrisie du clergé catholique en Espagne dans "Les Grands Cimetières sous la lune", pourtant il l'avait déjà écrit dans "L'imposture".
https://www.radiofrance.fr/franceculture//l-imposture-de-bernanos-etes-vous-un-imposteur-qui-s-ignore
Pour Karine Robinot-Serveau à France culture le 27 février 2023 «"L’imposture", paru en 1927, est le deuxième roman de l'écrivain Georges Bernanos. Il met en scène l'abbé Cénabre, dévot reconnu, qui un jour se rend compte qu'il ne croit plus en Dieu. Mais Cénabre est-il véritablement un imposteur ? Ou est-il victime d'une force plus grande que lui ? ...
"Dans L'imposture, Bernanos dénonce le grand monde catholique parisien. Il y dénonce les vices cachés sous le couvert de la foi religieuse. Il dénonce aussi un langage dénaturé qui n'a plus rien à voir avec la charité ou l'évangélisme. ... Monarchiste et catholique convaincu, Bernanos ne peut qu'exécrer ce milieu, ferment d'impostures diverses." »
Pourquoi, onze ans après, ne s'est-il donc pas éloigné de ces hypocrites et soutenu ce genre d’individu en Espagne, avant encore de s’en éloigner ?
Il rejoint Simone Weil mettant les devoirs devant les droits. Devoir à ne pas confondre avec obligation ce que fait Simone dans les premières lignes de son Enracinement.
Je n’ai jamais compris quels devoirs nous avions à part voter et maintenant trier ses déchets. Je n’ai pas réussi à lire le contraire mais les devoirs pour Bernanos sont ceux d’être un bon chrétien et de retirer son chapeau devant le châtelain.
Bernanos a fait le procès des massacres perpétués par les ligues franquistes.
Albert Camus le lit et le cite le soutenant face à la presse de droite qui ne le reconnaît plus parmi les siens. Simone Weil et Bernanos se sont rapprochés par leur tristesse concernant les victimes sans défenses de la Révolution espagnole. Bernanos, Camus et Weil se rejoignent par leur isolement, isolement dû à l’intransigeance de leur analyse. Ce rapprochement s’arrête là. Bernanos seul monarchiste parmi les trois et seul dont l’élan premier n’a pas été d’aller vers les Républicains espagnols, malgré que le pouvoir réactionnaire espagnol était soutenu par un clergé rétrograde qu’il avait déjà rejeté, je me répète, en 1927 dans le texte L’imposture.
Le titre sonne fort, la liberté étant un sujet intarissable et prégnant. Qu’est-ce que la liberté ?
Là n’est pas son sujet.
C’est un livre de propagande pour les nostalgiques de la France médiévale bonne et charitable. Ils peuvent le vendre dans la boutique au Puy du Fou. L’introduction ne décrit qu’un grand esprit libre avec ses contradictions.
L’intérêt de ce livre c’est de mieux connaître Bernanos fils d’artisans, éducation catholique avec les convictions monarchistes de ses parents.

Fin
Page 41 Il s’appuie sur des écrits de Jacques Ellul. Nous avons depuis appris son soutien au régime d'apartheid en Afrique du Sud.


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