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La révolution espagnole 1936 - 1937 et ses prémices La Seo d'Urgell (Lleida), juillet 1936. La journaliste française Héléne Roger-Viollet parmi un groupe d'anarchistes pendant l'occupation d'un couvent, pour le transformer en salle à manger. Photographie Roger-Viollet. Il y a 80 ans, l'Espagne sacrifiée https://social.shorthand.com/ladepechedumidi/3gRNBCKucP/cetait-la-guerre-despagne «Élu en février 1936 sur une victoire en trompe-l’œil, le Frente popular porte encore béante sur son flanc gauche la plaie des Asturies, révolte matée dans le sang en 1934 sur ordre de la droite républicaine. 3000 morts, 30000 prisonniers… Commandée depuis Madrid par un certain général Franco, la répression a été menée par son boucher, Yaguë. » «Le 18, un avion embarque Franco, en poste au Canaries. Le 19, il est à Tétouan. « Viva la muerte ! », c’est le cri de ralliement de ses légionnaires du « Tercio ». À Gibraltar, les Anglais laissent passer. Fascistes et nazis fournissent les avions. Lorsque la République espagnole appellera à l’aide, seuls l’URSS et le Mexique répondront tandis que se lèveront les Brigades internationales pour la défendre. Ne voulant pas fâcher Londres, la France se replie dans la non-intervention… On ne le sait pas encore, mais la Deuxième guerre mondiale vient de commencer.» "C'était la guerre d'Espagne". Un long format de la rédaction de La Dépêche du Midi, réalisé dans le cadre d'une série quotidienne publiée en juillet 2016. Textes : Pierre Challier, Marie-Louise Roubaud. Photographies : Pierre Challier, AFP, DR. Mise en page : Philippe Rioux. La Dépêche du Midi, 2016. En pdf : Il y a 80 ans, l'Espagne sacrifiée George Orwell Hommage à la Catalogne Georges Bernanos Des larmes de crocodiles Brigade Abraham Lincoln - Bataille du Jarama Franz Borkenau - Spanisch Cockpit Louis Gill : George Orwell, de la guerre civile espagnole à 1984 Arthur Kœstler : Un testament espagnol Les chemins du communisme libertaire en Espagne 1868-1937 Gerald Brenan : Le labyrinthe espagnol Mika Etchébéhère - Ma guerre d'Espagne à moi Douze articles de Camille Bernerie pour « GUERRE DE CLASSE » Et aussi : Anne Mathieu, administratrice du CHT de Nantes et maîtresse de conférences habilitée à diriger des recherches en Littérature et Journalisme du XXe siècle à l’Université de Lorraine (site de Nancy), vient de mettre en ligne son site consacré à la façon dont les journaux français ont traité de la guerre d’Espagne. http://reporters-et-cie.guerredespagne.fr/ Franz Borkenau - Spanisch Cockpit Édition Ivréa - Champ libre Du site de l'éditeur «Si Spanish Cockpit fait figure d’ouvrage de référence, c’est que Borkenau est le seul historien et commentateur de cette guerre civile qui ait joint à un esprit de tout premier ordre une éducation politique approfondie. Il a su poser les questions qu’il fallait, il a vu le front et les régions de l’arrière et s’est montré un remarquable observateur. Il n’est pas, sur cette guerre, de témoignage plus perspicace ou plus véridique. (…) C’est pourquoi, par-delà le modèle de ce que devrait être toute analyse d’une révolution, Spanish Cockpit est aussi un des meilleurs ouvrages jamais publiés sur l’Espagne. Gerald Brenan» Texte en ligne Pages de l'édition d'Ivréa 26 «Ces jacqueries de serfs andalous criant leur faim, endémiques à partir des années quarante, connurent leur apogée avec la totale vacance du pouvoir, d’État, qui marqua l’année 1873. L’affaire était grave car, pour la première fois, le mouvement paysan jusqu’ici dispersé, spontané et instinctif, rencontrait la «Première internationale» et les anarchistes qui en faisaient alors partie. Cela voulait dire que le mouvement paysan faisait sa jonction avec le prolétariat urbain encore balbutiant pour donner naissance à un grand mouvement populaire. C’était la troisième fois que le peuple espagnol se soulevait comme un seul bloc. Mais alors qu’en 1707 et 1808 les Espagnols s’étaient opposés aux classes supérieures pour défendre l’Église et la dynastie nationale, ils s’insurgèrent cette fois, toujours contre les classes supérieures, mais pour défendre leurs propres intérêts immédiats. C’était le résultat de la désagrégation de plus en plus accentuée qui avait été le fait de l’État et des classes supérieures au cours des cinquante dernières années. L’Espagne entrait dans une ère nouvelle. Il est important de saisir tout ce que cela impliquait pour l’avenir.» 33 «...1873. Pris entre le soulèvement carliste au nord et les menées anarchistes au sud, le gouvernement républicain décida de frapper la révolution sociale en premier, remettant à plus tard le règlement de la question carliste. S’il avait fait un autre choix, l’Espagne aurait connu dès 1873 ce qu’elle a connu en 1936. La décision prise décida du sort de la république. Face à la menace révolutionnaire, l’armée et l’Église s’empressèrent d’enterrer leur antagonisme de surface. La révolte andalouse une fois écrasée dans le sang et dans les larmes, ce fut le pronunciamiento de Murviedro qui ramena sur le trône la vieille dynastie, en la personne d’Alphonse XII. Les carlistes ne voulurent pas l’entendre de cette oreille mais la question était pour l’essentiel réglée et tout se termina par une capitulation honorable. L’ère de la restauration commençait.» Ça doit correspondre à la révolution cantonale au cours de la première république.«La majorité des cantons ont supprimé les monopoles, ont reconnu le droit au travail, la journée de huit heures et supprimé les impôts sur la consommation (droits d’octroi).» Création de la FAI (Federation Anarquista Ibérica) page 44 «...en 1925, après la mort de Seguí et alors que Pestaña semblait vouloir se rapprocher du dictateur Primo de Rivera, la F.A.I. (Federación Anarquista Ibérica) fut créée pour faire pièce aux velléités «réformistes» du mouvement et préserver la foi originelle. Dès lors, seuls les membres de la F.A.I. furent admis aux postes de responsabilité au sein de la C.N.T. La F.A.I. est un exact reflet de cet étrange phénomène que constitue l’anarcho-syndicalisme espagnol. Destinée à regrouper tous les éléments qui, par-delà la simple affiliation à la C.N.T., sont des anarchistes actifs et convaincus, elle mêle dans ses rangs l’élite du mouvement anarchiste...» 45 «...instauration d’un régime de pouvoir personnel quand survint la catastrophe de 1921. Le roi avait soutenu l’un des généraux en poste au Maroc lors d’une campagne entreprise contrairement aux ordres formels du commandement central. Mais il avait sous-estimé les Maures. Il n’y avait plus, comme en 1909, un ensemble de tribus dissidentes, mais bien des guerriers unis derrière un chef aux extraordinaires vertus de stratège, Abd-el-Krim. Celui-ci prit au dépourvu le général qui, fort de l’appui d’Alphonse XIII, s’était livré à une manœuvre audacieuse mais pour le moins imprudente. Il en résulta une cuisante défaite. En quelques heures, l’armée espagnole perdit l’honneur, dix mille hommes, une énorme quantité de matériel et toutes les conquêtes effectuées en quinze ans de combats.» Abd-el-Krim «...Abdelkrim
proclame, en 1922, la République confédérée des Tribus du Rif. Cette
république a un impact crucial sur l'opinion internationale8, car c'est
la première république issue d'une guerre de décolonisation au
XXe siècle. Il crée un parlement constitué des chefs de tribus qui
élit un gouvernement. Imprégné des idéaux de progrès et de
républicanisme, Abdelkrim promulgue des réformes modernes9. Considérant
par ailleurs le cannabis comme haram, il est « le seul à avoir
presque réussi à interdire [sa] production », traditionnelle dans
le Rif depuis le VIIe siècle.»
Collusion des états coloniaux. page 47 «En
1925, la question du Maroc fut réglée, avec l’aide des Français.
Abd-el-Krim dut capituler...»Conclusion page 261 et suivantes Comparaison du franquisme et du fascisme proche de l'analyse de George Orwell. Le franquisme n’a pas les même bases concernant les acteurs et les ambitions des nazis et des fascistes italiens. Franz Borkenau n'a pas de sympathie pour les anarchistes et leur apparent coté brouillon antinomique avec la rigueur communiste et productiviste. Malgré sa rupture avec les communistes en 1929 il ne comprend pas la vision des anarchistes concernant la révolution et l’organisation de la société. Et en lisant Wikipédia je ne comprends pas son analyse «En août et en septembre 1936, Borkenau visite l'Espagne et observe les effets de la guerre civile espagnole à Madrid, Barcelone et Valence. Au cours de son voyage, sa désillusion envers le communisme est encore plus grande face à l'attitude des agents du NKVD, la police politique soviétique, et à celle du Parti communiste d'Espagne (PCE). En janvier 1937, lors d'une seconde visite en Espagne, Borkenau devient critique sur le comportement des agents soviétiques. Il est dénoncé comme disciple de Léon Trotsky, est arrêté et torturé par des communistes du PCE, avant d'être relâché. Cette expérience lui a inspiré son livre le plus célèbre, Spanish Cockpit. » Ses expériences des totalitarismes auraient dû lui faire reprendre ce livre. A-t-il lu Hommage à la Catalogne d'Orwell ? Voici quelques remarques sur la conclusion du livre : «Ces deux groupes [les carlistes et les falangistes] n’ont cessé de se combattre avec un acharnement qui ne le cède en rien à celui dont font preuve anarchistes et communistes dans le camp adverse.» Pas comparable, les anarchistes n'ont jamais demandé à ce que leurs alliés leur tirent dessus. C'est vraiment la méthode bolchevique qu'ont subie les résistants ukrainiens organisés par Makhno «Si par exemple les bolcheviks sont parvenus à leurs fins, ce n’est pas tant parce que quelques milliers de travailleurs et d’intellectuels ont été séduits par le programme politique bolchevik et l’ont diffusé jusqu’à un certain point dans certaines couches limitées du prolétariat urbain de Russie. Les bolcheviks ont gagné parce que l’effondrement de la nation en guerre a mis au premier rang des urgences la question d’une paix immédiate, paix que les bolcheviks étaient préparés à négocier. De même, en Espagne, la suprématie du prolétariat ne s’est pas inscrite dans les faits parce qu’un nombre restreint d’anarchistes et un nombre encore plus restreint de trotskystes en rêvaient (les communistes avaient déjà cessé de nourrir de tels rêves), mais parce que, lorsque l’armée tout entière a fait rébellion, seuls les travailleurs se trouvaient à même de défendre la grande majorité de la population contre l’armée, l’Église et les gros propriétaires fonciers.» Oubli des nouvelles organisations des campagnes, en Russie étouffées précédemment par l'organisation tsariste, et en Espagne avec les expériences coopératives. «...la période de juillet à novembre a montré que l’effort d’adaptation à la guerre moderne et aux nécessités militaires modernes d’une manière générale a été infime, pour ne pas dire nul, dans le camp gouvernemental. Les anarchistes, en tant que représentants les plus authentiques de la résistance à l’européanisation dans le camp ouvrier, étaient les moins susceptibles de s’adapter. Mais il serait erroné de voir dans les principes fondamentaux de l’anarchisme la raison première de cet état de choses. En réalité, les anarchistes ont voulu s’en tenir strictement à leur idéal d’une milice livrant une guerre de guérilla, d’un gouvernement des travailleurs dans les usines et d’une administration exercée par des comités locaux plus ou moins autonomes.» Raccourci ne justifiant pas de leur faire la guerre. «Les communistes ont bloqué toute activité sociale révolutionnaire et fait prévaloir leur point de vue selon lequel, dans les circonstances présentes, il ne saurait être question de faire la révolution mais uniquement de défendre un gouvernement légalement élu.» C'était l'État qu'ils voulaient, élection ou pas. «Si l’on considère les changements introduits par les communistes pris comme une entité séparée, on trouvera des appréciations très différentes. Il me semble, personnellement, qu’un grand nombre de ces mesures étaient raisonnables et nécessaires. Les officiers russes et les volontaires communistes de tous les pays ont apporté un redressement de la situation militaire. Un redressement qui n’est sans doute pas éclatant, mais suffisant pour sauver la république. Par ailleurs, les communistes ont réclamé et obtenu en partie la transformation de l’ancienne milice en quelque chose qui se rapproche d’une armée moderne, et là encore je crois qu’ils ont eu raison. Les communistes ont demandé la création d’un pouvoir administratif centralisé s’opposant au régime chaotique des comités locaux; c’était sans nul doute un impératif découlant des nécessités de la guerre. Ils ont protesté contre la collectivisation des lopins paysans: c’était faire preuve d’une sagesse un peu tardive, chèrement payée lors du désastre qu’a été la collectivisation agraire en Russie, mais c’était après tout un sage comportement. Ils ont donné un coup d’arrêt à la socialisation effrénée de l’industrie, qui représentait un danger à plus d’un titre.» Aucun rapport la collectivation bolchevique était étatique alors qu’en Espagne elle était locale et autonome, pour ne pas dire libertaire. Ce que ne pouvait pas accepter les communistes. Ceci aurait été un mauvais exemple pour la Russie. «... La révolution française a commencé par confier de larges responsabilités aux autorités locales et départementales, responsabilités qui ont été quasiment réduites à néant, lors de la lutte contre l’ennemi intérieur et extérieur, par la dictature de fer du régime de Robespierre.» Ceci a donné la vision négative du jacobbinisme qui ne portait pas en son sein cette vision étatiste centralisée. «La révolution russe a commencé sous le signe chaotique du pouvoir des soviets et s’est achevée par la dictature de fer d’un parti communiste centralisé.» Chaotique c’est lui qui le dit , ce n’est pas confirmé. «Centralisation et discipline sont des éléments constitutifs de la vie moderne,...» IL n’en a pas vu le résultat néfaste sur l’environnement. «C’est la faiblesse fondamentale des anarchistes que de ne pas avoir compris cela; faiblesse qu’il leur eût fallu surmonter pour se mettre en position de prendre le pouvoir. Mais dans cette hypothèse, ils n’auraient pas été des anarchistes espagnols, c’est-à-dire des représentants spécifiques de la répugnance des masses à accepter le centralisme et la discipline.» Le pouvoir d’individus peut-être mais pas celui d’une organisation profitable à tous. «Le passage du système des comités à la prépondérance des communistes correspond exactement, en ce sens, à la transition qui s’est effectuée sous la révolution française entre la gironde et les jacobins, et à l’époque de la révolution russe entre les soviets et la dictature de parti. En ce sens, la tendance globale de la ligne communiste a été dictée par les nécessités de l’heure et la caractéristique particulière réside en ceci qu’il ne s’est pas présenté en Espagne de force capable de faire entrer dans les faits le changement inéluctable, et que l’étranger a dû fournir non seulement des armes et des cadres militaires, mais aussi une nouvelle politique.» Staline ne voulait pas accepter une révolution sociale et démocratique, qui n'a pas été possible en Russie. «Dans l’Espagne d’aujourd’hui, les communistes allient la centralisation révolutionnaire de Robespierre à la politique thermidorienne de ses successeurs. Ils mettent en place une dictature, mais cette dictature n’est pas au service des classes révolutionnaires. Une telle politique n’aurait pas duré quarante-huit heures si l’Espagne républicaine avait dû s’en remettre pour sa survie à l’enthousiasme populaire. Elle dure et, selon toute vraisemblance, se renforcera, parce que le peuple espagnol n’a pas su rendre efficace la révolution qu’il avait mise en route. Les trotskystes, qui ne cachent pas leur amertume devant ce résultat, devraient commencer par faire leur propre examen de conscience. En répétant mécaniquement un catéchisme à base de marxisme et de révolution russe, ils n’ont pas réussi à créer la moindre ébauche de mouvement de masse. A cet égard, les anarchistes et les socialistes se sont montrés plus heureux. Mais il serait sans doute vain, dans ce cas comme dans bien d’autres, de rejeter tout le blâme sur les dirigeants ou sur tel ou tel groupe organisé. Si, en Espagne, les trotskystes n’avaient pas éte des marxistes dogmatiques d’inspiration étrangère, ils auraient été plus proches des réalités espagnoles. Mais dans ce cas, ils auraient constitué un mouvement authentiquement espagnol, ce qui revient à dire qu’ils ne se seraient pas mieux comportés que les socialistes et les anarchistes, dont l’échec a été si flagrant.» Une partie du POUM ne se voulait pas trotskiste. Là nous trouvons la propagande classique des staliniens. «... en juillet 1936, quand les masses, après avoir gagné la bataille de la rue à Barcelone et à Madrid, ont refusé d’assimiler les rudiments du combat moderne en terrain ouvert. On l’a vu en novembre 1936, quand l’entrée en action des brigades internationales n’a pas suscité le moindre mouvement d’émulation pour rivaliser avec l’étranger du point de vue de l’efficacité. L’Espagnol n’est pas un Européen moderne. L’étranger est plus efficace; il introduit les méthodes nouvelles qui jusqu’ici faisaient cruellement défaut. L’étranger est donc toléré, tout en étant cordialement détesté.» Des clichés non confirmés par les témoignages d'Orwell et de Mika Etchebéhère. «Elle ne deviendra pas davantage la «république démocratique et parlementaire» que les communistes prétendent vouloir instaurer. Si ces derniers parvenaient à leurs fins — écraser la droite, écraser les trotskystes et fusionner avec les socialistes et les républicains » Les communistes sur ordre de Moscou n'en ont pas voulu en Allemagne de 1919 à 1933 alors pourquoi l'auraient-ils voulu en Espagne, sinon par leur opportunisme habituel. Louis Gill : George Orwell, de la guerre civile espagnole à 1984 Liens vers éditeurs, articles ... Chapitre 1 Page 32 : Que Franco reçoit le soutien d’Hitler, de Mussolini et Salazar ça va de soi, mais il reçoit aussi celui des futurs alliés de l'ouest contre l'Axe : «le gouvernement de Front populaire espagnol se voit refuser l’aide de l’Angleterre et surtout de la France dont le gouvernement de Front populaire élu en mai 1936 et dirigé par le socialiste Léon Blum est pourtant l’allié naturel du gouvernement de Front populaire espagnol, et que l’aide de l’URSS, beaucoup plus parcimonieuse, ne commencera à être versée qu’à partir de la fin d’octobre. Prétendant justifier son inaction, le gouvernement Blum prend l’initiative de proposer un « pacte international de non-intervention » auquel souscriront officiellement l’ensemble des pays, mais qui sera dans les faits, pour l’Angleterre et la France, un simple prétexte pour rester à l’écart, alors même que l’Allemagne et l’Italie fournissent à Franco armes et conseillers militaires dès les premiers jours de la guerre civile. On comprend que l’Angleterre et la France ne soient pas disposées à apporter leur aide à des forces qui sont engagées dans un processus de liquidation du régime de la propriété privée et menacent de ce fait leurs propres investissements en Espagne. De ce point de vue, il va de soi qu’une dictature militaire leur offrirait de meilleures garanties et serait un moindre mal. Une victoire des forces révolutionnaires en Espagne constituerait par ailleurs une solide base à partir de laquelle le mouvement risquerait de les atteindre par la sui-te. Nul étonnement donc à ce que, « pour la protection de ses intérêts », l’Angleterre exerce de fortes pressions sur le gouvernement Blum pour qu’il ne cède pas devant les forces qui plaident en son sein en faveur d’une aide militaire à l’Espagne républicaine et menace la France de se rapprocher de l’Italie et de l’Allemagne si elle soutient Madrid [Chauvin et Silberstein, dans Solano (1999) 2002]. Nul étonnement non plus à ce que l’Angleterre s’empresse, dès novembre 1937, de reconnaître dans les faits le gouvernement de Franco installé à Burgos, alors que sa victoire est encore loin d’être assurée. Il n’est en effet un secret pour personne, comme le rappelle, entre autres, Eric Hobsbawm dans L’Âge des extrêmes [2000, 158-159] (plus édité), que le conservateur britannique Winston Churchill, qui allait devenir premier ministre en 1940, cachait mal sa sympathie à l’égard de l’allié de Franco, Mussolini, et de son régime fasciste et que sa volonté de se présenter peu après comme le chef de file de la lutte antifas-ciste n’était motivée que par la menace réelle que représentait pour la Grande-Bretagne la puissance montante de l’Allemagne nazie. Le fascisme italien était à ses yeux « l’antidote nécessaire au poison russe » [cité par Orwell, EAL, II, 387-388]. On sait par ailleurs que les « démocraties » européennes qu’étaient la France et la Grande-Bretagne, voyant en Hitler le fer de lance de la croisade anti-bolchevique, n’ont pas hésité à s’allier à lui et à Mussolini en signant en 1938 le traité de Münich, qui laissait Hitler libre d’annexer la Tchécoslovaquie et lui fournissait le tremplin d’une attaque prochaine contre l’URSS.» 35 «Alors qu’Hitler et Mussolini n’avaient exigé de Franco aucune garantie financière préalable au versement de leur aide militaire, livrée par ailleurs dès le début de la guerre civile, ce n’est qu’après avoir reçu du gouvernement républicain la presque totalité des réserves d’or espagnoles de 510 tonnes métriques, qui sont alors les troisièmes du monde, que l’Union soviétique commence à livrer la sienne. Cette réserve, acheminée à Moscou, devient un « compte courant » dans lequel le gouvernement républicain peut puiser pour acheter ses armes, son pétrole et tout autre produit. L’Espagne n’en reverra jamais la moindre parcelle. Elle paiera par ailleurs un prix politique sans commune mesure avec ce prix économique...» 36 «Auréolée du prestige de la première révolution socialiste victorieuse, l’Union soviétique ne pouvait rester à l’écart de ce puissant mouvement spontané de solidarité ouvrière internationale qui risquait par ailleurs de la déborder. Il lui fallait absolument y intervenir pour en prendre le contrôle et l’orienter dans le sens de sa politique. L’Internationale communiste qu’elle domine entièrement décide à cet effet en septembre 1936 de l’initiative des désormais célèbres brigades internationales» 37 «Les partis communistes des divers pays jouent un rôle de premier plan dans leur recrutement, en particulier le parti communiste français qui organise leur accueil préalable en France et leur passage en Espagne. Ils jouent un rôle tout aussi décisif dans l’inculcation du mot d’ordre au nom duquel on leur explique qu’ils doivent combattre en Espagne, celui de la « lutte antifasciste » pour la défense de « l’Espagne républicaine », et non celui de la lutte pour soutenir la révolution sociale que les ouvriers et les paysans espagnols ont d’ores et déjà entreprise avec conviction et courage.» Je vois dans tout ça naïveté et manipulation de celle-ci. 38 «Une vaste opération de liquidation des transformations révolutionnaires qui couvrent désormais le pays est d’ores et déjà en cours. Et, ce qui peut à première vue sembler paradoxal, elle est menée sous la pression du Parti communiste espagnol et de son aile catalane, le PSUC, courroies de transmission des directives de l’Union soviétique qui en a fait une condition de l’octroi de son aide militaire.» «...le gouvernement de Front populaire ayant quitté Madrid peu avant l’attaque franquiste pour s’installer à Valence de crainte de voir la capitale tomber, c’est à une Junte de défense de Madrid qu’échoit en novembre 1936 la responsabilité d’organiser et de contrôler la défense de la capitale. Constituée de représentants des partis et syndicats engagés dans la défense de la ville (à l’exception du POUM dont le Parti communiste a imposé l’exclusion), la Junte est dans les faits un gouvernement révolutionnaire, assurant l’armement de la population, chapeautant un réseau de comités de ravitaillement, de communications, de quartiers, d’autodéfense, etc. Mais ce ne sera qu’un épisode. Une vaste opération de liquidation des transformations révolutionnaires qui couvrent désormais le pays est d’ores et déjà en cours. Et, ce qui peut à première vue sembler paradoxal, elle est menée sous la pression du Parti communiste espagnol et de son aile catalane, le PSUC, courroies de transmission des directives de l’Union soviétique qui en a fait une condition de l’octroi de son aide militaire.» 43 «L’artisan le plus résolu de cette reconstruction de l’État bourgeois, du réta-blissement de la loi, de l’ordre et de la propriété privée est le Parti communiste dont le rôle désormais déterminant au sein du gouvernement est la conséquence de l’aide soviétique. Il occupe en particulier les postes-clés au sein de la presse, de la police et de l’armée et contrôle les services de censure.» 57 Invention de l’expression la 5ème colonne : « À partir des positions conquises dans les premiers jours du soulèvement militaire, le général Franco avait lancé quatre colonnes de militaires vers Madrid, trois à partir du nord, une à partir du sud. Il disait compter sur une cinquième colonne, constituée de ses partisans clandestins dans la ville restée sous le contrôle des forces républicaines. Par voie de généralisation, l’expression « cinquième colonne » signifie l’ensemble des partisans clandestins qu’une armée compte dans les rangs de l’adversaire. » Ici le POUM qui serait un agent trotskiste et travaillant pour Franco ! 59 Stratégie de la défaite : « « [Mais,] en dernier lieu et à la longue, j’en vins à douter que la politique communiste menât à la victoire […]. Afin d’entraver toute tendance révolutionnaire et de rendre la guerre aussi semblable que possible à une guerre ordinaire, il fallut forcément que les communistes laissent se perdre des occasions stratégiques qui existaient. J’ai décrit notre armement, ou plutôt notre manque d’armement sur le front d’Aragon [...]. Dans les milices du POUM, le manque de fusils était tel que les troupes fraîches étaient toujours obligées, à leur arrivée au front, d’emprunter ceux des unités qu’elles relevaient [...]. Il ne fait guère de doute que les communistes retinrent délibérément les armes de crainte qu’il n’en allât trop aux mains des anarchistes qui, ultérieurement, s’en serviraient pour atteindre un but révolutionnaire ; en conséquence la grande offensive d’Aragon qui eût obligé Franco à se retirer de Bilbao, et peut-être de Madrid, ne fut jamais déclenchée. Ce qui fut beaucoup plus grave, c’est qu’une fois la guerre rétrécie aux limites d’une « guerre pour la démocratie », il devenait impossible de faire aucun appel sur une vaste échelle à l’aide de la classe ouvrière des autres pays [...]. Si, ayant derrière eux l’immense prestige de la Russie soviétique, ils avaient fait appel aux ouvriers de tous les pays, non pas au nom de « l’Espagne démocratique », mais au nom de « l’Espagne révolutionnaire », comment croire qu’ils n’eussent pas été entendus ? [HC, 20 et 257-259] » » 63 Le rôle bizarre des anarchistes qui entraîne un retrait du POUM « le mouvement de masse déclenché par l’intervention du 3 mai a été un mouvement de résistance purement spontané, sans appel des directions ouvrières, une lutte essentiellement défensive sans direction générale ni plan déterminé, animée par la seule volonté populaire de conserver le contrôle de la Telefónica et de désarmer les gardes ci-vils. « Les gens du peuple descendirent dans la rue et leurs leaders politiques suivirent à contrecœur, ou ne suivirent pas du tout. » [HC, 266] Débordés par ce mouvement, les dirigeants de la CNT « désavouèrent dès le début toute l’affaire » et se joignirent à ceux de l’UGT pour inciter au cesser le feu et à la reprise du travail [idem]. ... écrit le militant et historien du POUM, Victor Alba, « si la CNT s’était lancée à la conquête du pouvoir en Catalogne (elle aurait pu le prendre en moins de vingt-quatre heures, si elle l’avait voulu), la situation aurait changé dans le reste de la zone républicaine » [1975, 266]. Quant aux dirigeants du POUM, ils n’ont pas désavoué la résistance, mais « eurent une attitude pleine d’hésitation. Ils n’avaient jamais été pour une insurrection tant que ne se-rait pas gagnée la guerre contre Franco [...]. Tout en lançant des mots d’ordre révolutionnaires sur “le réveil de l’esprit du 19 juillet”, etc., ils firent tout leur possible pour limiter l’action des ouvriers à la défensive [...]. La responsabilité du POUM se borne à avoir engagé tout le monde à rester sur les barricades » [HC, 268]. En somme, les dirigeants du POUM se sont alignés sur la CNT, refusant de prendre le risque de s’en isoler en tentant de la déborder. Ils enjoignaient leurs militants de soutenir la CNT, mais de ne pas tirer à moins qu’on ait tiré sur eux ou que les locaux du POUM ne soient attaqués. Le 7 mai, six mille gardes d’assaut arrivent de Valence, où siège depuis l’automne 1936 le gouvernement central en fuite de Madrid, pour réprimer le soulèvement. Le gouvernement donne l’ordre de rendre toutes les armes, à l’exception de celles qui sont détenues par les forces régulières. Les cinq jours de soulèvement se soldent par 400 morts et 1 000 blessés, mais aussi par l’écrasement définitif de la révolution. Ils serviront de prétexte à la suppression de l’autonomie de la Catalogne qui sera placée sous l’autorité directe du gouvernement central, à la dissolution définitive des milices, au remplacement du gouvernement de Largo Caballero par le gouvernement droitier de Juán Negrín, à la suppression du POUM et à l’élimination physique de nombre de dirigeants révolutionnaires. » Arthur Kœstler : Un testament espagnol Un testament espagnol 1939 : «Aucun des personnages de ce récit n’est imaginaire. Arthur Koestler était correspondant du journal libéral londonien News Chronicle, en Espagne. A la suite de circonstances particulières il a été arrêté et condamné à mort par les nationalistes après la prise de Malaga. Pendant près de quatre mois, il attendit son exécution et vit comment on fusillait ses compagnons de captivité. Ce livre commence donc en reportage mais finit tout autrement. On pourrait l’appeler : " Variations sur la mort " ou plutôt " sur la peur de mourir ".» Page 26 «Cette ville [Malaga] est un cauchemar. Je me couche, rempli de pressentiments pénibles, en essayant de me persuader qu'on ne peut croire à la fois au matérialisme historique et aux pressentiments.» Était-il encore sympathisant communiste avec ce verbiage ? 146 «Il s'était établi depuis quelques années une tradition selon laquelle les dictateurs agissaient et les démocraties protestaient. C'était là une division du travail qui paraissait contenter tout le monde.» «... groupe de journaux américains Hearst, le consortium de presse le plus puissant et le plus réactionnaire du monde.» 256 «... me faire avouer que le News Chronicle était un journal communiste. Cet homme était d'une ignorance surprenante. Il était qu'un journal qui observe une attitude loyale à l'égard de la république espagnole est forcément une feuille communiste.» 259 «Les plus sombres moines eux-même n'ont pas été jusqu'à imaginer le supplice du retour à l'enfer après le purgatoire.» 260 «Cette histoire est sans ascension, ni sommet. On ne rassemblera pas les cadavres sur la scène ; ils reposent disséminés tout le long du chemin.» Une autre édition avec un autre titre : Arthur Koestler Dialogue avec la mort «Échangé contre la femme d'un officier franquiste, Koestler a ramené les notes qu'il avait prises en attendant son exécution : Un testament espagnol, sa plus belle œuvre. « Le survivant est un vivant sans doute, mais il demeure conscient de ce que le soleil peut se coucher à midi, et il reste solidaire de certains morts devant lesquels il doit tous les jours justifier sa survie. Il n'échappe plus au dialogue avec la mort, au thème obsédant de celui-ci le sens de la vie, de l'être et du paraître, de la victoire et de la défaite. »» Les chemins du communisme libertaire en Espagne 1868-1937 https://www.editionsdivergences.com/produit/les-chemins-du-communisme-libertaire-en-espagne-1868-1937/ Un article : https://lundi.am/Les-chemins-du-communisme-libertaire-en-Espagne1868-1937 En pdf : guerre%20espagne/Les%20chemins%20du%20communisme%20libertaire%20en%20Espagne%201868-1937.pdf La suite : https://www.editionsdivergences.com/produit/les-chemins-du-communisme-libertaire-en-espagne-deuxieme-volume/ Gerald Brenan : Le Labyrinthe Espagnol Encore sur le sujet ce livre que je n'ai pas lu. Serait une très bonne analyse de l'Espagne avant la guerre, mais décrit-il cette guerre et ses relations avec les autres pays ? Pris sur le site d'Ivréa : «Il y a environ quatre-vingt-dix ans, Karl Marx faisait remarquer que l’on connaissait fort mal l’histoire de l’Espagne : « Aucun pays, disait-il, n’est aussi mal connu ni aussi mal jugé du reste de l’Europe. » Il en voyait la raison dans le fait que les historiens, « au lieu de savoir apprécier la force et le dynamisme des organismes locaux, ont puisé leur information dans les archives des cours royales ». De nos jours, ce jugement contient encore une très large part de vérité. L’histoire classique de la Péninsule donne une idée fausse de la réalité. A quoi cela est-il dû ? Surtout à ce que l’Espagne étant si différente, sur le plan économique et social, des autres pays d’Europe occidentale, la plupart des mots avec lesquels on écrit l’histoire – féodalisme, autocratie, libéralisme, Église, armée, Parlement, syndicalisme, etc. – y ont un sens bien éloigné de celui qu’ils ont en France ou en Angleterre. Ce n’est qu’en insistant sur ce point, en décrivant un à un tous les rouages de l’appareil politique et économique, en élucidant les problèmes régionaux et en montrant de quelle façon les différents particularismes influent les uns sur les autres, que l’on parviendra à donner une idée exacte de la situation. (…)» https://www.editions-ivrea.fr/fr/2-catalogue.html?s=Gerald%20BRENAN GUERRE DE CLASSE EN ESPAGNE DOUZE ARTICLES DE CAMILLE BERNERI POUR « GUERRA DE CLASSE », Barcelone, 1936-1937 https://calucha.lautre.net/images/pdf/guerre%20de%20classe%20en%20espagne.pdf En pdf sur unprolospecule Douze articles de Camille Bernerie «Cette brochure contient douze articles que Camillo Berneri écrivit pour le journal « Guerra de classe », en plein cœur de la révolution espagnole, avant d’être assassiné par les staliniens durant les journées sanglantes de Barcelone, le 5 mai 1937. Ces textes sont une base essentielle pour qui veut saisir les problématiques et les urgences auxquelles furent confrontées les révolutionnaires en Espagne. Il faut les considérer pour ce qu’ils sont des textes individuels écrits dans la tourmente, et non des positions réfléchies a posteriori, néanmoins, la clairvoyance de Berneri ne cesse de surprendre.» Brigade Abraham Lincoln - Bataille du Jarama «La Brigade Abraham Lincoln ou XVe Brigade internationale, a été constituée par des volontaires des États-Unis qui ont servi dans la guerre civile espagnole dans les Brigades internationales. Ils ont combattu du côté de la République espagnole contre Franco et les nationalistes. Le terme de "brigade" est un terme mal approprié. Dans la guerre civile espagnole, une brigade était en effet composée de quatre à six bataillons. La plupart des volontaires américains rejoint deux bataillons (le "Lincoln Battalion" et le "Washington Battalion") de la XVème brigade internationale. La XVe brigade internationale était composée de six bataillons. Elle comprenait des volontaires de différentes nations complétés de combattants espagnols. Avec le temps le terme d'"Abraham Lincoln Brigade" a servi pour nommer toute unité comportant les 2 800 volontaires américains qui participèrent à la guerre civile espagnole. Des volontaires des États-Unis ont également servi avec le bataillon canadien "bataillon Mackenzie-Papineau"; le "régiment de Train" et le "John Brown Anti-Aircraft Battery". En outre, cent vingt-cinq hommes et femmes ont également servi en tant qu'infirmières, médecins, techniciens, et conducteurs d'ambulance dans un hôpital fondé et géré par l'"American Medical Bureau to Save Spanish Democracy La brigade Abraham Lincoln était formée de volontaires de tous les secteurs, de toutes les régions du pays, dont un tiers de Juifs qui y voyaient une occasion de combattre enfin les Nazis et les fascistes. Elle réunit jusqu'à 5 000 Américains. Elle comprenait des marins, des étudiants, des chômeurs, des mineurs, des ouvriers de la fourrure, des bûcherons, des professeurs, des vendeurs, des athlètes, des danseurs, et des artistes. Au moins 60 pour cent étaient des membres de la Young Communist League ou du Parti communiste des États-Unis. Les « Wobblies » (membres de l'Industrial Workers of the World ou IWW), des socialistes, des anarchistes et d'autres sans affiliation précise ont complété les effectifs. Les socialistes ont constitué leur propre formation, la Eugene Debs Column. Cette unité a sûrement été la première formation militaire « américaine » inter-raciale à être commandée par un afro-américain, Oliver Law. Oliver Law, né le au Texas et mort le en Espagne est un syndicaliste et communiste afro-américain. Il combat pendant la guerre civile espagnole du côté des Républicains. Il est engagé dans les Brigades internationales au sein de la brigade Abraham Lincoln,
dont il prend le commandement pendant quatre jours. Oliver Law est le
premier Américain noir à avoir commandé des blancs au combat1. Il est tué au cours d'un assaut.
Les volontaires irlandais ont formé la Connolly column,
sous le commandement de Frank Ryan, au sein du bataillon Abraham
Lincoln. Cette colonne a rejoint une brigade américaine plutôt que le
bataillon britannique pour des raisons nationalistes. Les volontaires américains ont commencé à arriver en Espagne en 1936. Basée dans la ville de Figueras, près de la frontière française, la brigade a été organisée en 1937 et entrainée par Robert Hale Merriman. La Brigade Abraham Lincoln a souffert de son peu d'entraînement et de dirigeants peu compétents, choisis pour des raisons politiques. Son meilleur commandant a été Steve Nelson, qui en a pris trop tard la direction mais a su en faire une unité de combat véritablement efficace. Au début 1937, ses effectifs ont augmenté passant de 96 à environ 450 brigadistes. En février 1937 les puissances européennes ont interdit la venue de nouveaux volontaires. Les volontaires américains des Brigades Internationales ont participé à plusieurs batailles en Espagne. Ils ont, avec succès et au prix de très nombreuses pertes, défendu la route entre Valence et Madrid dans la vallée du Jarama de février 1937 à juin 1937. Ils ont également combattu lors des batailles de Brunete, Saragosse, Belchite, Teruel et du fleuve Ebro. La bataille du Jarama est une des batailles de la guerre d'Espagne et s'est déroulée entre le 6 et le , dans le contexte du siège de Madrid. L'offensive fut lancée par le camp franquiste,
qui essayait de couper les routes principales de communication entre
Madrid et l'est du pays (routes de Valence et de Barcelone) afin de
compléter son siège.
La Brigade Abraham Lincoln a été soutenue par les milieux libéraux et
socialistes aux États-Unis. Des activités de collecte de fonds ont
permis d'assurer les apports financiers nécessaires. Le courage des
brigadistes et les pertes humaines subies ont fait la réputation de ces
Américains s'opposant à la montée du fascisme. Paul Robeson en était un
grand défenseur. Il est allé, en Espagne, rendre visite aux volontaires
de la Brigade Abraham Lincoln.
Les nationalistes jetèrent dans la bataille leur meilleures unités, comme les légionnaires et les regulares marocains, qui traversèrent le fleuve Jarama à la hauteur de la ville d'Arganda del Rey : la bataille reçut d'ailleurs son nom à partir de ces premières opérations, qui avaient débuté par la conquête en quatre jours de la zone du Jarama. Mais elles furent arrêtées par les forces républicaines sous le commandement du général José Miaja. La victoire républicaine permit de repousser les nationalistes des environs immédiats de Madrid, et la ligne du front, après sa stabilisation, devint une ligne de tranchées jusqu'à la fin de la guerre. Progressivement, les forces nationalistes, soutenues par l'Allemagne nazie de Hitler et par l'Italie fasciste de Mussolini, ont pris l'ascendant militaire sur la République espagnole. Les Brigades Internationales ont été retirées du combat par le premier ministre espagnol Juan Negrín à l'automne 1938. La majeure partie des survivants de la Brigade Abraham Lincoln ont été rapidement rapatriés. Ils ont été accueillis aux États-Unis comme des héros par les radicaux, mais mal vus par la plupart des Américains. À la fin du conflit, on déplorait la perte de plus de 750 hommes. Après la guerre Pendant et après la guerre civile espagnole, les membres des Brigades Internationales ont été considérés aux États-Unis comme des héros de la cause anti-fasciste mais aussi comme des défenseurs de l'URSS. Lors du Pacte germano-soviétique, les vétérans communistes de la Brigade Abraham Lincoln ont, avec l'American Peace Mobilization (en), protesté contre l'appui apporté par les États-Unis à la Grande-Bretagne contre l'Allemagne nazie. [1] [archive]. Après l'entrée en guerre des États-Unis et de l'Union soviétique, des vétérans se sont enrôlés dans les forces armées ou ont servi dans la marine marchande. Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, lors de la deuxième peur rouge, le gouvernement des États-Unis a considéré les anciens brigadistes comme des suspects. J. Edgar Hoover, alors directeur du FBI, avait persuadé le Président Roosevelt que les anciens brigadistes ("antifascistes prématurés") combattant dans les forces des États-Unis lors de la Seconde Guerre mondiale devaient être confinés dans les bases militaires et ne devaient pas être officiers ni recevoir de distinctions. Beaucoup ont protesté avec succès et ont pu participer aux opérations. Ainsi, l'Office of Strategic Services (le service de renseignement ancêtre de la C.I.A) a intégré d'anciens volontaires qui ont pu mettre à profit leurs liens avec les partisans européens, forgés en Espagne. Dans les années 1950, la plupart des vétérans, communistes ou non, ont subi des pressions dans leur travail, certains ont été licenciés du fait de leur passé de brigadiste. Dans les années 1950 et 60, la majorité des volontaires a quitté le Parti communiste en continuant de militer à gauche. Aujourd'hui, deux mémoriaux sont consacrés aux vétérans de la Brigade Abraham Lincoln aux États-Unis. Le premier est situé sur le campus de l'Université de Washington à Seattle. L'autre est situé dans le parc James Madison à Madison, Wisconsin.» Battle of Jarama Valley Version Woody Guthrie de l'hymne de la brigade internationale - paroles du volontaire de Glasgow Alex McDade (tué au combat à la bataille de Brunete, juillet 1937), sur l'air de la vallée de la rivière Rouge. https://www.youtube.com/watch?v=RTl3a2eZrvs Traduction par Translatgoogle Il y a une vallée en Espagne appelée Jarama,
C'est un endroit que nous connaissons tous si bien, C'est là qu'on a donné de notre bravoure Et tant de nos braves camarades sont tombés. Nous sommes fiers du Bataillon Lincoln Et le combat pour Madrid qu'il a fait Là nous nous sommes battus comme de vrais fils du peuple Dans le cadre de la Quinzième Brigrade Maintenant nous sommes loin de cette vallée de Chagrin Mais c'est un souvenir que nous n'oublierons jamais Alors avant de conclure cette réunion Tenons-nous à nos morts glorieux. Il y a une vallée en Espagne appelée Jarama, C'est un endroit que nous connaissons tous si bien, C'est là qu'on a donné de notre bravoure Et tant de nos braves camarades sont tombés. Haut de page Page en amont Des visites régulières de ces pages mais peu de commentaires. Y avez-vous trouvé ou proposez-vous de l'information, des idées de lectures, de recherches ... ? Y avez-vous trouvé des erreurs historiques, des fautes d'orthographes, d'accords ... ? Ce site n'est pas un blog, vous ne pouvez pas laisser de commentaires alors envoyez un mail par cette adresse Contacts Au plaisir de vous lire. |