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La Commune de Paris de 1871 2021 - 150ème anniversaire - Nombreuses éditions - Lesquels choisir ? D'abord je souligne le courage pour la commémoration au Pakistan de la Commune de Paris. Il en faut dans ce pays, où le dialogue se pratique à la bombe, pour commémorer un moment de revendication sociale, de laïcité, d'émancipation. http://cnt-ait.info/2021/04/16/commune-karachi... پاک اور ہند کی تاریخ میں پہلی دفعہ پریس کمیون کی سالگرہ منائی جارہی ہے جس میں تمام ترقی پسند دوستوں سے شرکت کی درخواست ہے Pour la première fois dans l’histoire du Pakistan et de l’Inde cet anniversaire est célébré auquel tous les amis progressistes sont invités à participer. «Célébration des 150 ans de la Commune de Paris : au Pakistan ; en Esperanto La Commune de Paris, dont nous célébrons les 150 ans cette année, est une référence de l’Histoire universelle de l’Humanité, qui continue d’inspirer les Révolutionnaires de tous les pays et dans toutes les langues ! Ainsi, le 11 avril dernier à Karachi (capitale économique du Pakistan), alors que les islamistes appelaient à massacrer les mécréants athées français, la mémoire de la Commune de Paris était célébrée publiquement pour la première fois dans ce pays par nos compagnons anarchosyndicalistes du Workers Solidarity Initiative (WSI – AIT) , avec un rassemblement devant le Club de la presse de Karachi. Après un rappel de la Commune et de ses avancées, dont la séparation de la religion et de l’Etat, un gateau de l’amitié a été partagé entre les présents qui ont ensuite chanté en choeurs de chants révolutionnaires inspirés de la Commune. La Commune s’est illustrée par son internationalisme en action, qu’elle exprimait en souhaitant l’établissement de la « République Universelle ». En cette fin de XIX siècle, l’universalisme est une idée en vogue parmi les progressistes et les révolutionnaires. En 1887 est inventée l’Esperanto, langue universelle, crée afin de rapprocher les peuples. Depuis la langue universelle continue son chemin, connaissant une nouvelle jeunesse grâce aux réseaux sociaux. Le site anarchiste espérantiste informa bulteno a mis en ligne quelques textes en esperanto autour de la Commune de Paris : LA PARIZA KOMUNUMO (kropotkine) https://informabulteno.wordpress.com/…/la-pariza-komunumo/ Deklaracio de la Internacia Asocio de Laboristoj [AIT / IWA] pri la balotado de la Komunumo. 24-03-1871. Afiŝo https://informabulteno.wordpress.com/…/la-pariza-komunumo/ 24-03-1871. Afiŝo https://informabulteno.wordpress.com/…/04/16/ila-komunumo/ Virino de la Pariza Komunumo (A.I. Molok, tradukis Ninelina) https://informabulteno.wordpress.com/…/16/virino-komunumo/» La Commune gravée en BD par Raphaël Meyssan Paris, bivouac des révolutions La commune de 1871 de Robert Tombs Dictionnaire de La Commune de Bernard Noël Victorine Brocher "Souvenirs d'une morte vivante" Louise Michel par Claire Auzias Roman "Jetés aux ténèbres" de Sandrine Berthet Nietzsche et la Commune Sinon j'ai trouvé ce livre chez un bouquiniste. J'apprends par Wikipédia que Pierre
Dominique dont le nom est Lucchini fut radical-socialiste avant guerre.
Ensuite il fut directeur de l'Office français d'information de Vichy,
de 1941 à 1943. Il en a été décoré de l'ordre de la Francisque. Pour
finir il collabora aux journaux d'extrême droite Crapouillot et
Rivarol. Coup de chance je ne l'ai payé qu'un euro. Louise Michel par Claire Auzias D'abord deux citations tirées de Louise Michel de Claire Auzias quo-édité par le Monde Libertaire et Alternative libertaire. Que l'on ne trouve plus sur leurs sites bien que le Monde Libertaire édite d'autres titres dans la même collection "Graine d'ananar". «Si un pouvoir quelconque pouvait faire quelque chose c’eût été la Commune, composée d'hommes d'intelligence, de courage, d'une incroyable honnêteté, qui tous, de la veille ou de longtemps, avaient donné d'incontestables preuves de dévouement et d'énergie. Le pouvoir incontestablement les annihila, ne leur laissant plus d'implacable volonté que pour le sacrifice ; ils surent mourir héroïquement. C'est que le pouvoir est maudit et c’est pour cela que ]e suis anarchiste.» Et tirée d'une lettre adressée à Théophile Ferré, ce dernier assassiné par les versaillais. «J'ai aimé et servi la Commune de tout mon cœur depuis le premier jour jusqu'au dernier parce qu'elle voulait le bonheur du peuple.» Dictionnaire de La Commune de Bernard Noël https://www.amourier.fr/ Dans Le matricule des anges N°224 juin 2021 - Un entretien avec Alain Veinstein de l'Armourier https://lmda.net/2021-06-mat22418?debut_articles=%4011702
Une recension à https://macommunedeparis.com/« La Commune est un moment extraordinaire ; à l’inventivité politique des communards a répondu une répression militaire et mémorielle très efficace puisque c’est un des événements les moins connus de l’histoire de France. L’anniversaire de ses 150 ans n’a pas été l’occasion d’un rééquilibrage ; des voix se sont élevées pour contester qu’il y ait à commémorer, et les tartuffes qui ont organisé des hommages aux communards se sont trompés. La mairie de Paris, par exemple, qui la même semaine aura organisé un hommage à Louise Michel ET la répression, sans discussion, d’une manifestation d’éboueurs – hommes et femmes pourtant mis à rude épreuve depuis le confinement de mars 2020. La fidélité aux insurgés de 1871 supposait pourtant qu’on respecte la détresse de nos contemporains… Trois choses ne sont pas pardonnées aux communards. 1) Avoir déshabillé le personnel politique de l’époque – en ne voulant pas rendre les canons, les Parisiens disaient à quel point ils soupçonnaient les élus d’être capables de s’entendre avec l’armée prussienne. 2) Avoir prouvé que l’homme n’est pas un loup pour l’homme en faisant voter des mesures démocratiques, égalitaristes et féministes (avant l’heure). 3) Avoir été capables de s’insurger et de se sacrifier pour ces grandes idées, avoir fait couler le sang pour qu’advienne une société plus juste – ce qui revenait à reprendre le flambeau de la Révolution française. La répression fut spectaculaire (les historiens parlent de 8000 morts pour la seule Semaine sanglante), mais il fallut encore l’assortir d’une condamnation morale des crimes de la Commune. Inutile d’entrer dans une bataille des chiffres, elle est toujours perdue ; pour peu que les opprimés aient exécuté un seul représentant de l’ordre en place il se trouvera toujours des gens pour justifier que mille insurgés soient fusillés. ... » - Et une observation dans l'article "La femme s'offre à la Commune par Dominique Sigaud « C'est Prosper-Olivier Lissagaray qui l'écrit dans son Histoire de la Commune de 1871 rédigée peu après les femmes « s'offrent à la Commune », se donnent. Si. Éternel cliché d'un récit masculin du monde ; la femme s'offre, la femme est offerte. L'homme, lui, fait ou instaure la Commune. D'ailleurs la Commune à son tour donnera peu aux femmes et sa postérité encore moins. Quand elle sera achevée dans le sang, les femmes en seront effacées à l'exception d'une ou deux figures. La femme ne participe pas à des luttes politiques en tant que sujet pensant, elle est dans un geste sublime de don de soi si féminin. Même Bernard Noël le magnifique s'y met dans son Dictionnaire de la Commune, « Il y a eu une large adhésion des femmes de Paris à la Commune. Peut-être parce que beaucoup de femmes n'avaient rien à conserver ; peut être parce que la révolution semblait ouvrir un temps où la pratique (c'est lui qui souligne) allait seule compter » Ah. Soit c'est parce qu'elles n'avaient rien à perdre. Soit c'est à raison de leur fonctionnalité typiquement féminine dédiée à la pratique. Pas à raison d'un désir, d'une pensée. Récit masculin du monde. » «Pierre Eugène Aab a été élu, le 10 avril 1871, capitaine de la Garde nationale. Il avait trente-six ans. Il a été fait prisonnier par les Versaillais le lundi de la Semaine sanglante, 22 mai 1871. Il a été l’un des sept mille quatre cent quatre-vingt-seize communards condamnés à la déportation (en Nouvelle-Calédonie) simple (déporté mais pas bagnard). Un anonyme. Sauf que Bernard Noël a choisi d’écrire un article sur lui dans son Dictionnaire. Qui, forcément, commence par cet anonyme. Le seul ordre que je respecte vraiment, c’est l’ordre alphabétique. Il est, utilisé ainsi, infiniment respectable. J’ai lu le Dictionnaire de Bernard Noël assez tardivement. J’ai commencé par Pierre Eugène Aab… et je n’ai plus lâché le livre, que j’ai lu de A à Z, comme un roman. Comme un roman? Ah mais! C’est que l’auteur est un écrivain! Je me souviens d’avoir écrit d’un livre, dans ma vie de mathématicienne, que c’était le livre de calcul différentiel que j’aurais aimé écrire. Eh bien, voilà le livre sur la Commune que j’aurais aimé écrire. J’en écrirai un autre. Ce n’est pas l’histoire par vomissures. Ce n’est pas la grande geste. Ce n’est même pas l’histoire apaisée. C’est une histoire humanisée. En la lisant, je retrouve mes émotions à dévider, dans les lecteurs de microfilms au fin fond du « rez-de-jardin » de la Bibliothèque nationale de France, les suites « Journaux de la Commune », « Journaux éphémères du dix-neuvième siècle »… Bernard Noël a lu tout ce que lisent les historiens — et même les journaux, tous les journaux. Bernard Noël parle des hommes — et même des femmes. Bernard Noël écrit comme un écrivain — et même par ordre alphabétique. Le Dictionnaire de Bernard Noël est même toujours disponible en librairie. Livres cités Noël (Bernard), Dictionnaire de la Commune, Flammarion (1978). Rouvière (François), Petit guide de calcul différentiel, Cassini (2003).» Paris, bivouac des révolutions La commune de 1871 de Robert Tombs http://editionslibertalia.com/catalogue/ceux-d-en-bas/robert-tombs-paris-bivouac-des-revolutions Un interview : https://next.liberation.fr/livres/2014/04/09/les-communards-ont-suivi-par-devoir-par-camaraderie_994421 En pdf sur ce site Interview «Les communards ont suivi par devoir, par camaraderie» Un article https://journals.openedition.org/chrhc/4743 En pdf sur ce site Claudette Toulmonde 4ème de couverture : «« Quelle journée ! Ce soleil tiède et clair qui dore la gueule des canons, cette odeur de bouquets, le frisson des drapeaux, le murmure de cette révolution qui passe, tranquille et belle comme une rivière bleue… Ô grand Paris ! Patrie de l’honneur, cité du salut, bivouac de la Révolution ! Quoi qu’il arrive, dussions-nous être à nouveau vaincus et mourir demain, notre génération est consolée. Nous sommes payés de vingt ans de défaites et d’angoisses. » (Jules VALLES). De mars à mai 1871, tous les horizons révolutionnaires du XIXe siècle se conjuguent intensément à Paris, ville libre en guerre contre Versailles. La Commune est une révolution unique et utopique, complexe et balbutiante, dans une cité elle-même sans égale, qui a subi les travaux d’Haussmann puis le siège prussien.L’histoire de la Commune est restée longtemps un défi et des générations d’historiens échouèrent à déchiffrer l’énigme de cette révolution dans laquelle Marx voyait un « sphinx qui met l’entendement à rude épreuve ».Nullement intimidé, l’historien britannique Robert Tombs interpelle le sphinx communard pour écrire l’histoire la plus complète de cette insurrection souveraine.Interrogeant des évidences qui cessent d’être si évidentes, écoutant ce que les communards nous disent, s’interposant avec une élégante distance critique entre les faits et leurs interprétations successives, il livre ici une magistrale leçon d’histoire, claire, érudite et stimulante. Robert Tombs (né en 1949) est l’un des principaux historiens anglo-saxons de la France du XIXe siècle. Il enseigne au Saint-John’s College (Cambridge). Avec Jacques Rougerie, il est considéré comme l’un des deux éminents spécialistes de la Commune de Paris. Il est l’auteur de La Guerre contre Paris, 1871 (Aubier, 1998) et La France et le Royaume-Uni, des ennemis intimes (avec Isabelle Tombs, Armand Colin, 2012).» En lisant ce livre j'en déduis que l’occasion, pour des réacs assoiffés de richesse, était trop belle de détruire les porteurs de l'esprit coopératif et libertaire acquis par leur lecture et leurs expérience de l'action revendicative ; d'assassiner les derniers révolutionnaires de 1848. Présentation de cette édition : page 8 «... n'étant guère encombré par les enjeux mémoriels sur la Commune, Robert Tombs peut déployer avec aisance ce qui constitue le sel de la recherche historique : le pas de côté. Il avait déjà mis en œuvre ce stimulant décentrement du regard lors de sa thèse, qui explorait l'autre côté de la barricade, la Commune vue depuis l'armée de Versailles ...» Thèse publiée en 1997 par les éditions Aubier en 1997 https://editions.flammarion.com/Catalogue/collection-historique-aubier/la-guerre-contre-paris-1871 page 19 En dépit des appels persistant de la Commune de Paris pour un soutien armé ou politique de la province Paris et Versailles furent abandonnés à leur duel. Les villes de province n'avaient pas les forces armées que Paris avait organisées contre le siège Allemand. Les républicains se méfiaient de l'extrémisme parisien et se trouvaient déchirés entre le soutien à une révolution populaire et l'obéissance à un gouvernement élu. La police de Versailles entravait les émissaires de la Commune. L'armé prussienne se maintenait aux portes nord et est de Paris tout en restant neutre mais refoulant les parisiens qui souhaitaient sortir de la capitale. 20 Quelqu'un faisait exception à l'attitude détachée à cette querelle très française. C'est Karl Marx de Londres qui envoyait des conseils à ses contacts à Paris pour cet évènement d'importance historique. 22 Paris eut à faire face immédiatement à une guerre civile d'une intensité croissante pendant la Commune. Dans l'espace entre Paris et Versailles il y eu des accrochages le 2 avril qui inaugurèrent un second siège de sept semaines. 23 la Commune encouragea la production d'armements et d'équipements par les coopératives ouvrières. Cela fut apprécié par certains à l'époque et plus tard comme une expérience sociale d'une grande signification. Le blocus ne fut jamais total. La nourriture restait disponible mais à des prix un peu plus élevé. Les parisiens ne furent pas réduits à manger des rats comme pendant le siège allemand. 25 «Aussi populaire et acceptée que fut la Commune ... il y avait moins d'hommes pour servir comme fédérés qu'il n'y en avait eus contre les allemands.» 29 «La vie sous la Commune fut souvent dépeinte aussi bien comme une fête que comme un chaos ...» 31 « Au lieu d'être une révolution municipale plutôt timide, incompétente et verbeuse, elle devint une épopée de l'héroïsme et du sacrifice du peuple.» En 1897 dans La Revue Blanche «Un critique bienveillant l'exprima ... : «La Commune qui eût sombré dans le ridicule prit une hauteur tragique.»» 35 «Le nom de Commune entre en écho avec celui du gouvernement révolutionnaire de la ville de Paris en 1792, de même que celui de fédérés (donné communément aux gardes nationaux communards) rappelle celui de leurs prédécesseurs de la Révolution française.» 36 Primauté de Paris entre autre par la centralisation de l'administration mise en œuvre par la 1ère république et par Napoléon 1er. 37 Depuis «1789 cette cité avait acquis un ascendant sans équivalent ... qui affichait son droit à décider en temps de crise du destin politique de la nation». 28 Répartition de la population parisienne : 2/3 tiers travaillaient dans l'industrie et le commerce. En 1860 : 45 000 ouvriers(ères), 120 000 employés de bureau, 140 000 patrons surtout artisan et boutiquiers, 100 000 domestiques. 1/5ème des travailleurs concentrés sur Paris ; le plus grands centre industriel spécialisé dans l’artisanat hautement qualifié ; le site du bâtiment le plus important ; le plus grand centre commercial. 37-38 Les fluctuations économiques entrainaient faillites, chômage, pauvreté et mécontentements importants. Une proportion importante de ces artisans et salariés savaient lire et écrire ; conscient politiquement, organisés et déterminés à défendre leurs corporation et leurs droits politiques. probablement la plus grandes concentration d'activités politiques existant dans le monde. 38 Pour les contemporains les gens ordinaires étaient la force révolutionnaire active. «Bien que d'autres groupes aient essayé de s'engager, en général en voulant être des dirigeants notamment des politiciens, des journalistes, des intellectuels et même des étudiants , la grande majorité de ceux qui se battaient, qui furent blessés ou tués, qui recevaient des médailles en cas de succès ou étaient poursuivis en cas d'échec, étaient des travailleurs qualités avant dans les 20 ou 30 ans, y compris les employés de bureau, les artisans indépendants ou les boutiquiers. … vrai en 1871 comme en 1848 ou en 1830.» Pour les sympathisants des combattants pour la liberté, vertueux et patriotes, pour les conservateurs des dangereux oisifs, alcooliques et criminels. Je rajoute convaincu que tout ça est vrai mais pas plus alcooliques que les bourgeois. Pour des marxistes un embryon de prolétariat, pour certains des pauvres au chômage et avec le déclin de l'artisanat traditionnel des conditions difficiles de vie emmenant une conscience de groupe délaissé et solidaire. Et les femmes y auraient revendiquées un rôle nouveau. 39 (Robert Tombs pose la question si les même conditions étaient et sont réunies pourquoi les grandes cités de fait ouvertes aux idées n'ont pas été et ne sont pas aussi rebelles ?) 40 Pour certains les artisanats continuaient à prospérer et l'industrialisation mécanique créaient des postes qualifiés et biens payés. 41 «...nombre de ces travailleurs, allié à l'esprit de corps étayé par de fortes traditions familiales et corporatives, renforçait la défense de leur position, leur indépendance économique et leur contrôle collectif sur leur métier. Cela se traduisait ... par des revendications politiques de crédit à bon marché ou d'autres formes d'aide aux artisans indépendants et de façon alternative cela inspirait le concept d'association socialiste, non autoritaire et décentralisée, c'est-à-dire des coopératives de producteurs indépendants, gérées par les travailleurs eux-mêmes et protégées par l’État. Cette conception qui était la plus influente avait été exposée par Pierre-Joseph Proudhon dans les années 1840 et 1850 et son audience resta forte après sa mort en 1865. Brièvement, pendant la 2e République de 1848, une tentative avait été faite pour introduire un tel système.» 43 «... les griefs économiques ne suffisent pas à eux seuls à expliquer ces révoltes populaires. Ces événements n'ont jamais été de simples émeutes de la faim. Les participants n'étaient pas parmi les gens les plus pauvres et les plus affamés. Leurs griefs économiques devaient être considérés comme ayant des causes politiques ... A chaque fois qu'une révolte massive se produisait, comme à Paris en 1830 et 1848 ou à Lyon en 1834, ce fut toujours contre des gouvernants perçus comme indifférents à l'égard du bien-être des gens ordinaires et en réponse à des actions gouvernementales considérées comme injustes et oppressives.» 45 «Les barricades ont été le cadre de conflits sérieux, comme cela s'est produit en 1827, 1830, 1832, 1834, 1839, 1848, 1849, 1851 - et bien sûr en 1871.» 47 « Depuis 1 848, il y avait un fossé flagrant entre un Paris penchant fortement vers l'extrême gauche et une France rurale des petites villes en majorité conservatrice. » « Peut-on dire que les années 1848-1851, lorsque la majorité silencieuse des provinces a défait la gauche parisienne, marquent la fin réelle de l'ère de la capitale des révolutions ? Les rebelles parisiens avaient réussi à renverser des monarchies impopulaires et antidémocratiques en 1792, 1830 et 1848; mais ils n'avaient pas réussi à résister en juin 1848 et décembre 1851 à des gouvernements élus démocratiquement. » 57 «La majorité des communards - jusqu'à 70% de l'ensemble - étaient des immigrants ... ils apportaient avec eux leurs traditions politiques ...» 58 « ...ce fut à Belleville et à La Villette que les grandes réunions politiques turbulentes allaient devenir une particularité de la politique populaire dans les années 1868 - 1869, et où des émeutes sérieuses accompagneront les élections de 1869 et 1870. » 59 « Comment pouvons-nous articuler l'haussmannisation avec l'histoire de la Commune? La réponse n'est pas évidente. Nous pourrions conclure qu'elle a échoué dans son principal objectif de rendre Paris « gouvernable » puisque la Commune a eu lieu. Ou bien nous pourrions conclure qu'au contraire, Haussmann a réussi en rendant plus difficile à une révolte d'éclater ou de vaincre, puisque la Commune a été défaite. » 64-65 « Gaillard met en garde de ne pas oublier que la Commune fait partie d'une longue histoire, et de ne pas confondre « l'explication d'un phénomène révolutionnaire avec l'explication d'un phénomène urbain' ». Si on s'accorde avec elle pour considérer la Commune comme faisant partie d'une longue série de révoltes parisiennes, alors les effets de l'haussmannisation ne peuvent pas être, a l'évidence, d'une importance décisive. Le second élément concerne les événements cruciaux qui sont sans liens avec le « phénomène urbain » des années Haussmann : la guerre contre l'Allemagne, le siège de Paris et la tension politique chronique entre le Paris républicain (et quelques autres villes) et les provinces en grande partie conservatrices qui prirent le dessus immédiatement après la fin de la guerre. Ces événements donnaient à la Commune des dimensions allant bien au-delà des préoccupations purement urbaines. » 65 « La campagne de Louis-Napoléon Bonaparte pour la présidence de la République en 1848 avait obtenu un fort soutien du Paris ouvrier. Cependant, à partir du coup d'État de décembre 1851, les résultats des scrutins ont montré que Paris était devenu [e centre principal de l'opposition. » 65-66 « Quelques-unes des initiatives bonapartistes les plus caractéristiques l'expansion économique, le libre échange, l'urbanisme et la guerre suscitaient aussi bien une opposition qu'un soutien. Si la reconstruction de Paris créait des emplois et des profits, elle augmentait aussi les loyers, les taxes et le prix des denrées alimentaires. Si les guerres victorieuses rassemblaient des foules poussant des hourras, elles mécontentaient les contribuables, les conscrits et leurs familles. Les réformes pour renforcer l'armée en élargissant la conscription après la victoire de la Prusse sur l'Autriche en 1 866 étaient profondément impopulaires et provoquèrent des émeutes à Paris. Si le libre-échange faisait baisser les prix à la consommation, il était aussi accusé de provoquer des faillites, des pertes d'emploi, des baisses de salaire et des grèves; et tout particulièrement lorsque l'économie mondiale commença à ralentir en 1 867 après presque deux décennies d'expansion. » 66 « Toutefois, l'Empire n'était pas toujours uniformément impopulaire parmi les travailleurs dans leur ensemble, même parmi ceux de la capitale. La guerre de 1859 pour libérer l’Italie de la domination autrichienne avait rassemblé des foules dans les quartiers ouvriers de Paris acclamant l'empereur en partance pour le front une parade « réellement répugnante » selon Gustave » Lefrançais, un futur membre de la Commune : « Ainsi, tout est oubliée L'étranglement de la République, les déportations, les massacres. . . partout, tout est réglé ! Vive l'empereur l' » Napoléon accompagna cela d'importantes concessions aux travailleurs. » 67 «L'empereur légalisa les grèves en 1864, une mesure accueillie avec stupeur par la magistrature et avec colère par le patronat.» 69 «...fléchissement de l'économie en 1867 et 1868 ... Dans une proportion notable, les communards étaient des petits maîtres qui, à ce moment-là, firent faillite.» 76 « ...les principaux politiciens d'opposition avaient été également opposés à la révolution en juillet 1830 et en février 1848, ce qui ne l'avait pas empêchée de se produire. Mais il est certain que, aussi longtemps que les républicains modérés maintenaient leur popularité et leur influence, ils étaient un obstacle sur le chemin des révolutionnaires. » 81 Après l'assassinat de Victor Noir les blanquistes pensaient provoquer une révolution. Ils s'attaquèrent dans le quartier ouvrier de La Villette à une caserne de pompiers où il y avaient des armes. « Mais, selon les propres mots des blanquistes, « dans ce quartier révolutionnaire l'action n'avait attiré aucune recrues ». Au contraire, les spectateurs étaient furieux à l'égard de ce qu'ils considéraient comme une attaque traîtresse et antipatriotique. Il ne pouvait pas y avoir de preuves plus évidentes que Paris n'était pas prêt à basculer dans la révolution en août 1 870. Cependant, ironiquement, une révolution non sanglante devait se produire trois semaines plus tard. Le changement crucial, entre-temps, fut l'intervention fracassante de forces extérieures : les Allemands écrasèrent les Français à Sedan le 2 septembre et capturèrent Napoléon III et son armée. La dernière séquence révolutionnaire de Paris commença alors non grâce à Blanqui, mais à Bismarck. » 83 Un général prussien regrette que la guerre tourne à la haine ! 84 «Paris était devenu la cible essentielle à cause de son importance politique unique dans la France postrévolutionnaire, incarnant la vie politique et même la souveraineté du pays; ...» 105-106 «Les privations n'étaient pas équitablement partagées. ... la paie journalière d'un garde national était de 1,50 franc : à Noël, un rat coûtait entre 50 et 75 centimes, un œuf 2 francs, un chou 5 francs, un lapin 40 francs. Cependant, les restaurants des boulevards et les ménages riches organisaient des repas festifs pour Noël et le jour de l'an. Un club d'intellectuels à la mode fit frapper une médaille pour remercier son restaurateur favori d'avoir maintenu la même qualité sur toute la ligne, en sorte « qu'ils n'ont jamais remarqué une seule fois qu'ils étaient en train de dîner dans une ville assiégée de deux millions d'âmes ». En bref, le siège, loin de créer l'effet de nivellement socio-économique propre aux guerres du XXe siècle (au cours desquelles les conditions d'existence furent souvent bien pires), provoqua une caricature grossière de l'inégalité sociale en temps de paix, avec des différences fondamentales dans les niveaux de vie entre les riches et les autres qui ne s'étaient pas vues depuis le XVIIIe siècle. Bien plus, la politique hésitante du gouvernement amenait beaucoup de gens à croire que leurs souffrances pourraient être allégées par des actions plus justes et plus déterminées. » 118-119 Victor Hugo écrivait : « Une France dont la capitale est Paris. . . industrielle, commerciale, savante, lettrée, ouvrière. . . démocratique, aimant la liberté et l'égalité. . . Il y a une autre France qui a pour métropole la Rome des papes... une France seigneuriale. . . cléricale et jésuite, qui ne sait ni lire ni écrire, une France ennemie du progrès et de la science. » 169 «... la Commune refusa explicitement les mesures d'expropriation.» «Le loyer et le logement figuraient toujours parmi les questions les plus importantes pour les familles pauvres.Elles avaient été aggravées par l'«haussmannisation,» et par les bouleversements de la guerre. La ferme action décidée par la Commune peut en partie s'expliquer par l'aversion très répandue à l'égard des propriétaires, surnommés « les vautours » ... » 205 « Des niveaux préexistants d'organisation et de militantisme dans certains métiers pouvaient encourager une mobilisation politique. Différents degrés de chômage ont pu louer sur le nombre d'ouvriers servant activement dans la Garde nationale ou dans d'autres organisations de la Commune. La distribution géographique de certaines industries et de leurs ouvriers a pu tendre à les faire participer à des actions politiques ou au combat. … Les communards du rang n'étaient pas recrutés de manière disproportionnée parmi les travailleurs les plus pauvres. Néanmoins, les deux tiers étaient illettrés ou à demi illettrés, tandis que 2% avaient reçu une éducation secondaire, ce qui révèle leur statut social et le faible niveau d’alphabétisation au sein même des métiers qualifiés de Paris. » 206 « Tandis que les ouvriers non qualifiés constituaient sans surprise le groupe le plus pauvre et le plus signalé à la justice, les ouvriers sur métaux ne relevaient pas particulièrement de ces catégories. Si on les considère dans leur ensemble, une assez forte proportion - environ 20 % - avait un dossier criminel, la plupart pour des infractions mineures (quelqu'un fut condamné pour « indécence publique » après avoir dansé le french cancan) ou pour des délits politiques, comme la participation à une manifestation. A peine plus de 1000 des 36000 personnes arrêtées après la Commune étaient des femmes, dont 71 % d'ouvrières, … Près de la moitié « vivaient en concubinage » (en union libre) ... » « Au sommet de la hiérarchie des communards, il n'y avait pas une nouvelle direction prolétarienne agissant comme l'avant-garde de la révolution. Les 79 hommes du Conseil de la Commun étaient issus de la classe moyenne inférieure et de l’élite de la classe ouvrière ... » 207 « Classer par catégories professionnelles est quelque peu arbitraire étant donné qu'il était courant de passer d'un statut à un autre (par exemple d'employé à travailleur indépendant et de travailleur manuel à travailleur intellectuel), ou de combiner plusieurs activités, telles qu'un emploi rémunéré, du journalisme à temps partiel et une activité politique. Cela était caractéristique, à Paris au milieu du siècle, d'un monde en transformation, où plus du quart de la population active était des travailleurs indépendants, et où la mobilité, les faillites et le fait d'avoir un statut incertain étaient des phénomènes courants. Eugène Potier, par exemple, bien connu comme poète politique et chansonnier, avait une formation de dessinateur sur étoffe, mais était aussi en partie propriétaire d'une maison de bains publics, ce qui le plaçait simultanément dans trois catégories socio-économiques différentes. » 208 « Les responsables de la Commune étaient issus en grande partie du milieu de ceux qui avaient été politiquement actifs depuis la fin des années 1860 et parfois avant, que ce soit dans le journalisme, le mouvement ouvrier, le mouvement coopératif ou comme orateurs dans les clubs politiques et les réunions publiques : 25 étaient francs-maçons (en pratique un réseau progressiste) et 34 appartenaient à internationale. » « Les gardes nationaux élisaient principalement ceux qui avaient des compétences, et peut-être une position sociale, pour donner des ordres, communiquer avec le quartier général et tenir la comptabilité. Dans certains bataillons, cet élément hiérarchique était manifeste : dans le 42e, issu du XIIIe arrondissement essentiellement ouvrier, les officiers étaient généralement des employés ou des commerçants des rues principales du quartier, les officiers subalternes et les sous-officiers étaient des artisans, des employés ou des commerçants des rues adjacentes. » 209 « Seulement 7,3 '% des ouvriers du bâtiment qui servaient dans la Garde nationale devenaient des officiers ou des sous-officiers, et 16,9 % des ouvriers sur métaux. Mais 23,3% des petits entrepreneurs, 31,9% des ouvriers imprimeurs et 36,8% des employés avaient un grades. » 210 « Comme le montre cette brève analyse, il est clair, et cela ne peut plus être controverse, que les communards constituaient « le peuple » plutôt que « le prolétariat ». Le fait que la plupart des communards combattants étaient des ouvriers n'était pas nouveau : il en avait été ainsi en 1848, 1830 et dans les années 1780-1790. La différence significative était qu'en 1871 une participation sans précédent à la direction politique revint aux travailleurs manuels qualifiés et aux travailleurs en col blanc, alors que les politiciens établis et la classe moyenne commerçante se tenaient en grande partie à distance, plutôt que d'essayer, comme dans les révolutions passées, d'en reprendre la direction. La proportion de dirigeants ouvriers environ la moitié des membres de la Commune n'a probablement jamais été égalée dans aucun autre gouvernement révolutionnaire en Europe. » 211 « Les communards étaient d'abord et avant tout des républicains. En tant que républicains, ils étaient des patriotes, parce que la France était la patrie de la Révolution. Ils étaient aussi consciemment des Parisiens, parce que Paris était le bastion du républicanisme et le guide patriotique de la nation dans sa lutte contre l'invasion, la trahison et la réaction.Tous les Parisiens avaient le devoir de prendre part à la lutte, mais seul le «peuple» ou le «prolétariat» répondait sans relâche à l'appel du devoir. La « république démocratique et sociale » permettrait d'achever e progrès inauguré en 1 789 vers la liberté, l'égalité et la fraternité dans l'intérêt de toute l'humanité. Les alliés étrangers souhaitant rejoindre la lutte étaient donc les bienvenus. Cette façon de comprendre les événements était complexe et malgré tout cohérente, et comportait les éléments d'une identité politique, nationale, locale et de classe. Tout d'abord le républicanisme. C'était toujours la revendication première et irréductible, parce que tous les autres bienfaits découlaient de « la République » (toujours avec la majuscule), laquelle était synonyme de démocratie, de liberté, de laïcité, d'égalité et de progrès. » 212 «La déclaration au peuple français était ... claire. «Que demande [Paris] ? La reconnaissance et la consolidation de la République ...» 212-213 «Au cours des trente années précédentes, il s'était développé une variante française distincte du socialisme, fortement influencée par Proudhon et dans une mesure moindre par l'anarchiste russe Bakounine, qui prônait la destruction des structures étatiques oppressives, en transférant le pouvoir à des communautés démocratiques locales (le fédéralisme) et en abolissant l'exploitation par le contrôle économique décentralisé réalisé par des associations coopératives d'ouvriers. La République idéale telle que les communards la concevaient était une forme de démocratie directe, où le peuple entendait exercer la souveraineté plutôt que de la déléguer, où les représentants n'étaient que tolérés par les représentés. L'influence de Proudhon irriguait le socialisme communard. » 213 « Les idées de la gauche parisienne étaient éclectiques, et on ne peut pas définir les idées sociales des communards trop rigoureusement. L' Internationale comprenait des Jacobins(qui intervenaient au travers d'actions politiques conventionnelles), des proudhoniens (qui insistaient sur l'organisation du travail), des blanquistes (qui se considéraient comme l'élite des troupes de choc révolutionnaires) et quelques républicains plus modérés. Benoît Malon avait écrit à un ami, en 1869 :« Moi, aventurier de la pensée, je fréquente tous les partis : démocrates, radicaux, proudhoniens, positivistes, phalanstériens, collectivistes, communistes, coopérateurs, etc., [. . .] je vois partout des gens de bonne foi et cela m'apprend à être tolérant. » » 214 « Pour tous les républicains, la Grande Révolution de 1789 avait marqué la naissance de la nation libre et en avait fait le grande du progrès mondial, avec pour mission d'éclairer les peuples moins avancés. L'idée de la République avait presque absorbé l'idée de la France et incarnait maintenant sa grandeur et sa signification historique : « Vive la République », tel était leur cri patriotique, jamais « Vive la France ». » 216 «Depuis l'introduction du suffrage universel masculin en 1848, le moyen d'assujettir Paris avait été le vote massif des paysans arriérés, manipulés par les prêtres et les nobles. Le contraste était devenu vif depuis les années 1860. Le Cri du peuple écrivait le 24 mars : « Paris sera toujours fatalement écrasé par l'ignorance [paysanne], la brutale puissance du nombre ! Les coups d'état à coup de scrutins ! L'égorgement par le vote ! [...] Depuis que Paris pense, Paris a toujours réprouvé, combattu ses gouvernements [...] Paris les a, trois fois en cinquante ans, chassé de ses murs [...] et trois fois le suffrage des paysans les a, sous un autre manteau, ramenés dans la cité ennemie.»» 219 «Ceux qui profitaient d'un système politique injuste et corrompu comme le Second Empire pour exploiter .e peuple en tant que spéculateurs, fonctionnaires surpayés et parasites de toutes sortes, étaient très différents de la «bourgeoisie travailleuse » saluée dans la presse communards et ne aidaient clairement pas partie du peuple.» Esprit contradictoire entre chauvinisme et universalisme «Ces idées avaient retrouvé de la vigueur avec les événements vécus par la génération précédente : les révolutions paneuropéennes de 1848, les luttes nationalistes des Italiens et des Polonais dans ]es années 1850 et 1860, et le développement embryonnaire d'un mouvement international des travailleurs.» «... une reprise de la guerre avec l'Allemagne, conduisant à une expansion de la révolution sur le continent une perspective qui amenait les exilés politiques et les révolutionnaires internationaux à Plusieurs Polonais, vétérans de l'insurrection de 1 863, louaient un rôle important comme commandants fédérés. Plusieurs femmes, issues de la haute société russe ou polonaise et actives dans les groupes révolutionnaires internationaux, exercèrent un rôle de dirigeantes dans les organisations de femmes. Les plus connues d'entre elles sont Elizaveta Tomanovskaya (connue sous le nom d'Elisabeth Dmitrieff), 20 ans, fille d'un officier russe, envoyée à Paris par Marx en mars; Paula Mekarska (connue sous le nom de Paule Mink ou Minck), 31 ans, fille d'un noble polonais exilé ; et Anna Jaclard, née Korvin-Krukovskaba, 26 ans, fille d'un général russe et mariée à un étudiant en médecine blanquiste.» 221 «La manière dont le communard s'identifiait simultanément comme républicain, révolutionnaire, patriote, socialiste, parisien et internationaliste, constituait un langage bien connu qui se reflétait dans les déclarations de la Commune, dans ses actes, dans la presse et dans de nombreuses déclarations à la base, même si elles n'étaient pas toujours rigoureusement cohérentes.» 235 «Nous devrions considérer les fédérés non pas comme un ensemble de catégories «ouvriers», «socialistes» , ni mème comme des échantillons aléatoires de ces groupes, mais comme des milliers de petits groupes de voisins, d'amis et de camarades.» 238 «... le peuple communard actif était constitué de ceux qui, prédisposés par leurs sympathies politiques et leur statut social à accepter le langage de la république démocratique et sociale, choisissaient pour diverses raisons, y compris par nécessité économique, à cause des pressions du voisinage, par loyauté envers la Garde nationale et par le besoin de justifier un statut nouvellement acquis - plus fort bien sûr dans les quartiers où la sympathie pour la Commune prédominait -, de rester actifs dans un mouvement révolutionnaire dont les perspectives de succès ne cessaient de s'amenuiser, et dont le nombre de partisans sans réserve diminuait.» «... que l'implication des femmes dans la Commune représentait une subversion fondamentale de la société bourgeoise, un rejet choquant de la moralité conventionnelle, une offense délibérée aux convenances sociales, un franchissement plein d'assurance de la frontière entre les sexes, un défi à l'autorité patriarcale ...» 239 «L'intérêt passionné des contemporains de la commune complique l'enquête historique. ... Les perceptions des contemporains étaient influencées par la peur, le dégoût, la haine, les préjugés et la lubricité. ... ils arrêtèrent plus de 1 000 femmes (ils en ont par ailleurs abattu sommairement un nombre inconnu) mais durent en relâcher 80% sans inculpation; 133 seulement furent condamnées, malgré les efforts incessants pour produire des preuves contre elles. De nombreuses femmes réellement actives pendant la Commune ne furent pas arrêtées parce qu'elles ne correspondaient pas aux stéréotypes versaillais ...» 240-241 «À la fin des années 1860 ... ... Certaines étaient actives dans les mouvements politiques, notamment l'Internationale et la coopérative de nourriture qui lui était associée, La Marmite. Pendant le siège allemand, l'effort patriotique et la lutte pour l'existence entraînaient plus de femmes à participer aux activités des comités, des clubs, des hôpitaux et des organisations locales d'assistance.» 242 «Comme pendant le siège allemand, il y eut à nouveau des appels à la mobilisation féminine; et un petit nombre a même pu effectivement participer aux combats, à l'instar des révolutions de 1830 et 1848.» 247 «... des femmes avaient déjà combattu en 1830 et en 1848 et avaient été applaudies comme des héroïnes plutôt que condamnées pour avoir transgressé la bienséance. ... pendant la Commune, les femmes n'ont pas demandé, et on ne leur a pas proposé non plus, l'égalité des droits politiques, ce qui semble réfuter l'idée que l'implication dans le combat s'inscrivait dans une revendication de citoyenneté.» 254 «Un certain critique d'art était hypersensible à cette signification emblématique. Il s'agit de l'écrivain notoirement anticommunard, Maxime Du Camp : « La femme - la femelle - exerça sur les mâles une influence extraordinaire. Vêtue du court luron dégageant les jambes, le petit képi[...] campé sur l'oreille[...] elle se promenait hardiment au milieu des combattants comme une promesse [...]. Fière de son uniforme et de son fusil, elle surpassa l'homme en bravades extravagantes.»» 263-264 «Quelques politiciens radicaux importants et certains socialistes décidèrent par principe ou du moins par calcul de ne pas participer à la Commune, même lorsqu'ils sympathisaient avec nombre de ses objectifs. Hormis l'élection de certains maires à la Commune comme modérés, il n'y eut aucune tentative peut-être aucune opportunité pour les politiciens établis de prendre sa direction ou de l'influencer comme en 1830 ou en 1848. Aucun républicain important ne se précipita à l'Hôtel de Ville pour proposer ses services. Ceux qui restèrent à l'écart ou se retirèrent bientôt comprenaient ceux qui étaient arrivés en tête à Paris aux élections à l'Assemblée nationale le 8 février le vétéran socialiste Louis Blanc, Victor Hugo, les Garibaldi père et fils et d'autres figures marquantes, d'extrême gauche, comme le journaliste Henri Rochefort, George Clemenceau(maire du XVIIIe arrondissement). Le principal disciple de Proudhon, Henry Tolain, le jeune héros de la guerre contre les Allemands, le général Cremer, et l'éminent socialiste Jean-Baptiste Millière. Leur abstention laissait la Commune libre d'emprunter un chemin plus révolutionnaire, mais cela lui rendait encore plus difficile de gagner une reconnaissance ou un soutien significatifs en dehors de Paris. Leurs lignes de conduite n'étaient pas identiques : Blanc et Tolain restèrent des défenseurs d'un compromis au sein de l'Assemblée nationale adversaires; Hugo avait déjà démissionné ; Rochefort resta pour un temps à Paris; Clemenceau se retira momentanément de la vie politique; Millière démissionna de l'Assemblée et refusa de se présenter à la Commune, mais il resta à Paris, sans rôle officiel, en la soutenant tout en la critiquant de façon mordante. Cependant, ils voulaient tous l'arrêt du conflit par le biais de pressions extérieures en particulier de l'opinion républicaine en province conduisant à des négociations entre les deux parties, largement aux conditions de Paris.» 265 «Ces groupes estimaient probablement que la Commune, aussi justifiées que soient ses revendications fondamentales, ne pouvait l'emporter ni politiquement contre une Assemblée nationale qui venait d'être élue au suffrage universel ni militairement ; conséquence de quoi, sa défaite serait un désastre : « Le succès improbable de la Commune amènera la rentrée des Prussiens; le succès peu douteux du gouvernement sera le signal d'une réaction intense. » Cependant, de nombreux responsables communards affirmèrent également du moins après les événements qu'ils n'avaient Jamais cru à la victoire non plus, donc ce calcul à propos des perspectives de succès n'avait pas été le seul facteur décisif: Quelles autres raisons pouvait-il y avoir pour influencer le choix des républicains qui restaient neutres ?» 266 « Nombre de ses exigences semblaient justes ou raisonnables. Il n'était en aucun cas évident qu'elle ne l'emporterait pas : toutes les insurrections précédentes qui avaient réussi à s'emparer du contrôle de Paris avaient été victorieuses. Comme l'expliqua, après la défaite de la Commune, un marchand fruitier fédéré plutôt confus qui avait combattu du côté du gouvernement en juin 1848 à un conseil de guerre tout aussi perplexe : « J'ai été garde national sous Louis-Philippe, sous la République, sous la présidence, sous l'Empire, sous le gouvernement de la Défense nationale, Je ne croyais pas commettre une faute en étant encore garde national sous le gouvernement de la Commune. » Certains hommes de la classe moyenne cherchaient un emploi dans l'administration civile de la Commune qui leur versait un salaire et les maintenait à l'écart de la ligne de feu; les autorités de Versailles ne considérèrent pas cela comme particulièrement coupable. Des organismes comme la Fédération des artistes avaient mis à prout la révolution pour faire avancer leurs projets ...» 267 « Sans l'approbation d'une grande partie de la classe moyenne - qui, après tout, était armée - on voit mal comment la Commune aurait pu gouverner Paris et survivre aussi longtemps qu'elle l'a fait. En revanche, dès que la Commune a commencé clairement à s'effondrer, un tel soutien s'est évapore.» 307 « Les appels révolutionnaires à la violence ne furent pas centrés efficacement par la loi, mais par le fait que l’État montrait sa capacité supérieure à utiliser la violence en dehors des limites légales. On a appelé cela des « massacres fondateurs » par lesquels un nouveau régime prouve sa capacité et sa détermination à gouverner avril 1832, décembre 1851, mai 1871. Une fois que le monopole de la violence était ainsi restauré, il était fréquent d'accorder le pardon ou une amnistie aux ennemis vaincus.» 335 « La plupart des blanquistes, notamment leur dirigeant Granger, se rallièrent au général Boulanger, figure de proue du nationalisme populiste radical (peu de gens savaient qu'il avait été l'un des premiers à tuer des prisonniers communards). Aux élections tendues de janvier 1889 à Paris, un candidat socialiste de la faction révolutionnaire antiboulangiste obtint 17000 voix contre 245000 à Boulanger et rejoignit ensuite les boulangistes. Les marxistes, les tenants les plus clairs de l'internationalisme prolétarien, n'avaient Jamais été forts à Paris parmi les ex-communards et ils n'osèrent pas présenter un candidat contre Boulanger; en fait, trois de leurs premiers députés élus au Parlement le furent sur une liste boulangiste. Ainsi, une sensibilité patriotique survivait à la défaite de la Commune. Plusieurs anciens éminents partisans de la Commune restèrent par la suite des figures de proue des cercles nationalistes.» Conclusion : 372 «Et si nous supposons qu'une révolution doit être révolutionnaire dans tous les domaines, les réponses ne semblent pas non plus très cohérentes : la Commune était désireuse de changer les relations de pouvoir en politique mais pas celles entre les sexes ; elle se proposait de mettre fin à l'exploitation mais respectait la propriété. Les raisons d'une telle incohérence apparente n'ont pas à être cherchées bien loin : les communards poursuivaient leurs propres idées du progrès et non pas les nôtres; et ils agissaient dans des circonstances particulières qui déterminaient leurs priorités et leurs possibilités.» «En août 1 870, les blanquistes pouvaient mobiliser 60 hommes pour une insurrection; en mai 1871, il y avait 80 000 insurgés fédérés en armes, équipés et organisés.» 373 «La Commune a été spontanée, imprévue, en terre inconnue ... Elle n'a produit aucune déclaration ou programme idéologique novateur. Elle n'a été prise en charge par aucun parti organisé et n'a eu aucun dirigeant éminent. Le révolutionnaire français le plus célèbre, Auguste Blanqui, qui a passé quarante années de sa vie à préparer la révolte et que de nombreux communards considéraient comme leur chef, a été mis à l'écart de la plus grande insurrection parisienne, dans une cellule de prison. En bref, la Commune a été la manière dont le peuple parisien a improvisé une réponse à la crise politique, nationale et urbaine de janvier-mars 1871.» «En ce sens, on pouvait la qualifier d'accidentelle.» 374 «Cela ne veut pas dire que l'insurrection est inexplicable ou dépourvue de signification : de fait, elle peut facilement s'ajuster à un modèle « structuraliste» de révolution - l'affaiblissement de l'état menant à la division de la souveraineté et à une contestation du pouvoir - qui ressemble à 1789 et à 1917.» en 1917 quelle contestation du pouvoir ? 375 Du bagne de Nouvelle-Calédonie un communard Alexis Trinquet dans une demande de clémence après la victoire de la république en 1879 «: « Républicain dès mon enfance, j'ai été élevé dans l'amour le plus profond de la République et de la Révolution. ... A la suite de nos désastres et au milieu de la tourmente révolutionnaire, dans ces Jours de fièvre ardente, j'ai, comme beaucoup, vu la République naissante menacée dans son berceau par l'assemblée réactionnaire de Bordeaux. J'ai partagé l'enthousiasme du grand nombre de ceux qui prirent les armes pour renverser la coalition royaliste et cléricale. »» 376 Certains ont «déploré que le radicalisme révolutionnaire se soit affaibli dans [le] processus [de] sécession, elle a perdu son identité. On peut inverser [cette] idée de façon plus plausible : la révolution se déroulait dans la foulée d'une guerre de sécession. Nous pourrions imaginer, à titre de réflexion, un conflit purement politique entre Versailles et Paris mené par Gambetta ou Garibaldi. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé : les revendications initiales de sauvegarde de la République et des «droits de Paris» ont eu immédiatement des implications révolutionnaires plus larges.» «Ce développement dépendait également de changements politiques récents : le discrédit des principaux politiciens républicains en raison de leurs défaillances pendant la guerre, la prise en main de la cause patriotique et républicaine par l'extrême gauche, la crise économique après la guerre, qui laissa temporairement dans la misère la plupart des Parisiens ... Ainsi, lorsque Paris fut évacué par le gouvernement le 18 mars, les seuls hommes capables de gouverner la ville étaient ceux composant la gauche révolutionnaire. Les conservateurs et les républicains modérés étaient incapables de s'opposer à eux ou de les influencer, et (en dehors d'appels désespérés à des négociations) ils se sont largement abstenus de toute action politique ou ont quitté la ville. De ce fait, Paris ... est passé sous le contrôle d'un gouvernement révolutionnaire et cependant élu démocratiquement.» 377 Une analyse culturelle «révèle une communauté révolutionnaire définie culturellement et politiquement » beaucoup plus cohérente et déterminée qui a eu l'intention de prendre le pouvoir. ...on se trompe[rait] profondément en considérant la Commune en termes d'accident et de spontanéité … Il ne fait aucun doute que les responsables communards étaient inspirés par une idéologie ultradémocratique et socialiste héritée de l'expérience de l'opposition au Second Empire, des espoirs et des déceptions de 1848 et ... des mythes inspirateurs des années 1790. Ils respectaient les droits légitimes de la propriété et voyaient le socialisme comme un remplacement progressif du capitalisme par « l'association » des ouvriers dans des coopératives.» 378 «...la plupart de ceux qui participèrent à la Commune, même dans des positions de premier plan, avaient peu ou pas d'antécédents politiques, et ensuite beaucoup ont à nouveau renoncé à l'action politique…. La minuscule communauté révolutionnaire fragmentée de la fin des années 1860 n'était en aucune manière préparée à cela : il s'agissait d'hommes dont le cadre d'intervention était le mouvement des coopératives, les syndicats, les sociétés laïques, les campagnes électorales sans succès, les discours et un journalisme d'importance mineure. Ils avaient sans doute discuté d'une prise du pouvoir révolutionnaire, mais, tant que le pouvoir ne leur était pas tombé dans les bras le 18 mars, ils n'avaient aucun moyen d'imaginer comment le mettre en œuvre. Puis, tout à coup, ils devaient administrer une capitale et mener une guerre. C'est sans aucun doute la raison pour laquelle ils se référaient si fréquemment aux années 1790, le seul exemple avant eux d'un gouvernement révolutionnaire combattant.» 379 Au sein de la Commune d'un côté «... la modération ... de la plupart des responsables, déterminés à démontrer qu'une république démocratique moderne pouvait fonctionner sans dégénérer dans le désordre, et, d'un autre côté , l'extrémisme verbal et parfois physique au niveau des gens à la base, en particulier parmi les orateurs engagés ... décrit comme« un mélange particulier de démocratie conflictuelle, de fraternité tapageuse et de violence rhétorique. » «La survie était en jeu. Les priorités de la Commune étaient nécessairement politiques, déterminées par la façon dont elle comprenait l'exercice du pouvoir : sauvegarde de la République, abolition des institutions réactionnaires (armée. police, Église, bureaucratie), mobilisation des forces armées et démocratisation du gouvernement.» 380 «... une part cruciale de la mystique ... de la Commune réside dans la pureté virginale de cet utopisme ... qui n'a pas été mis en œuvre.» 381 Le «pouvoir d'état, considérablement augmenté par la modernisation économique et par le renforcement de son autorité politique par le suffrage universel masculin. Partant de là, la survie de la Commune était extrêmement improbable.» 383 Par une enquête La Revue Blanche «... revenant sur la Commune un quart de siècle plus tard. La Commune fut « provoquée par un sentiment de patriotisme, d'abord, et par la volonté d'empêcher la forme monarchique de prendre possession du pays ». Elle visait à mette en place « une dictature militaire, dans le but de battre les versaillais, de faire nommer une convention nationale et de continuer la guerre contre l'Allemagne ». Elle devait être « un instrument de précision de transformation économique ». Elle devait « montrer que la classe ouvrière pouvait gouverner économiquement ». Elle fut « une sorte de jacquerie, d'abord patriotique ». Combien diverses étaient leurs intentions et leurs espérances ; combien imprévisibles étaient les conséquences ...» 385 Postface - Inspirations pour l'avenir - 2016 Pour l'auteur une partie des interprétations favorables à la Commune est de limiter celle-ci au massacre final masquant les divisions politiques et militaire de mars à mai 1871. 396 Le chant L’internationale - Extraits non étatiques ni bolchéviques : fin 3ème couplet «L'Égalité veut d'autres lois ; - Pas de droits sans devoirs, dit-elle - «Égaux pas de devoirs sans droits.» Début 5ème couplet «Appliquons la grève aux armées, - Crosse en l'air et rompons les rangs !» Nombreuses citations tirées des livres de Jacques Rougerie. Victorine Brocher "Souvenirs d'une morte vivante" https://editionslibertalia.com/ 4e de couverture et site de l'éditeur «Une femme du peuple dans la Commune de 1871. « Je défais mon drapeau qui était enroulé autour de ma poitrine. Je me souviens du premier jour où il nous fut remis, frais et brillant, avec son inscription en lettres dorées : “Défenseurs de la République” ; comme nous étions enthousiastes ce jour-là. Je me souviens des luttes que nous avons soutenues à l’ombre de ses plis flottants au vent lorsqu’il reçut les cinq premières balles, ses glorieuses blessures ranimaient notre courage. [...] Que de héros morts en le contemplant ! Maintenant, c’est moi qui dois le brûler ! Notre drapeau renaîtra de ses cendres ; alors l’idée renouvelée et plus vivace que jamais, mieux comprise, aidera la marche du progrès vers un avenir social meilleur et plus humain. » Publié initialement en 1909, ce texte de Victorine Brocher (1839-1921) est l’un des rares et forts témoignages de femme du peuple, issue d’une famille militante, ayant traversé les insurrections de 1848 et de 1871. Ambulancière pendant la Commune, elle relate en une langue simple des événements vécus dans sa chair : le Second Empire, le siège de Paris, les privations, la mort de ses enfants, les espoirs nés avec la République sociale, la Semaine sanglante, l’exil et la survie enfin» Des recensions sur le site de l'éditeur. Une biographie https://www.partage-noir.fr/victorine-brocher-1839-1921
Ce texte est le témoignage sur la répression de 1848, du coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte, de l'implication de francs maçons pour la République, de la condition ouvrière à Paris, des misères dues au siège par les armées prussiennes, sur les massacres de la répression versaillaise. C'est le témoignage d'une petite femme timide, mais convaincue et combattante, fille et femme d'artisans dans Paris, altruiste aimant l'autre quelque soit sa condition et avec même un dépit sans haine devant l'esprit crédule du troufion assassin. La condition de la femme et la condition ouvrière pendant la révolution industrielle Page 69 à 71 « On m'a mariée à Orléans le 13 mai 1861 ; ... Nous allâmes nous fixer à Paris. Cette ville me parut bien plus intéressante au point de vue social que la ville d'Orléans, on y était au courant de tous les événements littéraires, politiques et économiques. Dans cette ville composée de luxe et de misère, on peut faire des remarques au jour le jour, au petit bonheur du chemin à parcourir dans la journée. Dans cette première année, j'ai fait bien des expériences, j'ai coudoyé bien des misères. J'ai vu des pauvres femmes travaillant douze et quatorze heures par jour pour un salaire dérisoire, ayant vieux parents et enfants qu'elles étaient obligées de délaisser, s'enfermer de longues heures dans des ateliers malsains où ni l'air, ni la lumière, ni le soleil ne pénètrent jamais, car ils sont éclairés au gaz; dans des fabriques où elles sont entassées par troupeaux, pour gagner la modique somme de deux francs par jour et moins encore, dimanches et fêtes ne gagnant rien. Le samedi soir, après leur journée accomplie, souvent elles passent la moitié des nuits pour réparer les vêtements de la famille; elles vont aussi porter au lavoir leur linge à couler, pour aller le laver le dimanche matin. Quelle est la récompense d'une de ces femmes? Souvent anxieuse, elle attend son mari qui s'est attardé dans le cabaret voisin de la maison où il travaille, et ne rentre que lorsque son argent est aux trois quarts dépensé. Le boulanger, le charbonnier, l'épicier, il faut payer tous ces gens-là, si l'on veut avoir du crédit ; le malheureux a tout oublié, mécontent de lui-même, lorsqu'il rentre il fait du tapage, maltraite la pauvrette, c'est à peine si elle peut préserver des coups ses enfants. Lui, le lendemain, la cervelle encore troublée des libations de la veille, se lève tard, gronde les enfants s'ils font le moindre mouvement, il n'entend pas qu'on lui trouble son repos. Si le dîner n'est pas prêt à l'heure exacte, il parle en maître ! S'il est à peu près correct, après dîner il reste à la maison ; mais s'il est contaminé par l'alcoolisme, il trouve qu'il est le plus malheureux des hommes, que sa maison lui est insupportable, il sort, va chercher des consolations au cabaret. Elle, l'épouse, comme le chien du berger, garde le troupeau. C'est le dimanche, jour du repos pour la malheureuse !Elles sont légion à Paris, les ouvrières se trouvant dans ces conditions. Résultat: la misère noire, le suicide ou la prostitution, ce qui est pire encore. Les mots honneur, vertu, foi sonnent mal aux oreilles de ces déshéritées ; pour elles, ce sont des phrases creuses et vides de sens. L'enfer de Dante n'est pas plus épouvantable que leur existence. La vie parisienne est terrible aux pauvres n'ayant qu'un maigre salaire. Un écrivain a dit : « Paris est le paradis des femmes, et l'enfer des chevaux. » Moi je dis : « Paris est le paradis des demi-mondaines et des chevaux de luxe, l'enfer des honnêtes travailleuses et des chevaux de fiacre. Tous les deux entrevoient la mort comme une heureuse délivrance.Voilà leur idéal ! » » 79 L'internationnale et la Commune « L'Internationale n'a pas eu toute la portée qu'on lui a prêtée sur les événements de 1870 et 1871. Cette association n'a pas eu d'influence sur la proclamation de la Commune. Ce que le peuple voulait de ses élus, c'était qu'ils fissent respecter ses franchises municipales. Et les rêveurs voulaient une fédération, comme en Suisse. Ce n'était pas un crime. Les circonstances qui ont amené la proclamation de la Commune sont dues à M. Thiers et au gouvernement de la défense nationale. » Roman "Jetés aux ténèbres" de Sandrine Berthet https://www.editionsdusonneur.com/ 4e de couverture et du site de l'éditeur : «Septembre 1872 : la Danaé accoste en Nouvelle-Calédonie. À son bord, des communards envoyés expier de l’autre côté de la Terre leur désir d’une société plus juste. L’un de ces déportés, Étienne Delandre, nous fait le récit de leur lutte pour s’acclimater à ce bout d’ailleurs et pour surmonter dans cette prison à ciel ouvert, au milieu d’une nature saisissante et brutale, l’exil, le dénuement et l’oubli. En butte à une administration pénitentiaire intraitable, confronté à une piètre société coloniale sans pitié pour les Canaques, Delandre n’a de cesse d’espérer une amnistie – et un retour en France. Des barricades parisiennes aux terres rouges et âpres de l’archipel calédonien, Jetés aux ténèbres redonne vie aux acteurs de la Commune – épisode majeur de notre histoire –, à leurs engagements et à leurs espoirs insensés. Sandrine Berthet a passé son enfance et son adolescence en Nouvelle-Calédonie, puis a troqué les rivages du Pacifique pour les quais de la Seine en poursuivant ses études. Après avoir travaillé de nombreuses années dans l'industrie, ce qui l'a menée aux quatre coins de la planète, elle a récemment rejoint le service public.» Une recension https://bibliothequefahrenheit.blogspot.com/2021/05/jetes-aux-tenebres.html#more 244 Le black-birding un esclavagisme maquillé couvert par l'administration. De wikipédia «Le blackbirding consistait à kidnapper ou attirer les insulaires sur les bateaux puis leur faire signer des contrats de travail aux contreparties dérisoires qui permettaient de contourner la législation antiesclavagiste...» Haut de page Page en amont Des visites régulières de ces pages mais peu de commentaires. Y avez-vous trouvé ou proposez-vous de l'information, des idées de lectures, de recherches ... ? Y avez-vous trouvé des erreurs historiques, des fautes d'orthographes, d'accords ... ? Ce site n'est pas un blog, vous ne pouvez pas laisser de commentaires alors envoyez un mail par cette adresse robertsamuli@orange.fr Au plaisir de vous lire. |