Sortir de l'histoire officielle

    


Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844 - 1900)

La Commune de Paris de 1871

Dans Demian de Hermann Hesse

Ernst Bertram, Nietzsche. Un ouvrage si douteux


La Commune de Paris de 1871
Comme toute personne sa pensée évolue suivant la propagande subie et la prise de distance à cette propagande.

Un article qui semble défavorable mais je ne l'ai pas en entier, et pas lu le livre cité. Nietzsche et la Commune par une recension de Pierre Fougeyrollas d'un livre de Marc Sautet, publiée dans Le Monde le 04 septembre 1981.
«Un jeune philosophe, Marc Sautet, nous apporte de nouvelles lumières sur la pensée de Nietzsche... La thèse d'un Nietzsche préfasciste se heurte aux vigoureuses déclarations du penseur contre le caporalisme prussien, le chauvinisme allemand et l'antisémitisme. La thèse d'un Nietzsche exclusivement occupé à préparer une nouvelle alliance de la pensée et de la poésie, au-delà de tout intérêt pour la vie politique, est complètement démentie par les faits sur lesquels s'appuie la démonstration de Sautet.
En 1869, Nietzsche réside à Bâle, où il enseigne la philologie à l'université. La ville vient d'être secouée par une puissante grève des teinturiers et des rubaniers. Elle accueille, en septembre de cette même année, le quatrième congrès de l'Association internationale des travailleurs, que la presse bien-pensante dénonce comme l'état-major d'un complot permanent contre l'ordre établi. En 1870, Nietzsche participe brièvement, comme infirmier volontaire, à la guerre franco-allemande. Enfin, en 1871, durant la Commune de Paris, il entretient une correspondance suivie avec son ami le baron von Gersdorff, officier allemand, dont le régiment campe aux portes de Paris, et qui lui fournit des informations de première main sur l'insurrection ouvrière.
Cette correspondance nous livre, à chaud, les sentiments éprouvés par Nietzsche face à la Commune de Paris : " Par-delà la lutte entre les nations, nous fûmes soudain épouvantés par cette tête de l'hydre internationale qui fit une apparition si terrible annonçant pour l'avenir des combats de nature bien différente. " Tout le contraire, on le voit, d'une pensée subversive, tout le contraire du " changer la vie " de Rimbaud, encore que cette " épouvante " ne puisse être qualifiée de préfasciste, ni même de contre-révolutionnaire.»

Un article favorable - Dialogue avec Jean-Clet Martin dans Le matricule des anges N° 224 juin 2021
« La littérature se tourne au contraire vers la pluralité et l'insurrection. Nietzsche en forme une étrange figure. Il participe à la guerre de 70. Il est brancardier dans l'armée allemande. Il ne peut avoir de la Commune qu'une vision qui recoupe celle de son camp. Mais voici que Nietzsche, bientôt quitte Wagner, lit les philosophes français, Blanqui justement. Il hérite de la Commune par celui qui en fait le plus ardent militant. Alors par la lecture d'un livre, s'imposent à lui d'autres visions, la conception même de l'éternel retour dont Blanqui fut le créateur.
Pourquoi prendre les astres à témoin ? Et si la Commune devait revenir selon l'éternel retour d'un homme nouveau, par-delà le bien et le mal ? C'est la question de Blanqui. Là, si tout était à refaire, il conviendrait d'entrer dans le même combat et libérer Paris ! Inventer une individualité nouvelle, un coup de dés qui fasse de la Commune la matrice de l'individu des temps modernes. L'éternel retour pour lui ne signifie rien d'autre que l'éternité de la révolte, l'éternité par les astres, au moment d'une vie de quelques mois qui a fait briller une constellation qu'on ne saurait regretter, mais qu'on affirmera toujours et encore. La révolte a beau sombrer, mais rien n'y fait, la Commune ne meurt pas et ses morts ne sont que le courage des résistants, des affamés. Conditions surhumaines qui appellent la naissance d'une société jamais imaginée.»

Ernst Bertram, Nietzsche. Un ouvrage si douteux
Compte-rendu de Ivan Broisson
« ... un ouvrage si douteux. La préface, du reste, intéressera beaucoup les amateurs de la période pré-nazie de la littérature allemande : Hadot décrit très bien la situation intellectuelle de Bertram, un pied dans le cercle de Stefan George — qu'il dénoncera plus tard comme une «clique de Juifs» (sic) — et un pied chez Thomas Mann, à l'époque où celui-ci défendait «l'âme allemande» face aux avancées de la démocratie.
... le livre de Bertram a davantage l'aspect d'un mauvais souvenir que d'un monument à contempler.
Son Essai, nous l'avons dit, est une sorte de classique; mais, s'il a marqué les esprits du grand public cultivé, l'ouvrage n'a pas résisté aux critiques de commentateurs plus avertis, qui ont donné aux études nietzschéennes des livres devenus depuis lors encore plus «classiques» et de manière bien plus légitime.
Nous pensons en tout premier lieu à Mazzino Montinari, dont le nom reste associé à une connaissance inégalée de l'œuvre de Nietzsche et du contexte culturel où elle a pris forme….
Parmi les illustres adversaires de Bertram, il faut aussi nommer Walter Kaufmann. Son livre Nietzsche. Philosopher, Psychologist, Antichrist a beau avoir été ignoré par le public francophone, il n'en reste pas moins, un demi-siècle après sa première publication, l'une des bases de la recherche nietzschéenne de langue anglaise. Kaufmann est particulièrement sévère avec Bertram, dont il rejette le travail ... »
Justification de Pierre Hadot pour sa préface
Extrait de la page wilipédia concernant Ernst Bertram « Bertram a salué la « prise du pouvoir » par les nationaux-socialistes avec son discours « Le Réveil allemand » prononcé au début du semestre d'été le 3 mai 1933 dans le cadre de sa conférence. Il a tenté d'intervenir dans le processus d'autodafé de Cologne et semble y avoir participé le 17 mai 1933. Lors de l'incendie de Bonn le 10 mai 1933, le folkloriste Hans Naumann (médiateur) a cité le poème « À la jeunesse » du cycle de Bertram de la Wartburg avec les vers : « Rejetez ce qui vous trouble, / Interdisez ce qui vous séduit ! / Ce qui n'est pas né d'une volonté pure / Dans les flammes avec ce qui vous menace. " Il n’est pas possible d’évaluer de manière concluante dans quelle mesure Bertram s’est distancié du national-socialisme, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, au cours des douze années suivantes. En septembre 1945, une commission municipale de dénazification arriva à la conclusion que Bertram « était identifié comme un homme qui était l’un des soutiens de famille du national-socialisme ». En 1946, Ernst Bertram fut démis de ses fonctions d'enseignant ; en 1950, une révision du processus de dénazification conduisit à sa réhabilitation et à sa retraite. »

Haut de page   Page en amont

Des visites régulières de ces pages mais peu de commentaires.
Y avez-vous trouvé ou proposez-vous de l'information, des idées de lectures, de recherches ... ?
Y avez-vous trouvé des erreurs historiques, des fautes d'orthographes, d'accords ... ?
Ce site n'est pas un blog, vous ne pouvez pas laisser de commentaires alors envoyez un mail par cette adresse
Contacts
Au plaisir de vous lire.