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Simone Weil - Études et essais

Études philosophiques juillet 2007

Revue Esprit Août-septembre 2012

L'expérience la nécessité

Simone contre Simone Simone Weil et Simone de Beauvoir se connaissaient mais ne se supportaient pas. Un antagonisme révélé par Les Visionnaires de Wolfram Eilenberger.


Études philosophiques juillet 2007 - CNRS - CNL - puf
https://www.puf.com/Collections/Etudes_philosophiques_-les

Sommaire https://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2007-3.htm
Ci dessous certains liens (en gras) sont redirigés vers le thème de l'article, et où se trouve le lien de celui-ci.

Page 137 à 138 Présentation - Anissa Castel-Bouchouchi
 
Page 139 à 154 La remise en cause de l'autarcie morale : le sentiment de soi et les mobiles de l'action chez Simone Weil - Valérie Gérard
Pour Valérie Gérard Simone Weil dans ses textes critique l’idée stoïcienne d’autarcie morale. Il y a une perméabilité entre l’extérieur et ce qui dépend de l’individu, rendant difficile son propre respect. Ses mobiles d’action ouvrent son intériorité sur l’extérieur.
Son identité morale dépend de sa conscience d’agir et de l’action même. Mobile d’action et action inscrivent l’individu dans le monde et modèle son esprit conscient et inconscient.
Par cette porte un pouvoir oppressif peut insuffler des mobiles dégradants démoralisant l’individu, lui autant tout ressort politique et ainsi le contrôler de l’intérieur, influençant sa propre perception de soi et sa position morale.
Pour Valérie Gérard «Or, l’homme a besoin de pouvoir s’estimer lui-même ; se dégrader à ses propres yeux est un malheur qui rend prêt à tout ...»
«Deux types de rapport entre l’intérieur de l’individu et l’extérieur se dessinent. … l’individu se retrouve dans l’extériorité, dans l’autre il est rendu étranger à lui-même du fait de la présence en lui de mobiles qu’il ne peut assumer.»
Les mobiles de l’action incompatibles avec le respect de soi.
Passage fort : «Une société non oppressive n’opposera donc rien à l’attention dont l’individu a besoin pour comprendre la nécessité et les besoins qui le constituent intérieurement – précisément le besoin de comprendre – et pourra même stimuler cette attention, car paradoxalement, il faut que l’individu ait confiance en lui pour chercher son identité et sa valeur en lui-même ; mais en même temps, c’est en prenant seul conscience de la réalité et de la valeur de son âme qu’il peut avoir confiance en lui. Or, une reconnaissance sociale peut lui apporter cette confiance, notamment parce qu’elle répond à un besoin spécifique à l’homme d’ancrage dans une communauté humaine. Il y a un rapport circulaire entre l’individu et la société : la possibilité du respect de soi autonome est la limite normative de l’influence sociale, mais la société peut stimuler ce rapport positif à soi.»

Page 155 à 267 À l'épreuve du monde : l'éducation au sens large - Marion Vorms
 
Page 169 à 182 Le platonisme achevé de Simone Weil - Anissa Castel-Bouchouchi
 
Page 183 à 205 Les méditations cartésiennes de Simone Weil - Robert Chenavier
 
Page 207 à 222 Simone Weil : le marxisme hors de soi - Thomas Dommange
 
Page 223 à 237 Les effets de la nécessité sur l'âme humaine : Simone Weil et le moment philosophique de la seconde guerre mondiale - Frédéric Worms
 
Page 243 à 256 Analyses et comptes rendus  - L'actualité de Simone Weil

L'expérience de la nécessité - par Geneviève Azam et Françoise Valon
Éditons Le passager clandestin

Du site et de la 4ème de couverture : «« Les hommes se reproduisent, non le fer. »
Simone Weil (1909-1943) fut une lanceuse d’alerte dont la voix fut recouverte en son temps. Elle nous parvient aujourd’hui alors que les menaces qu’elle avait identifiées s’accomplissent : le système capitaliste est sur le point de se heurter aux limites de notre planète.
Aucune existence humaine n’échappant aux besoins, ceux conjoints du corps et de l’âme, Simone Weil a tenté de concevoir un projet de civilisation capable d’accorder la tension entre liberté et nécessité. Par son exigence d’une pensée lucide, le refus de la force et de la vitesse, la coopération, la décentralisation, l’amitié et le sens de la beauté, son projet annonce celui de la décroissance.
Pour Geneviève Azam et Françoise Valon, son appel à une dissidence ultime doit donc plus que jamais être entendu.»

Page 18 La nécessité «La nécessité, c'est la confrontation à la matière du monde, matière soumise à des forces aveugles et rigoureuses, c'est l'expérience de la limite des choses et des êtres, vécue non comme un manque insupportable, mais au contraire comme la chance de se libérer de l'oppression et de faire vivre la liberté. Selon Simone Weil, la tension entre nécessité et liberté ne peut se résoudre ni par la suppression de l'un des deux termes ni par leur dépassement. On ne peut en finir avec la nécessité, ni par la croissance économique ni par la technoscience.»
18-19 De "L'engagement syndical" - Simone Weil 1933 ««De quelque manière que l'on interprète le phénomène de l'accumulation, il est clair que capitalisme signifie essentiellement expansion économique et que l'expansion capitaliste n'est plus loin du moment où elle se heurtera aux
limites mêmes de la surface terrestres.
»
19 «Aucune existence humaine n'échappe à la nécessité des besoins, ceux conjoints du corps et de l'âme. Il résulte de ce consentement conscient à la nécessité la reconnaissance du travail comme dimension constitutive de l'humanité des humains. Cette dimension, elle l'a éprouvée dans le travail des champs ou de l'usine. Cette obligation de travail, qui suppose effort et parfois souffrance, n'est ni juste ni injuste. L'injustice est en effet le fruit de l'humiliation et non de la nécessité. Elle se nourrit de la démesure qui défigure les humains, les humilie et les condamne à une course impitoyable ...»
22 «... SA prise de conscience de la question coloniale date de la répression féroce d'un soulèvement indigène au Tonkin en 1930, au moment de l'exposition coloniale à Paris.» Mutinerie de Yên Bái
«La mutinerie constitue le point de départ de l'action du film Indochine (1992)»
«C'est une tranche de l'histoire de l'Indochine française des années 1920 à 1950 à travers la saga d’une famille française coloniale exploitant des plantations d'hévéa, immergée dans le soulèvement de Vinh et la mutinerie de Yên Bái en 1930 jusqu'aux accords de Genève de 1954 qui ont mis fin à la présence française en Indochine. À l'intérieur de ce cadre historique se déroule une histoire d'amour entre l'héritière de cette famille, Éliane, et un lieutenant de vaisseau de la marine française, Jean-Baptiste. Celui-ci optera ensuite pour les nationalistes vietnamiens, par amour pour une princesse vietnamienne (Camille, fille adoptive d'Éliane) devenue communiste dans les bagnes français. Le chef de la Sûreté coloniale française le « suicidera »»
27 ««... la complète subordination de l'ouvrier à l'entreprise et à ceux qui la dirigent repose sur la structure de l'usine et non sur le régime de propriété.»» S Weil "réflexion sur les causes de la liberté ...
28 «... Simone Weil ne s'oppose pas seulement au capitalisme, mais à un monde qui a fait du modèle de la grande industrie et de la division du travail le support du pouvoir et de la puissance. ..., elle est critique à l'égard des courants marxistes et léninistes à propos du système soviétique, qui a organisé très tôt la domination des travailleurs par la concentration industrielle et l'usage du taylorisme.
Au même moment, Bernard Charbonneau, figure du mouvement personnaliste en Fronce et pionnier de l'écologie politique, ou encore Jacques Ellul, s'interrogeaient également avec force et dans des termes comparables sur le machinisme et la techniques.
»
29 «Plus récemment, dans les années 1970, Yvan Illich formulera une pensée également très proche : « L'institution industrielle a ses fins qui justifient les moyens. [...] La société déracinée d'aujourd'hui nous apparaît dès lors comme un théâtre de la peste, un spectacle d'ombres productrices de demandes et génératrices de manques.»
L'aveuglement de Marx et du marxisme, selon Simone Weil, tient à ce que le développement illimité des forces productives est finalement considéré comme le moteur de l'Histoire, un mouvement vers le Bien et la condition de l'émancipation. En ne voyant comme limite au développement des forces productives que le capital lui-même, l'émancipation consiste davantage à libérer ces forces emprisonnées dans les rapports capitalistes qu'à libérer les humains de l'empire de l'oppression et de la grande industrie. Marx s'est contenté de renverser la dialectique hégélienne en donnant non plus à l'esprit, mais à la matière, le pouvoir mystérieux de porter le progrès de l'humanité.
» En déduisent une divinisation de l'industrialisation .
35 ««Participer, même de loin, au jeu des forces qui meuvent l’histoire n’est guère possible sans se souiller ou sans se condamner d’avance à la défaite. Se réfugier dans l’indifférence ou dans une tour d’ivoire n’est guère possible non plus sans beaucoup d’inconscience.»* L'engagement reste cependant nécessaire pour elle.» *Simone Weil - Méditation sur l’obéissance et la liberté hiver 1937-1938
36 ««Les rapports sociaux seraient directement modelés sur l’organisation du travail ; les hommes se grouperaient en petites collectivités travailleuses, où la coopération serait la loi suprême, et où chacun pourrait clairement comprendre et contrôler le rapport des règles auxquelles sa vie serait soumise avec l’intérêt général.»» Simone Weil Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale - 1934.
37 «... l'humanité est devenue une force géologique, amplifiée par l'incorporation des éléments naturels dans le cycle économique «au cours du siècle dernier l’on a compris que la société elle-même est une force de la nature, aussi aveugle que les autres, aussi dangereuse pour l’homme s’il ne parvient pas à la maîtriser. Actuellement, cette force pèse sur nous plus cruellement que l’eau, la terre, l’air et le feu ; d’autant qu’elle a elle-même entre ses mains, par les progrès de la technique, le maniement de l’eau, de la terre, de l’air et du feu.»*» *Simone Weil extrait de l'article paru sous le titre Perspectives. Allons-nous vers la Révolution Prolétarienne ? le 25 août 1933, au no 158 de la revue la Révolution prolétarienne.?
38 ««...espérer que le développement de la science amènera quelque jour, : d'une manière en quelque sorte automatique, la découverte d'une source d'énergie qui serait utilisable d'une manière presque immédiate pour tous les besoins humains, c'est rêver.»»Simone Weil Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale - 1934.
39 ««comme si la nature environnante évoluait graduellement vers cette générosité
sans réserve dont Adam et Ève bénéficiaient au paradis terrestre»
»Simone Weil Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale - 1934.
42 «Walter Benjamin, en 1940, utilisera la même image pour qualifier le progrès, qu'il identifie à une tempête emportant l'ange de l'Histoire : «Une tempête le pousse irrésistiblement vers l'avenir auquel il tourne le dos, tandis que le monceau de ruines devant lui s'élève jusqu'au ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès.»» "Sur le concept d'histoire"
Dans le même collection "Walter Benjamin face à la tempête du progrès" présenté par Agnès Sinaï
46 «Pour Simone Weil, il y a une vérité et une spiritualité du travail physique, de l'effort, du contact avec la matière. Vérité qu'on retrouve dans le travail artisanal ou la petite entreprise. Le travail manuel est une façon privilégiée d'être au monde, de faire corps avec le monde, de se confronter à la matière. La vie de l'esprit en dépend. C'est pourquoi accepter la nécessité, avec son lot de souffrances physiques, ne s'oppose pas à la liberté, contrairement à l'humiliation qui elle, fabrique des esclaves. Obéir aux rythmes cosmologiques et vitaux, rencontrer les aspérités du monde, s'oppose à la vitesse et à la per6armance des processus industriels.» Effort oui, mais pas le travail (tripalium), pas la souffrance. Un métier physique, forgeron ou autre, bien mené comme le sport ne doit pas détruire le corps. Ce qu'elle a vu et vécu c'est le travail à la chaîne qui lui détruit.
57 «Les forces de la nature n'ont pas d'intention ni de direction, mais elles se combinent ou se limitent entre elles.»
64 Dans le sous-chapitre "Droits et obligations" les autrices ne font pas la différence comme Simone Weil entre devoir et obligation. Je considère que le devoir est une obligation que l'on se donne et que doit se donner tout citoyen pour harmoniser le fonctionnement de la communauté. Nous sommes contraints à une obligation pas par un devoir.
Par le sous-titre et le début de L'Enracinement, Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain» et «La notion d'obligation prime celle de droit, qui lui est subordonnée et relative. Un droit n'est pas efficace par lui-même, mais seulement par l'obligation à laquelle il correspond...», je comprend qu'elle ne fait pas de différence entre devoir et obligation. "L'expérience de la nécessité" ne lève pas celle-ci.
68-69 Les autrices abordent des notions de bien et de mal. Un bien qui pourrait être un mal pour un autre. Et «C'est du Bien seul qu'on peut tirer le sens de la grandeur.» Je ne perçois pas ce Bien universel pérenne en dehors de l'humanité, un a priori à la façon de Kant. Je ne comprends pas les notions de bien et de mal, et leur utilité qui n'est que répressive. Je ne comprends que les notions de bon et de mauvais pour soi et pour les autres y compris la nature en générale.
71 Les autrices perçoivent bien les attentes de L'enracinement, une refonte totale des relations dans l'organisation politique, au sens large, de la société des humains. «C'est à quoi s'efforce L'enracinement, depuis le fonctionnement de la justice, la nature de la propriété, la suppression de la rente et de la dette, la construction des cités ouvrières, le fonctionnement des coopératives,
la diffusion des informations, jusqu'à la formation du citoyen et les moyens pour lui de participer aux décisions communes.
On lui a reproché ce souci du détail foisonnant, sans apercevoir le grand projet d'émancipation qui l'anime de bout en bout : il s'agit des «prolégomènes» d'une démocratie véritable.
»
72 ... Elles proposent un antidote à la Force, l'amitié.

Septembre 2021

Revue Esprit Août-septembre 2012
https://esprit.presse.fr/tous-les-numeros/simone-weil-notre-contemporaine/805

«Le travail, la décolonisation et la pensée du malheur Camus, Orwell, Levinas, Blanchot: lectures croisées
Le sentiment du tragique et le goût de la beauté»

Page 18 Être de son temps Par TAÏBI Nadia

60 À la recherche du socialisme démocratique. La pensée politique de George Orwell et de Simone Weil Par HOLT Alice

92 Albert Camus et Simone Weil : le sentiment du tragique, le goût de la beauté Par Guy Samama

144 Maurice Blanchot, un lecteur attentif de Simone Weil. Entre Emmanuel Levinas et Albert Camus Par Olivier Mongin

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