Sortir de l'histoire officielle

     


Anthropologie et ethnologie
Ici juste quelques citations et remarques.
Sinon j'accepte ici l'ethnologie du fait que des anthropologues se concidèrent être aussi des ethnologues. Mais si j'ai bien compris l'ethnologie est née à une époque où le colon essayait de comprendre avec condescendance, sinon mépris, le "sauvage." Donc cette branche de la sociologie est de fait xénophobe.

Peut-on parler d'anthropologie anarchiste ? De fait que la base de l'étude est donnée brute sans idéologie cette science ne peut être quoique ce soit, mais un chercheur ayant des affinités avec les fondamentaux anarchistes par celles-ci laisse toute organisation de nos ascendants possible et ne devrait pas projeter sur ceux-ci notre organisation actuelle.

Mots, idées, concepts, personnalités repérés : l'anarchie, George Orwell, le pouvoir, religion, Rousseau, la violence

Marcel Mauss Don et contre-don

Pierre Clastre La société contre l'État

Alberto Giovanni Biuso - Anarchisme et anthropologie

Anthropologie et anarchie dans les sociétés polycéphales

David Graeber - Pour une anthropologie anarchiste


Marcel Mauss (1872-1950)
Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques.
Essai sur le don edition PUF Quadrige présenté par Florence Weber.
«Texte phare des sciences sociales, l’Essai sur le don, publié en 1925, a immédiatement suscité de nombreux commentaires. Ouvrant la sociologie durkheimienne à l’analyse ethnographique, il inscrit les sociétés du Pacifique, du potlatch amérindien à la kula mélanésienne, dans la culture occidentale.
Dans une présentation essentielle, Florence Weber le situe dans l’histoire scientifique et politique du XXe siècle, et propose au lecteur d’explorer l’archipel des prestations sans marché.
Marcel Mauss (1872?–?1950) fut l’un des fondateurs de l’anthropologie sociale. Son œuvre s’inscrit au sein de l’aventure collective de L’Année sociologique, revue dont il devient le pilier après la mort de Durkheim en 1917. Elle a durablement influencé la philosophie et les sciences sociales, notamment l’anthropologie, la sociologie des sciences, la psychologie sociale, l’histoire des techniques et l’archéologie

Marcel Mauss présente les assurances sociales comme un don, ce qu'appuie Florence Weber.
C'était peut-être un moyen de faire avaler la pilule aux âmes charitables du capitalisme ?
Non la sécurité sociale, la caisse de retraite et l'assurance chômage ne sont pas des dons et donc ne nécessitent pas des contre-dons.
Ce n'est ni un don ni une charge.
C'est un droit sur cette partie indirecte du salaire créée par le salarié.

Peut-être que maintenant le don et le contre-don sont inconscients ?
Si un individu fait un don il en attend ce contre-don qui en est la reconnaissance.

Pierre Clastre (1934-1977)
La société contre l'État
«Le problème du pouvoir politique dans les sociétés primitives. S’appuyant sur les sociétés indiennes d’Amérique du Sud, l’auteur démontre les mécanismes qui règlent leur fonctionnement. Au terme de ce travail d’analyse, on est amené à découvrir que les sociétés primitives ne sont pas seulement des sociétés sans État, mais, bien plus, des sociétés contre l’État.
« Quand, dans la société primitive, l’économique se laisse repérer comme champ autonome et défini, quand l’activité de production devient travail aliéné, comptabilisé et imposé par ceux qui vont jouir des fruits de ce travail, c’est que la société n’est plus primitive, c’est qu’elle est devenue une société divisée en dominants et dominés, en maîtres et sujets, c’est qu’elle a cessé d’exorciser ce qui est destiné à la tuer : le pouvoir et le respect du pouvoir. La division majeure de la société, celle qui fonde toutes les autres, y compris sans doute la division du travail, c’est la nouvelle disposition verticale entre la base et le sommet, c’est la grande coupure politique entre détenteurs de la force, qu’elle soit guerrière ou religieuse, et assujettis à cette force. La relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d’exploitation. Avant d’être économique, l’aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l’économique est une dérive du politique, l’émergence de l’État détermine l’apparition des classes.» Pierre Clastres»

Texte en ligne http://anthropopedagogie.com/wp-content/uploads/2019/01/La-societe-contre-letat-Pierre-Clastres1.pdf

Chapitre 11 La société contre l'État
P161 (page 102) du pdf Les sociétés sans État seraient incomplètes dans le tréfond de nos cerveaux «Les sociétés primitives sont des sociétés sans État : ce jugement de fait, en lui-même exact, dissimule en vérité une opinion, un jugement de valeur qui grève dès lors la possibilité de constituer une anthropologie politique comme science rigoureuse. Ce qui en fait est énoncé, c’est que les sociétés primitives sont privées de quelque chose – l’État – qui leur est, comme à toute autre société – la nôtre par exemple – nécessaire. Ces sociétés sont donc incomplètes, Elles ne sont pas tout à fait de vraies sociétés – elles ne sont pas policées –, elles subsistent dans l’expérience peut-être douloureuse d’un manque – manque de l’État – qu’elles tenteraient, toujours en vain, de combler. Plus ou moins confusément, c’est bien cela que disent les chroniques des voyageurs ou les travaux des chercheurs : on ne peut pas penser la société sans l’État, l’État est le destin de toute société. On décèle en cette démarche un ancrage ethnocentriste d’autant plus solide qu’il est le plus souvent inconscient.»
Et l'histoire aurait un sens unique «On reconnaît ici l’autre visage de l’ethnocentrisme, la conviction complémentaire que l’histoire est à sens unique, que toute société est condamnée à s’engager en cette histoire et à en parcourir les étapes qui, de la sauvagerie, conduisent à la civilisation.»
162 Les sociétés sans État serait incapable de créer du stock permettant l'enrichissement et la spéculation «...ces sociétés qui sont sans État, sans écriture, sans histoire, sont également sans marché. Mais, peut objecter le bon sens, à quoi bon un marché s’il n’y a pas de surplus ? Or l’idée d’économie de subsistance recèle en soi l’affirmation implicite que, si les sociétés primitives ne produisent pas de surplus, c’est parce qu’elles en sont incapables, entièrement occupées qu’elles seraient à produire le minimum nécessaire à la survie, à la subsistance.»

Phrases finales du volume «L'histoire des peuples qui ont une histoire est, dit-on, l'histoire de la lutte des classes. L'histoire des peuples sans histoire, c'est, dira-t-on avec autant de vérité au moins, l'histoire de leur lutte contre l'État.»

Alberto Giovanni Biuso - Anarchisme et anthropologie

éditions https://www.asinamali.org/

Une recension Anarchisme et anthropologie. par Jonathan Louli
«Cette « politique matérialiste de la limite » implique que doivent être repoussées les analyses qui refusent de prendre en compte la « différence individuelle », la spécificité et le désir de chaque individu
L'approche métaphysique de Spinoza mettant l'esprit à égalité à la matière mais sans téléologie, prédestinée nous sort d'un schéma individualiste.
«On peut reprocher à cette approche de contribuer à un sentiment d’impuissance»
Pourtant je lis que l'auteur propose « le moins de pouvoir possible à chacun ; une distribution plus large, horizontale et collective ; l’égalité entre les composantes du corps social dans la gestion des intérêts communs....». Qui nécessite donc des actions pour sortir des carcans verticaux.

Table des matières et notes
- L'animal que donc nous sommes
- La contribution de Pierre Clastres
Page 27 « … il faut refuser tout déterminisme évolutionniste selon lequel les « figures sociales … s’engendrent et s’enchaînent mécaniquement » (Pierre Clastre « Recherche en anthropologie politique »). C’est de cette manière que Clastre efface la condition d‘incomplétude et de degré zéro de l’histoire que l’idéologie coloniale libérale et marxiste attribue aux peuples primitifs. »
31 Ouvrage cité Pour_une_anthropologie_anarchiste de David Graeber
- Anthropologie politique et pédagogie
36 « .. comprendre la racine physiologique de l’intelligence, tout autant que l’origine mentale de la corporéité. » Corporéité « ...ce qui constitue un corps mais dans un sens moins matériel que corporalité. ...L’homme est un être corporel; la corporéité n’est pas une partie de lui mais une dimension constitutive de son essence créée. On peut donc dissocier conceptuellement actes du corps, corporalité, et actes de l’esprit, corporéité»
40 « Ce sont ici deux éléments profondément libertaires et intimement liés entre eux : une communauté libre est composée de sujets non serviles, conscients des limites, des devoirs, de la responsabilité inhérente à chaque forme du vivre ensemble. Des individus qui toutefois ne s'en remettent pas totalement au groupe, en rejetant sur lui les choix et les erreurs, mais qui au contraire défendent avec ténacité leur propre unicité. »
- Paix et guerre
41 « Guerre et paix représentent deux des mots les plus denses du langage humain. Les comprendre, cela signifie comprendre aussi beaucoup de notre nature, de l'histoire et d'un futur possible. L'éthologie y contribue, car elle va à la racine-même de la violence et en indique quelques issues possibles. Dans un premier temps, il convient de distinguer l’ »agressivité » en général - qui est un phénomène biologique, individuel et interne au groupe - de la « guerre » qui, à l'opposé, représente un produit de l'évolution culturelle. Face aux nombreuses simplifications et préjugés asti éthologiques, il est un paradoxe qui repose sur le fait que c'est précisément la composante biologique qui peut constituer un frein à la destructivité, tandis que de nombreuses normes culturelles imposent pour des motivations les plus diverses qui ont trait à la religion, le nationalisme ou l'économie - de tuer. »
44 « … l’hypothèse de l’existence d’une harmonie préétablie entre l’organisme et et son environnement est entachée de téléologie. »
« « En ce qui concerne le comportement, l’inné est non seulement ce qui n’est pas acquis, mais ce qui doit exister avant toute acquisition individuelle pour rendre celle-ci possible » Note 20 Konrad Lorentz « Évolution et modification du comportement : l’inné et l’acquis » éditions Payot p.60 »
45 « Pourquoi donc, parmi les animaux, seul l'homme serait-t il dépourvu de certains caractères constants qui en font ce qu'il est, même au sein de la complexité de l 'évolution ? La nature humaine, que l'on a tant déployée, n'est autre que cela. Il s'agit d'un concept sur lequel il est nécessaire d'enquêter toujours d'avantage, qu'il faut délimiter et utiliser avec prudence, mais qu'il ne faut pas rejeter selon certains préjugés. Sans ce concept, on ne comprend pas ce qu'est l'humain.
Au cours de l'évolution, le primate humain a fait siens des caractères extrêmement spécifiques - ceux que l'on regroupe sous le nom de tradition culturelle – mais il ne s'est pas délié de sa matrice biologique, la structure animale. Le problème, s'il en est un, se situe au cuveau du hiatus entre l'évolution phylogénétique de l'humanité et son équivalent culturel ; la première étant très lente, la seconde très rapide
45-46 La violence, comme l’art, la curiosité, le jeu sont inscrits dans nos gènes.
46 Connaître et tenter de dépasser les limites biologiques.
47 « ... le paysage que nous mêmes sommes en train de construire, qui est fait de grands développements quantitatifs allant de pair avec de très graves risques pour l'environnement, la coexistence, les ressources et la collaboration en vue de les utiliser sans les épuiser. La technologie la plus avancée se développe parallèlement à des archaïsmes phylogénétiques [attachés à son espèces et proches de celle-ci] propres à la condition humaine, la complexité de la société de masse étant confiée à la gestion de chefs exécuteurs présentant une mentalité paléolithique.
Pourtant, c'est justement notre dimension animale qui pourrait contribuer à notre salut, tout comme les adaptations phylogénétiques construites au cours de millions d'années, si nous savions les reconnaître et les utiliser. C'est en cela que la contribution d'une éthologie politique se montre fondamentale. Si une impulsion est innée, cela ne signifie en aucun cas qu'elle ne peut pas être éduquée : l'agressivité -- bien qu'elle soit innée chez un mammifère comme l'homme qui a besoin d'explorer, se nourrir, se défendre, s'accoupler peut être contrôlée et dirigée vers des fins non destructrices. »
48 Éducation passive et violence incontrôlée fabrique de personnalités infantiles, autoritaristes et violentes.
- Comportementalisme et autoritarisme
50 conflits agonistiques = guerre ?
L'agonisme (vient du latin chrétien agonisticus « qui lutte ») est relatif à l'affrontement, en particulier en ce qui concerne des textes littéraires. On parle de personnages « agonistes », ou, le plus souvent, de texte « agonistique ». Le registre polémique est le plus proche. À l'inverse, on parle de texte irénique (irénisme = compréhension mutuelle ; du grec eirếnê, la paix ).
À l'origine, le mot est relatif à l'art des athlètes.
50-51 Pour le maintien de l’espèce il y a inhibition chez les grands prédateurs des puissantes armes naturelles. (L’agression, une histoire naturelle du mal par Konrad Lorenz)
L’évolution technologique a produit un déséquilibre entre agressivité et inhibition. »
« La Violence se trouve ... renforcée par le contraste évident entre la « noblesse » des valeurs éthiques professées à l'époque contemporaine, la tolérance et la démocratie - et la persistance d'instincts ataviques tels que la défense du groupe d'appartenance ou du propre territoire, contre tout envahisseur ou possible menace extérieurs. Il est très dangereux d'oublier ou de sous-estimer que l'agressivité est aussi, à l'origine, biologique. »
52 « L'étude des autres animaux ainsi que des commun autos humaines les plus diverses confirme combien la symétrie et la réciprocité au sein des rapports doter minent la forme la plus correcte de relation. Les études de Mauss, de Lorenz et de Eibl Eibesfeldt, aussi différentes qu'elles soient l'une de l'autre, confirment toutes qu'un a]truisme unilatéral et excessif peut en revanche produire des résultats au moins aussi dramatiques que la guerre. À ce propos, rappelons simplement l'importance de pouvoir rendre un don qu'on nous a fait, sans quoi il peut devenir un poids ou une offense ; autre exemple, une attitude trop soumise peut déclencher la violence de celui qui souhaite s'accaparer les ressources d'autrui, individus ou groupes. »
52-53 Les formes des structures des relations interhumaines : la joie inquiète (par sa propre finitude), la prestation, la possession, la férocité, la faute. La faute est le principe de toute culture, car c’est le fondement de l’existence-même qui se sait destinée à périr.
53 Le côté obscure de l’égalité sociale ?!
- Le pouvoir
58 « L'espèce humaine ne naît pas de l'esprit et encore moins de la divinité, mais bien du vaste monde de l'animalité. Si l'homme est le fauve le plus fort et le plus astucieux, il le doit à ses capacités intellectuelles et cognitives. Cela ne signifie pas qu'il soit l'apogée, le but et le sens de tout ce qui existe, ou encore l'intention secrète vers lequel le tendrait la matière : il ne représente certainement pas le point culminant de l'évolution. »
59 Le besoin de reconnaissance nous entraînerait vers la soumission. « C'est la peur de mourir qui fonde la persuasion du pouvoir. Mais si c'était là l'unique raison, le pouvoir serait toujours et seulement l'expression du négatif, et s'en trouverait par conséquent affaibli. Son autre source est précisément la prédisposition des humains à obéir : la nature grégaire de l'espèce. L'autorité se fonde tout particulièrement sur le besoin du sujet d'être accepté du fait qu'il existe, ainsi que sur celui d'exister d'une certaine manière, pour le fait d'être ce qu'il est. Nous sommes à nos yeux ce que nous pensons être au regard des autres aussi, et tout particulièrement au regard de ces sujets et de ces structures auxquels nous reconnaissons - pour les raisons les plus diverses - du prestige, de la valeur, de l'influence et de la force. L'autorité est donc détenue par celui qui a la capacité d'inciter les autres à des actions déterminées, dans la mesure où ces derniers attendent en retour la reconnaissance de leur propre valeur. »
- La violence et l’État
63 « « la violence est le destin de l'espèce. Ce qui change, ce sont ses formes, ses lieux, ses moments, l'efficacité technique, le cadre institutionnel et le sens qui prétend la légitimer. »Traité de la violence – Wolfgang Sofsky »
64 « … la société génère un ordre qui implique lui aussi l'utilisation systématique de la violence : « La violence crée le chaos, et l'ordre crée la violence. Ce dilemme est insoluble ». Le pouvoir, créé dans le but de limiter la violence, élève la violence à des niveaux absolus. Ici semble résider la voie sans issue que représente l'histoire humaine, et c'est pour en sortir que l'anarchisme est né. » Du même auteur »
65 « L'absolutisation des valeurs génère également l'utopie : en son nom et pour son compte, la violence se déchaîne sans plus aucun frein. Rien n'est en mesure de s'opposer à l'espoir de la Perfection. Chaque sacrifice d'aujourd'hui est béni au nom de la joie de demain. Les épigones [suivant] séculaires des prêtres font de l'histoire l'espace de l'absolu, et au nom du Bien, ils sont disposés à tuer un nombre incalculable de personnes. Tout projet révolutionnaire ayant réussi à prendre le pouvoir a aggravé la violence, en lui conférant une dimension de salut vouée à anéantir toute critique éventuelle. Seule une anthropologie négative est en mesure de comprendre véritablement ce qui se trame dans les coulisses du théâtre de l'histoire, en démasquant cette foi en l'optimisme qui au nom d'espoirs absolus a fait du XXe siècle celui de l'extermination.
… La civilisation est … façonnée par la cruauté, elle est imprégnée de mort. »
66 « L'État contemporain est en mesure de représenter le plus grand des dangers, notamment parce que les masses sont souvent son instrument le plus formidable. Une forme politique qui se croit l'unique représentante légitime de la souveraineté et qui affirme ne parler qu'au nom des besoins du « peuple » ... présente d'évidentes potentialités totalitaires. La domination de l'existant et du factuel qui s'exprime de la sorte rend impossible toute tension, tout dépassement, toute sorte de projet. Il en résulte un aplatissement aux niveaux les plus bas de l'humain. C'est de cette manière que l'on s'assure l'obéissance, le conformisme, le bavardage stérile, toute forme de superstition, d'idolâtrie ou de sentimentalisme. Certains des effets de ce nivellement sont évidents : le journalisme, qui brûle littéralement la connaissance dans l'espace du quotidien, exprime certes dans le meilleur des cas - toute sa capacité analytique, mais il reste dépourvu de la profondeur du passé et du futur, dont l'unité avec le présent forme le temps de la culture. ... une innovation politique radicale - une véritable alternative à l'existant ... semble aujourd'hui impossible. »
- La liberté et la culture
70 «Le refus de la dimension biologique relève ... d'un grave préjudice. C'est ce qui fait obstacle à la compréhension des phénomènes humains et qui empêche de trouver des solutions à de nombreux problèmes. Tout ceci est dû à une crainte injustifiée vis à vis de l'idée que le déterminisme biologique implique une soumission à une structure invariable et incontrôlable. En réalité l'évolution reste constamment conditionnée par la force de notre corps et de ses impulsions et par conséquent ceux-ci peuvent être orientés vers la croissance comme vers l'autodestruction. Le choix dépend de nous, du courage de la politique.
L'un des résultats, à la fois le plus significatif et le plus tragique, de l'optimisme anthropologique est le développement parallèle du sentimentalisme et de la férocité, depuis la Révolution française et le Romantisme jusqu'à nos jours. Loin d'en être le revers, la férocité est le résultat inévitable du sentimentalisme. En effet, dès que la sphère des passions s'extrémise en perdant toute limite , la porte est alors ouverte à tous les excès, y compris celui de la cruauté. »
- Contre la politique/religion
74-75 « La prétention à modeler parfaitement la nature humaine jusqu'à la recréer génère une pratique qui ne connait pas de limites à la violence puisqu'elle en fait la sage femme du futur, l'instrument de la rédemption universelle C'est ainsi que naissent des États dont le sens est d'incarner une vision du monde, en portant à terme un projet inscrit dans les lois pensées comme objectives du devenir historique. La conséquence qui en découle est un asservissement des consciences et des citoyens qui ne s'était encore jamais réalisé dans des formes aussi universelles. Loin d'être un siècle athée ou simplement laïque, le XXe siècle a étendu la dimension religieuse à la vie civile et à la philosophie politique, avec des résultats évidemment désastreux. George Orwell, un esprit authentiquement libertaire, fut parmi les premiers à pressentir la nature religieuse du pouvoir au XXe siècle. On ne saurait expliquer autrement la capacité de pénétration, le triomphe et la nostalgie suivant la chute, qui investissent des projets politiques comme le national-socialisme et le bolchévisme. »
75 « Nous avons ici affaire à la prétention anthropologique à ne pas subir les déterminations biologiques communes à l'ensemble des espèces animales. La conviction de créer, littéralement, un homme nouveau : voici le fondement des religions politiques du XXe siècle. »
- Anthropologie matérialiste et anarchisme
81-82 « L'Émile est en effet une anthropologie. A l'origine de cet ouvrage, on trouve une sorte de louange ambiguë de l'humain : « Tout est bien sortant des mains de l'Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l'homme ». L'éducateur est à l'individu ce que la volonté générale est à la société. La même implacable tyrannie y domine, celle dont les régimes autoritaires du XXe siècle se sont inspiré en lui conférant une inexorabilité certaine : « Afin donc que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le forcera d'être libre ». La force de la légalité à laquelle Rousseau aspire est une « inflexibilité que jamais aucune force humaine ne pût vaincre, la dépendance des hommes redeviendrait alors celle des choses» . Dépendre du pouvoir comme on dépend de la nature. L'utopie totalitaire a véritablement trouvé en Rousseau les termes les plus clairs pour exercer sa fascination»
- Un anarchisme pour le présent
85-86 « Si les êtres humains ne sont pas que d'abstraits citoyens mais qu'ils représentent aussi des lieux, des temps, des cultures et des communautés, on comprend mieux en quoi les perspectives écologistes constituent une alternative radicale au déracinement mondialisé. ne se limitant pas à défendre la nature dans l'abstrait, mais aussi l'enracinement en elle de l’élément humain. La continuité de l'espèce humaine entre nature et culture est en effet, comme nous l'avons, vu, profonde »
87-88 « Il s'agit surtout de se libérer de l'ancien tourbillon du désir grégaire, dont la nature énigmatique, irrationnelle et criminelle a interrogé La Boétie, Spinoza et Reich : « Pourquoi les hommes combattent-ils pour leur servitude comme s'il s'agissait de leur salut ? »* Quant aux masses, « non,, les masses n'ont pas été trompées, elles ont désiré le Fascisme à tel moment, en telles circonstances, et c'est cela qu'il faut expliquer, cette perversion du désir grégaire »* - *Gilles Deleuze et Félix Guattari « Capitalisme et schizophrénie »pages 36 et 37  »

Décembre 2022

Anthropologie et anarchie dans les sociétés polycéphales


Éditions atelierdecreationlibertaire.com/

Du site et de la 4e de couverture « L’auteur de cet essai, en s’appuyant principalement sur les travaux de l’Allemand Hermann Amborn, nous propose une lecture anthropologique de l’anarchisme. Plus précisément, d’un côté un nombre de réflexions sur la question concernant l’État et les sociétés hiérarchiques et autoritaires et, de l’autre, non pas sur une hypothétique société égalitaire, mais sur un certain nombre de régions du monde où, hier et aujourd’hui, des hommes et des femmes ont vécu et vivent des rapports sociaux basés sur l’égalité et la participation de tous et toutes dans les affaires de la cité.
Certes, ces réflexions et ces pratiques ne correspondent pas à un modèle applicable tel quel dans notre quotidien, mais nous permettent de penser, imaginer qu’une anthro­pologie anarchiste bâtie sur une interaction permanente avec les peuples qui continuent à maintenir ou créer des espaces autogérés est possible  !

Thom Holterman, né en 1942, fut objecteur de conscience et un des fondateurs du groupe Provo de Rotterdam, puis rédacteur, depuis 1971 – date de sa création –, de la revue anarchiste De AS. Il est docteur en droit (1986) et a publié en hollandais un certain nombre de livres et de brochures, principalement sur l’anarchisme et le droit.»

Extrait d'une recension Thom Holterman, Anthropologie et anarchie par Christophe Patillon
«C’est un signe des temps : la quête d’un autre avenir possible nous fait rechercher des raisons d’espérer dans l’immémorial passé ou dans les us et coutumes de communautés humaines non encore totalement contaminées par le capitalisme et le Progrès. D'où l'intérêt du livre proposé par Thom Holterman : « Anthropologie et anarchie dans les sociétés polycéphales »
...
S’il cite Pierre Clastres, James Scott ou David Graeber3, c’est aux travaux de l’anthropologue Hermann Amborn qu’il se réfère le plus. Amborn a étudié les relations de pouvoir et d’autorité dans certaines communautés de la corne de l’Afrique, sociétés qu’il préfèrent appeler polycéphales (plutôt qu’acéphales), c’est-à-dire sans organe central incarnant l’autorité. »


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