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Concurrence ou entraide ?

Les fondements utilitaristes et anti-utilitaristes de la coopération en biologie

Diaphoraphobie ou xénophobie radicale

Violence ancestrale dans un monde nouveau

Darwinisme ou la Volonté de Schopenhauer

Bonté, décence, bienveillance

Les fondements utilitaristes et anti-utilitaristes de la coopération en biologie
Autre version de l'article directement sur le site Mauss https://www.journaldumauss.net/?Les-fondements-utilitaristes

Donc même l'expression «Pays en voie de développement» est un a posteriori douteux ! «Alors que les sciences naturelles ont semblé donner raison à l’utilitarisme pendant plus d’un demi-siècle, il devient aujourd’hui possible de contredire cette hypothèse : l’homme n’est pas uniquement égoïste, en plus du fait qu’il n’est pas parfaitement rationnel. Ce non-utilitarisme de l’être humain s’applique aux formes les plus primitives de la vie : la coopération est inscrite dès les origines et pourrait être, avec la survie du plus apte, un des moteurs essentiels de l’évolution. La découverte récente de mécanismes permettant la naissance de la coopération dans un contexte de gènes égoïstes remet cent ans de débats sociologiques sur la table de travail.
L’idée de sélection naturelle en biologie est venue à Darwin dans le cadre culturel de l’Angleterre victorienne, au travers des écrits de l’économiste Malthus à propos de la pression de la population sur des ressources naturelles limitées. Les conclusions méticuleuses de Darwin furent ensuite popularisées, notamment par Herbert Spencer, comme « la survie du plus fort ». Les termes de compétitivité, de survie du plus fort, etc., ont donné ce que l’on appelle le darwinisme social, repris par la théorie néoclassique jusque dans ses applications politiques récentes Darwin n’était pourtant pas si catégorique, et il reconnaissait déjà par exemple le rôle de la sélection de groupe.
Le darwinisme social s’est profondément enraciné dans nos esprits, et les premiers anthropologues étaient évolutionnistes, au même titre que les successeurs d’Adam Smith, de Karl Marx et des autres économistes classiques. Aujourd’hui, on parle encore de sociétés « développées » par opposition aux sociétés appelées pudiquement « en voie de développement » ou « pays les moins avancés », pour ne plus utiliser le terme de « sociétés primitives ». Vue sous cette perspective, la notion même de « développement durable » peut apparaître comme imprégnée de ce darwinisme social à cause du mot « développement ». La perspective néoclassique se base également sur ce modèle de sélection du plus compétitif dans un contexte de concurrence. On peut donc avancer que le darwinisme social est un trait marquant de la culture moderne.
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La découverte récente de mécanismes permettant la naissance improbable de la coopération dans un contexte de gènes égoïstes remet en scène cent ans de débats sociologiques. Je pense que cette révolution est au moins aussi importante que la révolution née des travaux de Prigogine sur la naissance improbable de la Vie dans des milieux dissipatifs : des instabilités locales peuvent créer de l’ordre dans un contexte où l’entropie augmente.
Dans un contexte où l’évolution naturelle favorise l’égoïsme (les « passagers clandestins »), des formes organisées, coopératives peuvent naître et se reproduire. Pour que cela soit possible, il faut un flux constant d’énergie et d’information (sous forme de complexité). Une fois les éléments en place, comme les capacités cognitives exceptionnelles de l’être humain sous forme de culture, la création tant d’ordre que de coopération (d’institutions) peut devenir exponentielle : l’homme crée de l’ordre à son gré de manière démesurée sous forme, par exemple, de capital immobilier, de cultures, d’institutions et d’éthiques diverses.
Alors que la science a semblé donner raison à l’utilitarisme pendant plus d’un siècle, il devient aujourd’hui possible, comme nous le disions en introduction à ce texte, de contredire cette hypothèse : l’homme n’est pas uniquement égoïste, en plus du fait qu’il n’est pas parfaitement rationnel. Autrement dit, il n’est pas utilitariste et la théorie néoclassique perd l’un de ses fondements les plus irréfutés.
Les récentes découvertes théoriques en biologie évolutionniste, une fois sorties de leur carcan élémentaire, purement génétique et déterministe, pour faire place à une co-influence moins déterministe entre culture et évolution, ont permis de redonner à la sociologie et à l’économie une liberté qu’elles avaient perdue. Un vaste champ d’investigation s’ouvre à nouveau dans la sociologie et l’économie ainsi débridées. La charge de la preuve peut s’inverser : il n’est plus nécessaire de « prouver » qu’une espèce vivante peut être capable d’altruisme. Pour accréditer la théorie utilitariste, il faut désormais prouver que l’homme est uniquement égoïste. La preuve est apportée expérimentalement, aujourd’hui, du contraire : si l’homme n’est manifestement pas « uniquement » altruiste, il est néanmoins capable d’une panoplie de comportements et de motivations, dont de l’altruisme et de l’égoïsme, en fonction des contextes dans lesquels il est plongé. Fondamentalement, une part d’égoïsme calculateur reste présente dans la plupart de ses choix, mais des motivations autres, complexes, comme des motivations altruistes authentiques diverses, s’y ajoutent le plus souvent, qu’il le veuille ou non.»


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