Sortir de l'histoire officielle

     


Lecture de la Critique de la raison pure

Mots, idées, concepts, personnalités repérés : La chose en soi, aporie de la chose en soi

Texte en ligne http://classiques.uqac.ca/.../Critique_de_la_raison_pure.html
Les extraits sont tirés de la traduction de Jacques Auxenfants en pdf et comparés avec celle de Alain Renault aux éditions GF Flammarion. Les numéros entre parenthèses sont les numéros de page du texte en pdf.

J'essaie de comprendre ce pavé en en extrayant l'essentiel ; pavé pas par le nombre de pages mais par la densité du texte, sa syntaxe et son vocabulaire.
En ce juillet 2020 j'en suis à l'introduction, jusqu'où vais-je aller ?
En ce juillet 2021 après de multiple interruptions je n'ai réussi à déchiffrer que le quart du texte. Son organisation est déjà difficilement compréhensible.
Il doit me manquer des cases et des briques pour comprendre l'esprit et la démarche de Kant.
Je pense déjà avoir compris sa notion d'a priori. Comme nous ne savons pas où elle commence, Kant doit lui-même en être victime et prendre ses a posteriori pour des a priori. Ça met à terre ses conceptions de la morale.
Sinon de clamer avec lui que la CRP est une révolution copernicienne et de répéter ses arguments ne justifient qu'elle en soit une. Je ne vois pas où elle se cache.
Je reprendrai peut-être plus tard cette lecture.

Diaporama à partir de l’étude de Georges Pascal reprise par Wikipédia CRP Kant - G. Pascal
Un point de vue autour de quatre philosophes actifs après 1918 dans "Le temps des magiciens" de Wolfram Eilenberger «Cependant, quelles que soient l'obédience ou l'école dont ils ont le sentiment de relever -- idéalisme, humanisme, philosophie existentielle, phénoménologie ou logicisme --, les philosophes présents se rejoignent sur un point essentiel : le fondement idéologique et surtout scientifique sur lequel Kant a bâti son impressionnant système philosophique est miné ou demande au moins à être réformé en profondeur. La « Critique de raison pure » repose, notamment dans sa compréhension des idées d'espace et de temps, sur la physique du XVIIIe siècle. Or la vision newtonienne du monde a été révolutionnée par la théorie de la relativité d'Einstein (1905). L'espace et le temps ne peuvent être considérés indépendamment l'un de l'autre, ils n'ont pas non plus d'existence a priori, c'est-à-dire préalable à toute expérience. La théorie de l'évolution de Darwin a déjà ôté une grande part de plausibilité à l'idée d'une nature humaine soustraite au devenir temporel et à Jamais prédéfinie. Avec la réévaluation par Darwin du rôle du hasard dans l'évolution des espèces sur la planète – puissamment transposée par Nietzsche dans le domaine de la déjà culture --, l'idée que le déroulement de l'histoire puisse obéir à un objectif, voire être guidé par la raison, se trouve en outre singulièrement affaiblie. Quant à la parfaite transparence de la conscience humaine à elle-même - point de départ de la méthode d'analyse transcendantale de Kant -, elle ne relève plus de l'évidence au moins depuis Sigmund Freud. Mais plus que tout, ce sont les horreurs de la mort anonymisée, de la tuerie de masse, au cours de la Première Guerre mondiale, qui ont retiré toute crédibilité au discours des Lumières sur le progrès civilisateur au travers de la culture, de la science et des techniques. Face aux crises politiques et économiques de la décennie, la question de l'homme apparaît plus urgente que jamais. Cependant les fondements permettant jusque-là d'y répondre ont perdu leur validité.
L'auteur de « La situation de l’homme dans le monde » (1928), le philosophe Max Scheler, qui meurt subitement en 1928, a formulé ce sentiment de crise dans l'une de ses dernières conférences : « En presque dix mille ans d'histoire, c'est la première fois que l'homme a complètement cessé d'être intelligible à lui-même ; qu'il ne sait plus ce qu'il est, mais qu'il sait aussi qu'il ne le sait pas''. »»
Dans Robin Le poidevin - Ne pas croire / Essai sur l'agnosticisme
« Parmi le public de Mansel [Henry Longueville Mansel 1820-1871] à Sainte Marie, peu de gens connaissaient l'œuvre de Kant. Ses textes sont très dif6lcilespour quiconque désire comprendre ses positions, mais ceux qui ont fait l'effort de le lire minutieusement le considèrent comme l'un des plus grands penseurs de tous les temps. Ses réflexions sur la connaissance constituent un pan essentiel pour toute histoire de l'agnosticisme.
Dans le premier texte, Kant propose une réponse aux deux principales théories de la connaissance : l'empirisme qui dominait en Grande-Bretagne et le rationalisme qui dominait sur le Continent.
L'empirisme consiste à soutenir que la connaissance du monde provient entièrement de l'expérience sensorielle.
Le rationalisme, au contraire, soutient qu'il est possible d'acquérir des connaissances par le seul exercice de l'esprit.
Kant pense que ces deux approches sont erronées. L'empirisme se trompe parce que, même si l'expérience est peut-être l’occasion pour nous d'obtenir des connaissances, elle ne peut être la seule source du savoir, parce que l'expérience pure (si une telle chose est possible) serait impossible à interpréter. L'esprit doit imposer des catégories de pensée à l'expérience pour que cette dernière puisse devenir intelligible, et ces catégories ne sont pas indépendantes de la raison. Par ailleurs, la raison pure ne nous donne pas plus de connaissance, et la tentative d'établir des vérités sur le monde sur la base de la seule raison aboutit à des contradictions.
Kant en fait une démonstration spectaculaire dans ses « Quatre antinomies de la raison pure » de la première Critique. Chaque antinomie consiste à mettre en regard deux arguments aux conclusions contradictoires. Le résultat, c'est que nous avons apparemment tendance à penser des choses contradictoires sur le monde.
La première antinomie concerne les bornes spatiales et temporelles du monde : que le monde a un commencement dans le temps et qu'il n'en a pas ; que le monde a une extension spatiale finie et qu'il n'en a pas.
La deuxième antinomie concerne la structure des objets : que les objets sont composés en dernière instance d'objets simples, dépourvues de parties, et qu'il n'existe pas de tels objets simples.
La troisième antinomie concerne la liberté : que nous sommes libres et que nous sommes liés par les lois de fer de la causalité.
Enfin, la quatrième antinomie concerne l'existence d'un être suprême : qu'il existe un être dont l'existence est (contrairement à la nôtre) absolument nécessaire et qu'il n'existe rien de tel.
Il n'est pas étonnant que la métaphysique, cette branche de la philosophie censée exposer la véritable nature de la réalité, se retrouve embourbée dans les controverses !
Comment résoudre cette énigme ? Avons-nous la moindre connaissance ? Kant suggère que la solution consiste :
d'abord à reconnaître que la connaissance est limitée aux objets d'une expérience possible, ce que Kant appelle le monde phénoménal.
Il faut ensuite reconnaître que les structures de la raison que nous utilisons pour rendre l'expérience intelligible, des structures comme l'espace et le temps, n'appartiennent pas aux choses indépendamment de l'expérience que nous en avons.
La réalité qui se tient au-delà de l'expérience est le monde nouménal. Nous ne pouvons rien en dire, peut-être même pas si elle existe ou non, bien que nous puissions dire ce qu'elle n'est pas.
Qu'en est-il alors de Dieu ? Il ne peut pas appartenir au monde phénoménal, parce qu'il est censé transcender l'expérience.
En étudiant la quatrième antinomie, sur l'être nécessaire, nous pouvons attendre de Kant qu'il dise que Dieu est une des structures de la pensée que l'on ne peut s'empêcher d'imposer à notre compréhension du monde, mais qui ne correspond à rien dans le monde nouménal (si tant est qu'il soit légitime de parler de l'existence d'un monde nouménal). Nous ne parvenons à Dieu ni par l'intermédiaire de l'expérience sensorielle ni par la raison pure. Certains ont tentés d'établir l'existence de Dieu par la seule argumentation rationnelle, mais Kant, après avoir répertorié et classé ces tentatives, montre qu'elles échouent. À la fin de la première Critique, on ne peut pas dire que la théologie paraisse en grande forme.

Sommaire et liens vers mes résumés des préfaces et introduction
Deux préfaces de l'auteur, une introduction et le texte d'un peu plus de 500 pages en quatre parties.
Préface de la première édition
Préface de la deuxième édition
Introduction
Le temps et l'espace

Dans ces reprises du texte les chiffres ajoutés correspondent aux alinéas visibles dans l’édition GF Flammarion. Et pour éclaircir le texte j'ai ajouté un retour à la ligne en fin de chaque phrase.

Préface de la première édition (5)

1 à 3- La raison, de question en question sans réponse, a recourt à des principes obscures que l’on appelle métaphysique. Celle-ci tellement obscure et contradictoire qu'elle en est méprisée.
4- La métaphysique étant la seule réponse possible elle en est devenue despotique.
Elle n’a pas disparu malgré les adversaires mais est tombée dans le dogmatisme.
5– la métaphysique étant essentielle on a continué à chercher des voies empruntées paradoxalement aussi par les indifférentistes (matérialistes?).
L’épanouissement des autres sciences dont bénéficie la métaphysique doit attirer notre attention.
Ces nouveautés qui peuvent encore tomber dans un simulacre de savoir nécessite un tribunal.
Ce tribunal est la critique de la raison pure.
6- Ce tribunal doit se prononcer, à partir de principes, sur la possibilité d’une métaphysique en général, sur ses sources et ses limites.
Ne pas éluder les questions. Ne pas leur donner des réponses dogmatiques.
7- première préoccupation regarder les choses en détail en résolvant tout problème.
8- Qu’espérer malgré l’absence de matière et d’expérience ?
10- Clarté et certitudes sont exigées de l’auteur.
11- Il doit être libre des juges.
12- L’étude de l’entendement : - son objet
- ses limites indépendamment de toute expérience.
13- Avec une exigence de clarté discursive (logique, concept) et de clarté intuitive (esthétique, intuition) mais ce n’est pas spécialement à la porté du public ordinaire.
14- La métaphysique la seule des sciences dont son achèvement rend complet toutes les sciences.
(serait-elle achevée avec Kant?)
15- Le lecteur doit être patient, impartial et collaborer avec l’auteur.
Fin

Préface de la deuxième édition (10)
1- La raison dans ses recherches empruntent de multiples voies semées d’embûches. Pour passer du tâtonnement à une voie sûre elle doit emprunter celle d’une science.
2- La logique, hormis quelques adaptations, a suivi cette voie sûre sans retour en arrière depuis les temps anciens à en être considérée comme achevée.
Certains contemporains pensèrent l’étendre à d’autres études en y incluant psychologie, métaphysique ou anthropologie, mais ne prouvèrent que leur ignorance.
Nous défigurons les sciences en les empiétant les unes sur les autres alors que la logique a pour objet de démontrer les origines et les obstacles toute pensée qu’elle soit a priori ou empirique.
3- La logique a bien réussi grâce à son champ d’application qui l’autorise et l’oblige à abstraire de tous les objets de la connaissance permettant à l’entendement d’avoir affaire qu’à lui-même.
Devant s’occuper d’elle-même et d’objets la raison devrait avoir plus de difficultés d’emprunter la voix sûre de la science. En conséquence la logique n’est qu’une ouverture vers les sciences qui nécessite une acquisition de celles qui en porte le nom (de logique – si j’ai bien compris).
4- Pour que la raison utilise ces sciences il faut a priori une connaissance rationnelle de son objet et son concept par la connaissance théorique dite spéculative ou rendre effectif cet objet par la pratique de celle-ci (la raison).
Dans les deux cas la partie pure déterminée par l’a priori de l’objet doit être isolée d’autres sources, car l’on perdrait de l’énergie en s’éparpillant.
5- Les deux connaissances théoriques de la raison sont la mathématique, déterminée par son objet a priori de façon pure, et la physique déterminée par d’autres sources de connaissances hors de la raison.
6- Depuis les grecs la mathématique a empruntée la voie d’une science. Ce fut moins facile que pour la logique qui n’a affaire qu’à elle-même. Une révolution oubliée a dû être nécessaire pour donner à la mathématique cette voie définitive. Comme pour le triangle, où il a fallu passer de son concept à ceux, nouveaux ou pas, nécessaires à sa construction, un objet se réduit juste aux concepts nécessaires à sa construction [si j'ai compris mais ce n'est pas certain].
7 et 8- Après des siècles de tâtonnements ce n’est que récemment que la physique a pris le chemin de la science mais elle est encore fondée sur de l’empirisme.
Des découvertes récentes produisirent une illumination chez les physiciens prenant les devants laissant les observations faites au hasard et forcèrent la nature sans ce laisser guider par elle.
Ceci par la raison et ses propres principes qu’elle doit se tourner vers la nature mais avec fermeté selon des lois constantes.
C’est en respectant cette démarche que la physique est devenue une science.
9 et 10 Connaissance spéculative distincte de la raison, la métaphysique, plus ancienne que toutes les autres sciences et qui survivra à une barbarie capable de tout anéantir, s’entend se hisser au dessus de l’enseignement de l’expérience, et cela à partir de simples concepts (pas comme la mathématique, par application des concepts à l’intuition). Elle peut emprunter la voie d’une science.
Mais sa démarche a été un tâtonnement entre de simples concepts où ses adeptes, en luttes entre eux, s'y sont perdus.

La raison dans la métaphysique se trouve continuellement en difficulté et la mène dans des impasses, nous leurre par des mirages. Elle y trouve des lois que l’expérience ordinaire confirme. [exemple ? La joie dans le bien ?]
Si la science dans la métaphysique n’a trouvé aucune voie est-ce possible ?

Quels sont les indices qu’y peuvent nous y mener ?
Si la voie sûre d’une science a simplement, jusqu’ici, été manquée, quels indices pouvons-nous utiliser pour espérer être plus heureux que ne l’ont été nos prédécesseurs ?
11- La mathématique et la physique par leur révolution peuvent servir d’exemple pour approcher la métaphysique.
On admettait que notre recherche se faisait à partir d’objets et pouvait s’élargir par des concepts, mais sans succès. Essayons d’organiser celle-ci par notre connaissance a priori de ces objets.
Que le spectateur tourne autour de l’objet et non l’inverse ce qui a permis à Copernic de comprendre l’univers.
En métaphysique on pourrait copier cette expérience de l’objet sur l’intuition et non sur sa nature a priori.
Ne pouvant nous en tenir à ces intuitions il me faut les représenter sachant soit que les concepts se règlent sur l’objet, soit l’expérience de ces objets se règlent sur les concepts ce qui est plus favorable.
L’expérience devient alors un mode de connaissance requérant le concours de l’entendement. Celui-ci, par ma faculté régulatrice avant même que me soient donnés a priori les objets, s’exprime en des concepts a priori sur les objets de l’expérience avec lesquels ils doivent s’accorder.
Les objets pensés par la raison sans être donnés dans l’expérience constitueront ensuite une révolution dans la manière de penser, à savoir que nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes.
Cette méthode, empruntée aux physiciens, devrait rechercher au moyen d’une expérimentation un conflit de la raison avec elle-même.
12- Cette tentative promet à la métaphysique, dans sa première partie (ontologie) la voie sûre d’une science.
Par révolution dans la manière de penser on explique la possibilité d’une connaissance a priori et donner les preuves des lois qui sont a priori au fondement de la nature (ensemble global des objets de l’expérience).
Deux acquis auparavant inaccessibles avant cette révolution.
Au terme de l’étude a priori de cette ontologie un résultat étrange se dégage, celui de ne pouvoir aller au-delà des limites de l’expérience.
Notre connaissance rationnelle a priori ne porte que sur des phénomènes et laisse à la chose en soi sa réalité par elle-même inconnue.
La recherche de l’inconditionné, qui réclame la présence de la raison dans les choses en soi, nous pousse à aller au-delà de l’expérience et des phénomènes.
- Avec notre connaissance sur les choses en tant que choses en soi, l’inconditionné ne peut être pensé sans contradiction. La contradiction est levée, avec l’apparition des objets en tant que phénomènes réglée sur notre représentation, si l’inconditionné est trouvé sur ce que nous ne connaissons pas des choses en soi.
Ainsi sera fondé ce que nous n’avions admis qu’à titre d’essai.
Cette expérimentation de la raison pure est analogue à celle que les chimistes appellent l’essai de réduction ou méthode synthétique.
Le métaphysicien sépare la connaissance a priori en deux éléments très différents, à savoir : celui des choses comme phénomènes et celui des choses en soi.
La dialectique les combine afin d’obtenir l’accord par conséquent vraie avec l’Idée nécessaire de la raison qui est celle de l’inconditionné.
- Ainsi après avoir refusé à la raison spéculative d’envisager tout progrès dans ce champ du suprasensible, il restera à rechercher dans le domaine de sa connaissance pratique des données pour déterminer ce concept transcendant de la raison qu’est l’inconditionné. Conformément au souhait de la métaphysique notre connaissance a priori accédera ainsi, au-delà des limites de toute expérience possible, au point de vue pratique.
- Dans cette démarche, la raison spéculative nous a ménagé une place pour un tel élargissement que l’on peut remplir à l’aide des données pratiques fournit**.
** Comme Copernic par sa démonstration audacieuse, prouvant les lois du mouvement des corps célestes, a validé par hypothèse la force de l’attraction newtonienne qui lie le système du monde.
Dans cette préface, je présente comme une simple hypothèse le changement de méthode exposé dans la Critique et qui est analogue à l’hypothèse de Copernic.
Dans le corps du texte lui-même, ce changement sera prouvé apodictiquement et non hypothétiquement, en partant de la nature de nos représentations de l’espace et du temps, et des concepts élémentaires de l’entendement.
13- Cette Critique de la raison pure est cette tentative de transformer radicalement la démarche suivie par la métaphysique, à l’exemple des géomètres et des physiciens.
- Elle se veut un traité de la méthode, non un système de la science elle-même. Après en avoir dessiner l’architecture interne elle en dessine le contour, à partir de la considération des limites de la raison.
La raison pure spéculative peut mesurer son pouvoir dans le choix de ses objets ; dénombrer les approches de problèmes ; dans la connaissance a priori, rien ne peut être attribué aux objets que ce que le sujet en extrait. La raison pure spéculative constitue une unité entièrement distincte dans laquelle chaque membre existe en considération de tous les autres et tous existent en considération de chacun.

Nul principe ne peut être accepté sans être examiné avec la raison.
Ainsi la métaphysique en utilisant ses propres principes elle peut embrasser le champ des connaissances qui relèvent d’elle et la transmettre à la postérité.
Au moins en agissant ainsi elle pourra prétendre d’être une science fondamentale.

14- Quel est ce trésor que nous entendons léguer à la postérité avec une telle métaphysique, décantée par la présente Critique ? :
- Est-ce nous détourner de son utilité celle d’aller au-delà des limites de l’expérience ? Utilité positive pour sortir du rétrécissement de notre raison sensible par la raison spéculative.
- Une Critique limitant la raison spéculative est bien négative mais elle supprime l’obstacle qui restreint l’usage de la raison utile à la morale étendue hors du sensible. Utilité qui n’a pas besoin de la raison spéculative qui ne doit pas s’opposer au risque pour la raison de se contredire.
- Nier l’utilité que rend la Critique équivaudrait à dire que la police ne procure aucune utilité positive, son activité principale étant de faire obstacle à la violence des citoyens pour que chacun puisse mener ses propres affaires en toute sécurité.
- La partie analytique de la Critique prouve que :
- l’espace et le temps concrétisent par le sensible les phénomènes ;
- hormis l’intuition nous n’avions pas de concepts de l’entendement permettant la connaissance des objets comme chose en soi hors des phénomènes.
- il est vrai que nous ne pouvons que penser ces objets comme choses en soi, objets connus par l’expérience sensible ou a priori. Cette recherche s’effectue avec les sources théoriques et pratiques pour rester dans le réel.
- sinon si l’on ne distingue pas les objets de l’expérience des mêmes choses en tant que choses en soi, alors le principe de causalité devra être choisi.
- Par exemple l’âme humaine ainsi ne peut être à la fois libre et être nécessaire.
- Si la Critique ne sépare pas pour un objet phénomène et chose en soi et si le principe de causalité s’applique à ces deux dimensions alors il n’y a pas de contradiction à penser phénomène non libre et chose en soi libre.
- Ne connaissant pas la liberté de mon âme ni par spéculation, ni par empirisme je peux quand même penser la liberté de celle-ci si je fais bien la différence entre deux types de présentation.
- Si la morale est liée à la liberté de notre volonté alors que la raison spéculative le nie, donc la morale doit laisser la place au mécanisme naturel.
- Mais pour cette morale j’ai besoin que la liberté ne se contredise pas. J’ai besoin aussi de la connaître et qu’elle ne mette pas d’obstacle au mécanisme de la nature. Ce résultat est obtenu par la Critique qui nous a sorti de notre ignorance sur les choses en soi en limitant aux phénomènes tout le registre théorique.
- Une même démonstration, peut être avancée pour le concept de Dieu .
- Sans supprimer la raison spéculative nous ne pouvons admettre Dieu, la liberté et l’immortalité pour l’usage pratique de cette raison. Sinon nous transformons ces objets en phénomènes contredisant la raison pure.
- Mettons de côté le savoir pour de la place pour une foi rationnelle et le dogmatisme, de la métaphysique qui se passe de la Critique de la raison pure, source d’incroyance entrant en conflit avec la morale.
- Par la science qui évite les tâtonnements pour la postérité transmettre une métaphysique construite par la Critique de la raison pure en appliquant la méthode socratique par la démonstration de l’ignorance des adversaires pour en finir avec toutes les objections contre la moralité et la religion.
- La métaphysique sera toujours là elle sera naturellement accompagnée d’une dialectique de la raison pure.
- La plus importante préoccupation de la philosophie est de priver à tout jamais la métaphysique de la moindre influence dommageable, et en colmatant la source des erreurs commises. chose en soi suite
15- Malgré ce changement pour les sciences et la raison spéculative le préjudice n’atteint pas l’intérêt de l’humanité hormis celui des écoles.
- Je demande aux dogmatiques si leurs soi-disant preuves de l’âme immortelle, de la liberté du vouloir, de l’existence de Dieu ont en sortant des écoles influencé le grand public ?
- Si elles n’existent pas le grand public hors des spéculations, recherchant la liberté, une vie parfaite dans l’au-delà et un puissant auteur du monde gagnera une morale hors des écoles et de leurs preuves incomprises.
- La transformation mise en avant ne touche que les prétentions arrogantes des écoles, seules pour elles capables de communiquer ces vérités au public, dont elles en gardent les clefs.
- Le philosophe spéculatif reste dépositaire de la Critique de la raison, science utile au public ignorant rebelle aux objections sur ces vérités.
- Si toute école ou tout homme, s’élevant à la spéculation, s’engage dans ces objections, la Critique se doit en approfondissant les droits de la raison spéculative et faussant les doctrines des métaphysiciens et théologiens, de prévenir le scandale causé par les conflits dans lesquels s’empêtrent cer derniers quand ils procèdent sans Critique.
- Cette Critique seule peut éradiquer les excès dommageables du matérialisme, de l’athéisme et des superstitions, mais aussi l’idéalisme et le scepticisme des écoles.
- Cette critique peut seule établir par la raison un socle solide.
Si des gouvernements trouvent bon de s’impliquer dans les affaires des savants, il serait beaucoup plus conforme à leur sage sollicitude pour les sciences comme pour les hommes de favoriser la liberté d’une telle Critique, et non soutenir le ridicule despotisme des écoles.
Ces dernières criant au danger pour la collectivité dès lors que l’on déchire leurs toiles d’araignée, dont le public n’a pourtant jamais pris connaissance et dont il ne peut par conséquent pas ressentir la perte.
16 - La Critique n’est pas opposée à la démarche dogmatique, qu’utilise la raison dans sa connaissance pure considérée comme science. Elle procède donc de manière démonstrative à partir de principes a priori. Elle évite le dogmatisme en prétendant une connaissance pure par concepts comme pour la connaissance philosophique. Cette dernière sur des principes utilisés par la raison ne recherche pas auparavant de quelle façon ni de quel droit elle y est parvient.
- Mais sans bavardage ni scepticisme la Critique est la préparation à l’établissement d’une métaphysique solide possédant la valeur d’une science, exposée de manière dogmatique et strictement systématique, donc scolastique et en étant a priori elle satisfait la raison spéculative.
- Ainsi suivons Wolff philosophe dogmatique qui donna, malgré son époque dogmatique, l’exemple de la manière de prendre la voie d’une science, en fondant les principes, en déterminant les concepts, en recherchant les preuves et en évitant le développement des conséquences.
- Ceux qui récusent sa méthode d’enseignement et la démarche de la Critique de la raison pure, n’ont d’autre intention que de briser les liens de la science et de transformer le travail en distraction, la certitude en opinion et la philosophie en philodoxie (Amour de l'opinion - Pour Platon dans la République le philodoxe ignore la vérité et la réalité des choses, il reste dans le superficiel, les apparences).
17 - Par cette deuxième édition l’auteur veut porter remède aux incompréhensions.
- Dans les propositions elles-mêmes , leurs argumentations, de même dans la forme et la structure globale du plan, il n’a rien trouvé à modifier.
- L’inaltérabilité du système doit être conservée car si l’on en modifie la plus petite partie ceci crée des contradictions l’étude de l’ensemble.
- L’auteur a essayé d’apporter des améliorations portant remède à l’incompréhension suscitée par l’Esthétique, dont le concept du temps, par la déduction des concepts de l’entendement, par le manque d’évidence dans les preuves des principes de l’entendement pur, et par l’interprétation erronée des paralogismes objectés à la psychologie rationnelle.
- C’est donc jusqu’à la fin du premier chapitre de la Dialectique transcendantale, que s’étendent les changements que j’ai apportés dans le mode de présentation*, par manque de temps et l’absence de remarques de personnes que l’auteur juge compétentes mais qu’il ne veut pas nommer.
[* Long argument pour savoir si tout est phénomène qu’est-ce qui est pérenne après ma disparition. Il commence donc à entrer dans le sujet.]
- Corrections et nouvelle présentation ne changent rien à l’intégralité du fond texte. La comparaison des deux textes permettrait de compenser certaines pertes qui ne pouvaient être exposées sans rendre le livre trop volumineux.
- Plusieurs écrits publiés montrent que l’esprit de profondeur en Allemagne reste vivant. Il a été étouffé ponctuellement par le ton à la mode d’une liberté de pensée qui se croyait géniale. Ceci n’a pas empêché les esprits courageux et clairs de maîtriser les épineux sentiers de la Critique et je les laisse poursuivre le travail. Ces sentiers conduisent à une science de la raison pure dont la démarche conserve un caractère scolastique. Le seul danger est celui de n’être pas compris.
- Je ne peux dorénavant m’engager dans ces controverses, sauf à être attentif à tout ce qui me sera signalé, pour la mise en œuvre du système qui viendra trouver place conformément à cette propédeutique.
- Au terme de ces travaux il me faut, pour mener à bien mes projets la métaphysique des mœurs et celles de la nature à titre de confirmation de l’exactitude de la Critique de la raison spéculative et pratique, attendre des hommes de mérite la clarification des obscurités inévitables et de même la défense de l’ensemble.
Malgré son unité un nouvel exposé philosophique des contradictions apparentes peuvent y être trouvées. Avec le temps et sans passer par autrui des hommes intelligents et capables d‘impartialité peuvent avec le temps passer outre pour en polir les aspérités.
Fin

Introduction (24)
I. Différence entre la connaissance pure et la connaissance empirique
1- Notre connaissance commence avec l’expérience et ne la précède pas. L’expérience met en mouvement l’activité spontanée de notre entendement.
2- Notre connaissance s’amorce avec l’expérience, mais pas totalement. Elle est un composé de nos impressions et de notre propre pouvoir de connaître. Le résultat de ce dernier est difficile à distinguer sans une profonde attention.
3- Existe-il de telles connaissances a priori indépendantes de l’expérience et de toutes les impressions des sens, distinguées des connaissances empiriques qui possèdent leur source a posteriori.
4- Cette expression de connaissance a priori n’est pas suffisamment précise pour fixer le sens de la question proposée.
À propos de connaissances dérivées de l’expérience, nous serions capables de les posséder a priori, du fait que nous les tenons d’une règle universelle tirée de l’expérience.
Ainsi hors expérience une personne ayant sapé les fondations de sa maison pouvait savoir a priori que sa maison s’effondrerait. Il fallait bien que cette personne prenne conscience par l’expérience que les corps sont pesants.
5- Les connaissances a priori, seront désormais celles qui sont absolument indépendantes de toute expérience.
Et nommerons à l’opposée les connaissances empiriques, celles qui ne sont possibles qu’a posteriori, par expérience.
Des connaissances a priori seront appelées pures celles auxquelles absolument rien d’empirique n’est mêlé.
Comme « tout changement a sa cause » est une proposition a priori, mais non pure, le changement étant un concept qui ne peut être tiré que de l’expérience.
II. Nous possédons certaines connaissances a priori, et même l’entendement commun n’est jamais sans en posséder
6- Comment distinguer une connaissance pure d’une connaissance empirique si l’expérience nous montre telle propriété et non son impossibilité ?
Deux possibilité : Un jugement a-priori dont la pensée inclut en même temps sa nécessité ou absolument a priori dont la pensée ne s’appuie sur aucune autre, et un jugement d’expérience d’une universalité supposée et comparative (par induction).
7- Il se présente dans la connaissance de tels jugements purs a priori donc nécessaires et universels.
Comme celui-ci « tout changement doit avoir une cause », ce concept de cause contient lui-même celui d’une liaison nécessaire avec un effet et celui d’une rigoureuse universalité.
III. La philosophie requiert une science qui détermine la possibilité, les principes et l’étendue de toutes les connaissances a priori
8- Certaines connaissances hors de toute expérience possible s’appuient sur des concepts sans objet qui leur corresponde, donnent ainsi l’apparence d’étendre nos jugements au-delà de toute expérience.
9- Notre raison déploie ses investigations préférables par leur importance et finalité à tout ce que l’entendement par les phénomènes.
Malgré les difficultés, ou par mépris et indifférence nous tentons tout plutôt que de devoir renoncer à des recherches qui nous tiennent tant à cœur.
Ces problèmes incontournables de la raison pure sont : Dieu, la liberté et l’immortalité.
La science qui n’a proprement pour but final que la résolution de ces problèmes se nomme métaphysique. Sa méthode dogmatique aborde l’exécution avec assurance, sans examiner le pouvoir ou le manque de pouvoir de la raison au regard d’une si grande entreprise.
10- Dès qu’on a quitté le terrain de l’expérience, fort de connaissances acquises, mais sans savoir d’où elles proviennent, et sur le crédit de principes fondamentaux dont on ignore l’origine, il devrait sembler naturel de ne pas entreprendre la construction d’un édifice sans s’être auparavant assuré des fondations de celui-ci, et savoir soulevé la question de savoir comment l’entendement peut parvenir à toutes ces connaissances a priori et quelle validité elles peuvent bien posséder.
Rien de plus naturel et de plus compréhensible que l’omission de cette recherche préalable.
Les certitudes de la connaissance mathématique favorise l’espoir d’autres types de connaissances.
Une fois qu’on est sorti du cercle de l’expérience, on est assuré de ne pouvoir être réfuté par elle.
On est tellement ravi d’accroître ses connaissances que seule une contradiction manifeste sur laquelle on vient buter peut stopper notre progression.
Cette contradiction peut être évitée, pourvu que l’on forge ses fictions avec circonspection mais elles n’en demeureront pas moins pour autant des fictions.
La mathématique fournit un exemple éclatant de l’ampleur des progrès qui peuvent être accomplis a priori dans la connaissance hors de l’expérience.
Certes elle s’occupe d’objets et de connaissances dans la seule mesure où ils sont tels qu’ils peuvent se présenter dans l’intuition.
Cette circonstance n’est pas un contre exemple puisque cette intuition peut elle-même être donnée a priori, et se distingue par conséquent à peine d’un simple concept pur.
Séduit par une telle preuve de la puissance de la raison, nous sommes incité à aller toujours plus loin sans limite.
La colombe libre dans l’air se sentirait plus efficace dans un espace vide sans résistance.
Ainsi Platon quitta le monde sensible, ce dernier imposant, de son point de vue, à l’entendement des limites trop étroites, pour aller s’aventurer au-delà de ce monde, sur les ailes des Idées, dans l’espace vide de l’entendement pur.
Il ne se rendit pas compte que, malgré tous ses efforts il n’avançait nullement. Il ne rencontrait rien qui lui résistât et lui fournir un socle sur lequel s’appuyer et appliquer ses forces pour pouvoir changer son entendement de place.
La raison humaine, dans son activité spéculative, veut aller aussi vite que possible au terme de ce qu’elle édifie et ne s’inquiéter qu’après coup de savoir si le fondement de l’édifice est bien assuré.
Alors nous nous mettons en quête de toutes sortes d’excuses pour nous réconforter sur la solidité dudit édifice pour nous dispenser tout à fait d’un tel examen tardif et dangereux.
Pendant que nous bâtissons ce qui nous libère de tout souci et nous flatte avec une apparence de profondeur, une grande partie de l’activité de notre raison consiste en l’analyse des concepts que nous possédons déjà.
Confusément encore ce qui nous fournit une foule de connaissances qui sont pourtant appréciées, ne sont que des éclaircissements dans leur forme de ce qui a déjà été pensé dans les concepts en question. Comme s’il s’agissait de vues nouvelles alors que, quant à leur matière ou à leur contenu, elles n’élargissent pas les concepts dont nous disposons, mais ne font au contraire que les décomposer en leurs éléments.
Ce procédé d’analyse fournit une réelle connaissance a priori constituant un progrès sûr et utile. La raison sans même s’en apercevoir, cédant à cette illusion, émet des affirmations différentes. Elle ajoute ainsi à des concepts donnés d’autres concepts étrangers, et sans que l’on sache comment elle y parvient, et sans même qu’une telle interrogation vienne à l’esprit.
C’est pourquoi je traiterai tout d’abord de la différence entre ces deux sortes de connaissance.
IV. Différence entre les jugements analytiques et les jugements synthétiques
11- Dans tous les jugements où se trouve pensé le rapport d’un sujet à un prédicat [Attribut], en me limitant à l’examen des seuls jugements affirmatifs l’application aux jugements négatifs étant ensuite facile, ce rapport se présente sous deux formes possibles :
- C’est un jugement analytique si le prédicat B appartient au sujet A est inclus dans le concept de A .
- C’est alors un jugement synthétique si le prédicat B est étranger au concept de A, même connecté ensemble.
On pourrait appeler les premiers « jugements explicatifs » par le prédicat n’ajoutant rien au concept du sujet et ne faisant que le décomposer, par analyse, en les concepts divers déjà pensés en lui (bien que confusément).
Exemple : « tous les corps sont étendus » est un jugement analytique.
Je n’ai pas besoin de sortir du concept que représente le mot « corps » pour trouver que l’étendue lui est inhérente.
Les seconds « jugements extensifs » ajoutent au concept du sujet un prédicat qui n’était nullement pensé en ce concept et n’aurait pu en être tiré par aucune analyse.
Exemple : quand je dis : « tous les corps sont pesants », ici le prédicat est quelque chose qui diffère totalement de ce que je pense dans le simple concept d’un corps en général.
12- Les jugements d’expérience comme tels sont tous synthétiques.
Qu’un corps soit étendu, proposition a priori, et non un jugement d’expérience. Avant d’en appeler à l’expérience je peux me borner à extraire du concept de corps le prédicat « étendu ».
Je peux connaître aussi analytiquement le concept de corps par les caractères de l’étendue, de l’impénétrabilité, de la figure, etc., qui tous sont pensés dans ce concept.
Il serait absurde de vouloir fonder sur l’expérience un jugement analytique, puisque je n’ai nullement besoin de sortir de mon concept pour formuler un tel jugement.
Si j’élargis ma connaissance et que je porte mon regard sur l’expérience d’où j’avais tiré ce concept de corps, je trouve aussi la pesanteur et je l’ajoute donc synthétiquement, comme prédicat, à ce concept.
Ainsi est-ce sur l’expérience que se fonde la possibilité de la synthèse du prédicat de la pesanteur avec le concept de corps, puisque les deux concepts non contenu dans l’autre, sont de façon contingente liés l’un à l’autre, comme parties d’un tout, à savoir l’expérience liaison synthétique des intuitions
13- Pour les jugements synthétiques a priori, cette ressource qu’apporte l’expérience fait défaut.
Si je dois dépasser le concept A pour en connaître un autre, B, sans expérience par quoi la synthèse deviendra-t-elle possible ?
Exemple la proposition : « tout ce qui arrive a sa cause », à comme concept de « quelque chose qui arrive », comme une existence, que précède un temps, il s’en dégage des jugements analytiques.
Mais le concept d’une cause est totalement étranger à ce concept et indique quelque chose de distinct de ce « quelque chose qui arrive ».
De « ce qui arrive » comment puis-je donc en venir à dire en général quelque chose qui en soit tout à fait distinct et à connaître le concept de cause ?
Surtout que ce dernier concept ne se trouvât pas contenu dans la représentation de « ce qui arrive ».
Quel est ici l’inconnu X (le troisième terme) sur lequel s’appuie l’entendement quand il croit découvrir, en dehors du concept A, un prédicat B, qui lui est pourtant étranger, mais qu’il estime, cependant, lié à ce concept A ?
Ce ne peut être l’expérience, dans la mesure où le principe inconnu cherché a ajouté la seconde représentation à la première. Non seulement avec une extension plus grande que celle que l’expérience peut fournir, et avec l’expression de la nécessité, par conséquent entièrement a priori et à partir de simples concepts.
Or, c’est sur de tels principes synthétiques, c’est-à-dire extensifs, que repose intégralement la perspective finale de notre connaissance spéculative a priori. Les principes analytiques sont importants et nécessaires, mais uniquement s’ils permettent d’accéder à cette clarté des concepts qui se trouve requise pour une synthèse assurée et étendue, pour une connaissance nouvelle.
V. Des jugements synthétiques a priori, faisant fonction de principes, sont contenus dans toutes les sciences théoriques de la raison
14- 1) Les jugements mathématiques sont tous synthétiques, la physique en contient, la métaphysique en contiendrait.
1)Cette proposition paraît s’opposer directement à toutes leurs conjectures, bien qu’elle soit irréfutable et très importante pour la suite.
Les raisonnements des mathématiciens étant tous conduits par certitude apodictique conformément au principe de contradiction, on se trompa que leurs propositions fondamentales étaient elles aussi connues à partir du même principe. Car une proposition synthétique peut être établie d’après le principe de contradiction, mais seulement si au préalable soit posée une autre proposition synthétique dont on peut la déduire, mais jamais en elle-même.
15- Les propositions proprement mathématiques, au moins à la mathématique pure, relèvent toujours de jugements a priori et ne sont pas empiriques, puisqu’elles sont porteuses d’une nécessité interne qu’il est impossible de tirer de l’expérience.
16- On pourrait sans doute penser, au premier abord, que la proposition : 7 + 5 = 12 est une proposition simplement analytique résultant, ce en vertu du principe de contradiction, du concept de la somme de sept et de cinq.
Mais quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que le concept de la somme de sept et de cinq ne contient rien de plus que la réunion de deux nombres en un seul, réunion par laquelle n’est pas du tout conçu le nombre unique qui rassemble les deux autres.
Le concept de douze n’est en aucune manière déjà pensé par le simple fait que je pense cette réunion de sept et de cinq.
Il faut sortir de ces concepts en s’appuyant sur une intuition correspondant à l’un des deux, par exemple les cinq doigts d’une main et ajouter ensuite au concept du sept, l’une après l’autre, les unités du nombre cinq ainsi donné dans cette intuition.
C’est dire que la proposition arithmétique est toujours synthétique, et on s’en convaincra d’autant plus clairement que l’on prendra des nombres un peu plus grands ; car il est alors évident que, de quelque manière que nous tournions et retournions nos concepts, nous ne pourrions jamais, sans recourir à l’intuition, trouver la somme au moyen de la seule décomposition analytique des concepts d’origine.
17- Quelque axiome de la géométrie pure que l’on considère, il est tout aussi peu analytique.
Que la ligne droite soit le chemin le plus court reliant deux points, voilà une proposition synthétique.
Car mon concept de « ce qui est droit » ne renferme aucune détermination de grandeur, mais seulement une qualité.
Le concept du « plus court » est donc entièrement ajouté et aucune analyse ne peut l’extraire du concept de la ligne droite. Il faut donc recourir ici à l’intuition, par l’intermédiaire de laquelle seulement la synthèse est possible.
18- Ces propositions établies valablement d’après de simples concepts, sont admises en mathématique pour l’unique raison qu’elles peuvent être présentées dans l’intuition.
C’est l’ambiguïté de l’expression qui ici nous fait croire que le prédicat de tels jugements apodictiques résiderait déjà dans notre concept de départ et de ce fait, le jugement serait analytique.
Nous devons en effet ajouter par la pensée un certain prédicat à un concept donné, et cette nécessité est déjà attachée aux concepts.
Toutefois, la question n’est pas de savoir ce que nous devons ajouter par la pensée au concept donné, mais ce que nous pensons effectivement en lui, quoique seulement de façon obscure, et dès lors il apparaît que le prédicat est attaché à ces concepts, sans pourtant être lui-même pensé dans le concept, mais il l’est par l’intermédiaire d’une intuition qui doit s’ajouter au concept.
19- 2) La science de la nature (physica) contient en elle des jugements synthétiques a priori, intervenant comme des principes.
Exemples, deux propositions :
(i) « dans tout les changements survenant dans le monde des corps, la quantité de matière demeure inchangée »
(ii) « dans toute communication de mouvement, l’action et la réaction doivent être nécessairement toujours égales l’une à l’autre ».
Pour l’une comme pour l’autre de ces deux propositions, elles sont non seulement nécessaires, et que par conséquent leur origine est a priori, mais aussi elles sont synthétiques.
En effet, dans le concept de matière, je ne pense pas la permanence, mais simplement la présence de cette matière dans l’espace, du fait qu’elle le remplit.
En ce sens, je sors donc effectivement du concept de matière et vais au-delà, pour lui ajouter a priori, par la pensée, quelque chose que je ne pensais pas en lui.
La proposition n’est donc pas analytique, mais synthétique, et cependant elle est pensée a priori.
20- 3) Dans la métaphysique, science jusqu’ici simplement ébauchée, mais que la raison rend pourtant indispensable, il doit y avoir des connaissances synthétiques a priori.
C’est pourquoi il ne s’agit pas du tout pour elle de se limiter à décomposer les concepts a priori que nous nous faisons de certaines choses et ce faisant de les expliquer analytiquement ; nous désirons, au contraire, y étendre notre connaissance a priori. En vue de quoi il nous faut nous servir de propositions fondamentales capables d’ajouter au concept quelque chose qui n’était pas contenu en lui et, par des jugements synthétiques a priori, nous avancer si loin que l’expérience elle-même ne peut nous y suivre, comme par exemple dans la proposition : « Le monde doit avoir un premier commencement ».
En ce sens la métaphysique consiste, du moins quant à sa fin, en de pures propositions synthétiques a priori.
VI. Problème général de la raison pure
21- On progresse déjà beaucoup avec un questionnement unique et on rend plus facile pour juger si nous avons ou non satisfait à notre projet.
En ce sens, le véritable problème de la raison est contenu dans la question : Comment des jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ?
22- La métaphysique incertaine et contradiction, car l’on n’a pas conçu plus tôt ce problème ni la différence entre les jugements analytiques et les jugements synthétiques.
De la solution de ce problème dépendent la survivance ou l’effondrement de cette science.
Pour David Hume tout ce que nous nommons métaphysique se rapporterait à la simple illusion d’une prétendue intelligence rationnelle de ce qui n’est, en fait, qu’emprunté à l’expérience et a revêtu, par l’habitude, l’apparence de la nécessité.
Une telle affirmation, qui détruit toute perspective d’une philosophie pure, car il se serait alors rendu compte que, il ne pourrait plus y avoir de mathématique pure, dans la mesure où celle-ci contient des propositions synthétiques a priori. Son bon sens l’aurait préservé de cette affirmation.
23- La solution implique également que soit envisageable l’usage pur de la raison en vue de la fondation et du développement de toutes les sciences contenant une connaissance théorique a priori d’objets, c’est-à-dire que soit répondu aux questions suivantes : Comment une mathématique pure et une physique pure sont-elles possibles ?
24- Ces sciences étant données, il paraît logique de se demander comment elles sont possibles ; car leur possibilité est démontrée par leur réalité.
Pour la physique pure il n’est besoin que d’examiner les diverses propositions qui interviennent à la base de la physique proprement dite (empirique), comme celles de la permanence de la même quantité de matière, de l’inertie, de l’égalité de l’action et de la réaction, etc., pour se convaincre rapidement qu’elles définissent une physica pura (ou rationalis) qui mérite bien, comme science spécifique, d’être exposée séparément dans toute son étendue au demeurant étroite ou vaste.
La métaphysique a fait peu de progrès et l’on ne peut dire d’aucun des systèmes connus qu’il ait atteint son but essentiel, de sorte que chacun a le droit de douter de sa possibilité comme science.
25- En tant que disposition naturelle de l’être humain la métaphysique doit être considérée comme donnée, et bien que n’ayant pas de réalité effective comme science.
Car la raison poussée par son besoin propre ne cesse de se préoccuper de ces questions, qui ne peuvent être résolues par aucun usage empirique ; et ainsi y a-t-il eu effectivement chez tous les hommes, à toute époque, dès lors que la raison, en eux, s’élargit jusqu’à la spéculation, une dimension de métaphysique, qui subsistera aussi toujours.
Dans ces conditions se pose les questions : Comment la métaphysique est-elle possible comme disposition naturelle ? Et comment ces questions surgissent-elles de la nature de la raison humaine universelle ?
26- Étant donné qu’à chaque fois qu’on a tenté de répondre à ces questions naturelles comme par exemple, de savoir si « le monde a eu un commencement », ou « s’il existe de toute éternité », se sont toujours présentées d’inextricables contradictions. On ne peut s’en tenir au pouvoir d’où naît effectivement toujours quelque métaphysique, mais il doit être possible d’en arriver, de se prononcer sur les objets de ses questions ou bien sur la capacité ou l’incapacité de la raison à porter sur eux un jugement. En bref, il doit être possible, soit d’élargir avec assurance notre raison pure, soit de lui fixer des bornes déterminées et sûres.
Cette dernière question pourrait à bon droit se formuler ainsi : Comment la métaphysique est-elle possible comme science ?
27- La critique de la raison conduit donc à la science ; l’usage dogmatique de la raison, sans critique, conduit au contraire à des affirmations sans fondement, auxquelles on peut opposer d’autres affirmations tout aussi spécieuses et par conséquent au scepticisme.
28- Cette science (la critique de la raison pure) ne peut être d’une grande ampleur, susceptible d’effrayer, dans la mesure où elle se préoccupe, non des objets de la raison dont la diversité est infinie mais uniquement de cette dernière, des problèmes qui surgissent entièrement de son sein et auxquels elle se trouve confrontée, non par la nature de choses qui sont différentes d’elle, mais par sa propre nature.
Une fois donc qu’elle est parvenue à connaître entièrement son propre pouvoir vis-à-vis des objets qui peuvent lui être présentés dans l’expérience, il ne peut que lui devenir facile de déterminer de façon complète et sûre l’étendue et les limites de l’usage que l’on cherche à faire d’elle au-delà des limites de l’expérience.
29- On doit considérer comme non avenues toutes les tentatives menées pour édifier dogmatiquement une métaphysique. Car ce qui se présente comme analytique, à savoir la simple décomposition des concepts qui résident a priori dans notre raison, n’est encore aucunement l’objectif visé, mais constitue seulement une préparation de la métaphysique proprement dite, en tant que celle-ci consiste à élargir synthétiquement ses connaissances a priori. Et cette décomposition analytique des concepts est impropre à ce but, puisqu’elle se borne à mettre en évidence ce qui se trouve déjà contenu en eux, mais non pas comment nous parvenons a priori à de tels concepts, et ce pour pouvoir ensuite déterminer aussi leur usage légitime relativement aux objets de toute connaissance en général.
Au reste n’y a-t-il pas non plus besoin de beaucoup d’abnégation pour renoncer à toutes ces prétentions, dans la mesure où les contradictions de la raison avec elle-même, du fait de la manière dogmatique de procéder, ont déjà fait perdre depuis longtemps toute considération à l’ensemble des métaphysiques produites jusqu’ici.
Il faudra bien davantage de fermeté pour ne pas se laisser détourner, tant par la difficulté interne que par la résistance externe, de la tâche qu’on s’est fixée, à savoir de favoriser enfin, au prix d’une méthode totalement opposée à celle qui régnait jusqu’ici, le développement prospère et fructueux d’une science indispensable à la raison humaine, dont on peut sans doute couper toutes les pousses qui en ont surgi jusqu’ici, mais non point extirper la racine.
VII. Idée et division d’une science particulière portant le nom de critique de la raison pure
30- De tout ce qui précède s’ensuit donc l’idée d’une science particulière qui peut être nommée critique de la raison pure.
La raison étant en effet le pouvoir qui nous fournit les principes de la connaissance a priori.
La raison pure est par conséquent celle qui contient les principes nous permettant de connaître quelque chose absolument a priori.
L’application détaillée d’un organon procurerait un système de la raison pure. Cet organon serait un ensemble réunissant les principes d’après lesquels toutes les connaissances pures a priori peuvent être acquises et effectivement établies.
Un organon [« outil » ou « instrument » utilisé pour désigner un ensemble de traités]
Ce système est très recherché et la question se posede savoir si même à cet endroit un élargissement de notre connaissance est possible et dans quels. nous pouvons considérer une science qui se borne à rendre compte de la raison pure, de ses sources et de ses limites, comme une propédeutique [qui facilite l’apprentissage] au système de la raison pure.
Une telle science devrait être appelée, non pas une doctrine, mais seulement une critique de la raison pure, et son utilité spéculative ne serait effectivement que négative, en tant qu’elle servirait, non à l’élargissement, mais simplement à la clarification de notre raison, et à préserver celle-ci d’erreurs, ce qui serait déjà un gain très considérable.
Je nomme transcendantale toute connaissance qui s’occupe en général moins d’objets que de notre mode de connaissance des objets, en tant que ce mode doit être possible a priori.
Un système de tels concepts s’appellerait philosophie transcendantale.
Mais cette philosophie, à son tour, est encore beaucoup trop vaste, pour commencer par là.
Une telle science devrait contenir aussi bien la connaissance analytique que la connaissance synthétique a priori. Elle est, par conséquent, trop ambitieuse pour ce qui concerne notre projet, dans la mesure où nous ne sommes tenus de pousser l’analyse qu’aussi loin qu’elle est indispensablement nécessaire pour apercevoir dans toute leur étendue les principes de la synthèse a priori, en tant que c’est là seulement ce qui nous préoccupe.
Cette recherche que nous pouvons nommer critique transcendantale, parce qu’elle a pour projet, non d’élargir les connaissances elles-mêmes, mais simplement de les rectifier, et qu’elle doit fournir la pierre de touche de la valeur ou de l’absence de valeur de toutes les connaissances a priori. Nous allons désormais nous préoccuper.
Une telle critique est une préparation à un organon, ou en cas d’échec, à un canon de ces connaissances,.
Qui consisterait dans un élargissement ou dans une simple limitation de sa connaissance, et un jour être présenté aussi bien analytiquement que synthétiquement.
Si un tel système puisse ne pas être d’une étendue trop grande pour que nous puissions en espérer l’achèvement complet.
Ainsi son contenu ne saurait nous demeurer caché, n’ayant pas besoin de le rechercher à l’extérieur.
C’est seulement en prenant pour fondement une telle critique que l’on dispose d’une pierre de touche sûre pour apprécier la teneur philosophique des ouvrages anciens et modernes en ce domaine.
Sinon c’est en dehors de toute compétence que l’historien et le contradicteur émettent des appréciations sur les affirmations non fondées d’autres personnes à travers leurs propres affirmations, qui sont tout aussi peu fondées.
31- La philosophie transcendantale est l’Idée d’une science dont la critique de la raison pure doit tracer le plan intégral de façon architectonique, en partant de principes fondamentaux et garantir que sont complètes et sûres toutes les pièces qui constituent cet édifice.
Elle est le système de tous les principes de la raison pure.
Cette critique ne s’intitule pas elle-même philosophie transcendantale, cela tient au fait que, pour prétendre être un système complet, elle devrait renfermer également une analyse détaillée de toute la connaissance a priori.
Notre critique doit dénombrer tous les concepts originaires constitutifs de la connaissance pure dont il y est question.
Simplement, elle se dispense de l’analyse détaillée de ces concepts originaires eux-mêmes, tout comme ceux qui en dérivent, et ce pour les deux raisons suivantes :
- une telle analyse ne serait pas pertinente, dans la mesure où elle ne présente pas la difficulté rencontrée dans la synthèse principale, objet premier de toute la critique
- et il serait contraire à l’unité de notre plan de prendre en charge l’intégralité d’une telle analyse et d’une telle dérivation, dont on peut s’exempter, en considération de l’objectif visé.
Cette exhaustivité de l’analyse, maintenant et à venir, des concepts a priori dérivés à partir des concepts originaires, sont cependant faciles à envisager, dès lors que ces derniers concepts originaires sont présents, dans un premier temps, comme principes détaillés de la synthèse et que, du point de vue de cet objectif essentiel, rien ne manque.
32- À la critique de la raison pure appartient tout ce qui constitue la philosophie transcendantale. Elle est l’Idée complète de la philosophie transcendantale, sans prétendre être elle-même encore cette science, car elle ne s’avance dans l’analyse qu’autant que l’exige l’appréciation de la connaissance synthétique a priori.
33- Pour procéder à la division d’une telle science, il faut n’y laisser pénétrer aucun concept qui contienne en soi quelque chose d’empirique. Il faut donc veiller à ce que la connaissance a priori prise en compte soit complètement pure.
Donc les principes suprêmes de la moralité et ses concepts fondamentaux, soient des connaissances a priori, n’appartiennent pourtant pas à la philosophie transcendantale. Pour cette raison les concepts de plaisir et de déplaisir, de désirs et de penchants, etc., qui sont tous d’origine empirique, sans être en eux-mêmes à la base des principes moraux, doivent cependant nécessairement, comme obstacles à surmonter, dans le concept du devoir, ou comme attraits dont on ne doit pas faire ses mobiles, être intégrés à la construction du système de la morale pure.
Il en résulte que la philosophie transcendantale est une philosophie de la seule raison pure spéculative.
Car tout ce qui est d’ordre pratique, en tant qu’incluant des intentions, entretient une relation avec des sentiments, qui relèvent de sources empiriques de la connaissance.
34- Si, dès lors, on veut organiser la division de cette science du point de vue universel d’un système en général, celle que nous allons exposer maintenant doit contenir, premièrement une théorie des éléments, deuxièmement une théorie de la méthode de la raison pure.
Chacune de ces parties principales aura sa subdivision.
Il est nécessaire, dans le cadre de cette introduction, de noter qu’il y a deux souches de la connaissance humaine, lesquelles partent peut-être d’une racine commune, mais inconnue de nous, à savoir : la sensibilité et l’entendement ; par la première, des objets nous sont donnés, tandis que par la seconde, ils sont pensés.
Or, dans la mesure où elle contiendrait des représentations a priori constitutives des conditions sous lesquelles des objets nous sont donnés, la sensibilité appartiendrait alors à la philosophie transcendantale.
La théorie transcendantale de la sensibilité devrait par conséquent appartenir nécessairement à la première partie de la science des éléments, puisque les conditions sous lesquelles seulement les objets de la connaissance sont donnés précèdent celles sous lesquelles ces mêmes objets seront pensés.

Théorie transcendantale des éléments
Première partie : Esthétique transcendantale

§ 1 Introduction
1 «L’intuition est le moyen pour qu’une connaissance puisse se rapporter à des objets, donnés à notre esprit par la sensibilité.»
PREMIÈRE SECTION - De l’espace
Démonstration pour Kant du choix d'un espace a priori qui ne pourrait être intuitonné. A quel moment le bébé prend conscience d'un espace entre lui et l'objet désiré ? Ensuite Kant applique sa démonstration à la notion de temps.
Je sens qu'il démontre ainsi qu'il y a de l'a priori absolu et pourquoi n'y aurait-il pas une morale qui sortirait de toute influence a postriori, justifiant une organisation sociale qui dépasserait toute revendication. J'ai des doutes. Il a réfléchi avec les connaissances de son époque.
Données d'aujourd'hui :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouveau-n%C3%A9
«Vision :Le nourrisson ne voit pas les couleurs. Il perçoit bien les contrastes et suit une cible de haut en bas et de droite à gauche à 50 cm. À partir de 4 mois il suit les visages. Il a une acuité visuelle d'1/20 et un champ visuel de 10° vers le haut et vers le bas (contre 60° pour l'adulte), de 40 à 60° de chaque côté (contre 90° pour l'adulte).
Le toucher est le premier sens qui fait son apparition chez le fœtus. Il est le premier moyen de communication chez l'enfant avec le monde extérieur.
Chez le nouveau-né, la sensibilité de la peau est alors développée très tôt. Le toucher est pour lui sa façon d’entrer en relation avec le monde. Autant sur le plan physiologique que psychologique, la stimulation de la peau est très importante, elle a une influence générale sur le développement de l’enfant.
Le développement du système nerveux est accéléré avec la stimulation sensorielle que procure le toucher ; il favorise la communication cerveau-corps.
Contrairement aux organes sensoriels de la vision, de l’odorat, de l'audition et du goût, les récepteurs du toucher sont répartis sur tout le corps du bébé. Certains sont sensibles à la pression , d'autres à la température ou à la douleur.
Pendant la grossesse, le va-et-vient du liquide amniotique procure au bébé la sensation d'un effleurement. C'est pourquoi, après la naissance, les caresses, le contact avec les surfaces chaudes et l'eau tiède auront un effet apaisant sur lui. La première année, le nourrisson porte tout à sa bouche, c'est ainsi qu'il apprend à distinguer le dur du mou et le rugueux du lisse
Sinon en cherchant des documents je me suis rendu compte aussi que la pesanteur était aussi une grandeur physique à maitriser avant et après la naissance.
https://www.editions-eres.com/ouvrage/...les-effets-de-la-gravite-sur-le-developpement-du-bebe
«Alors que le fœtus vit dans le milieu amniotique de faible pesanteur, le bébé dès la naissance est soumis à la gravité universelle. Ses effets sur le corps du bébé entraînent un vécu d’écrasement contribuant à déclencher les réflexes posturo-toniques qui progressivement laisseront  place à une motricité volontaire et aboutiront in fine à la position debout. Fruit de la maturation neurologique, mais tout autant de la rencontre avec le psychisme de l’autre, ce soubassement essentiel de la présence au monde du bébé constitue « l’espace de la pesanteur » que André Bullinger a décrit et théorisé.»
J'en déduis que notre approche du monde est progressive et quelle commence avant la naissance. Qu'il reste peu d'éléments a priori et que nous sommes une construction du présent et du passé avec des acquis qui vont perturber une approche réelle de notre environnement. Comme le temps et l'espace l'autre et notre relation avec lui existent bien avant nous, a priori. Si nos notions de distances et de temps se construisent a posteriori, par empirisme il en est de même pour notre relation avec l'autre. Devoirs et limites sont des constructions simplement humaines, donc pas de morale a priori.
§ 2 Exposition métaphysique de ce concept
Il finit après une démonstration par «...la représentation originaire de l’espace est une intuition a priori, et non pas un concept». Ensuite il parle de concept l'espace ?
DEUXIÈME SECTION Du Temps
§ 4 Exposition métaphysique de ce concept
24 «Le temps n’est pas un concept discursif ou, comme l’on dit, un concept universel, mais une forme pure de l’intuition sensible. Différents temps ne sont que des parties du même temps. Mais la représentation qui ne peut être donnée que par un seul objet est une intuition. Aussi la proposition selon laquelle différents temps ne peuvent être simultanés ne pourrait pas, elle non plus, dériver d’un concept universel. Cette proposition est synthétique et ne peut être tirée de concepts seulement. Elle est donc immédiatement contenue dans l’intuition et dans la représentation du temps.»
§ 5 Exposition transcendantale du concept du temps
§ 6 Conséquences tirées de ces concepts
§ 7 Explication
«Si l’on soustrait de lui la condition particulière de notre sensibilité, le concept de temps disparaît lui aussi ; et il n’est pas inhérent aux objets eux-mêmes, mais seulement au sujet qui les intuitionne.»
34 «Temps et espace sont par conséquent deux sources de connaissance où peuvent être puisées a priori diverses connaissances synthétiques, comme tout particulièrement la mathématique pure en fournit un éclatant exemple quant à la connaissance de l’espace et de ses rapports.»
«...ceux qui affirment de la façon indiquée la réalité absolue de l’espace et du temps, qu’ils les tiennent alors pour des substances ou seulement pour des accidents,..
​§ 8 Remarques générales sur l’Esthétique transcendantale
36 «I. Tout d’abord, il est nécessaire de nous expliquer, aussi clairement que possible, sur notre opinion concernant la nature profonde de la connaissance sensible en général, pour prévenir toute interprétation erronée à ce sujet.»
37 «Ce que nous avons donc voulu dire, c’est que toute notre intuition n’est rien que la représentation du phénomène ; que les choses que nous intuitionnons ne sont pas en elles-mêmes telles que nous les intuitionnons, que leurs relations ne sont pas non plus constituées en elles-mêmes telles qu’elles nous apparaissent, et que, si nous supprimions par la pensée notre subjectivité ou même seulement la constitution subjective des sens en général, toutes les propriétés, tous les rapports des objets dans l’espace et dans le temps, l’espace et le temps eux-mêmes disparaîtraient et ne peuvent, comme phénomènes, exister en soi, mais seulement en nous. Quant à ce qui pourrait être tenu pour une caractéristique des objets en eux-mêmes et abstraction faite de toute cette réceptivité de notre sensibilité, cela nous reste entièrement inconnu. Nous ne connaissons rien d’autre que notre manière de les percevoir, laquelle nous est propre et peut même ne pas appartenir nécessairement à tout être, bien qu’elle appartienne à tout homme. C’est à cette manière que nous avons exclusivement affaire. L’espace et le temps en constituent les formes pures, la sensation en général en est la matière. Ces formes, nous ne pouvons les connaître qu’a priori, c’est-à-dire avant toute perception réelle, et c’est pourquoi on les nomme intuitions pures ; la sensation, en revanche, est ce qui, dans notre connaissance, fait qu’elle s’appelle connaissance a posteriori, c’est-à-dire intuition empirique. Ces formes sont inhérentes à notre sensibilité, de manière parfaitement nécessaire et de quelque sorte que puissent être nos sensations, lesquelles peuvent être très différentes. Quand bien même nous pourrions faire accéder notre intuition au suprême degré de clarté, nous ne nous en approcherions pas plus près de la nature des objets en soi. Car nous ne connaîtrions complètement, en tout état de cause, que notre mode d’intuition, c’est-à-dire notre sensibilité, toujours soumise aux conditions d’espace et de temps qui sont originairement inhérentes au sujet ; ce que peuvent être les objets en eux-mêmes, nous ne le connaîtrions jamais, même par la connaissance parvenue à la plus grande clarté du phénomène auquel ils correspondent, seule connaissance qui nous soit donnée.»
38 Apparait le concept de moral : «Soutenir par conséquent que toute notre sensibilité n’est rien que la représentation confuse des choses, contenant purement et simplement ce qui leur appartient en elles-mêmes, mais exprimé sous une accumulation de caractéristiques et de représentations partielles que nous ne distinguons pas les unes des autres avec une conscience claire, c’est dénaturer les concepts de sensibilité et de phénomène et rendre ainsi inutile et vide toute la théorie qu’on en a présentée. La différence entre une représentation confuse et celle qui est distincte est seulement logique et ne concerne pas le contenu. Sans doute le concept de droiture (il s’agit du substantif avec sens moral comme précisé plus bas) dont se sert le sens commun contient-il ce que la spéculation la plus subtile peut en dégager ; à ceci près que, dans l’usage courant et pratique, on n’est pas conscient des diverses représentations inscrites dans cette pensée. Aussi ne peut-on pas dire pour autant que le concept courant soit sensible et ne désigne qu’un simple phénomène, car la « droiture » ne peut aucunement apparaître de façon phénoménale, mais son concept réside dans l’entendement et représente une propriété (la propriété morale) des actions qui leur appartient en elles-mêmes. Au contraire, la représentation d’un corps dans l’intuition ne contient absolument rien qui puisse appartenir à un objet en lui-même, mais elle contient uniquement la manifestation phénoménale de quelque chose et la manière dont nous en sommes affectés ; cette réceptivité de notre capacité de connaissance s’appelle sensibilité et demeure, quand bien même l’on arriverait à pénétrer le phénomène jusqu’en son fond, séparée pourtant par un abîme de la connaissance de l’objet lui-même.»
40 «... nous distinguons fort bien parmi les phénomènes ce qui s’attache par essence à leur intuition, et vaut pour tout sens humain en général, de ce qui ne vient s’y joindre que de manière contingente, en ce sens que la valeur qu’il possède ne tient pas au rapport de la sensibilité en général, mais seulement à une disposition ou à une organisation particulières de tel ou tel sens. Aussi dit-on de la première connaissance qu’elle représente l’objet en soi, alors que l’on dit de la seconde qu’elle représente seulement le phénomène de cet objet. Cette distinction n’est toutefois qu’empirique. Si l’on s’en tient là ... et que l’on ne considère pas à son tour ... cette intuition empirique comme un simple phénomène, tel que l’on ne saurait y rencontrer absolument rien qui concerne une chose en soi, notre distinction transcendantale se perd, et nous croyons alors connaître des choses en soi, bien que nous n’ayons partout (dans le monde sensible) affaire, jusques et y compris dans la plus profonde exploration de ses objets, à rien d’autre qu’à des phénomènes. C’est ainsi que nous disons, par exemple, de l’arc-en-ciel qu’il est un simple phénomène accompagnant une pluie associée au soleil, tandis que nous disons de cette pluie qu’elle est la chose en soi, ce qui restera exact tant que nous n’entendrons le dernier concept que dans son sens physique, c’est-à-dire comme ce qui, dans l’expérience générale, à travers toutes les situations diverses qui apparaissent aux sens, reste cependant déterminé dans l’intuition ainsi et non pas autrement. Mais si nous prenons cet élément empirique en général et que, sans nous soucier de son accord avec tout sens humain, nous nous demandions s’il représente aussi un objet en soi-même (non pas des gouttes de pluie, car elles sont alors déjà, en tant que phénomènes, des objets empiriques), alors la question qui porte sur la relation de la représentation à l’objet est transcendantale, et non seulement ces gouttes sont de simples phénomènes, mais même leur forme ronde, aussi bien que l’espace où elles tombent, ne sont rien en eux-mêmes, mais de simples modifications ou des éléments constitutifs de notre intuition sensible – l’objet transcendantal nous demeurant, pour sa part, inconnu.»
42 «...Est-elle une intuition pure a priori ou une intuition empirique ?»
43 Même ma vision de moi même ne serait qu'un phénomène ?! «II. Pour conforter cette théorie de l’idéalité des sens externe et interne, et par conséquent de l’idéalité de tous les objets des sens en tant que simples phénomènes... de simples relations ne peuvent permettre de connaître une chose en soi ; ... puisque le sens externe ne nous donne rien d’autre que de simples représentations ...il ne peut contenir lui aussi dans sa représentation que la relation d’un objet au sujet, et non pas la réalité intrinsèque qui appartient à l’objet en soi. Il en est de même avec l’intuition interne. Non seulement les représentations des sens externes y constituent la matière propre dont nous remplissons notre esprit,...l’intuition, laquelle, dans la mesure où elle ne représente rien, sauf dans le cas où quelque chose est posé dans l’esprit, ne peut être autre chose que la manière dont l’esprit est affecté par sa propre activité... Tout ce qui est représenté par un sens est en tant que tel toujours phénomène, et donc de deux choses l’une : ou bien il ne faudrait admettre aucunement un sens interne, ou bien le sujet qui en constitue l’objet ne pourrait être représenté par lui que comme phénomène...toute la difficulté est de savoir comment un sujet peut s’intuitionner lui-même intérieurement...La conscience de soi-même (l’aperception) est la représentation simple du Moi...l’esprit. En effet, celui-ci s’intuitionne lui-même, non pas tel qu’il se représenterait immédiatement de manière spontanée, mais selon la façon dont il est affecté intérieurement, par conséquent tel qu’il s’apparaît phénoménalement, et non pas tel qu’il est.»
44 Le phénomène est vrai quand même ! Pas compris la démonstration. «III. Quand je dis : dans l’espace et dans le temps, aussi bien l’intuition des objets externes que l’auto-intuition de l’esprit représentent chacune leur objet respectif tel qu’il affecte nos sens, c’est-à-dire tel qu’il apparaît phénoménalement, je ne veux pas dire que ces objets soient une simple apparence....je ne dis pas que les corps paraissent simplement être en dehors de moi, ou que mon âme paraît seulement être donnée dans la conscience que j’ai de moi-même,... Ce serait ma propre faute si je ne voyais qu’une simple apparence dans ce que je devrais regarder comme un simple phénomène...la condition nécessaire de l’existence de toutes les choses, subsistent quand bien même toutes les choses existantes auraient disparu : on ne peut plus, dans ces conditions, décemment reprocher au bon Berkeley d’avoir réduit les corps à une simple apparence. De fait, même notre propre existence, qui ainsi serait rendue dépendante de la réalité subsistante en soi d’un non-être comme le temps, se transformerait ainsi nécessairement, avec ce dernier, en pure apparence – une absurdité que personne jusqu’ici n’a encore osé soutenir.»
45 «IV. Dans la théologie naturelle, où l’on conçoit un objet qui non seulement ne peut aucunement être pour nous un objet de l’intuition, mais ne peut absolument pas être pour lui-même un objet de l’intuition sensible, on veille scrupuleusement à éliminer de toute l’intuition qui lui est propre les conditions de l’espace et du temps...toute sa connaissance doit être intuition et non pas pensée, laquelle suppose toujours des limites...Si l’on ne veut pas faire de l’espace et du temps des formes objectives de toutes choses, il ne reste plus qu’à en faire des formes subjectives de notre mode d’intuition externe aussi bien qu’interne. Ce mode est dit sensible parce qu’il n’est pas originaire, ... »
​Conclusion de l’Esthétique transcendantale
47 «...ces jugements, pour cette raison, ne peuvent jamais porter plus loin que sur les objets des sens et ne peuvent valoir que pour les objets d’une expérience possible.»

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