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Victor Serge
(1890-1947) ««Oublié » ; voilà un adjectif qui correspond parfaitement à l’écrivain révolutionnaire Victor Serge. Figure importante du champ littéraire des années vingt et trente, à la fois romancier, poète, militant anarchiste puis bolchevik, Victor Serge fut volontairement exclu de l’histoire littéraire.» Sur cet oublié : Marc Quaghebeur évoque l'auteur et révolutionnaire belge Victor Serge Cité aussi dans La politique selon Orwell de John Newsinger page 260 Extraits de «S'il est minuit dans le siècle» https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4779 Un documentaire de Carmen Castillo plus visible sur Youtube Un portrait https://partage-noir.fr/victor-serge-1113 Aurait jeté une tasse de café à la figure de André Maraux ? Mais c'est dans un roman. Mémoires d'un révolutionaire http://www.luxediteur.com/catalogue/memoires-dun-revolutionnaire/ Un article : openedition Victor Serge Mémoires lien vers le site en bas de page Texte écrit entre 1942 et 1946 il a été complété par un impressionnant travail de notations de Jean Rière en 2010 avec de nombreux titres de livres. Voir
plus bas des remarques sur la gestion de la guerre en Ukraine et sur la
révolte de Kronstadt vu par Victor Serge, quand il avait encore quelques
illusions, dans son "Vie et mort de Léon
Trotsky" publié par Maspero en 1951 puis par Maspero en 1973.
Extraits, remarques et liens tirés du texte : 1906-1912 Page 32-33 «C’était un temps de paix heureuse, bizarrement électrisé, à la veille de l’orage 1914… Le premier ministère Clemenceau venait de verser le sang ouvrier à Draveil, où des gendarmes étaient entrés dans une réunion de grévistes pour décharger leurs revolvers et tuer plusieurs innocents, puis à la manifestation des obsèques de ces victimes, à Vigneux, où la troupe ouvrit le feu… (Cette manifestation avait été organisée par le secrétaire de la Fédération de l’alimentation, Métivier, militant d’extrême gauche et agent provocateur qui la veille prenait ses instructions personnelles du ministre de l’Intérieur, Georges Clemenceau.)» 38 ««Soyons des en-dehors, il n’y a de place pour nous qu’en marge de la société», sans se douter que la société n’a pas de marge, qu’on y est toujours, y fût-on au fond des geôles, et que leur «égoïsme conscient» rejoignait par le bas, parmi les vaincus, l’individualisme bourgeois le plus féroce.» «....il se développait dans une autre ville-sans-évasion-possible, Paris, immense jungle où un individualisme primordial, autrement dangereux que le nôtre, celui de la lutte pour la vie la plus darwinienne, réglait tous les rapports.» 47 «en 1905 les pogromes antisémites de Russie avaient soulevé partout une vague de réprobation.» Et note 105 «Les 18-21 octobre 1905 (31 octobre-3 novembre) eut lieu à Odessa un gigantesque pogrom, à l’instigation des «centuries noires» nationalistes» (Note 1 «...Plutôt «occidentaliste», Alexandre II (1818-1881) régna de 1855 à sa mort. Alexandre III (1845-1894), plus «nationaliste», de 1881 à sa mort. De nombreux pogromes eurent lieu sous son règne»)» 47-48 «Deux manifestations extraordinaires firent date pour moi, comme pour Paris tout entier, à cette époque, ... La première fut celle du 13 octobre 1909. Ce jour-là, nous apprîmes cette chose incroyable: l’exécution de Francisco Ferrer, ordonnée par Maura, permise par Alphonse XIII. Le fondateur de l’École moderne de Barcelone, rendu absurdement responsable d’un soulèvement populaire de quelques jours, tombait dans les fossés de Montjuich en criant aux soldats du peloton: «Je vous pardonne, mes enfants! Visez bien!» (Il fut par la suite «réhabilité» par la justice espagnole.) ... vaste campagne de presse faite en sa faveur. Son innocence éclatante, son rôle de pédagogue, son courage de libre-penseur et jusqu’à son physique d’homme moyen le rendaient infiniment cher à toute une Europe généreuse, en pleine fermentation. ... Déjà en 1905 les pogromes antisémites de Russie avaient soulevé partout une vague de réprobation. D’un bout à l’autre du continent – sauf en Russie, sauf en Turquie –, l’assassinat juridique de Ferrer dressa en vingt-quatre heures pour des protestations furieuses des populations entières. À Paris, le mouvement fut spontané. De tous les faubourgs affluèrent vers le centre, par centaines de milliers, ouvriers et petites gens mus par une terrible indignation. Les groupes révolutionnaires suivaient plus qu’ils ne guidaient ces masses. Les rédacteurs de journaux révolutionnaires, surpris de leur soudaine influence, lancèrent le mot d’ordre: «À l’ambassade d’Espagne!» On eût mis l’ambassade à sac, mais le préfet Lépine barra les accès du boulevard Malesherbes et des bagarres se nouèrent dans ces artères bordées de banques et de résidences aristocratiques. Les remous de foules me portèrent entre des kiosques à journaux flambant sur le trottoir et des omnibus renversés que les chevaux, soigneusement dételés, regardaient stupidement. Les agents cyclistes se battaient, faisant tournoyer à toute volée leurs machines dressées. ... Le gouvernement autorisa pour le surlendemain une manifestation légale, conduite par Jaurès, où nous défilâmes, cinq cent mille, encadrés par les gardes républicains à cheval, apaisés, mesurant cette montée d’une puissance nouvelle…» 51 «Le tsar continuait, en empruntant de l’argent à la République française, à faire pendre et déporter les meilleurs hommes de la Russie. Aux deux bouts du monde lointain s’allumaient pour notre enthousiasme les révolutions mexicaine et chinoise.» 61 «... les desperados avaient pu rencontrer avant leur combat de tels hommes, compréhensifs, cultivés, généreux par vocation et profession, ..., ils n’eussent pas suivi leurs noirs chemins. La cause la plus immédiate de leur lutte et de leur chute m’apparut dans leur manque de contacts humains. Ils ne vivaient qu’entre eux. Séparés du monde, dans un monde du reste où l’on est presque toujours captif d’un milieu moyennement médiocre et restreint. Ce qui m’avait préservé de leur pensée linéaire, de leur froide colère, de leur vision impitoyable de la société, ç’avait été, depuis l’enfance, le contact d’un monde pénétré d’une tenace espérance et riche en valeurs humaines, celui des Russes.» 65-66 Bilan des luttes anarchistes et état des luttes révolutionnaires en Europe avant la guerre 14-18 pour finir par «De cette enfance difficile, de cette adolescence inquiète, de ces années terribles, je ne regrette rien pour moi. Je plains ceux qui grandissaient dans ce monde sans en connaître l’envers inhumain, sans prendre conscience de l’impasse et du devoir de combattre – même aveuglément – pour les hommes. Je n’ai que le regret des forces perdues dans des luttes qui ne pouvaient être que stériles. Elles m’ont enseigné que le meilleur et le pire se côtoient en l’homme, se confondent parfois – et que la corruption du meilleur est ce qu’il y a de pire.» 73 «Jules Guesde et Marcel Sembat sont ministres; un socialiste défend l’assassin de Jaurès, Me Zévaès tu le connais […]. Chose, l’Illégal, a la médaille militaire […]. Kropotkine a signé avec Jean Grave un appel pour la guerre […]. Machin fait des affaires dans les munitions […]. Qu’est-ce que tu dis? La Révolution russe? Mais tu n’es pas à la page, mon pauvre vieux. Les Russes sont solides, dans les Carpates, et tu peux me croire, tout ça n’est pas près de changer.» 74 «Péguy est tué. Ricciotto Canudo (un jeune écrivain que nous avions aimé) est tué. Gabriel-Tristan Franconi (poète, ami) a eu la tête arrachée par un obus. Jean-Marc Bernard est tué. Les frères Bonneff, qui avaient écrit La vie tragique des travailleurs sont tués.» Détail note 20 75 «De l’autre côté des Pyrénées s’ouvraient des pays de calme et d’abondance, sans blessé convalescent, sans permissionnaire comptant les heures, sans deuil, sans hâte de vivre à la veille de mourir. Les plazas aux grands arbres des petites villes de Catalogne, bordées, sous les arcades, de petits cafés, respiraient l’insouciance. Barcelone était en fête, les boulevards illuminés, somptueusement ensoleillés le jour, pleins d’oiseaux et de femmes. Ici aussi coulait le pactole de la guerre. Pour les Alliés, pour les Empires centraux, les usines travaillaient à plein rendement, les firmes brassaient de l’or. Joie de vivre sur tous les visages, dans toutes les vitrines, dans les banques, dans les reins! C’était à devenir fou.» 77 «L’horizon s’éclaircissait réellement de semaine en semaine. En trois mois l’humeur de la classe ouvrière barcelonaise changea. La combativité montait. La CNT percevait un afflux de forces. J’appartenais à un minuscule syndicat de l’imprimerie: sans accroissement d’effectifs – nous devions être une trentaine –, son influence s’accrut au point que la corporation entière parut réveillée. Trois mois après l’annonce de la Révolution russe le comité Obrero commençait la préparation d’une grève générale insurrectionnelle, négociait avec la bourgeoisie libérale catalane une alliance politique, envisageait de sang-froid le renversement de la monarchie. Le programme de revendications du comité Obrero, établi en juin 1917 et publié par Solidaridad obrera[29], anticipait sur les réalisations des Soviets russes. J’allais apprendre bientôt qu’en France aussi le même courant d’électricité à haute tension passait des tranchées aux usines, la même espérance violente naissait.» Note 29 Page 530 «Le premier numéro de Solidaridad obrera, hebdomadaire fondé par Francisco Ferrer, parut le 19 octobre 1907, et fut longtemps porte-parole de l’anarchosyndicalisme espagnol. Nous n’y avons pas trouvé des textes de Serge pour cette époque.» 78 « Serait-ce le
renversement de la monarchie? Quelques républicains, avec Lerroux (note
31 : Il laissera la justice militaire exécuter, sans preuve, son ami
Ferrer) encore populaire quoique déjà discrédité à gauche, l’espéraient
et ils trouvaient bon de lancer Barcelone libertaire en avant, quitte à
se replier eux-mêmes, si Barcelone échouait. Les républicains catalans,
inspirés par Marcelino Domingo, comptaient sur la force ouvrière pour
arracher à la monarchie une certaine autonomie, et ils suspendaient sur
le régime une menace de troubles. Avec Seguí, je suivais les
négociations entre la bourgeoisie catalane radicale et le comité
Obrero.»
77-78 «...Dans une rouge
ruelle, bordée d’un côté par une
caserne de la Guardia civil, de l’autre d’habitations pauvres, je
trouvai l’homme extraordinaire de ce temps de Barcelone, l’animateur,
le chef sans titre, le politique intrépide qui méprisait les
politiciens, Salvador Seguí[30], que l’on surnommait affectueusement
«Noy del Sucre».» Note 30 « l’anarchosyndicaliste Salvador Seguí
Rubinat [Rubinay?] (1886-1923), premier secrétaire de la CNT»81-82 «Ces autres ont pris la ville le 19 juillet 1936. Ils s’appelaient Ascaso, Durruti, Germinal Vidal, la CNT, la FAI, le POUM… Mais le 19 juillet 1917, nous fûmes vaincus presque sans combat, les parlementaires catalans ayant pris peur à la dernière minute... » «L’insurrection barcelonaise d’août (1917) fit de part et d’autre une centaine de cadavres et s’éteignit sans interrompre la marche en avant de la classe ouvrière…» 87 «Miguel Almereyda .... On l’eût probablement fusillé, mais en trop bonne compagnie. Peu de jours après, on le trouva sur son lit de prison, étranglé avec un lacet de soulier. L’affaire ne fut jamais éclaircie.» 95 «... nous trouvions dans ce premier journal un terne article signé G. Zinoviev sur «le monopole du pouvoir». «Notre parti gouverne seul […] il ne permettra à personne […]. Nous sommes la dictature du prolétariat […] les fallacieuses libertés démocratiques réclamées par la contre-révolution…» Je cite de mémoire, mais tel était bien le sens de cette prose. Nous essayâmes de nous la justifier par l’état de siège, le péril mortel, mais l’un et l’autre pouvaient justifier les faits, les faits faisant violence aux hommes et aux idées, non une théorie de l’étouffement de toute liberté. Je note la date de cet article: janvier 1919.» 142 Note 115 «Enver Pacha (1881-1922), ministre de la Guerre turc en 1913; opposé à la révolution de Kemal Pacha Atatürk, il se réfugia en Russie en 1918. Porte la responsabilité morale et politique de l’extermination des Arméniens en Turquie» 145 Note 124 «Sur le séjour des trois Français, leur disparition tragique et les différentes hypothèses dès lors suscitées, voir l’exposé détaillé d’Annie Kriegel dans sa thèse Aux origines du communisme français, 1914-1920. Contribution à l’histoire du mouvement ouvrier français, t. 2, Paris-La Haye, Mouton, 1964, p. 770-787. Des cinq hypothèses formulées (1°) celle du naufrage dû à la forte tempête alors constatée; 2° celle de l’emprisonnement par les Gardes finlandais; 3° celle du retour à Moscou; 4° celle de l’assassinat en mer: mitraillés par les navires de l’Entente; 5o celle de l’assassinat par les bolcheviks), rien ne peut être prouvé ni retenu définitivement… Il en est de même quant à l’état d’esprit qui était celui des «Trois»: tant à l’égard du régime qu’à leur souci de retour rapide en France. Borghi a exposé ses interrogations dans Mezzo secolo di anarchia, Naples, Edizioni Scientifiche Italiane, 1954, p. 245-246 et Voline dans La révolution inconnue, op. cit., p. 291-293 (reprise des p. 126-128 du livre Répression de l’anarchisme en Russie soviétique, op. cit.). Serge – avec Jacques Mesnil, Pierre Pascal, Alfred Rosmer, etc. – s’oppose ici à la version donnée par certains anarchistes (dont Voline, Body, Le Libertaire) rendant les bolcheviks coupables de leur disparition. Il maintint ce point de vue dans De Lénine à Staline, numéro spécial du Crapouillot, écrivant, p. 25: «J’ai très bien connu les circonstances de leur départ. J’ai été le compagnon de leurs derniers jours de Russie et je sais que leur perte ne fut due qu’à un accident facilité par leur propre impatience.» Il admet, ailleurs, qu’ils aient pu être tués par les Blancs (alors que Voline accuse les Rouges…). D’après lui, les Quatre seraient partis vers le 20 septembre 1920. Il leur consacra plusieurs articles et une brochure éditée à Petrograd (octobre 1921)» 153 «... les anarchistes s’étaient chaotiquement subdivisés en tendances prosoviétiques, intermédiaires et antisoviétiques. En 1919, ces derniers avaient, en pleine séance du comité communiste de Moscou, jeté une bombe qui fit une quinzaine de victimes. Mais, vaincus et persécutés, ces dissidents passionnés de la révolution n’en avaient pas moins raison en bien des circonstances, et raison à fond quand ils réclamaient pour eux-mêmes et pour le peuple russe la liberté d’opinion et le retour à la liberté soviétique. Les soviets, en effet, si vivants en 1918, n’étaient plus que des appareils secondaires du parti, dépourvus d’initiative, n’exerçant aucun contrôle, ne représentant en fait que le comité local du parti.» «Je suivais de près le drame de l’anarchisme qui allait atteindre, avec le soulèvement de Cronstadt, une importance historique. Pendant le IIe Congrès de l’Internationale, j’avais suivi les négociations poursuivies avec Lénine par Benjamin Markovitch Aleynnikov, ancien émigré, mathématicien, businessman soviétique en Hollande et anarchiste intelligent, sur la collaboration avec les libertaires. Lénine s’y montrait favorable; il avait amicalement reçu naguère Nestor Makhno; Trotski devait relater plus tard, beaucoup trop tard (en 1938, je crois…), que Lénine et lui-même pensèrent reconnaître aux paysans anarchistes d’Ukraine, dont Makhno était le chef de guerre, un territoire autonome. C’eût été équitable, habile, et peut-être cette largeur de vues eût-elle épargné à la révolution la tragédie vers laquelle nous nous acheminions.» Note 22 page 153 Certains disparaissent sans laisser de trace ! «Aleksandr Atabekian (1868-1940?), anarchiste arménien, médecin, intime de Kropotkine, imprimeur-éditeur (en russe et en arménien), créa un journal anarchocoopératif: Potchine (initiative). Souvent arrêté, emprisonné, condamné en 1921 et déporté au Caucase. Serait mort dans un camp soviétique en 1940…» 157 Kropotkine qui a signé en 1916 un appel pour la guerre (page 73) ! «En février [1921], le vieux Kropotkine mourut à Dimitrovo, près de Moscou. Je n’avais pas voulu le voir, crainte d’un entretien pénible; il croyait encore que les bolcheviks avaient reçu de l’argent allemand[35], etc. Sachant qu’il vivait dans le froid et l’obscurité, travaillant à L’Éthique et se reposant en faisant un peu de piano, nous lui avions envoyé, mes amis et moi, un somptueux colis de bougies. Je connaissais le texte de ses lettres à Lénine sur l’étatisation de la librairie et l’intolérance. On verra, si elles sont un jour publiées, avec quelle lucidité Kropotkine dénonçait les périls de la pensée dirigée. Je me rendis à Moscou pour assister à ses obsèques et ce furent d’émouvantes journées, dans le grand froid au temps de la grande faim. Je fus le seul membre du parti admis parmi les anarchistes comme un camarade. Autour du corps du grand vieillard, exposé à la Maison des syndicats, dans la salle des colonnes, les incidents se multipliaient en dépit du tact bienveillant de Kamenev. L’ombre de la Tchéka était partout, mais une foule dense et ardente affluait, ces funérailles devenaient une manifestation significative.» 158 «Dans la nuit du 28 au 29 février [1921], un coup de téléphone, donné d’une chambre voisine de l’Astoria, me réveilla. Une voix troublée me dit: «Cronstadt est au pouvoir des Blancs. Nous sommes tous mobilisés.» ... De petites affiches collées sur les murs dans les rues encore désertes annonçaient que, par complot et trahison, le général contre-révolutionnaire Kozlovski s’était emparé de Cronstadt et appelait le prolétariat aux armes. Mais avant même d’être rendu au comité du rayon, je rencontrai des camarades, accourus avec leurs mausers, qui me dirent que c’était un abominable mensonge, que les marins s’étaient mutinés, que c’était une révolte de la flotte et dirigée par le Soviet. Ce n’en était pas moins grave, peut-être; au contraire. Le pis était que le mensonge officiel nous paralysait. Que notre parti nous mentît ainsi, cela n’était jamais arrivé. ... Des tracts distribués dans les faubourgs firent connaître les revendications du Soviet de Cronstadt. C’était le programme d’un renouvellement de la révolution. Je résume: réélection des soviets avec vote secret; liberté de parole et de presse pour tous les partis et groupements révolutionnaires; liberté syndicale; libération des prisonniers politiques révolutionnaires; abolition de la propagande officielle; cessation des réquisitions dans les campagnes; liberté de l’artisanat; suppression immédiate des détachements de barrage qui empêchaient la population de se ravitailler à son gré. Le Soviet, la garnison de Cronstadt et les équipages de la 1re et de la 2e escadre se levaient pour faire triompher ce programme. ...» 163 «Cronstadt avait raison. Cronstadt
commençait une nouvelle
révolution libératrice, celle de la démocratie populaire. «La
IIIe révolution!», disaient certains anarchistes bourrés
d’illusions enfantines. Or, le pays était complètement épuisé, la
production presque arrêtée, il n’y avait plus de réserves d’aucune
sorte, plus même de réserves nerveuses dans l’âme des masses. Le
prolétariat d’élite, formé par les luttes de l’ancien régime, était
littéralement décimé. Le parti, grossi par l’afflux des ralliés au
pouvoir, inspirait peu de confiance. Des autres partis ne subsistaient
que des cadres infimes,...»
162
«L’idée d’une médiation naquit au
cours des entretiens que j’avais
chaque soir avec des anarchistes américains récemment arrivés: Emma Goldman,
Alexandre Berkmanet le jeune secrétaire de l’Union des ouvriers russes
des États-Unis, Perkus.... Fort bien reçus par Zinoviev, Emma Goldman
et Alexandre Berkman pouvaient parler avec autorité au nom d’une
fraction encore importante du prolétariat international.»167 «Sombre 18 mars! Les journaux du matin étaient sortis avec des manchettes célébrant l’anniversaire prolétarien de la Commune de Paris[62]. Et le canon, tonnant sur Cronstadt, faisait sourdement vibrer les vitres. Une mauvaise gêne régnait dans les bureaux de Smolny. On évitait de se parler, sauf entre intimes, et ce que l’on se disait était amer. Jamais le vaste paysage de la Neva ne me parut plus blafard et plus désolé. Par une remarquable coïncidence historique, ce même 18 mars[63], une insurrection communiste échouait à Berlin. Cronstadt ouvrit dans le parti une période de consternation et de doute. À Moscou, un bolchevik qui s’était distingué pendant la guerre civile, Paniouchkine[64], quittait démonstrativement le parti pour tenter de fonder un «Parti soviétique». Il ouvrait un club dans une rue ouvrière. On le toléra un moment, puis on l’arrêta.» 190-191 «...la Tchéka venait de
fusiller la femme d’Aaron Baron, Fanny Baron et Lev Tchorny, un des
idéologues de l’anarchisme russe. ... Lev Tchorny, je l’avais bien
connu à Paris, une douzaine d’années auparavant, quand, personnage
descendu d’une icône byzantine, le teint cireux, les orbites creusées,
les yeux embrasés, il vivait au Quartier latin en lavant les vitrines
des restaurants pour aller ensuite écrire sous les arbres du Luxembourg
sa Sociométrie. Il sortait naturellement d’une prison ou d’un bagne,
esprit systématique, grand croyant et ascète. Sa mort exaspéra Emma
Goldman et Alexandre Berkman. Pendant le IIIe Congrès de
l’Internationale, Emma Goldman avait songé à faire un esclandre à la
manière des suffragettes anglaises...
167 «Le mot «totalitarisme» n’existait pas encore. La chose
s’imposait durement à nous sans que nous en eussions conscience.
J’étais de l’impuissante minorité qui s’en rendait compte. La plupart
des dirigeants et des militants du parti, révisant leurs idées sur le
communisme de guerre arrivaient à le considérer comme un expédient
économique analogue aux régimes centralisés qui s’étaient créés pendant
la guerre en Allemagne, en France, en Angleterre, et que l’on appelait
«capitalismes de guerre». Ils espéraient que, la pacification venue,
l’on reviendrait à une certaine démocratie soviétique sur laquelle
personne n’avait plus d’idées claires. Les grandes idées de 1917 qui
avaient permis au Parti bolchevik d’entraîner les masses paysannes,
l’armée, la classe ouvrière et l’intelligentsia marxiste, étaient
évidemment mortes. Lénine ne proposait-il pas alors une liberté de la
presse telle que chaque groupement soutenu par dix mille voix pût
éditer son organe aux frais de la communauté (1917)? Il avait écrit
qu’au sein des soviets les déplacements du pouvoir de parti à parti
pourraient s’accomplir sans déchirements. Sa doctrine promettait un
État tout à fait différent des anciens États bourgeois, «sans
fonctionnaires ni police distincts du peuple», dans lequel les
travailleurs exerceraient directement le pouvoir par leurs conseils
élus et maintiendraient eux-mêmes l’ordre grâce à un système de
milices. Le monopole du pouvoir, la Tchéka, l’Armée rouge ne laissaient
plus subsister de «l’État-Commune» rêvé qu’un mythe théorique. La
guerre, la défense intérieure contre la contre-révolution, la famine
créatrice d’un appareil bureaucratique de rationnement avaient tué la
démocratie soviétique. Comment renaîtrait-elle? Quand?...»... Cronstadt, ces drames, l’influence d’Emma Goldman et d’Alexandre Berkman sur le mouvement ouvrier des deux mondes, allaient désormais creuser un infranchissable fossé entre les marxistes et les libertaires. Et cette division jouerait plus tard dans l’histoire un funeste rôle: elle a été un des facteurs du désarroi intellectuel et de l’échec de la Révolution espagnole. À cet égard mes pires prévisions ont été confirmées. Mais la plupart des bolcheviks considéraient le mouvement libertaire comme un mouvement petit-bourgeois en pleine décadence et même en voie de disparition naturelle. La formation américaine d’Emma Goldman et d’Alexandre Berkman les éloignait des Russes et en faisait des représentants d’une génération idéaliste complètement disparue en Russie.» 168 «À ces facteurs historiques, il
convient d’ajouter d’importants
facteurs psychologiques. Le marxisme a plusieurs fois varié, selon les
époques. Il surgit de la science, de la philosophie bourgeoise et des
aspirations révolutionnaires du prolétariat, au moment où la société
capitaliste approche de son apogée. Il se présente comme l’héritier
naturel de cette société dont il est le produit. De même que la société
capitaliste industrielle tend à embrasser le monde entier en y modelant
à son gré tous les aspects de la vie, le marxisme du début du
XXe siècle vise à tout reprendre, à tout transformer, depuis le
régime de la propriété, l’organisation du travail et la carte des
continents (par l’abolition des frontières), jusqu’à la vie intérieure
de l’homme (par l’éducation scientifique et antireligieuse). Prétendant
à une transformation totale, il était, au sens étymologique du mot,
totalitaire. Le plus grand parti marxiste, entre 1880 et 1920, le Parti
social-démocrate allemand, est bureaucratiquement organisé sur le
modèle d’un État, travaille à conquérir le pouvoir au sein de l’État
bourgeois, pense au socialisme d’État. La pensée bolchevik s’inspire du
sentiment de la possession de la vérité. Aux yeux de Lénine, de
Boukharine, de Trotski, de Preobrajenski, la dialectique matérialiste
est à la fois la loi de la pensée humaine et celle du développement de
la nature et des sociétés. Le parti détient la vérité; toute pensée
différente de la sienne est erreur pernicieuse ou rétrograde. La
conviction absolue de sa haute mission lui assure une étonnante énergie
morale – et en même temps une mentalité intolérante. Le «jacobinisme
prolétarien», avec son désintéressement, sa discipline de pensée et
d’action, se greffe sur la
psychologie de cadres formés par l’ancien régime, c’est-à-dire par la
lutte contre le despotisme; il sélectionne les tempéraments autoritaires.
La victoire de la révolution, enfin, remédie au complexe d’infériorité
des masses perpétuellement vaincues et brimées en suscitant chez elles
un esprit de revanche sociale qui tend à rendre les nouvelles
institutions despotiques à leur tour. Avec quel enivrement j’ai vu des
marins et des ouvriers de l’avant-veille exercer le commandement, se
complaire à faire sentir qu’ils étaient désormais le pouvoir! Les
grands tribuns eux-mêmes se débattent pour ces raisons dans des
contradictions inextricables que la dialectique leur permet de
surmonter verbalement, c’est-à-dire parfois démagogiquement. Cent fois,
Lénine a fait l’éloge de la démocratie et souligné que la dictature du
prolétariat est une dictature «contre les ex-possédants dépossédés» et
simultanément «la plus large démocratie de travailleurs». Il le croit,
il le veut. Il va rendre des comptes aux usines, il demande à affronter
la critique sans merci des ouvriers. Préoccupé par le manque d’hommes,
il écrit aussi en 1918 que la dictature du prolétariat n’est nullement
incompatible avec le pouvoir personnel. Il fait emprisonner son vieil
ami et camarade Bogdanov parce que celui-ci lui présente des objections
embarrassantes; il fait mettre les mencheviks hors la loi parce que ces
socialistes «petits-bourgeois» sont fâcheusement dans l’erreur. Il
reçoit affectueusement le partisan anarchiste Makhno et tente de lui
démontrer que le marxisme a raison; mais il laisse mettre l’anarchisme
hors la loi. Il promet la paix aux croyants et ordonne de ménager les
Églises; mais il répète que la «religion est l’opium du peuple». Nous
allons vers une société sans classes, d’hommes libres: mais le parti
fait afficher un peu partout que «le règne des travailleurs n’aura pas
de fin». Sur qui régneront-ils donc? Et que signifie le mot règne? Le totalitarisme est en nous.»
170 «Lénine,
Trotski, Karl Radek, Boukharine formaient vraiment le cerveau de la
révolution.»Radek
page 406 «j’annonçai que
Radek[50], condamné à dix années
d’emprisonnement, ne survivrait pas longtemps: il a été assassiné en
prison»
178 «Je connus Henriëtte Roland
Holst, marxiste hollandaise et grand
poète.» Note 87page 559 «Poète célèbre, mais aussi dramaturge,
biographe, conférencière, Henriëtte Roland-Holst-van Der Schalk
(1869-1952), d’abord «tribuniste» puis communiste jusqu’en 1927, et
enfin socialiste, anticolonialiste. Amie d’Anton Pannekoek (1873-1960),
d’Hermann Gorter (1864-1927), de Rosa Luxemburg. En 1937, elle défendit
Serge contre les calomnies de Sadoul et compagnie.»Boukharine note 37 du chapitre 3 «Nikolaï Ivanovitch Boukharine (1888-fusillé en 1938)...» Chap 9 Page 407 «Le mécanisme de l’extermination était si simple que l’on pouvait en prévoir la marche. J’annonçai, des mois à l’avance, la fin de Rykov, de Boukharine, de Krestinski, de Smilga, de Racovski, de Boubnov… Quand Antonov-Ovseenko[51], le révolutionnaire qui avait en 1917 donné l’assaut au palais d’Hiver, le malheureux qui venait de faire assassiner à Barcelone mon ami Andrès Nin et le philosophe anarchiste Camillo Berneri[52], fut rappelé de son poste en Espagne pour prendre possession de celui de commissaire du peuple à la Justice, laissé vacant par Krylenko[53] disparu dans les ténèbres, j’annonçai qu’il était perdu – et il l’était. Quand Iagoda[54], chef du Guépéou, organisateur du procès Zinoviev, fut nommé commissaire du peuple aux Postes et Télégraphes, j’annonçai qu’il était perdu; et il l’était… L’effroyable machine continuait sa marche, les intellectuels et les politiques se détournaient de nous, l’opinion de gauche était muette et aveugle. Un ouvrier communiste me criait du fond d’une salle de réunion: «Traître! Fasciste! Vous n’empêcherez pas l’URSS de rester la patrie des opprimés!» 179 «Paul Vaillant-Couturier, officier dans les chars d’assaut pendant la guerre, poète, orateur populaire, leader des anciens combattants, gros garçon joufflu plein de talents, mais jouisseur et léger, devait être pour moi une grande déception. Il allait se laisser corrompre, s’associer à toutes les vilenies et mourir en gardant une belle popularité dans le prolétariat parisien. Le besoin de popularité et la peur de marcher contre le courant peuvent être, dans les mauvaises époques, de profonds facteurs de corruption…» 202 «Presque personne ne comprit, dans l’Internationale, la marche sur Rome et l’avènement de Mussolini. L’opinion des dirigeants fut que cette forme bouffonne de la réaction s’userait vite. Je pensais, au contraire, qu’en se mettant à l’école de la Révolution russe, pour ce qui était de la répression et du maniement des masses par l’agitation, cette forme nouvelle de contre-révolution, réussissant à entraîner une foule d’ex-révolutionnaires déçus et avides, s’imposerait pour des années.» 252 «Sur le tertre, à droite, on pendit en 1825 les cinq héros du complot maçonnique des décembristes» 272-273 «À l’étranger, l’odieuse légende fut répandue au signal par la presse communiste. Vaillant-Couturier signa le papier commandé à L’Humanité. À peu de jours de là, je le rencontrai à Moscou, à une conférence internationale d’écrivains. Nous étions amis depuis des années. Je repoussai la main qu’il me tendait. «Tu sais bien que tu viens de signer une infamie!» Sa grosse tête joufflue pâlissait et il bredouillait: «Viens ce soir, je t’expliquerai. J’ai reçu les renseignements officiels. Est-ce que je peux vérifier, moi?» Le soir, je frappai vainement à sa porte. Je n’oublierai jamais son regard désemparé par la honte. Pour la première fois, je voyais s’avilir un homme qui se voulait sincèrement un révolutionnaire – et qui était doué, éloquent, sensible, courageux (au physique). On le coinçait: «Vous devez écrire ça, Vaillant, l’Exécutif l’exige!»» 286 «Trotski écrivit plus tard (en 1935): «À n’en pas douter un coup de force militaire contre la fraction Zinoviev-Kamenev-Staline n’eût présenté aucune difficulté et n’eût même pas provoqué l’effusion de sang; mais le résultat en eût été l’accélération du triomphe de la bureaucratie et du bonapartisme contre lesquels se dressait l’Opposition de gauche.» Zinoviev et Kamenev ont été des victimes des procès de 36, ainsi que leur famille. 292 L'arrestation de Victor Serge et les fonctionnaires dociles «On sonna vers minuit. J’ouvris et compris tout de suite... Ils perquisitionnèrent, tombèrent en arrêt sur des traductions de Lénine. «Vous les saisissez aussi?», demandai-je ironiquement. «Ne plaisantez pas, répliqua l’un des deux, nous sommes léninistes, nous aussi.» Parfait; nous étions entre léninistes. L’aube flottait sur Leningrad d’un bleu de fond de mer quand je sortis entre ces deux camarades-là, qui s’excusaient de n’avoir pas d’auto disponible: — Nous avons tant à faire chaque nuit… — Je sais, dis-je. ... Je fus conduit à la vieille maison d’arrêt. La carcasse en brique de l’ancien palais de justice, noircie par l’incendie, rappelait, tout à côté, de grandes journées libératrices. Mais dans la lourde bâtisse carrée, peu de choses avaient changé depuis un demi-siècle. Un gardien m’expliqua qu’il y servait depuis une vingtaine d’années: «J’ai conduit Trotski à la promenade après la révolution de 1905…» Une fierté lui en restait et il était prêt à recommencer…» 302 Note 14 Tous interrogés par Ante Ciliga (1898-1992) sur leurs faux témoignages, ils répondirent: «Nous-mêmes, nous n’y comprenons rien, ce fut comme un affreux cauchemar.» 322 Les écrivains et la politique «Poètes et romanciers ne sont pas des esprits politiques parce qu’ils ne sont pas essentiellement rationnels. L’intelligence politique, bien que fondée dans le cas du révolutionnaire sur un profond idéalisme, exige un armement scientifique et pragmatique, et se subordonne à la poursuite de fins sociales définies. L’artiste[79], par contre, puise sans cesse ses matériaux dans le subconscient, dans le préconscient, dans l’intuition, dans une vie intérieure lyrique assez difficile à définir; il ne sait pas avec certitude où il va, ce qu’il crée. Si les personnages du romancier sont réellement vivants, ils agissent eux-mêmes au point qu’il leur arrive de surprendre l’écrivain, et celui-ci serait parfois bien embarrassé d’avoir à les classer selon la moralité ou l’utilité sociale. Dostoïevski, Gorki, Balzac font vivre avec amour des criminels que le politique fusillerait sans amour… Les nouveaux États totalitaires, en imposant aux écrivains des consignes de stricte idéologie et de conformisme absolu, n’arrivent qu’à tuer en eux la faculté créatrice. La littérature soviétique avait connu entre 1921 et 1928 une floraison magnifique. À partir de 1928, elle décline et s’éteint. Sans doute, on imprime – mais qu’est-ce que l’on imprime?» 323 «Quand, lors des procès des techniciens, le parti fit faire des manifestations pour l’exécution des coupables et voter en tous lieux la peine de mort, les écrivains votèrent et manifestèrent comme tout le monde; et pourtant il y avait parmi eux des hommes qui comprenaient tout, souffraient de tout, comme Konstantin Fedine, Boris Pilniak, Alexis Tolstoï, Vsevolod Ivanov, Boris Pasternak…» 406 «La Ligue française des droits de l’homme trouva un juriste de cette sorte dans son sein. Le comité de la Ligue se divisait en majorité hostile à toute enquête et en minorité écœurée – et la minorité s’en allait. L’argument commun se réduisait à ceci: «La Russie est notre alliée…» C’était stupide: une alliance d’États qui devient un asservissement politique et moral tient du suicide; mais c’était fort. J’eus avec le président de la Ligue des droits de l’homme, Victor Basch, un des hommes courageux du temps des luttes contre l’état-major (l’affaire Dreyfus), un entretien de plusieurs heures, à la fin duquel, anéanti de tristesse, il me promit la réunion d’une commission – qui ne se réunit jamais.» 422 «Marx Dormoy révélait le complot des «cagoulards» et nous savions qu’au Conseil des ministres la question des généraux et des maréchaux compromis – Pétain et Franchet d’Esperey – s’était posée.» Note 100 «Si le maréchal Louis Franchet d’Esperay (1856-1942) soutint financièrement la Cagoule, le maréchal Philippe Pétain (1856-1951) en approuva les visées anticommunistes mais, par souci de carrière, ne s’y associa pas.» 423 «Le désastre d’Espagne ... Des centaines de milliers de réfugiés franchissaient les Pyrénées, accueillis par des gardes mobiles qui les dévalisaient, les brutalisaient, les internaient dans des camps de concentration indescriptibles. La CGT, assez opulente, ne songeait pas à se dépouiller de ses fonds pour venir en aide à ce flot de héros et de victimes.» 424 «Les masses se détournaient
simplement des vaincus et des problèmes qu’ils posaient en silence. Il
eût été en somme facile de les accueillir dans la vie normale, de les
installer dans des régions du pays en voie de dépeuplement, d’ouvrir
les familles aux enfants et aux jeunes gens – et même d’en tirer pour
la défense de la France menacée une ou deux divisions d’élite. Aucune
de ces idées ne vint à personne.»
424 «Je luttai des mois pour
procurer un misérable secours de trois
cents francs à un vieil homme de soixante-dix ans qui mourait sur un
grabat dans un camp de concentration et qui était un des fondateurs de
la CNT,
José Negre; j’alertai
les «Anciens de la CGT», je fis parler à Jouhaux, en vain. Je ne
reconnaissais plus d’anciens amis affectionnés que j’avais connus
pleins d’élans généreux – et une sorte de rupture se faisait entre
nous.»425 « Note de l'auteur : Notre mouvement d’opposition, en Russie, n’avait pas été trotskiste, car nous n’entendions pas l’attacher à une personnalité, étant précisément en rébellion contre le culte du Chef. Le Vieux n’était pour nous que l’un de nos plus grands camarades, un aîné dont on discutait librement les idées.» 427 «...dans le terrible épisode de Cronstadt 1921, les responsabilités du Comité central bolchevik eussent été énormes; que la répression qui suivit fut inutilement barbare; que l’établissement de la Tchéka (devenue plus tard le Guépéou), avec ses méthodes d’inquisition secrète, fut de la part des dirigeants de la révolution une lourde erreur incompatible avec la mentalité socialiste.» 427-428 «Le seul problème que la Russie rouge de 1917-1927 n’ait jamais su poser est celui de la liberté, la seule déclaration indispensable que le gouvernement soviétique n’ait pas faite est celle des droits de l’homme. J’exposais ces idées dans des articles publiés à Paris et à New York. Le Vieux [Trotski], usant des clichés habituels et du reste déplorablement informé par des adeptes plus bornés que compréhensifs, n’y voulut voir qu’une «manifestation d’intellectuel découragé…» Les publications trotskistes refusèrent de publier mes rectifications. Je retrouvais chez les persécutés les mêmes mœurs que chez les persécuteurs. Il y a une logique naturelle de la contagion par le combat; la Révolution russe continua ainsi malgré elle certaines traditions néfastes du despotisme qu’elle venait d’abattre: le trotskisme calomnié, fusillé, assassiné faisait à l’occasion preuve d’une mentalité symétrique à celle du stalinisme qui le broyait. Je connais assez l’honnêteté de ses militants pour savoir qu’ils en souffrent eux-mêmes. Mais on ne lutte pas impunément contre des faits sociaux et psychologiques aussi monstrueux. On ne se cramponne pas impunément à une doctrine autoritaire qui appartient au passé…» 428 «Dix ans après, de minuscules partis, comme en Belgique celui de Walter Dauge[108], appelaient le Vieux «notre glorieux Chef», et quiconque, dans les cercles de la «IVe Internationale», se permettait d’élever des objections à ses thèses était promptement exclu et dénoncé en les termes mêmes dont la bureaucratie s’était servie contre nous en URSS. Sans doute cela n’avait pas grande importance, mais qu’un tel cercle vicieux pût se former, c’était un indice psychologique des plus fâcheux...» 430 «Mais la presse française manœuvrée par les agents communistes ne voulait ni ne pouvait rien y comprendre; les articles que je proposai à des journaux de gauche furent refusés, je ne trouvai une tribune qu’à la revue Esprit.» 436 «Comment un réfugié serait-il en règle avec cette Préfecture paperassière et tracassière, ballottée entre les influences de droite, de gauche et secrètes? Les réfugiés antinazis et antifascistes vont connaître de nouvelles prisons: celles de la République qui fut leur dernier asile sur ce continent et qui maintenant agonise et perd la tête. Espagnols et combattants des Brigades internationales qui vainquirent le fascisme sous Madrid sont traités en pestiférés… Papiers en règle et bourse garnie, les phalangistes espagnols, les fascistes italiens – encore neutres –, les Blancs russes – et combien d’authentiques nazis sous ces camouflages faciles? – se promènent librement par toute la France.» 442 « J’ai tout à coup cette dure révélation: que nous sommes, nous, réfugiés politiques, révolutionnaires traqués, triplement vaincus dans l’immédiat parce que certains «d’entre nous» ne sont plus «d’entre nous», étant vaincus jusqu’au fond de l’âme, démoralisés; et qu’une sordide bataille commence parmi nous pour les places dans la dernière chaloupe du vaisseau qui coule. Mais de Suisse et d’Amérique parviennent d’étonnantes réponses. Ces lettres du poète J.-P. Samson et de Dwight Macdonald – deux hommes que je n’ai jamais vus – sont comme de fortes poignées de main dans la nuit. Presque incroyables. – Donc, nous tiendrons.» Note 136 «Jean-Paul Samson (1894-1964), écrivain pacifiste et insoumis, exilé depuis 1914 à Zurich, y publia sa revue Témoins (1953-1967), avec des textes de Serge, évoqué aussi dans son Journal de l’an quarante, Paris, Témoins, 1967. Dwight Macdonald (1906-1982), journaliste américain, un temps trotskiste, puis pacifiste et libéral. Éditeur de la revue Politics» Voir page Orwell 444 Marseille 1940 «Cour des miracles des révolutions, des démocraties et des intelligences vaincues! Nous nous disons parfois que si cinq sur cent de ces hommes abandonnés réussissent, de l’autre côté de l’Atlantique, à se refaire des âmes de combattants, ce sera magnifique.» Peut-être était encore présent Walter Benjamin. Titres de livres édités ou réédités tirés des notes : J'ai essayé d'extraire des copieuses et riches notes les volumes cités. Il y a peut-être des doublons et j'ai aussi essayé d'éviter les textes alignés sur le Moscou de Staline. Pour que certains ouvrages ainsi pouvaient réapparaître dans l'édition actuelle et sortir de l'oubli les victimes de la contre révolution stalinienne. Chapitre 1 Note 5 - Nikolaï Gavrilovitch Tchernychevski roman Que faire? (Paris, Éditions des Syrtes, 2000). 18 - Seul dans la vie à 14 ans. Le feu sacré (1911-1914), Paris, Stock 19 - Kropotkine (1842-1921) L’anarchie, sa philosophie, son idéal (1896); Autour d’une vie. Mémoires, La Tour d’Aigues, L’Aube, 2008 [1901] - George Woodkock et Ivan Avakoumovitch, Pierre Kropotkine, prince anarchiste, Paris, Calmann-Lévy, 1953; réédition: Montréal, Écosociété, 1997 26 - Émile Pataud Coauteur (avec Émile Pouget) de Comment nous avons fait la Révolution, roman utopiste, Paris, Tallandier, 1909 (réédition: Paris, Syllepse, 1995, avec une dense présentation par Pierre Cours-Salies et René Mouriaux) 55 - Élisée Reclus L’évolution, la révolution et l’idéal anarchique (réédition: Montréal, Lux, 2004) - Henriette Edwige Chardak, Élisée Reclus: une vie. L’homme qui aimait la Terre, Paris, Stock, 1997 - Élisée Reclus. Un encyclopédiste infernal!, Paris, l’Harmattan, 2005. - Hélène Sarrazin, Élisée Reclus ou La passion du monde, Paris, Éditions du Sextant, 2003. 61 - Evno Azev agent de l’Okhrana. personnage principal du roman de Roman Goul (1896-1986), Lanceurs de bombes. Azef, Paris, Gallimard, 1930, 1963 64 - Jehan Rictus, Le cœur populaire, Paris, Rey, 1914, réédition: Paris, Blussen, 2007 68 - Albert Joseph, dit Albert Libertad Le culte de la charogne et autres textes, choisis et présentés par Roger Langlais, Paris, Galilée, 1976; nouvelle édition revue et augmentée: Le culte de la charogne. Anarchisme, un état de révolution permanente (1897-1908), Marseille, Agone, 2006, de loin la meilleure! 77 - Prosper-Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, édition définitive, 1896 (réédition: Paris, La Découverte, 2004) - Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, Paris, Fernand Hazan, 1971 81 - Ernest-Lucien Juin (1872-1962) dit E. Armand et, à tort, Émile Armand, d’abord membre de l’Armée du Salut, puis anarchiste tolstoïen-chrétien et enfin «individualiste». Polyglotte, propagandiste actif, théoricien prolixe (L’initiation individualiste anarchiste; La révolution sexuelle et la camaraderie amoureuse – conjuguée sans décliner…), il créa et dirigea: L’Ère nouvelle (1901-1911), Hors du troupeau (1911-1912), Les Réfractaires (1912-1914), Pendant la mêlée (1915-1916) devenu Par-delà la mêlée (1916-1918), L’En dehors (1922-1939), L’Unique (1945-1956). Il y publia des textes du «Rétif». Voir René Guillot (éd.), E. Armand, sa vie, sa pensée, son œuvre, Paris, La Ruche ouvrière, 1964. 83 -Max Stirner (dit Johann Kaspar Schmidt, 1806-1856), philosophe allemand, auteur de L’unique et sa propriété, Paris, Stock, 1900, 1972, 1978; Lausanne, L’Âge d’Homme, 1972, recueil de Diederick Dettmeijer (dir.), Max Stirner ou la première confrontation entre Karl Marx et la pensée anti-autoritaire, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1979 et Henri Arvon, Aux sources de l’existentialisme. Max Stirner, Paris, PUF, 1954 93 - Lucien Feuillade et Nicolas Lazarévitch, Tu peux tuer cet homme… Scènes de la vie révolutionnaire russe, Paris, Gallimard, 1950 98 - Pierre Aubery, Mécislas Golberg Anarchiste et décadent. 1868-1907, biographie intellectuelle suivie de Fragments inédits de son Journal, Paris, Minard, 1978 et réunis par Catherine Coquio: Mécislas Golberg (1869-1907), passant de la pensée. Une anthropologie politique et poétique au début du siècle, Paris, Maisonnneuve et Larose, 1994, et Mécislas Golberg, kaléidoscope, Paris/Caen, Minard, 2000 109 - Yves Pagès, L’homme hérissé. Liabeuf tueur de flics, Paris, L’Insomniaque, 2001 166 - Rirette Maîtrejean , Souvenirs d’anarchie, Quimperlé, La Digitale, 1988). 172 - Poulaille «Hommage à Victor Serge», Bassac, Plein Chant, 1991 173 - Albert Londres Œuvres complètes & Câbles et reportages, Paris, Arléa, 2007 174 - Sur la Bande à Bonnot et son procès: - Malcolm Menzies, En exil chez les hommes, Troësnes, Corps 9, 1985 (réédition: Paris, Rue des cascades, 2007); - La Bande à Bonnot à travers la presse de l’époque, Lyon, Fage, 2008 ; - Anne Steiner, Les En-Dehors. Anarchistes individualistes et illégalistes à la «Belle Époque», Montreuil, L’Échappée, 2008 179 - Jacques Baynac, Les socialistes-révolutionnaires de mars 1881 à mars 1917, Paris, Robert Laffont, 1979 180 - Boris Souvarine, Staline, Paris, Plon, 1935 (édition augmentée, 1940; réédition: Champ Libre, 1977) - Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, Paris, Calmann-Lévy, 2008. - Roman Brackman, Staline, agent du tsar, Paris, L’Archipel, 2003 Chapitre 2 16 - Boris Viktorovitch Savinkov Souvenirs d’un terroriste, Paris, Champ Libre, 1982 - Victor Serge, «Savinkov et Kornilov» dans Lénine 1917, Paris, Robert Laffont, 2001 - Savinkov (mais signés «V. Ropchine») intéressants et trop méconnus romans Le cheval blême. Journal d’un terroriste (publié en russe en 1908), Paris, Phébus, 2003, très bien traduit et présenté par Michel Niqueux; Ce qui ne fut pas, Paris, Payot, 1921, (réédition: Paris, Éditions 13 bis, 1985) 13 bis, 1985) 18 - Trotski, Ma vie, Paris, Gallimard, 1953, 1968 Pierre Broué, Trotsky, Paris, Fayard, 1988 Jean-Jacques Marie, Trotsky. Révolutionnaire sans frontières, Paris, Payot, 2006, 20 - Léon et Maurice Bonneff La vie tragique des travailleurs, Paris, Jules Rouff, 1908 (nouvelle édition, corrigée et complétée par Michelle Perrot, Paris, EDI, 1984 61 - Roman Goul, Les maîtres de la Tchéka. Histoire de la terreur en URSS, 1917-1938, Paris, Les Éditions de France, 1938 Chapitre 3 1 - Michael Confino, Violence dans la violence. Le débat Bakounine-Netchaïev, Paris, Maspero, 1973 4 - Georges Haupt et Jean-Jacques Marie, Les bolcheviks par eux-mêmes, Paris, Maspero, 1969 13 - Paul Avrich, Les anarchistes russes, Paris, François Maspero, 1979 35 - Angélica Balabanova (Balanoff) - Ma Vie de Rebelle, Paris, Balland, 1981 111 - Annie Kriegel - Les Internationales ouvrières (1864-1943), Paris, PUF, 1975 113 - Le Ier Congrès des peuples de l’Orient, Paris, Maspero, 1971 117 - Voline et al., Répression de l’anarchisme en Russie soviétique, Paris, Éditions de la Librairie sociale, 1923 La révolution inconnue, 1917-1921, Paris, Les Amis de Voline, 1947 (rééditions: Paris, P. Belfond, 1969, 1986; Paris, Verticales, 1997; Genève, Entremonde, 2010 122 - Jean-Jacques Marie, Les paroles qui ébranlèrent le monde. Anthologie bolchevique (1917-1924), Paris, Le Seuil, 1967 125 - Maurice Vandamme dit Mauricius (1886-1974), collaborateur de l’anarchie, auteur de: Le rôle social des anarchistes (suivi de Contre la faim par Le Rétif), Paris, Éditions de l’anarchie, 1911; Au pays des Soviets. Neuf mois d’aventures, Paris, Eugène Figuière, 1922. Serge y est évoqué avec acrimonie. La suite est toujours inédite. Mauricius fut, un temps, «compagnon» de Rirette Maîtrejean… Chapitre 4 2 - Stephen Cohen, Nicolas Boukharine. La vie d’un bolchevik, Paris, Maspero, 1979 4 - Léon Poliakov, L’épopée des vieux-croyants, une histoire de la Russie authentique, Paris, Perrin, 1991 Pierre Pascal (beau-frère de Serge), Avvakum et les débuts du Raskol. La crise religieuse au XVIIe siècle en Russie, Paris, Champion, et la traduction de la Vie d’Avvakum, Paris, Gallimard, 1939, 1960. 11 - Léonard Schapiro, Les bolcheviques et l’Opposition. Origines de l’absolutisme communiste, 1917, 1922, Paris, Les Îles d’Or, 1957 14 -Nestor Ivanovitch Makhno - Mémoires en 3 volumes, seul a été publié: La Révolution russe en Ukraine, t. 1, Mars 1917-avril 1918, Paris, La Brochure mensuelle, 1927, 360 p; réédition Paris, Belfond, 1970, avant-propos de Daniel Guérin; Coeuvres-et-Valsery, Ressouvenances, 2003. Piotr Archinov [Archinoff], Le mouvement makhnoviste, Paris, Bélibaste, 1969 Alexandre Skirda: Nestor Makhno. Le cosaque libertaire (1888 [sic]-1934), Paris, Les Éditions de Paris, 1999 La guerre civile en Ukraine, 1917-1921, Paris, Les Éditions de Paris, 1999 Les anarchistes russes, les soviets et la révolution de 1917, Paris, Les Éditions de Paris, 2000 18 -Alexandre Skirda, Kronstadt 1921. Prolétariat contre bolchevisme, Paris, Tête de feuilles, 1971 31 - Arkadi Vaksberg, Alexandra Kollontaï, Paris, Fayard, 1996 35 - Boris Souvarine: Controverse avec Soljenitsyne, Paris, Allia, 1990 38 - Paul Avrich, La tragédie de Cronstadt. 1921, Paris, Le Seuil, 1975. 39 - Marcel Body avec ses amis Jacques Sadoul, Pierre Pascal, la Révolution russe le 31 juillet 1917. Fondateur du Groupe communiste français d’Odessa: cf. son récit «Les groupes communistes français de Russie: 1918-1921», Contributions à l’histoire du Comintern, Genève, Librairie Droz, 1965, p. 39-65; réédité seul aux éditions Allia, Paris, 1988 De l’avis général, la teneur d’Un piano en bouleau de Carélie. Mes années de Russie (1917-1927), Paris, Hachette, 1981, semble due plus au co-auteur (pas nommé) qu’à l’auteur lui-même 41 - Alexander Berkman, Le mythe bolchevik. Journal 1920-1922, Quimper, La Digitale, 1996 La Commune de Cronstadt (recueil de documents comprenant la traduction intégrale des Izvestias de Cronstadt), Paris, Bélibaste, 1969 46 - Alexandre Skirda (dir), Les anarchistes dans la Révolution russe, Paris, Tête de feuilles, 1973 47 - Pierre Pascal Journal de Russie, t. 2, En communisme, 1918-1921, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1977 75 - Feliks Yakovievitch Kon dit Kohn L’évasion de dix condamnés à mort, Paris, Bureau d’éditions, 1932 76 - Arpad Szepal, Les 133 jours de Béla Kun, Paris, Fayard, 1959 96 - Jean-Louis Panné, Boris Souvarine. Le premier désenchanté du communisme, Paris, Robert Laffont, 1993 98 - Marcel Body, «Les groupes communistes français de Russie 1918-1921» Genève, Librairie Droz, 1965; Paris, Allia, 1988 101 - Albert Thomas - capitaine Jacques Sadoul, Notes sur la révolution bolchevique (octobre 1917-janvier 1919). Avec une préface de Henri Barbusse, deux lettres de l’auteur à Romain Rolland et une lettre de Albert Thomas adressée à l’auteur, Paris, Éditions de la Sirène, 1919; Paris, Maspero, 1971 104 - Nikolaï Aleksandrovitch Berdiaev : Le nouveau Moyen Âge, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1985 Problème du communisme, Paris, Desclée de Brouwer, 1933 Les sources et le sens du communisme russe, Paris, Gallimard, 1938, 1951, 1970; 105 - Salomon Abramovitch Dridzo dit Lozovski L’Internationale syndicale rouge, Paris, Maspero, 1976. 121 - Andreï Biély - Le roman Pétersbourg (Lausanne, L’Âge d’Homme, 1967). 129 - Berkman Mémoires de prison d’un anarchiste, Paris, Presses de la Renaissance, 1977 132 - Bakounine Confession. 1851, traduit par Paulette Brupbacher, introduction de Fritz Brupbacher, notes de Max Nettlau, Paris, Rieder, 1932; avec un avant-propos de Boris Souvarine, Paris, PUF, 1974 Chapitre 5 18 - Charles Rappoport (1865-1941) écrivain et militant socialiste russe naturalisé français en 1899. D’abord au parti socialiste puis au parti communiste qu’il quitte après l’exécution de Boukharine en 1938 (qualifiant Staline de «Bonnot-Staline»). Journaliste politique, propagandiste, orateur et marxiste orthodoxe critique. Une vie révolutionnaire: 1883-1940. Les mémoires de Charles Rappoport, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1991. 41 - Arcadi Vaksberg, Le mystère Gorki, Paris, Albin Michel, 1997 67 - Georges Castellan, L’Allemagne de Weimar (1918-1933), Paris, Armand Colin, 1969 108 - Branko Lazitch, Ma vie de rebelle, Paris, Balland, 1981 126 - Hugo Bettauer La rue sans joie, Paris, Albin Michel, 1927 La ville sans juifs, Paris, Albin Michel, 1929; Balland, 1983 133 - Michael Löwy (Pour une sociologie des intellectuels révolutionnaires. L’évolution politique de Lukács, 1909-1929, Paris, PUF, 1976 Chapitre 6 5 - Georges Haupt et Jean-Jacques Marie, Les bolcheviks par eux-mêmes, Paris, Maspero, 1969 11 - Vassili Vassilievitch Rozanov Dans Le feu noir Paris, Éditions du Rocher, 2006 13 - Victor Serge Destin d’une révolution. URSS, 1917-1937, Grasset et Robert Laffont 14 - Julie Grandhaye, «Les décembristes et la Loi. Genèse d’un concept», dans Sylvie Martin (dir.) Circulation des concepts entre Occident et Russie, Lyon, ENS/LSH, 2008 17 - Alexandra Kollontaï, Autobiographie, à son roman Les amours des abeilles travailleuses (Paris, Bélibaste, 1976) Alexandra Kollontaï, Marxisme et révolution sexuelle, Paris, Maspero, 1973 20 - Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski Récits de la maison des morts (remarquable édition de Pierre Pascal, Paris, Garnier, 1962), il évoque le bagne sibérien 63 - Pierre Broué, Le parti bolchevique, Paris, Éditions de Minuit, 1972 65 - Jean-Pierre Morel, Le roman insupportable. L’Internationale littéraire et la France (1920-1932), Paris, Gallimard, 1985 75 - Roy Medvedev, Le stalinisme. origines, histoire, conséquences, Paris, Le Seuil, 1972, 76 - Pierre Naville: La révolution et les intellectuels, Paris, Gallimard, 1975 Trotsky vivant, Paris, Julliard, 1962 De Gérald Rosenthal: Mémoire pour la réhabilitation de Zinoviev (L’affaire Kirov), Paris, Julliard, 1962 Avocat de Trotsky, Paris, Robert Laffont, 1975 87 - Philippe Baudorre, Barbusse. Le pourfendeur de la Grande Guerre, Paris, Flammarion, 1995 90 - Victor Loupan et Pierre Lorrain, L’argent de Moscou. L’histoire la plus secrète du PCF, Paris, Plon, 1994 Chapitre 7 14 - Ante Ciliga, Dix ans au pays du mensonge déconcertant, Paris, Champ Libre, 1977 15 - Sergueï Fiodorovitch Platonov (1860-1933), auteur en 1929 d’un Boris Goudounov, tsar de Russie (1598-1605) et d’une Histoire de la Russie des origines à 1918 (les deux traduits chez Payot, Paris, 1929) 27 - Nikolaï Nikolaïevitch Soukhanov (Himmer) 7 volumes; traduction française très abrégée: La Révolution russe, Paris, Stock, 1965 36 - Pierre Broué, Rakovsky ou la révolution dans tous les pays, Paris, Fayard, 1996 42 - Gherassim Istrati dit Panaït (1884-1935) Le pèlerin du cœur, Paris, Gallimard, 1984 Le vagabond du monde, Bassac, Pleint Chant, 1989 L’intégrale des récits chez Gallimard (4 vol., 1968-1970, puis coll. «Folio») Monique Jutrin-Klener, Panaït Istrati. Un chardon déraciné, Paris, Maspero, 1970; Paris, L’Échappé, 2014 Boris Souvarine, Panaït Istrati et le communisme, Paris, Champ Libre, 1981 56 - Robert Conquest, La grande terreur. Les purges staliniennes des années 1930, précédé de Sanglantes moissons, Paris, Robert Laffont, 1995 71 - John Dos Passos (1896-1970), longtemps engagé à gauche (défense de Sacco et Vanzetti), auteur de trilogies romanesques: U.S.A. (42e parallèle, 1919, La grosse galette [Gallimard]), District of Columbia (Aventures d’un jeune homme, Numéro un, Le grand dessein [Gallimard] 84 - David Caute, Les compagnons de route 1917-1968, Paris, Robert Laffont, 1979 Le communisme et les intellectuels français 1914-1966, Paris, Gallimard, 1967 85 - Tchoukovski, Journal 1901-1929 et Journal 1930-1969, Paris, Fayard, 1997 et 1998 86 - Vitali Chentaliski, La parole ressuscitée. Dans les archives littéraires du KGB et Les surprises de la Lioubanka. Nouvelles découvertes, Paris, Robert Laffont, 1993 et 1996 91 - Nina Denissoff, Fédor Sologoub. 1863-1927, Paris, La Pensée universelle, 1981 116 - Vera Figner Mémoires d’une révolutionnaire le Mercure de France ayant repris en 2017 l’édition de Gallimard Chapitre 8 5 - Vitali Chentaliski, La parole ressuscitée. Dans les archives littéraires du KGB; Les surprises de la Lioubanka. Nouvelles découvertes, Paris, Robert Laffont, 1993 et 1996 11 - Varlam Chalamov - Récits de la Kolyma (Paris, Verdier, 2003) Varlam Chalamov - Vichéra, Paris, Verdier, 2000 14 - Pierre Pascal, La révolte de Pougatchev, Paris, Julliard, 1971 22 - Pierre Broué, Communistes contre Staline. Massacre d’une génération, Paris, Fayard, 2003 26 - Alla Kirilina, L’assassinat de Kirov. Destin d’un stalinien, 1888-1934, Paris, Le Seuil, 1995 36 - Fritz Brupbacher - Soixante ans d’hérésie; Marx et Bakounine; Bakounine ou le démon de la révolte, Paris, Éditions du cercle, 1971 37 - Charles Plisnier - Faux passeports ou Les mémoires d’un agitateur, Paris, Corréa, 1937, Prix Goncourt, il évoque Serge) Paul Aron, Charles Plisnier. Entre l’Évangile et la révolution, Bruxelles, Labor, 1988 42 - André Banuls, Heinrich Mann, le poète et la politique, Paris, Klincksieck, 1966 Gustav Regler - Mémoires: Le glaive et le fourreau, Paris, Plon, 1960; Arles, Actes Sud, 1999 44 - Rudolf Maurer, André Gide et l’URSS, Berne, Tillier, 1983 46 - Henry PoulailleNouvel Âge littéraire (1930, manifeste-bilan-anthologie; Bassac, Plein Chant, 2016) La littérature et le peuple (Bassac, Plein Chant, 1986 et 2003) Le pain quotidien (Grasset) Seul dans la vie à 14 ans (Stock, 1980) Cahiers Henry Poulaille (Bassac, Plein Chant, 52 - Serge Berstein (dir.), Le 6 février 1934, Paris, Gallimard/Julliard, 1975 55 - Anne Applebaum, Goulag. Une histoire, Paris, Grasset, 2005 Chapitre 9 38 - Daniel Guérin (1904-1988), auteur de Front populaire, révolution manquée, Paris, Julliard, 1963; Puis, Maspero, 1970; Arles, Actes Sud, 1997; Marseille, Agone, 2004, 2013 40 - Joaquín Maurín - Révolution et contre-révolution en Espagne, Paris, Rieder, 1938. 42 - Nicolas Werth, Les Procès de Moscou, Bruxelles, 2006 Pierre Broué, Les Procès de Moscou, Paris, Julliard, 1964 59 - Michel Winock, Histoire politique de la revue Esprit. 1930-1950, Paris, Le Seuil, 1975 61 - Rudolf Maurer, André Gide et l’URSS, Berne, Tillier, 1983 66 - Friedrich Adler, Le Procès de Moscou. Un procès en sorcellerie, Paris, Nouveau Prométhée, 1936 68 - Julián Gorkin, Les communistes contre la révolution espagnole, Paris, Belfond, 1978 94 - Gérard Rosenthal «avocat de Trotski» (titre éponyme de ses souvenirs, Paris, Robert Laffont, 1975 119 - Daniel Guérin -Fascisme et grand capital. Italie-Allemagne parut chez Gallimard en 1936, 1945, puis chez Maspero, 1965, 1969 et enfin chez Libertalia, 2013 139 - Varian Fry, La liste noire, Paris, Plon, 1999 (réédition sous le titre Livrer sur demande. Quand les artistes, les dissidents et les Juifs fuyaient les nazis: Marseille, 1940-1941, Marseille, Agone, 2008, 2017 153 - Julián Gorkin, L’assassinat de Trotsky, Paris, Julliard, 1970 Pierre Broué, L’assassinat de Trotsky, Bruxelles, Éditions Complexe, 1980. Victor
Serge dans son "Vie et mort de Léon Trotsky" publié en 1951 puis par
Maspero en 1973. Commentaires sur Makhno
et Krontadt.
Pages 114 et 115 sur la gestion de l'offensive contre l'armée de Wrangel en Ukraine où il n'y est jamais fait référence de la participation qui serait décisive des partisans de la Makhnovchtchina. Il est juste cité page 124 l'action "des bandes en Ukraine, guerillas anarchistes de Makhno". Trop simple de réduire ce mouvement fédéralisme à des voyous ou de lui mettre une étiquette réductrice. Page 124 Sur la gestion de la révolte de Kronstadt il n'est pas fait mention des principales revendications : des soviets libres et une plus grande souplesse dans la production alimentaires, et sa distribution. Cette souplesse sera apportée plus tard par la Nouvelle politique économique (NEP). Quoiqu'en dise Victor Serge les révoltés n'étaient pas des naïfs jeunots manipulés par les pays de l'ouest, même si ceux-ci souhaitaient une destabilisation du nouveau pouvoir russe. Haut de page Page en amont Des visites régulières de ces pages mais peu de commentaires. Y avez-vous trouvé ou proposez-vous de l'information, des idées de lectures, de recherches ... ? Y avez-vous trouvé des erreurs historiques, des fautes d'orthographes, d'accords ... ? Ce site n'est pas un blog, vous ne pouvez pas laisser de commentaires alors envoyez un mail par cette adresse robertsamuli@orange.fr Au plaisir de vous lire. |