Sortir de l'histoire officielle

    


Quelques romans
Pour George Orwell de Bruce Bégout "De la décence ordinaire" : ...[la common decency] ne s’assemble pas elle-même en une théorie pouvant donner des raisons d’agir. Elle relève seulement du sentiment spontané du bien que la littérature a souvent mieux exprimé que la philosophie.»

Autour de philosophes par :

Yrvin Yalom

Maxime Rovere

Claude Pujade-Renaud

Philosophie par la littérature
 
Albert Camus - Romans

George Orwell - Une fille de pasteur (sans oublier Et vive l'aspidistra ! et

Vassili Grossman - Vie et destin

Hermann Hesse - Le jeu de perles de verre

Robert Musil - L'homme sans qualité

Dergueï Essénine - La ravine

Proust boursicoteur cratyléen

Introspections par le roman

«Le désert des tartares» de Dino Buzzati

«La petite lumière» d'Antonio Moresco

«Dans les veines ce fleuve d'argent» (2008) de Dario Franceschini

«Fictions» par Jorge Luis Borges

Et quelques récits qui paraissent vrais

L'homme qui plantait des arbres de Jean Giono - un planteur d'arbres de papier
https://www.librairiepointdecote.fr/editeur/gallimard/
«En 1953, le magazine américain The Reader's Digest demanda à Giono d'écrire quelques pages pour la rubrique bien connue «Le personnage le plus extraordinaire que j'aie jamais rencontré».Quelques jours plus tard, le texte, tapé à la machine, était expédié, et la réponse ne se faisait pas attendre : réponse satisfaite et chaleureuse, c'était tout à fait ce qui convenait.Quelques semaines passèrent, et un beau jour Giono descendit de son bureau. Son visage reflétait la stupéfaction. Il venait de recevoir une deuxième lettre du Reader's Digest, d'un ton bien différent de la première : on l'y traitait d'imposteur...Giono trouvait la situation cocasse, mais ce qui dominait en lui à l'époque, c'est la surprise qu'il puisse exister des gens assez sots pour demander à un écrivain, donc inventeur professionnel, quel était le personnage le plus extraordinaire qu'il ait rencontré, et pour ne pas comprendre que ce personnage était forcément sorti de son imagination... »

L'heure du Roi de Boris Khazanov - un acte héroïque qui aurait fait impression devant l'envahisseur

http://www.viviane-hamy.fr/
« Le cours des événements, pas plus que le mouvement des astres, ne dépend de quiconque, bien sûr. Sommes-nous pour autant impuissants devant cet ultimatum permanent ? L’impuissance nous décharge de notre responsabilité, mais envers qui ? Envers les autres ; mais nullement envers nous-même.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Grand Reich envahit une multitude de pays, grands et petits ; le tour vient du royaume ancestral, minuscule et glacé de Cédric X.

Le roi et ses sujets baissent la tête et subissent le joug de l’envahisseur. Le vieux roi voit tous les jours s’amenuiser la liberté, le sens de ce qui a constitué non seulement toute sa vie, mais aussi celle de sa lignée, qui remonte fort loin dans les brumes du temps.

Longtemps, lui et ses sujets vont accepter l’humiliation, courber l’échine, jusqu’au jour où dans la petite nation, également, les juifs sont tenus de porter l’étoile jaune.»

Les onze de Pierre Michon - une huile témoin de son temps jamais peinte
https://editions-verdier.fr/
«Les voilà, encore une fois : Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just, Saint-André.
Nous connaissons tous le célèbre tableau des Onze où est représenté
le Comité de salut public qui, en 1794, instaura le gouvernement révolutionnaire de l’an II et la politique dite de Terreur.
Mais qui fut le commanditaire de cette œuvre ?
À quelles conditions et à quelles fins fut-elle peinte par François-Élie Corentin, le Tiepolo de la Terreur ?
Mêlant fiction et histoire, Michon fait apparaître avec la puissance d’évocation qu’on lui connaît, les personnages de cette « cène révolutionnaire », selon l’expression de Michelet qui, à son tour,
devient ici l’un des protagonistes du drame.»

«Dans les veines ce fleuve d'argent» (2008) de Dario Franceschini

https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/L-Arpenteur

4ème de couverture  «À l'heure où sa vie s'approche de son automne, Primo Bottardi décide de revenir sur les lieux de sa jeunesse et de retrouver un ami qui lui avait posé quarante ans plus tôt une question à laquelle il n'avait pas su répondre. Son périple le ramène au bord du Pô, parmi les pêcheurs d'esturgeons, dans une atmosphère de brume et d'eau qui change la plaine en un mirage infini. La présence immémoriale du fleuve imprègne les faits et gestes des hommes. Elle nourrit leur vie, s'insinue dans leurs rêves et les saisit parfois de crainte ou d'effroi, jusqu'à la tragédie finale qui confère au récit les accents définitifs du mythe. On a pu parler à propos de ce roman de «réalisme magique». La lenteur du voyage, le pittoresque des personnages, la douceur des rencontres et le sortilège de maints épisodes contrastent avec la silencieuse et obscure pression du destin que l'on sent peser sourdement et qui révélera enfin son visage dans une scène inoubliable et foudroyante.
Dario Franceschini est né à Ferrare en 1958. Il a été président du groupe parlementaire de « L’Olivier » à la Chambre des députés. Il est membre de la section italienne de l’Institut international Jacques Maritain. Dans les veines ce fleuve d’argent a reçu en 2007 le prix Bacchelli et le prix du Premier Roman décerné à Chambéry. Dario Franceschini vient de publier en Italie son deuxième roman, La Folie soudaine d’Ignazio Rando.»

A le recherche d'une réponse, le long d'un fleuve calme et envahissant ou tumultueux qui me rappelle la Loire, mais quel était la question ?

«La petite lumière» d'Antonio Moresco

https://editions-verdier.fr/
4ème de couverture «« Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant » : ainsi commence La Petite Lumière. C’est le récit d’un isolement, d’un dégagement mais aussi d’une immersion. Le lecteur, pris dans l’imminence d’une tempête annoncée mais qui tarde à venir, reste suspendu comme par enchantement parmi les éléments déchaînés du paysage qui s’offrent comme le symptôme des maux les plus déchirants de notre monde au moment de sa disparition possible.
L’espace fait signe par cette petite lumière que le narrateur perçoit tous les soirs et dont il décide d’aller chercher la source. Il part en quête de cette lueur et trouve, au terme d’un voyage dans une forêt animée, une petite maison où vit un enfant. Il parvient à établir un dialogue avec lui et une relation s’ébauche dans la correspondance parfaite des deux personnages. Cette correspondance offre au narrateur l’occasion d’un finale inattendu.
La petite lumière sera comme une luciole pour les lecteurs qui croient encore que la littérature est une entreprise dont la portée se mesure dans ses effets sur l’existence.»
Du site de l'éditeur «Antonio Moresco, né en 1947 à Mantoue dans une famille pauvre, est descolarisé très tôt. Autodidacte, il grandit dans la passion pour les livres. Sorte de migrant dans sa propre existence et dans une société qui le rejette constamment, la littérature devient pour lui, dès l’enfance, le seul rivage possible. Toute son œuvre est marquée par l’expérience douloureuse de l’exclusion et par une attention particulière aux gestes du quotidien, sorte d’empreinte de son milieu social.
En 2014, La Petite Lumière, son premier livre publié en France rencontre un grand succès de librairie. Daniel Pennac dit de ce livre que « c’est une œuvre magnifique, extraordinairement concentrée, et tout à fait atypique ».»

Un isolement misanthropique, au milieu d'une nature vue par son côté sombre, rompu par un autre qui est peut-être soi. Est-ce une préparation à la mort ?

«Le désert des tartares» de Dino Buzzati


https://www.librairie-gallimard.com/

4ème de couverture «Le monde de Buzzati, comme celui de Kafka, est plein de détours, à la manière des labyrinthes : ce carrefour d'espace et de temps où l'homme est placé et qu'il déplace avec lui, sans pouvoir le laisser derrière lui, univers mobile dont les dimensions sont celles d'une cellule de prison dont on barbouille les murs aux couleurs de l'infini, c'est le bastion où l'on guette jour après jour l'invasion des Tartares, sans savoir s'il existe réellement des Tartares, ni s'il y en a eu autrefois, ni si le danger existe de les voir surgir, au galop, de ce désert où l'on use ses yeux et sa vie à scruter l'horizon.
Marcel Brion»

Le temps d'une vie. L'enthousiasme de la jeunesse entourée. Un but qui reste à l'horizon. La solitude des vieux jours.
Pages 50 à 52 «Jusqu’alors, il avait avancé avec l’insouciance de la première jeunesse, sur une route qui, quand on est enfant, semble infinie, où les années s’écoulent lentes et légères, si bien que nul ne s’aperçoit de leur fuite. On chemine placidement, regardant avec curiosité autour de soi, il n’y a vraiment pas besoin de se hâter, derrière vous personne ne vous presse, et personne ne vous attend, vos camarades aussi avancent sans soucis, s’arrêtant souvent pour jouer. Du seuil de leurs maisons, les grandes personnes vous font des signes amicaux et vous montrent l’horizon avec des sourires complices ; de la sorte, le cœur commence à palpiter de désirs héroïques et tendres, on goûte l’espérance des choses merveilleuses qui vous attendent un peu plus loin ; on ne les voit pas encore, non, mais il est sûr, absolument sûr qu’un jour on les atteindra.
Est-ce encore long ? Non, il suffit de traverser ce fleuve, là-bas, au fond, de franchir ces vertes collines. Ne serait-on pas, par hasard, déjà arrivé ? Ces arbres, ces prés, cette blanche maison ne sont-ils pas peut-être ce que nous cherchions ? Pendant quelques instants, on a l'impression que oui, et l'on voudrait s'y arrêter. Puis l'on entend dire que, plus loin, c'est encore mieux, et l'on se remet en route, sans angoisse.

De la sorte, on poursuit son chemin, plein d'espoir ; et les journées sont longues et tranquilles, le soleil resplendit haut dans le ciel et semble disparaître à regret quand vient le soir.
Mais, à un certain point, presque instinctivement, on se retourne et l'on voit qu'un portail s'est refermé derrière nous, barrant le chemin de retour. Alors, on sent que quelque chose est changé, le soleil ne semble plus immobile, il se déplace rapidement ; hélas ! on n'a pas le temps de le regarder que, déjà, il se précipite vers les confins de l'horizon, on s'aperçoit que les nuages ne sont plus immobiles dans les golfes azurés du ciel, mais qu'ils fuient, se chevauchant l'un l'autre, telle est leur hâte ; on comprend que le temps passe et qu'il faudra bien qu'un jour la route prenne fin.
A un certain moment, un lourd portail se ferme derrière nous, il se ferme et est verrouillé avec la rapidité de l'éclair, et l'on n'a pas le temps de revenir en arrière. Mais, à ce moment-là, Giovanni Drogo dormait ignorant, et dans son sommeil, il souriait, comme le font les enfants.
Bien des jours passeront avant que Drogo ne comprenne ce qui est arrivé. Ce sera alors comme un réveil. Il regardera autour de lui, incrédule ; puis il entendra derrière lui un piétinement, il verra les gens, réveillés avant lui, qui courront inquiets et qui le dépasseront pour arriver avant lui. Il entendra les pulsations du temps scander avec précipitation la vie. Aux fenêtres, ce ne seront plus de riantes figures qui se pencheront, mais des visages immobiles et indifférents. Et s'il leur demande combien de route il reste encore à parcourir, on lui montrera bien encore d'un geste l'horizon, mais sans plus de bienveillance ni de gaieté. Cependant, il perdra de vue ses camarades, l'un demeuré en arrière, épuisé, un autre qui fuit en avant de lui et qui n'est plus maintenant qu'un point minuscule à l'horizon.
Passé ce fleuve, diront les gens, il y a encore dix kilomètres à faire et tu seras arrivé. Au lieu de cela, la route ne s'achève jamais, les journées se font toujours plus courtes, les compagnons de voyage toujours plus rares, aux fenêtres se tiennent des personnages apathiques et pâles qui hochent la tête.
Jusqu'à ce que Drogo reste complètement seul et qu'à l'horizon apparaisse la ligne d'une mer démesurée, immobile, couleur de plomb. Désormais, il sera fatigué, les maisons le long de la route auront presque toutes leurs fenêtres fermées et les rares personnes visibles lui répondront d'un geste désespéré : ce qui était bon était en arrière, très en arrière, et il est passé devant sans le savoir. Oh! il est trop tard désormais pour revenir sur ses pas, derrière lui s’amplifie le grondement de la multitude qui le suit, poussée par la même illusion, mais encore invisible sur la route blanche et déserte.
A présent, Giovanni Drogo dort à l'intérieur de la troisième redoute. Il rêve et il sourit. Pour la derrière fois, viennent à lui, dans la nuit, les douces images d'un monde totalement heureux. Grâce à lui s'il pouvait se voir lui-même, tel qu'il sera un jour, là où finit la route, arrêté sur la rive de la mer de plomb, sous un ciel gris et uniforme, et sans une maison, sans un arbre, sans un homme alentour, sans même un brin d'herbe, et tout cela depuis des temps immémoriaux.»

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