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Intuition et imagination

L'intuition est une connaissance immédiate donc sans réflexion, ce qui est en contradiction avec l'origine du mot qui est celle d'une image réfléchie.
Depuis Platon cette connaissance immédiate serait une connaissance directe hors de nous, donc de Dieux ou de la Chose en soi pour Kant. L'intuition nous permetrait d'accéder à la gnose, cette connaisance primordiale venue dont on ne sait où.  Là nous sommes dans les croyances.
Je préfère l'idée que l'intuition est la proposition instantanée d'une solution à une question à un moment détaché de celle-ci, sans effort d'imagination, à partir de sa mémoire consciente ou inconsciente. Donc elle ne part pas de rien. Cette intuition se construit sur un savoir acquis. Elle intervient sur un sujet qui nous est familier.
L'imagination est la construction de concepts, images, idées à partir de concepts, images et idées conscientes, tout au moins faciles d'accès.
Les solutions proposées par l'imagination et l'intuition ne sont pas obligatoirement des idées adéquates.

Gnose et intuition. La gnose, illusion qui nous fait rêver.

Si le cerveau était bête, de Nick Chater :
L'intuition
La métaphore

Le monde comme volonté et représentation - Schopenhauer

L'Homme sans qualités de Robert Musil

Intelligence et intuition - Bergson


Imagination pour Spinoza. Voir scolie de la II Prop17 «...les imaginations de l'Esprit regardées en elles-mêmes, ne contiennent rien d'erroné ; c'est-à-dire que l'Esprit n'erre pas en tant qu'il imagine, mais en tant seulement qu'il est privé de l'idée qui exclurait l'existence de ces choses qu'il imagine comme lui étant présentes.» et suivantes : et les notes 51 à 54 Robert Misrahi dans sa traduction de l'Ethique.
Prop 40 scolie II Les trois genres de connaissances. Le troisième appelée "Science intuitive"

Pour Aristote la vitesse de la chute d'un corps est proportionnelle à sa masse. C'est faut. L'a-t-il imaginé ou était-ce une intuition ? L'indépendance de la masse et de la vitesse Galilée la prouvée en attachant ensemble des pierres. En chute libre même si vous prenez la main du voisin vous n'irez pas plus vite. (pages 17 et 18 de "Voyage au cœur de l'espace-temps" de Stéphane d'Ascoli et d'Arthur Touati - 2021 - chez First éditions).
Galilée grace à l'intuition ou l'imagination, qu'il ne put prouver, établit qu'une bille lancée du haut d'une pente remontera jusqu'en haut d'une pente en face, ayant degré que la première.
Ce fut bien par l'intuition que Johannes Kepler trouva le parcours de Mars autour du soleil. Ce parcours dessine une ellipse . Les calculs pour un cercle ne correspondaient pas aux mesures observées. Il eu l'intuition de l'ellipse, figure qu'il connaissait et qui correspondit aux mesures. L'intuition ne part pas de rien, elle s'appuie sur des acquis. Il n'a pas imaginé une courbe qu'il aurait ensuite définie comme ellipse.

Imagination et intuition par David Bessis mathématicien : "En mathématique il faut jouer avec l'imagination"
«L'imagination, clé des mathématiques : "Les raisonnements mathématiques commencent souvent par la phrase "soit...", ce qui laisse voir de manière assez directe que c'est une affaire d'imagination. Et on ne peut pas progresser en mathématiques sans jouer avec son imagination. Le travail quotidien d'un chercheur en mathématiques, c'est d'essayer d'imaginer des choses qu'il n'arrive pas à imaginer, qui sont trop dures pour lui à comprendre. Mais en jouant avec, en essayant graduellement de regarder à quel endroit il les comprend, à quel endroit il ne les comprend pas, cette activité d''imagination a le pouvoir, et c'est une propriété du corps humain, de modifier graduellement l'intuition et de la développer pour nous rendre capable d'imaginer et de comprendre de manière très sensible, directe, charnelle, ce qui a initialement été une abstraction impossible à pénétrer."»
David Bessis, mathématicien adepte du yoga mental (Le Monde) Ancien chercheur au CNRS, quinquagénaire devenu entrepreneur, livre sa méthode pour apprivoiser les maths dans un ouvrage, fruit de ses réflexions depuis vingt ans.
Et aussi David Bessis : “En mathématiques, l’imagination a le pouvoir de ‘rattraper’ l’intelligence”

«L'intuition, c'est l'intelligence qui commet un excès de vitesse.» Henry Bernstein
Dramaturge français (1876-1953) qui fut l'un des plus brillants auteurs du théâtre de boulevard

Le monde comme volonté et représentation - Schopenhauer
«La plus grande différence à signaler entre nos représentations est celle de l’état intuitif et de l’état abstrait. Les représentations de l’ordre abstrait ne forment qu’une seule classe, celle des concepts, apanage exclusif de l’homme en ce monde. Cette faculté qu’il possède de former des notions abstraites, et qui le distingue du reste des animaux, est ce qu’on a de tout temps appelé raison.»
«... la représentation intuitive. Celle-ci comprend tout le monde visible, ou l’expérience en général, avec les conditions qui la rendent possible. Kant, comme nous l’avons dit, a montré (et c’est là une découverte considérable) que le temps et l’espace, ces conditions ou formes de l’expérience, éléments communs à toute perception et qui appartiennent également à tous les phénomènes représentés, que ces formes, ... peuvent non seulement être pensées in abstracto, mais encore saisies immédiatement en elles-mêmes et en l’absence de tout contenu ; il a établi que cette intuition n’est pas un simple fantôme résultant d’une expérience répétée, qu’elle en est indépendante et lui fournit ses conditions, plutôt qu’elle n’en reçoit d’elle : ce sont, en effet, ces éléments du temps et de l’espace, tels que les révèle l’intuition a priori, qui représentent les lois de toute expérience possible.»
«Être cause et effet, voilà donc l’essence même de la matière ; son être consiste uniquement dans son activité.
Si le temps et l’espace peuvent être connus par intuition chacun en soi et indépendamment de la matière, celle-ci ne saurait en revanche être aperçue sans eux.
...la matière ne suppose pas seulement le temps et l'espace, chacun séparément : son essence est constituée d'une union de temps et d'espace [du fait] que son essence réside dans la causalité.»
«...la causalité qui forme le lien entre le temps et l’espace. Or nous avons vu que toute l’essence de la matière consiste dans l’activité, autrement dit dans la causalité ; il en résulte que l’espace et le temps se trouvent ainsi coexister dans la matière : celle-ci doit donc réunir dans leur opposition les propriétés du temps et celles de l’espace, et concilier (chose impossible dans chacune des deux formes isolée de l’autre) la fuite inconstante du temps avec l’invariable et rigide fixité de l’espace : quant à la divisibilité infinie, la matière la tient de tous deux ; c’est grâce à cette combinaison que devient possible tout d’abord la simultanéité ; celle-ci ne saurait exister ni dans le temps seul, qui n’admet pas de juxtaposition, ni dans l’espace pur, à l’égard duquel il n’y a pas plus d’avant que d’après ou de maintenant
«C’est de la combinaison du temps et de l’espace que résulte la matière, qui est la possibilité de l’existence simultanée ; la durée en dérive aussi, et rend possible à son tour la permanence de la substance sous le changement des états.»
Donc concrétisation de la matière par le temps et l'espace.
«La faculté de l’esprit correspondant au temps et à l’espace considérés en soi a été appelée par Kant la sensibilité pure ... : cette dénomination peut être conservée, en souvenir de celui qui a ouvert une voie nouvelle à la philosophie ; elle n’est cependant pas absolument exacte ; car « sensibilité » suppose déjà matière. La faculté correspondant à la matière, ou à la causalité (car ces deux termes sont équivalents), c’est l’entendement, qui n’a pas d’autre objet. Connaître par les causes, voilà, en effet, son unique fonction et toute sa puissance. ... Réciproquement, toute causalité, et, par suite, toute matière, toute réalité, n’existe que pour l’entendement, par l’entendement. La première manifestation de l’entendement, celle qui s’exerce toujours, c’est l’intuition du monde réel ; or, cet acte de la pensée consiste uniquement à connaître l’effet par la cause : aussi toute intuition est-elle intellectuelle.»
«Mais de même que l’apparition du soleil découvre le monde visible, ainsi l’entendement, par son action soudaine et unique, transforme en intuition ce qui n’était que sensation vague et confuse. Cette intuition n’est nullement constituée par les impressions qu’éprouvent l’œil, l’oreille, la main : ce sont là de simples données. Après seulement que l’entendement a rattaché l’effet à la cause, le monde apparaît, étendu comme intuition dans l’espace, changeant dans la forme, permanent et éternel en tant que matière ; car l’entendement réunit le temps à l’espace dans la représentation de matière, synonyme d’activité.»
«...l’intuition n’est pas d’ordre purement sensible, mais intellectuel ; on peut dire, en d’autres termes, qu’elle consiste dans la connaissance de la cause par l’effet, au moyen de l’entendement : elle suppose donc la loi de causalité
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